Monsieur le Président, je suis heureux de poursuivre ce débat très important, même si les circonstances sont malheureusement différentes de celles d’hier soir. De toute évidence, le gouvernement, en invoquant la clôture à l’égard de cette motion, cherche à limiter tout débat approfondi à ce sujet et à censurer les députés qui ont été élus à la Chambre. Il y a de ce côté-ci 119 députés qui ont reçu des millions de votes, et pourtant, après à peine quelques heures de débat, nous allons décider que le Parlement hybride se poursuivra à l’automne.
Pour récapituler ce que j’ai dit hier soir, aucune autre assemblée législative au Canada, qu'elle soit provinciale ou territoriale, ni ailleurs dans le monde, pas même le Parlement modèle de la Grande‑Bretagne, n'a un système hybride. Toutes les assemblées législatives fonctionnent en personne à l’heure actuelle. En fait, le Parlement britannique a repris les séances en personne en juillet dernier.
Nous serions la seule exception, non seulement au sein du Commonwealth, mais à l’échelle mondiale, à utiliser un système hybride. Comment en sommes-nous arrivés là? Le leader du gouvernement à la Chambre et son partenaire du NPD, grâce à leur accord de coalition, ont décidé que c’est la voie que nous emprunterons en l’absence de données scientifiques, de preuves ou de toute autre forme de décision de notre part. Ils décident arbitrairement et unilatéralement de l’orientation que nous allons prendre.
Comme je l’ai dit plus tôt, les deux partis ont fait valoir que, d’une façon ou d’une autre, il y aura un variant de l’hémisphère Sud qui nous atteindra. Le médecin leader du gouvernement à la Chambre et le médecin du NPD laissent ainsi entendre qu’ils en savent plus que les responsables de la santé publique. J’ai des petites nouvelles pour la Chambre: les responsables de la santé publique des gouvernements de tout le pays ont aboli les mesures sanitaires. Ils ont aboli l’obligation du port du masque et ils sont également revenus à la normale au sein de leurs assemblées législatives.
Pourquoi sommes-nous l’exception? Peut-être que les épidémiologistes, les virologues et les immunologues les plus réputés au monde, c'est-à-dire le médecin leader du gouvernement à la Chambre et le médecin du NPD, ont conclu que nous sommes différents ici par rapport au reste du pays.
Cela se résume à une simple conclusion. À mon avis, et de l’avis de nombreux membres de notre caucus, ils méprisent complètement cette institution. Ils méprisent complètement le Parlement, qu’ils considèrent comme une nuisance. Ils y voient un obstacle à leur programme idéologique.
Le gouvernement a certes démontré, au fil du temps, son manque de respect envers le Parlement. Il a présenté de nombreuses motions. Je me rappelle le début de la pandémie. L’un des premiers points à l'ordre du jour était la proposition d’une mesure législative, par le gouvernement, qui lui aurait donné des pouvoirs illimités de dépenser et d’imposer jusqu’en janvier 2022. Les députés peuvent imaginer les conséquences que cela aurait eues.
Le gouvernement allait, dans les faits, prendre le contrôle de la Chambre pour rendre inutiles les partis de l’opposition, et les millions de Canadiens qui ont élu des députés pour les représenter dans cette enceinte. Il allait prendre le contrôle du Parlement et s'arroger des pouvoirs illimités d'imposition et de dépense. N’eût été de l’opposition, de la voix de millions de Canadiens et des médias qui ont remis en question les motifs du gouvernement, nous nous serions peut-être retrouvés dans une situation où il aurait exercé un plein contrôle sur la Chambre.
Voilà le peu de respect que les libéraux ont pour le Parlement. Voilà le peu de respect qu’ils ont pour nos institutions démocratiques, et il y a d’autres exemples.
Les députés se souviendront de la motion no 6 présentée durant la dernière législature. Là encore, le gouvernement cherchait à s’emparer du contrôle opérationnel de la Chambre, rendant l’opposition inutile. La motion no 11 en est un autre exemple où nous avons vu les conservateurs débattre durant des séances qui se sont prolongées en soirée. Le gouvernement n’y a même pas participé. Les libéraux ont dit que c’était pour prolonger le débat, mais comment peuvent-ils prétendre cela, alors qu’ils n’ont même pas participé au processus? Et, bien sûr, il y a la motion no 19, en vertu de laquelle les libéraux auraient encore une fois décidé unilatéralement du programme de la Chambre en septembre et de son fonctionnement.
Il y a quelques semaines, j’ai adressé une lettre au leader du gouvernement à la Chambre et aux autres leaders à la Chambre, une lettre que le Président a également reçue, dans laquelle je proposais des solutions très raisonnables et pratiques sur la façon dont la Chambre pourrait revenir à une certaine normalité. Si nous ne signalons pas aux Canadiens que nous revenons à la normale, quel genre de message envoyons-nous?
L’une des solutions raisonnables et pratiques que j’ai proposées consistait à examiner cela en août ou en septembre. Si une variante de l’hémisphère sud devait se retrouver ici, comme le laissent entendre le leader du gouvernement à la Chambre et son partenaire du NPD, pourquoi ne pas revenir sur cette question en août et en septembre? Depuis deux ans, nous avons démontré que nous avons les outils nécessaires et que nous sommes capables de réagir au quart de tour si cela est nécessaire.
L’argument du gouvernement, c'est que nous avons besoin de certitudes. Eh bien, il y a des certitudes. Il y a des certitudes dans le pays en ce moment même parce que les consignes sanitaires, l’obligation de porter un masque et l’obligation vaccinale sont levées. Je ne sais pas à quelles données, scientifiques ou autres, les libéraux se fient, mais, en tout cas, ils ne nous en font pas part, ni à nous, ni aux députés du Bloc, ni à ceux des autres partis, pour que nous puissions prendre une décision éclairée. Ils recourent à une méthode arbitraire pour prendre totalement le contrôle de la Chambre, comme ils en ont l'habitude.
Comme je le disais, ce procédé porte vraiment atteinte à nos institutions démocratiques. Le gouvernement, pour tout dire, ne veut pas d’opposition: il veut un auditoire.
Le premier ministre a montré son mépris pour le Parlement. Il a montré son mépris pour les institutions et les partis de l’opposition. Il n’y en a pas meilleur exemple que certains des scandales que nous avons connus, y compris le scandale actuel, avec le mépris de la séparation entre, d'une part, l’exécutif et le gouvernement et, d'autre part, nos institutions, qui sont censées fonctionner indépendamment du gouvernement et de l’exécutif.
Le gouvernement a prouvé à maintes reprises qu’il s’immiscera dans le fonctionnement des institutions chères aux Canadiens. Nous voyons ces institutions s'affaiblir et nous assistons certainement à un déclin de notre démocratie.
Comme je l’ai dit hier soir, même les observateurs estiment qu’il est temps de revenir à la normale à la Chambre. Même les observateurs disent que cela suffit, que c'est terminé. Nous devons revenir à la normale pour montrer au reste des Canadiens que tout revient à la normale, et si nous ne montrons pas l'exemple au Parlement, quel sera le message, alors? Nous ne pouvons pas vivre dans une crainte perpétuelle. Nous ne pouvons pas vivre dans un État où le gouvernement attise la peur des citoyens. Voyons où nous en serons en septembre et prenons une décision à ce moment-là.
Cette semaine, nous aurions pu nous pencher sur bien d’autres questions. Je dirais que notre pays est en plein chaos, entre l’inflation qui s’emballe, la crise de l'abordabilité qui frappe les Canadiens ou encore le fiasco des passeports, sans compter d’autres facteurs encore, en particulier ce qui s'entend en Nouvelle‑Écosse à propos de l'ingérence du gouvernement, du Cabinet du premier ministre et du cabinet du ministre de la Sécurité publique dans une enquête en cours, et c'est sans mentionner les scandales passés. Nous aurions pu nous pencher sur bien des questions autres que l’hypothèse émise par le leader du gouvernement à la Chambre et son comparse du NPD. Nous aurions pu nous pencher sérieusement sur ces questions. Nous aurions pu proposer des solutions pour aider les Canadiens qui sont en ce moment même aux prises avec la crise de l'abordabilité.
Je dirais que les conservateurs l’ont fait à maintes reprises. Au cours des derniers mois, nous avons proposé des solutions comme la réduction des impôts, la réduction de la taxe sur l’essence et l’élimination de la taxe sur le carbone pour rendre la vie plus abordable pour les Canadiens, mais le gouvernement a systématiquement rejeté ces propositions. Nous avons prouvé à de nombreuses reprises que nous voulons trouver des solutions et travailler pour aider les Canadiens, mais depuis que l’accord de coalition entre le NPD et les libéraux est entré en vigueur, le NPD a voté 95 % du temps avec le gouvernement libéral pour rejeter ces propositions.
C’est un parti qui avait l’habitude de défendre les familles de travailleurs. Le NPD avait l’habitude de défendre des principes. Des députés de ce parti avaient vraiment un sens moral. Ils avaient des valeurs, ils défendaient ce qui était bien et ils dénonçaient ce qui était mal. Maintenant, à cause de promesses, ils sont systématiquement solidaires des libéraux. Le gouvernement actuel n'arrive même pas à offrir les services les plus élémentaires au pays, et pourtant, le NPD a conclu un accord avec lui afin d’instaurer un régime de soins dentaires et l’assurance-médicaments. Pensons-y: le gouvernement n'arrive même pas à fournir les services les plus élémentaires, et pourtant, le NPD compte sur lui pour mettre en place des systèmes compliqués. Mon Dieu, quel beau sapin les néo-démocrates se sont fait passer.
De plus, ils ont vendu leurs valeurs et leur morale, les choses qu’ils avaient l’habitude de défendre ici. Ils avaient l’habitude de défendre ce qui est bien et de s’opposer à ce qui est mal. Ils ont vendu ces valeurs en se vouant à la grâce de Dieu.
J’ai des petites nouvelles pour les députés du NPD: si le gouvernement ne peut même pas fournir des services élémentaires aux Canadiens, comment peut-on s’attendre à ce qu’il tienne ses promesses aux termes de cet accord en tant que gouvernement de coalition? Les Canadiens attendront longtemps.
Cependant, en attendant, ce que nous voyons de la part du NPD à la période de questions est dégoûtant. Le NPD pose des questions au gouvernement sur la reddition de comptes, tout en l’appuyant dans tout ce qu'il fait dans au moins 95 % des cas. C’est vraiment dégoûtant. Les députés du NPD auraient pu suivre l’exemple de ceux qui les ont précédés, comme Thomas Mulcair, qui défendait des valeurs et des principes ici et qui assumait vraiment un rôle d’opposition, et d’autres comme Jack Layton et Tommy Douglas, qui se sont battus pour les travailleurs canadiens. Où est passé ce NPD?
Je vais faire une prédiction dès maintenant: à cause de l’accord qu’il a conclu avec le gouvernement libéral, qu’il continue à soutenir, le NPD se dirige vers un abîme d’insignifiance. Le NPD continuera à soutenir le gouvernement dans toutes les affaires de corruption, de copinage, d’ingérence politique, de non-respect de ses promesses et de non-respect de ce qu’il a promis aux Canadiens, à commencer par une réforme électorale. Cela aurait dû être un signal pour le gouvernement.
Il n’aime pas ce que je dis, alors il…