D'accord. Il est fort possible que je ne puisse pas lire toute mon allocution, si je vais plus lentement. Je pourrai toujours en dire davantage pendant la période des questions avec les membres du Comité.
Il y a aujourd'hui deux grandes tendances qui n'existaient pas auparavant. Premièrement, il y a l'intensification de la concurrence entre grandes puissances, illustrée par le retour de la guerre de haute intensité en Europe. Deuxièmement, il y a les bouleversements occasionnés par les changements climatiques, illustrés par l'accroissement récent des opérations intérieures des Forces armées canadiennes afin de prêter assistance aux autorités civiles.
Ces deux tendances ne sont pas nouvelles. Cela fait longtemps qu'on observe la modernisation des technologies militaires des grandes puissances et, évidemment, les changements climatiques. Or, conjuguées, ces deux tendances représentent une menace qui force le Canada à concentrer son attention stratégique et ses ressources beaucoup plus dans sa propre zone, soit sur le territoire canadien.
Historiquement, le Canada a toujours eu une vision de sécurité avancée, suivant laquelle il intervenait à l'étranger et outre-mer pour empêcher que les conflits ne parviennent jusqu'ici. Maintenant, ils se retrouvent chez nous. Cela entraîne de grands changements dans la pensée stratégique canadienne.
À mon avis, deux principales menaces doivent être prises en considération par le gouvernement canadien.
D'une part, le réchauffement climatique cause l'accroissement du trafic maritime dans les eaux intérieures du Canada et dans sa zone économique exclusive, que ce soit pour la pêche, le transport, le tourisme, la recherche ou les opérations militaires, et les grandes puissances révisionnistes en tireront profit.
Ce qui constitue une deuxième menace, ce sont les visées stratégiques des États révisionnistes. Non seulement ils développent des capacités conventionnelles pouvant atteindre le Canada, par exemple des armes nucléaires tactiques, dont il a été question tout à l'heure, des missiles hypersoniques, des sous-marins ou des drones, mais ils utilisent également des stratégies qui se situent sous le seuil du conflit armé, par exemple en investissant dans les infrastructures critiques, dans les métaux rares et dans les industries minières, soit autant de secteurs qui sont importants dans le développement économique du Canada, mais pour lesquels ce dernier affiche une grande vulnérabilité.
Bien qu'il faille saluer les récents investissements dans la défense canadienne grâce à la politique de 2017, plusieurs lacunes demeurent. À mon avis, l'une des principales carences à souligner est l'absence de planification budgétaire ou opérationnelle du remplacement de la flotte de sous-marins canadiens. Ces derniers seront pourtant essentiels pour sécuriser les eaux canadiennes. Que l'on considère le passage du Nord-Ouest comme étant canadien ou comme faisant partie des eaux internationales, il faudra cette capacité. Le fait de ne pas planifier ce remplacement présentement peut laisser craindre qu'on perde cette capacité, ou bien qu'on doive abandonner d'autres priorités de la défense. En effet, si l'on devait investir dans une nouvelle flotte de sous-marins à propulsion nucléaire comme le font les Australiens, cela coûterait tellement cher qu'il faudrait amputer des budgets accordés à d'autres priorités de la défense canadienne.
À mon avis, il faut aussi revoir l'approche des Forces armées canadiennes en matière de défense en examinant ce que les Norvégiens et les Suédois appellent la défense totale. Il s'agit d'une approche pansociétale qui est axée sur la résilience de l'ensemble des acteurs de la société, qu'ils soient civils, industriels, commerciaux ou militaires, afin de mieux résister aux crises, et qui mise également sur les capacités de dissuasion de haute et de faible intensité pour mobiliser l'ensemble de la population autour de conflits multidimensionnels, plutôt que d'agir en vase clos en séparant l'aspect conventionnel et l'aspect non conventionnel.
En conclusion, il peut vous sembler incongru de parler de menaces qui se profilent dans un horizon qui n'est pas immédiat, alors même qu'un risque non insignifiant d'un élargissement horizontal ou vertical de la guerre en Ukraine est à craindre. C'est ce que disait tout à l'heure mon collègue M. Robert Huebert. Par contre, les menaces que je mentionne présentement ne sont pas à négliger, dans la mesure où un investissement est nécessaire dès maintenant pour se prémunir contre celles-ci. Vous savez comme moi que les processus pour le développement des capacités de défense et pour l'acquisition militaire du Canada sont loin d'être rapides. Afin de se pourvoir des capacités pour défendre le Canada et son territoire dans 10 ou 15 ans, c'est aujourd'hui qu'il faut faire des choix difficiles.
Of course. It is quite possible that I won't be able to read out my statement in full if I go more slowly. I could always provide more information to the members of the committee during the round of questions.
We are currently seeing two significant trends that weren't there previously. Firstly, competition between the major powers has intensified, as we can see by the new high-intensity war in Europe. Secondly, there have been upheavals brought about by climate change, and we have seen more domestic operations led by the Canadian Armed Forces who have provided support to civilian authorities.
These two trends are not recent. The major powers' military forces have been modernizing their technology for quite a while now, and obviously climate change is nothing new. However, the co‑existence of both trends creates a threat that is forcing Canada to redirect much more of its strategic attention and its resources to its home base, and by that I mean on Canadian soil.
Historically, Canada has always had an advanced vision of security, meaning that it would intervene abroad to prevent conflicts from coming to it. Currently, these interventions are taking place on Canadian soil. This has transformed Canada's strategic thought.
I believe that the Canadian government should consider two main threats.
Firstly, climate change has led to more marine traffic in Canadian inland waters and in its exclusive economic zone, whether it be for fishing, transportation, tourism, research or military operations, and the major revisionist powers will take advantage of that.
The second threat is the strategic ambitions of revisionist states. Not only are they developing their conventional capacity to reach Canada, with tactical nuclear weapons, as mentioned earlier, as well as hypersonic missiles, submarines and drones, but they are also using strategies that fall under the threshold of armed conflict. They are investing in critical infrastructure, such as the mining industry, including rare metals. These sectors play an important role in Canada's economic development but are very vulnerable.
While we welcome recent investments in Canada's defence capabilities as per the 2017 policy, there are still many gaps. One of the main gaps is the absence of planning, whether budgetary or operational, for replacing the fleet of Canadian submarines. These are essential to the security of Canadian waters. Whether we consider that the Northwest Passage is in Canadian or international waters, we still need that capacity. The fact that we are not planning to replace the fleet leads us to believe that we will lose that defence capacity. If we had to invest in a new fleet of nuclear submarines, as Australia is doing, the cost would be so high that we would have to use the money budgeted for other Canadian defence priority items.
I believe we should review the Canadian Armed Forces' approach in matters of defence by looking at Norway and Sweden and what they call total defence. This is a whole-of-society approach based on the resiliency of all society stakeholders, whether they be civilians, industrial and commercial actors or the military, in order to better resist in times of crisis. This approach is also based on a high and low intensity deterrent capacity that mobilizes the entire population in a multidimensional conflict, rather than stand-alone operations based on conventional and non-conventional defence.
In conclusion, you might find it odd that I am talking about threats that are not immediate, whereas there is a considerably significant threat of the war in Ukraine escalating horizontally or vertically. This is what my colleague Mr. Robert Huebert was alluding to earlier. However, the threats that I have been describing are not insignificant, given that we would have to invest right now to protect ourselves. You know as well as I do that developing defence capacity and military procurement in Canada is not something that can be done quickly. In order to gain the capacity to defend Canada and its territory in 10 or 15 years, we have to make those difficult choices today.