Bonjour.
D'abord, je remercie le Comité de m'avoir invité à comparaître.
En tant que citoyen engagé, je m'intéresse depuis près de 25 ans au commerce international, principalement par l'intermédiaire des accords de libre-échange et selon les préoccupations liées à la justice sociale au sein de l'Action citoyenne pour la justice fiscale, sociale et écologique, ou ATTAC‑Québec.
Je classe les liens commerciaux avec les autres pays en trois catégories: ceux avec les pays ayant une économie équivalente à la nôtre, ceux avec les pays en développement, et ceux avec les pays où le travail forcé est présent à grande échelle.
Ce dernier cas pose un double problème. D'abord, il crée un avantage concurrentiel pour ces pays, dont la production se fait à moindre coût en exploitant la main-d'œuvre. Toutefois, le pire problème, et de très loin, demeure la catastrophe humanitaire que cette exploitation implique.
Les offenses commises à l'encontre des Ouïghours et des autres peuples turciques en Chine ont été reconnues par le Canada. On parle de génocide, de travail forcé, de camps de rééducation politique où on pratique, entre autres, la torture. Tout cela se passe dans un contexte où la capacité de surveillance aidée par les technologies et l'intelligence artificielle atteint des niveaux insoupçonnés, et c'est sans oublier que les Ouïghours sont harcelés, même hors de la Chine, y compris au Canada.
Cette situation devrait inciter le Canada à réagir vivement, parce que la Chine impose, entre autres, de nouveaux standards de répression qui peuvent être reproduits dans d'autres pays.
Certes, devant un pays aussi puissant et influent que la Chine, les moyens d'agir sont limités. Cependant, le Canada peut au moins réagir en refusant sur son territoire les produits du travail forcé dans le Xinjiang. Or, sur ce plan, le Canada est loin d'être exemplaire.
Au cours des dernières années, 2 547 cargaisons de produits qu'on soupçonne être issus du travail forcé des Ouïghours ont été interdites d'entrée aux États‑Unis. Pendant cette période, une seule cargaison en provenance de la Chine a été arrêtée au Canada avant d'être finalement autorisée à y entrer.
On observe donc, ici, un réel laxisme et une flagrante nécessité de resserrer les critères de blocage des marchandises produites dans des conditions plus que douteuses.
Des pays comme la France, l'Allemagne, la Norvège et les États‑Unis ont adopté des politiques allant dans ce sens. Le Canada pourrait au moins aller aussi loin que ces pays pour créer son propre modèle, qui pourrait à son tour devenir exemplaire.
Par le passé, le Canada ne s'est pas distingué par une forte volonté d'agir contre les situations d'exploitation et de répression des populations. En 2014, il a signé un accord sur la protection des investissements avec la Chine, malgré les inquiétudes clairement exprimées par des défenseurs des droits de la personne et l'absence de réciprocité qu'implique cet accord. Pour se justifier, il a toujours invoqué les mécanismes de règlement des différends entre investisseurs et États, même si ceux-ci ont notamment favorisé l'expansion des compagnies minières aux dépens de l'environnement dans les pays du Sud.
Le libéralisme économique mis en avant par les accords de libre-échange négociés par le Canada pendant de longues années a favorisé l'expansion de zones d'exploitation des travailleurs et des travailleuses comme les Maquiladoras au Mexique.