Monsieur le Président, je suis heureux de me lever aujourd'hui pour parler de cette question importante. Je vais donner une petite leçon d'histoire plus tard, mais je vais d'abord poursuivre sur les racines de ce qu'on a établi avec le Parlement hybride.
Le leader du gouvernement à la Chambre des communes avait bien raison, il y a quelques minutes, quand il disait que le 13 mars 2020 tous les partis se sont réunis pour suspendre le Parlement. On savait que la pandémie arrivait et qu'il ne fallait pas que les 338 députés se retrouvent dans une même salle, avec la COVID‑19 qui avait commencé à faire ses ravages dans tout le pays. Le 13 mars 2020, nous avons décidé à l'unanimité de suspendre le Parlement et de mettre en place ce qui est aujourd'hui devenu le Parlement virtuel que nous connaissons aujourd'hui. C'est un exemple pour le monde entier. Il y a d'autres Parlements qui ont adopté de façon permanente des règles pour une assemblée virtuelle ou hybride. Aujourd'hui, nous discutons justement de ces prochaines étapes.
Au Parlement, nous ne sommes pas censés parler des absences. Cependant, au début de la pandémie, il y avait le Comité spécial sur la pandémie de la COVID‑19 et la Chambre des communes, pour une fois rare et unique, a dévoilé un taux de présence. C'était noté le 23 juin 2020 dans les pages du Globe and Mail. Quand on regarde le taux de participation le plus élevé à ce comité sur la COVID‑19 avec le Parlement virtuel de l'époque, c'est le NPD qui était le plus présent, avec un taux de 85 % de participation des députés néo-démocrates.
La deuxième place revenait aux libéraux, avec 76 %, comme le Globe and Mail l'a bien indiqué en juin 2020. Le Bloc québécois se pointait à 73 % à cette époque, en 2020. Le taux de participation le plus bas, à cette époque, c'était celui des députés du Parti conservateur, qui avait un taux de participation de seulement 47 %. Cela a provoqué une certaine controverse.
C'était en juin 2020. Aujourd'hui, trois ans plus tard, on a effectivement vaincu la COVID‑19 à maints égards, même s'il faut demeurer prudent et prendre des mesures de santé. On peut faire le même calcul avec le vote virtuel. En juin 2023, on voit cela encore une fois.
Le taux le plus bas de l'utilisation du vote virtuel signifie la présence la plus élevée à la Chambre et c'est encore le NPD qui l'emporte, mais à égalité avec les conservateurs, à 58 %. Les libéraux se trouvent à 65 %, et le Bloc québécois utilise le vote virtuel à 80 %. Cela donne un aperçu de la manière dont le NPD utilise à la fois le Parlement virtuel et le vote virtuel. Le NPD se trouve dans ces deux catégories avec le plus haut taux de participation.
Les gens se demandent si le Parlement hybride fait qu'on va travailler moins activement. Ce n'est certainement pas le cas du NPD, les députés du NPD l'ont prouvé. Notre chef, le député de Burnaby-Sud, a signalé à plusieurs reprises que nous sommes toujours là en train de travailler, mais qu'il y a des exceptions. Je vais revenir à ces exceptions plus tard.
Étant donné que le NPD est le parti qui a le taux d'assiduité le plus élevé en ce qui concerne la participation par vidéoconférence, l'utilisation de l'application de vote et la présence à la Chambre, nous devons examiner, historiquement, comment les néo-démocrates en sont venus à appuyer l'idée d'un Parlement qui fonctionne en mode hybride, comme nous en faisons l'essai depuis trois ans.
Le Président n'est pas sans savoir que, dans le passé, nous avons modifié le Règlement pour tenir compte des nouvelles technologies et des nouvelles tendances. Il suffit d'examiner comment le Parlement fonctionnait avant l'arrivée du transport aérien commercial au pays. Pour une personne qui, comme moi, habite à 5 000 kilomètres d'Ottawa, le déplacement, même en avion, prend parfois 24 heures. Dans le cas des députés du Nord, des régions rurales de la Colombie‑Britannique ou de l'autre extrémité du pays, faire la navette entre Ottawa et sa circonscription est parfois très exigeant.
Il y a 100 ans, le député de New Westminster de l'époque aurait pris un certain temps pour se traverser le pays en train au milieu de l'automne et aurait déposé ses bagages à Ottawa. Il ne serait pas retourné dans sa circonscription. Il ne serait pas retourné en Colombie‑Britannique. Il aurait passé l'hiver à Ottawa à faire le travail que nous faisons aujourd'hui, au sens contemporain du terme, et il l'aurait fait pendant quatre, cinq ou six mois. Puis, au printemps, il aurait pris le même train pour retourner voir ses concitoyens.
Il est évident qu'à l'époque, il était difficile pour les députés de s'engager activement auprès de leurs concitoyens et de les représenter efficacement s'ils n'étaient pas dans leur circonscription pendant six mois. Avec l'apparition du transport aérien commercial, nous avons modifié le calendrier parlementaire. Nous n'avons plus ce bloc de six mois où les députés sont à Ottawa en dehors de leurs circonscriptions. En fait, nous avons maintenant des pauses dans le calendrier parlementaire qui nous permettent de retourner bien plus souvent dans nos circonscriptions pour rencontrer nos concitoyens, qui sont en somme nos patrons.
Autrement dit, avec l'avènement des vols commerciaux, nous avons compris que le rôle important d'un député était de servir ses concitoyens. Nous avons donc modifié le Règlement. Nous avons modifié le calendrier des séances. Nous avons élaboré un système pour répondre à la capacité d'un député, même le député de New Westminster—Burnaby, en Colombie‑Britannique, de faire la navette en avion pour voir leurs concitoyens et être en mesure de continuer de travailler à Ottawa.
La pandémie nous a permis d'innover encore. Nous avons vu les technologies qui ont permis à d'autres Parlements de tenir des réunions en format hybride, où certains députés participaient en personne et d'autres en ligne. Par conséquent, ils sont devenus plus efficaces et plus efficients. Il ne fait aucun doute qu'un député qui peut être présent dans sa circonscription pourra répondre beaucoup mieux aux besoins de ses concitoyens.
J'aimerais saluer les membres de mon personnel. Ils font un travail remarquable. Nous avons aidé des milliers de concitoyens ces dernières années. Nous travaillons ensemble afin d'aider nos concitoyens au sujet d'une grande variété de dossiers soumis au gouvernement fédéral, même des dossiers de protection du consommateur, et d'autres au sujet desquels ils ont besoin d'aide. C'est un élément incontournable de notre travail. Pour mes concitoyens et moi, le travail que je fais dans ma circonscription est tout aussi important que celui que je fais à Ottawa. Il faut maintenir un équilibre et, ces trois dernières années, nous avons constaté que le Parlement hybride nous permet de faire notre travail plus efficacement.
Il y a 30 ou 45 minutes, la députée de Vancouver‑Est a posé une question en lien avec la fois où elle a attrapé la COVID. Pendant la pandémie, de nombreux députés sont tombés malades et n'ont pas pu se présenter à la Chambre. À vrai dire, nous ne voulions pas qu'ils se présentent à la Chambre des communes. Nous ne voulions pas qu'ils propagent le virus. Nous ne voulions pas que la Chambre des communes devienne un vecteur de ce virus.
Grâce au Parlement hybride, même si elle était malade — et nous savons que les cas de COVID peuvent durer des semaines —, la députée a pu voter et faire entendre sa voix dans les coulisses du pouvoir de la Chambre des communes. Il en a été de même pour tous les députés qui se sont retrouvés dans une situation semblable.
C'est également le cas lorsque nous parlons de problèmes graves qui surviennent dans notre circonscription, de situations d'urgence. En raison des changements climatiques, nous assistons actuellement à une multiplication des inondations et des feux de forêt. Malheureusement, nous assistons dans tout le pays à une épidémie d'incendies sans précédent. Je sais que ces incendies, de concert avec les changements climatiques, ont causé un dôme de chaleur dans la vallée du bas Fraser. Il a tué des dizaines de mes concitoyens et plus de 600 Britanno-Colombiens. C'est un énième exemple des catastrophes tragiques qui se produisent de plus en plus fréquemment à cause des changements climatiques. Des rivières atmosphériques ont coupé la Colombie‑Britannique du reste du pays. Par conséquent, les effets catastrophiques des changements climatiques se font sentir avec plus d'intensité et de plus en plus souvent. Un député doit alors choisir entre servir ses concitoyens et être en mesure de défendre leurs intérêts. Qu'il s'agisse d'un incendie de forêt qui menace ou qui ravage un certain nombre des principales villes ou de villages de leur circonscription, d'un dôme de chaleur qui se forme autour d'une ville et qui tue de nombreux concitoyens ou des inondations qui ont frappé tant de régions du pays, les députés doivent être en mesure d'intervenir au nom de leurs concitoyens. Or, l'intervention est beaucoup plus efficace s'ils peuvent la faire sur place, car ils sont avec leurs concitoyens et ils voient les besoins qui se font sentir.
Le leader du gouvernement à la Chambre des communes a également mentionné un autre élément, dont j'ai moi-même fait l'expérience. Il s'agit des crises familiales qui surviennent dans la vie de tous les députés. Nous essayons de faire ce qui doit être fait au nom de nos concitoyens. Nous essayons de servir le pays et de bâtir un pays qui reflète vraiment les valeurs que la plupart d'entre nous partagent, mais avant la pandémie de COVID, lorsqu'il y avait des urgences familiales, les députés devaient faire des choix incroyablement difficiles. Un député dont un proche était mourant était placé dans l'alternative d'être avec lui ou de servir les résidants de sa circonscription. Nous savons que les besoins de nos concitoyens sont importants et nous devons toujours essayer de défendre les intérêts de ceux-ci.
Lorsque ma mère est tombée malade pour la dernière fois, l'an dernier, j'ai pu participer aux séances par l'entremise du Parlement virtuel. J'ai pu lui tenir la main lorsqu'elle est décédée. Ce fut une période déchirante et terrible pour ma famille. C'était incroyablement difficile, mais je pouvais quand même faire mon travail, tout en étant au chevet de ma mère.
C'est ainsi que les séances hybrides du Parlement ouvrent de nouvelles possibilités à beaucoup plus de Canadiens, car ils n'ont plus toutes ces décisions difficiles à prendre. Les députés qui sont malades peuvent tout de même rester au service de leurs concitoyens. En cas d'urgence dans leur circonscription, ils peuvent rester près d'eux. En fait, ils peuvent défendre les intérêts de leurs concitoyens sur place tout en s'entretenant avec eux. Lors des événements familiaux tragiques qui sont si difficiles à surmonter, nous pouvons faire notre important travail tout en soutenant les membres de notre famille.
Le Canada est le pays démocratique le plus vaste du monde. Pas moins de 5 000 kilomètres séparent ma circonscription d'ici. Les distances sont encore plus grandes pour les députés du Nord canadien, du Nord de la Colombie‑Britannique et de l'île de Vancouver. Voyager n'est plus ce que c'était. Avec les difficultés que connaissent certains réseaux aériens, il devient de plus en plus difficile de faire l'aller-retour entre notre circonscription et Ottawa.
Compte tenu de tous ces éléments, il ne fait aucun doute qu'un Parlement hybride est la solution la plus sensée.
Un certain nombre de problèmes ont été soulevés tout au long du débat jusqu'ici. On a notamment évoqué l'accessibilité aux ministres. Selon mon expérience sous le régime Harper, que j'ai connu directement, sous un gouvernement majoritaire, même s'il y avait des exceptions comme Jim Flaherty, qui était toujours disponible pour parler, bien franchement, la plupart des ministres ne l'étaient pas, même si nous étions à proximité, même si nous étions à quelques pieds de distance, même si nous faisions des démarches auprès d'eux. Dans bien des cas, il y avait une absence totale de volonté de dialoguer avec les députés de l'opposition. Selon mon expérience, les ministres ne seront certainement pas plus accessibles s'ils se trouvent à proximité.
Cela n'a pas été pas mon expérience durant ces années et, bien honnêtement, si un ministre veut être accessible, il le sera que nous soyons à 3 pieds ou à 3 000 kilomètres de lui. Il répondra à l'appel. C'est ce que j'ai pu constater.
Quant à savoir si la mise en place d'un Parlement hybride devrait être permanente ou soumise à une disposition de caducité, très franchement, c'est le Parlement qui doit prendre cette décision. Cela ne fait aucun doute. Nous avons eu trois ans pour mettre ce système à l'épreuve. Nous savons qu'il y a encore des améliorations à apporter, mais nous savons aussi que le système fonctionne et que les députés peuvent participer aux séances. Ils peuvent voter de manière efficace.
À ce chapitre, je rends hommage à l'Administration de la Chambre des communes, à l'équipe technique et aux interprètes, qui font un travail remarquable, tous les jours. Ils ont créé un système de toutes pièces, à un moment où il était essentiel de prendre des dispositions pour que le Parlement siège temporairement à distance, puis en format hybride. Ces gens ont travaillé de longues heures pour s'assurer que tout fonctionnait bien.
Même si nous avons encore beaucoup de travail à faire pour veiller sur la santé et la sécurité des interprètes, qui font un travail remarquable et sans qui notre Parlement ne pourrait tout simplement pas fonctionner, et que nous avons encore des améliorations à apporter, il n'en reste pas moins que le système fonctionne très bien. C'est un fait.
Si nous souhaitons que le Parlement soit le reflet de notre pays, nous devons nous efforcer d'en ouvrir les portes aux députés qui ont une famille, ou qui sont issus de communautés non représentées ou sous-représentées à la Chambre des communes. Il nous faut prendre des dispositions pour mettre en place un Parlement hybride. Cela est non seulement plus efficace pour nos concitoyens, mais cela permet également d'attirer davantage de candidats vers une carrière politique extrêmement exigeante. Les députés travaillent sept jours sur sept et ils font parfois des journées d'une vingtaine d'heures. Nous devons faire en sorte qu'un plus grand nombre de Canadiens de diverses origines aient accès à notre système politique.
Pour ce faire, nous devons nous doter des outils nécessaires pour que les nouveaux et les futurs députés puissent défendre les intérêts de leurs concitoyens de la manière la plus efficace possible.
Dans un pays aussi vaste et divers que le nôtre, où il est parfois nécessaire de parcourir 5 000 kilomètres, nous devons veiller à mettre en place tous ces outils. Nous savons qu'ils fonctionnent. Ils ont été mis en place par consensus, à l'unanimité, et nous ne nous en portons que mieux.
En ce qui concerne les néo-démocrates, nous pensons qu'il s'agit d'une innovation importante qui doit se poursuivre. C'est pourquoi nous voterons en faveur de cette motion et de la mise en place d'un Parlement virtuel qui sert véritablement les intérêts de tous les Canadiens.