Monsieur le Président, d'abord, je voudrais dire que je vais partager mon temps de parole avec mon honorable collègue député de Mirabel.
En 2015, il s'est passé quelque chose d'exceptionnel en politique canadienne. À l'époque, les libéraux étaient au troisième rang dans les sondages. Un moment donné, le premier ministre actuel a fait une sortie extraordinaire. Les gens ne s'attendaient pas à ça du tout: il a carrément dit que les libéraux allaient faire des déficits, qu'ils aimaient ça, que les taux d'intérêt étaient faibles, qu'on était comme des entreprises, et que quand les taux d'intérêt sont faibles, il faut investir dans l'économie. Les gens l'ont regardé avec un œil de morue en se demandant ce qu'était cette histoire. Sur le coup, j'ai dit que c'était la première fois depuis 40 ans qu'on voyait un politicien dire qu'il allait faire des déficits et qu'il aimait ça. Une chose qu'on peut dire c'est qu'il aime ça pour vrai parce qu'il en a fait, et des solides.
À l'époque, son hypothèse de départ, comme diraient les économistes, c'était que les taux d'intérêt étaient faibles et qu'il fallait investir dans l'économie. Qu'en est-il de la situation aujourd'hui? Les taux d'intérêt ont augmenté 10 fois depuis la fin de la pandémie. On est rendu à 5 %. Je ne suis pas fort en mathématiques, mais ça veut dire que les taux d'intérêt sont rendus pas mal hauts.
Les dépenses qu'il fait ne sont pas des investissements, pas du tout, mais des dépenses courantes. Souvent, il va faire des dépenses frivoles. Il a perdu le contrôle. C'est un dépensier compulsif, il aime ça, il envoie l'argent à droite et à gauche. Quand il parle de dépenses, il est excité comme un caniche qui attend de la visite.
Regardons la situation aujourd'hui. Il s'agit de dépenses courantes à l'extérieur de ses champs de compétence. Il est devenu ami avec le NPD. Or, les néo-démocrates ne font pas des dépenses compulsives; ils sont plutôt les maîtres de la dépense. Ils aiment ça. Ils écoutent des films, ils s'imaginent en train de dépenser, ils voient le monde dépenser et c'est extraordinaire.
Ce qui est arrivé, c'est que les libéraux ont parlé aux néo-démocrates. Le NPD a dit qu'il fallait l'assurance dentaire. Cela relève de la compétence du Québec, cependant, mais ce n'est pas grave, le gouvernement fédéral va le faire à la place du Québec. Alors, les libéraux se sont mis à créer une assurance dentaire. Je suis allé chez mon dentiste pour me faire arranger une dent et il se prenait la tête, il n'en revenait pas. Je lui ai demandé ce qu'il avait. Il m'a dit qu'il n'en revenait pas de l'assurance dentaire et que ça faisait deux mois qu'il se prenait la tête. Il a dit que ça n'avait pas d'allure. Ce sont des dépenses complètement folles. Un moment donné, quelqu'un — je ne suis pas sûr si c'est le directeur parlementaire du budget — a dit qu'il y avait des excès, que c'était mal foutu, qu'on n'aurait jamais dû faire ça et qu'on aurait dû laisser ça aux spécialistes que sont le Québec et les provinces.
Ce sont aussi 82,8 milliards de dollars de dépenses en subventions pour les sociétés pétrolières, qui font 200 milliards de dollars de profit par année. Personne n'a fait le saut, mais on devrait. C'est 82,8 milliards de dollars en subventions jusqu'en 2035 à de pauvres individus qui font 200 milliards de dollars de profit par année. On est proche de la folie, mais c'est ce que les libéraux font.
Ils ont acheté un pipeline pour s'amuser. Ils disent qu'ils n'aiment pas le pétrole, mais qu'ils vont en exporter comme des cochons et mettre dans la transition énergétique l'argent qu'on va faire. J'ai essayé d'expliquer ça à mon golden retriever et il ne se possédait plus. Comment peut-on l'expliquer aux gens? Les libéraux y croient, semble-t-il. Je parle de 30 milliards de dollars et ce n'est pas fini.
Il y a l'inefficacité de la fonction publique. Un passeport coûte quatre fois plus cher à produire qu'un permis de conduire. Regardons les coûts en santé. Le peu de fois où les libéraux ont géré la santé des hôpitaux, entre autres, des vétérans, l'acte coûtait deux fois plus cher que dans le public au Québec et dans les provinces. C'est exorbitant. Traiter un dossier d'assurance-emploi coûte 2,5 fois plus cher que de traiter un dossier de bien-être social au Québec. Pourquoi est-ce ainsi? C'est parce qu'ils ont de l'argent à cause du déséquilibre fiscal. Quand on a de l'argent comme cela, on ne regarde pas la dépense. Les tapis sont plus épais à Ottawa qu'ailleurs et on a du plaisir.
Nous leur disons de se calmer. Quand ils ont annoncé le déficit de 2023 en novembre 2022, on parlait de 30 milliards de dollars. Maintenant, il est rendu à 46,5 milliards de dollars. Cela n'arrête pas de monter.
On n'est pas nécessairement en crise économique. Le plein emploi est atteint ou presque et, selon les théories keynésiennes, les déficits devraient plutôt se faire dans les situations difficiles comme la pandémie ou les récessions. En ce moment, il ne devrait pas y avoir de déficits, ou du moins, il devrait y en avoir peu. On devrait surtout avoir un plan de retour à l'équilibre budgétaire. C'est cela, être responsable. Cela obligerait peut-être le gouvernement à être plus consciencieux en termes de dépenses. Cela l'obligerait à dire au monde qu'il va essayer de faire mieux, de mieux gérer les finances et de faire en sorte qu'on puisse atteindre un objectif qui est déterminé dans un plan.
« Gouverner, c'est prévoir », comme le disait Émile de Girardin. Ce gouvernement a de la misère à prévoir, il est tout le temps en réaction est très rarement en action. Ce qui est important, c'est que le plan aura pour effet d'envoyer un signal sur le marché, un signal qui indique que le gouvernement désire s'engager sur la route de l'équilibre budgétaire. Cela pourrait avoir pour effet de diminuer les tensions inflationnistes.
Les conservateurs demandent que ce plan soit présenté avant le 25 octobre. Pourquoi ont-ils choisi le 25 octobre? Ils ont peut-être prévu une fête ou je ne sais pas quoi d'autre. Ils ont choisi la date du 25 octobre, mais on ne sait pas pourquoi. Pourquoi ne demande-t-on pas que ce plan soit présenté lors de la mise à jour budgétaire qui sera faite en novembre? Cela pourrait être une idée.
Les conservateurs ont des lubies comme cette date du 25 octobre. Ensuite, ils font dans la simplicité désarmante. Ils sont dans l'incantation, en quelque sorte. Ils parlent d'inflation et il se disent que, à force d'en parler, on va la faire disparaître. Ont-ils des propositions? Non, ils n'en ont pas. Ils jouent à Ouija avec les finances publiques. Ils s'installent à côté de la palette et se disent que, à un moment donné, ils vont avoir des réponses. Ils sont très bons pour chialer, mais ils ne font pas de propositions concrètes. Quand l'un d'entre eux fait une proposition concrète, les autres font la sourde oreille. Ils ne sont pas habitués et ils lui demandent ce qu'il a fait. Ils ont décidé de chialer et de parler du coût de la vie, du prix de la dinde et de la carotte. À un moment donné, s'ils arrivent au gouvernement, cela va s'estomper comme par miracle.
En ce qui concerne les aînés, ils ne font aucune proposition concrète. Quand les épiciers ont paradé en comité, le Bloc québécois a fait des propositions. Notre porte-parole en matière d'agriculture est arrivé avec une liste de propositions. Les conservateurs, pour leur part, ont chialé en disant que cela ne servait à rien et que c'était inutile. Ils parlent du coût de la vie et ils devraient donc avoir une idée pour régler ce problème. Ils disent que le coût de la vie est épouvantable. Ils ont raison, mais ont-ils des propositions concrètes? La réponse est non.
Ils parlent aussi de la pénurie de logements. Stephen Harper n'a rien fait en neuf ans. Ce qu'on vit présentement est une des conséquences de l'inaction des conservateurs. Les conservateurs ne font aucune proposition à ce sujet. Mon collègue le député de Longueuil—Saint-Hubert parle du montant de 900 millions de dollars. Il faut que le gouvernement fédéral donne ce montant de 900 millions de dollars à Québec pour qu'il puisse construire des logements. A-t-on entendu un conservateur dire qu'il fallait verser les 900 millions de dollars à Québec? La réponse est non.
Après, ils ont dit qu'ils avaient une idée, ce qui est toujours dangereux. Leur idée, c'est d'exiger que les municipalités augmentent de 15 % la construction de logements annuellement sous peine de subir une réduction des subventions. Où a-t-on trouvé ce chiffre de 15 %? Ils ont joué à Ouija et le chiffre de 15 % est sorti. J'ai parlé aux gens des villes de ma circonscription. Dans une ville de ma circonscription, il y a un moratoire parce qu'il n'y a plus d'eau. J'ai dit aux représentants de cette ville que, si les conservateurs sont élus, il va falloir augmenter la construction de logements de 15 %. Ils m'ont dit qu'ils n'avaient plus d'eau et je leur ai dit que les conservateurs allaient faire des compressions. Ils m'ont répondu qu'ils n'auront plus d'eau si cela arrive. Qu'est-ce qu'on ne comprend pas là-dedans?
On ne les entend pas non plus parler de la pénurie de travailleurs, mais ce n'est pas grave. Le prix du pétrole est élevé et les énergies renouvelables sont un concurrent. C'est cela qui va nous sortir de la spirale de l'augmentation du prix des énergies fossiles. Est-ce qu'on entend les conservateurs parler de cela? Oui, ils en parlent pour dire que cela ne sert à rien et que c'est inutile. Est-ce sérieux? Avec les changements climatiques, c'est une porte de sortie essentielle que nous devons évaluer.
Talleyrand disait que « tout ce qui est excessif est insignifiant ». Je trouve que les conservateurs sont excessifs quand ils parlent d'inflation. Je laisse mes collègues deviner la suite.
J'ai enseigné l'économie pendant 20 ans. Quand je parlais des causes de l'inflation, je passais quatre ou cinq heures sur le sujet. Mes étudiants étaient tannés que je parle encore de l'inflation, mais c'est un sujet important. Je leur expliquais toutes sortes de causes qui pouvaient créer de l'inflation et le déficit en faisait partie. Cependant, il faut faire attention, car ce n'est pas aussi évident que cela.
Quand on dit que déficit est égal à inflation, il faut faire attention. En passant, l'inflation est partout sur la planète. Donc, il y a des causes de l'inflation qui ne sont pas nécessairement le déficit. C'est sûr qu'éliminer le déficit peut aider, mais on n'est pas dans l'incantation. Je le dis: à un moment donné, il va falloir que les conservateurs se réveillent, parce qu'à force de dire des mensonges, on finit par devenir insignifiant.