Monsieur le Président, depuis trop longtemps, les familles canadiennes peinent à trouver des services d'éducation préscolaire et de garde d'enfants de bonne qualité, abordables et inclusifs. Le projet de loi C‑35 contient des mesures très importantes pour changer cette situation une fois pour toutes. Je suis heureux de prendre la parole sur ce projet de loi pour donner un point de vue un peu plus axé sur les réalités nordiques. Le projet de loi C‑35 éliminera des obstacles injustifiés en facilitant l'accès à des services d'éducation préscolaire et de garde d'enfants de bonne qualité, abordables et inclusifs.
Pour les familles, l'accès à des services de garde n'est pas un luxe, mais bien une nécessité absolue. Cela donnera aux enfants de toutes origines et de toutes les régions du pays la chance d'avoir le meilleur départ possible dans la vie. Cela donnera aux parents la tranquillité d'esprit qui vient avec la certitude que leurs enfants sont en sécurité et entre les mains de personnes qualifiées et attentionnées. Cela donnera à des milliers de parents la possibilité de participer au marché du travail, de réaliser leurs aspirations professionnelles et de contribuer à l'économie canadienne.
Ce genre de mesure m'intéresse particulièrement, car j'ai occupé les fonctions de médecin hygiéniste en chef du Yukon, il y a plus d'une dizaine d'années. Dans le cadre de ces fonctions, j'ai constaté à quel point les services d'éducation préscolaire et de garde d'enfants subventionnés son importants non seulement pour la santé publique, mais aussi pour l'économie. Ce n'est pas une exagération, car nous voyons déjà les résultats de ce genre de mesures. Évidemment, nous disposons d'une foule de données probantes au Québec, qui a établi il y a longtemps son propre système de garderies abordables.
Les experts sont d'accord. La Banque TD répète depuis 2012 que ce dossier devrait être une des priorités budgétaires du gouvernement fédéral. La Chambre de commerce de l'Ontario a parlé de l'effet disproportionné de la pandémie sur les femmes et leur participation au marché du travail et de la nécessité d'investir dans les garderies.
Nous savons maintenant que, grâce aux ententes sur l'éducation préscolaire et les garderies que le gouvernement du Canada a conclues avec chaque province et territoire, les parents ont déjà constaté une diminution des frais de garde et une augmentation du nombre de places en garderie.
De plus, nous avons effectué des investissements cruciaux pour soutenir les éducateurs de la petite enfance, qui sont la pierre angulaire d'une main-d'œuvre de qualité dans le domaine de l'éducation préscolaire et des services de garderies. Chacune de ces ententes comprend des engagements qui aideront les provinces et les territoires à améliorer les avantages sociaux et les salaires et à donner accès à une formation continue de pointe aux éducateurs de la petite enfance.
Dans le temps qu'il me reste, j'aimerais me concentrer sur les territoires pour expliquer comment les ententes sur l'éducation préscolaire et les garderies profitent aux familles du Nunavut, des Territoires du Nord-Ouest et du Yukon.
Je sais que ma collègue du Nunavut est également ici pour participer à ce débat.
Même si de nombreuses communautés autochtones nordiques ont un urgent besoin de services de garde, le gouvernement du Canada travaille de manière coordonnée, par l'entremise de partenariats gérés conjointement avec les Premières Nations, les communautés autochtones et la nation métisse, afin d'offrir davantage de services de qualité et adaptés sur le plan culturel fondés sur les priorités des Autochtones à l'intention des familles autochtones, peu importe où elles vivent. Il s'agit d'un volet distinct, financé par l'entremise d'un engagement spécifique concernant l'éducation préscolaire et la garde d'enfants autochtones. Ceux qui sont à l'écoute doivent savoir que cela ne concerne pas mes remarques d'aujourd'hui.
Le Nunavut mérite de vives félicitations pour avoir été la première administration à offrir des services de garde accrédités à 10 $ par jour grâce au système pancanadien d'éducation préscolaire et de garde d'enfants. Le territoire a réalisé cet exploit avec 15 mois d'avance sur l'échéancier de son propre plan d'action et, fait encore plus remarquable, trois ans avant l'objectif fédéral de mise en œuvre à l'échelle du Canada de services d'éducation préscolaire et de garde d'enfants fixé à mars 2026. Cela signifie que les familles du Nunavut ont commencé à avoir accès à des services de garde à 10 $ par jour en décembre 2022, se joignant ainsi au Yukon et au Québec.
Sur le plan financier, cela signifie que les familles du territoire pourraient économiser jusqu'à 55 $ par jour par enfant envoyé en service de garde. Pour un territoire aux prises avec une hausse importante du coût de la vie, que nous savons être bien réelle, cette économie offre des avantages tangibles.
En janvier dernier, le gouvernement du Nunavut et le gouvernement du Canada ont signé un accord prévoyant 66 millions de dollars sur cinq ans pour soutenir l'éducation préscolaire et la garde des jeunes enfants au Nunavut. Cet investissement s'ajoute aux quelque 13 millions de dollars annoncés en août 2021. Cet accord comprenait 2,8 millions de dollars pour soutenir la main-d'œuvre dans le domaine de la petite enfance.
Le Nunavut créera 238 nouvelles places accréditées à but non lucratif d'ici à la fin mars 2026, et il est déjà en passe d'atteindre cet objectif. Il ne serait pas surprenant que le Nunavut réalise cet objectif bien avant 2026.
De son côté, le Yukon a atteint la cible d'un tarif moyen de 10 $ par jour au printemps 2021 grâce à son propre programme universel de garde d'enfants. Je suis très fier des progrès du Yukon avant l'entrée en vigueur du programme fédéral. Depuis, avec l'aide de l'investissement fédéral, le territoire a fait de grands progrès dans la création de places et le développement de sa main-d'œuvre éducative.
Depuis la signature de l'accord pancanadien, le Yukon a créé plus de 200 places pour faciliter l'accès des parents à des services de garde de haute qualité. Les investissements fédéraux de 1 200 000 $ ont aussi permis d'augmenter les salaires des éducateurs de la petite enfance au Yukon, qui affiche désormais le salaire médian le plus élevé au Canada pour ce secteur. Je peux voir à quel point cela fait la différence lorsque je parle aux éducateurs et aux propriétaires de garderies. Cela facilite le recrutement et contribue à l'offre de services de qualité, et tant les enfants que les familles sont heureux.
Une enveloppe de 800 000 $ octroyée par le gouvernement du Yukon et le gouvernement du Canada est consacrée au programme de financement des avantages sociaux du secteur de l’éducation de la petite enfance et des services de garde, qui procure un régime complet d'avantages sociaux aux éducateurs de la petite enfance qui travaillent pour les programmes d'éducation préscolaire et de garderie accrédités au Yukon.
Avec l'aide de l'Université du Yukon, le territoire élargit l'accès à une formation de qualité pour les éducateurs de la petite enfance, qui peuvent s'inscrire à un programme accéléré de l'Université menant à l'obtention d'un diplôme d'études professionnelles. La fin de semaine dernière, j'ai assisté à la cérémonie de remise des diplômes de l'Université pour voir certains de ces diplômés traverser fièrement la scène. Grâce à un financement fédéral de 120 000 $, l'Université du Yukon a également lancé un programme de formation en éducation de la petite enfance destiné aux éducateurs qui travaillent en zone rurale. En ciblant ainsi les éducateurs, l'Université reconnaît qu'ils sont au cœur de la réussite de tout programme d'éducation de la petite enfance.
Aux Territoires du Nord-Ouest, le gouvernement du Canada et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest ont annoncé il y a près d'un an que les frais de garde pour les familles ayant des enfants de cinq ans et moins dans des services de garde agréés seraient réduits de 50 % en moyenne, et que la réduction serait rétroactive au 1er janvier 2022. Depuis que cette réduction a été mise en œuvre, tous les programmes de garde d'enfants agréés admissibles du territoire y participent. C'est l'un des avantages de l'accord fédéral-territorial signé en décembre 2021.
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a une stratégie décennale bien définie en matière d'apprentissage et de garde des jeunes enfants: il a pour objectif de transformer complètement son système dans ce domaine. Comme l'a déclaré le ministre de l'Éducation, de la Culture et de la Formation des Territoires du Nord-Ouest, R. J. Simpson, lors du lancement du document de stratégie, il s'agit d'une évolution « vers un système robuste, mature et durable ».
Le ministre Simpson utilise le mot « durable », une notion qui est au cœur du projet de loi C‑35. Nous avons mis en place tous les éléments relatifs à l'éducation préscolaire et à la garde d'enfants, et ce projet de loi est vraiment la colle qui fera tenir tous ces éléments ensemble. En l'adoptant, nous promettons le meilleur départ possible dans la vie aux futures générations d'enfants du Canada. Il ne s'agit pas d'une promesse en l'air. Nous savons que nous pouvons la réaliser, parce que nous en avons la preuve.
Dans les années à venir, lorsque les familles profiteront des avantages d'un système canadien d'éducation préscolaire et de garde d'enfants entièrement fonctionnel, je pense que nous nous souviendrons des ententes que nous avons conclues et du projet de loi dont nous sommes saisis aujourd'hui et que nous nous dirons: « Quel excellent système! Comment se fait-il que nous ayons mis autant de temps à le mettre en place? » J'invite donc mes collègues à adopter rapidement le projet de loi C‑35.