Merci.
Bonjour, monsieur le président et membres du Comité.
Je m'appelle Ryan Riordan. Je suis professeur de finances à la Smith School of Business de l'Université Queen's. Je suis aussi, et c'est probablement la raison de ma présence ici, le directeur de la recherche à l'Institute for Sustainable Finance. Il s'agit d'un carrefour unique en son genre qui réunit dans un travail de collaboration des gens du milieu universitaire, du secteur privé et du secteur gouvernemental. Notre seul objectif est d'accroître durabilité de la capacité de financement du Canada.
Je tiens à vous remercier de me donner l'occasion de comparaître aujourd'hui au nom de l'institut et de contribuer à l'étude sur la Banque de l'infrastructure du Canada.
J'aimerais faire deux divulgations proactives. Premièrement, l'Institute for Sustainable Finance bénéficie du soutien de l'Université Queen's, de l'Ivey Foundation, de la Fondation McConnell, de la McCall MacBain Foundation et de la Chisholm Thomson Family Foundation. Fait important, en novembre 2020, les cinq plus grandes banques du Canada — la Banque TD, la Banque Scotia, la CIBC, la BMO et la Banque Royale du Canada — ont annoncé un don de 5 millions de dollars à l'ISF. Deuxièmement, et c'est plus pertinent dans le contexte actuel, je tiens à dire qu'Ehren Cory, président-directeur général de la Banque de l'infrastructure du Canada, est membre du conseil consultatif de l'Institute for Sustainable Finance depuis février 2021.
Dans la poursuite des objectifs de l'institut, nous avons établi un réseau canadien de financement durable, qui est un réseau national indépendant de recherche et d'éducation composé de 73 universitaires provenant de 23 universités de partout au Canada.
Pour revenir à l'objet de l'étude du Comité, j'aimerais souligner un rapport publié en septembre 2020 par l'ISF, intitulé « Capital Mobilization Plan for a Canadian Low Carbon Economy ». Il s'agit d'un rapport de recherche historique qui a fourni un plan d'investissement concret, axé sur des données, pour la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone. Dans l'étude, nous avons examiné les investissements régionaux et sectoriels nécessaires pour atteindre la cible fixée dans l'Accord de Paris pour 2030, soit une réduction des émissions de carbone de 30 % par rapport à 2005.
La conclusion la plus importante de notre rapport est que le Canada aurait besoin d'un investissement d'environ 128 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années pour atteindre ces objectifs. C'est considérable, sans doute, mais c'est loin d'être impossible. Pour vous donner un peu de contexte, et je parlerai bientôt du secteur privé, l'investissement annuel de 12,8 milliards de dollars représente 0,62 % du PIB du Canada en 2018 ou 2,7 % des recettes fiscales provinciales annuelles.
Pour utiliser un comparateur du secteur privé, cela représente moins de 10 % des dépenses annuelles d'immobilisation des entreprises cotées à la TSX. En fait, si les grandes entreprises canadiennes cotées en bourse consacraient seulement 5 % de leurs dépenses annuelles d'immobilisation à des projets de réduction des GES au cours de la prochaine décennie, cela représenterait plus de la moitié de l'investissement nécessaire pour atteindre nos objectifs de 2030. Il importe de signaler qu'il existe déjà d'importantes indications qui donnent à penser que des capitaux privés sont engagés à cette fin et qu'ils arrivent déjà.
Comme nous l'avons souligné dans notre rapport, la Banque de l'infrastructure du Canada serait, parmi les nombreux mécanismes de mobilisation de capitaux privés, un moyen efficace d'encourager et de stimuler les partenariats public-privé.
Le rapport a dégagé quatre secteurs d'importance critique, à savoir le secteur du bâtiment, les transports, le secteur pétrolier et gazier et celui de l'électricité. Fait notable, ces quatre secteurs comptent pour 70 % des émissions du Canada.
Le secteur du bâtiment est celui qui offre le plus de facilité, étant le seul où nous avons déterminé que la réduction des émissions de carbone serait moins coûteuse que leur maintien au niveau actuel, si bien qu'une petite incitation financière ou comportementale dans ce secteur nous aiderait à réaliser d'importants avantages environnementaux, mais aussi économiques.
Le secteur des transports est évidemment d'une grande importance dans un pays aussi vaste que le Canada. C'est dans ce secteur que les enjeux sont les plus grands. Les partenariats public-privé peuvent constituer un moyen efficace d'y mobiliser des capitaux.
L'électricité et le secteur pétrolier et gazier représentent de grandes gageures qu'il nous faut gagner. Les efforts de coopération entre ces deux secteurs aideront à accélérer le mouvement de nos capitaux et la réorientation de nos compétences du secteur des hydrocarbures à celui de l'électricité.
Nous nous attendons à ce que le flux de capitaux se maintienne et s'accélère au cours de la prochaine décennie, non seulement en dépit des défis économiques particuliers causés par la pandémie, mais aussi à cause d'eux.
Des mécanismes de financement comme les obligations vertes, les obligations de transition, les fiducies de placement vert et les modèles de financement mixte sous forme de partenariats public-privé contribueront à donner des assises à ces nouveaux moyens de financement.
Enfin, l'ISF et moi-même croyons que le Canada doit investir dans une solide infrastructure de collecte de données et de production de rapports qui permettra à nos entreprises publiques et privées de faire savoir haut et fort qu'elles réussissent à diminuer leur incidence sur environnement. L'obtention, en temps opportun, de données environnementales pointues et accessibles aideront le gouvernement et la BIC à cerner les possibilités de programmes d'investissement les plus avantageux. Fait important, elle contribuera également à attirer au Canada les capitaux privés, nationaux et étrangers, nécessaires pour financer la transition du Canada vers une économie à faibles émissions de carbone.
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie encore une fois. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.