Peut-être pourrais-je vous expliquer un peu la manière dont nous avons procédé.
Notre mandat stipulait expressément qu'il fallait assurer la représentativité de la diversité de la population canadienne et précisait un certain nombre de caractéristiques de personnes souvent sous-représentées ou non représentées dans le milieu judiciaire. Un de nos candidats a fait une observation très intéressante en faisant remarquer que la diversité ne se manifeste pas tant dans les décisions que dans ce que l'on apporte au débat. Je pense que ceux d'entre nous qui ont oeuvré au progrès des femmes en conviennent. Ce n'est pas tant qu'une femme déciderait ceci et qu'un homme déciderait cela que le fait qu'ils apportent une autre réalité ou posent des questions différentes lorsqu'ils examinent les affaires en général.
Je pense que le comité a atteint l'objectif de diversité, et comme la ministre l'a souligné, son mandat exigeait également qu'il trouve des candidats qualifiés — au pluriel — dans le Canada atlantique. Nous avons présumé que nous devions en trouver au moins deux, ce qui n'a pas été difficile, puisque de nombreux candidats se sont, bien entendu, présentés dans cette région. Les candidats étaient cependant très diversifiés. Selon moi, notre mandat a signalé aux gens qui envisageaient de poser leur candidature qu'ils ne devaient pas se laisser décourager parce qu'ils sont membres d'un groupe non représenté. Le fait est qu'il y a un sérieux manque de diversité à bien des égards, particulièrement dans la profession juridique.
Le mandat a envoyé un message clair au milieu juridique canadien, comme en témoignent les candidatures reçues. Nous voulions trouver des candidats hautement compétents. Un grand nombre de candidats satisfaisaient aux critères, mais la question est plus large. La liste que nous avons présentée au premier ministre comprenait des choix fort intéressants. Même dans le cas du juge Rowe, par exemple, qui ne correspondait à aucun des critères, outre le fait qu'il n'y a jamais eu de juge originaire de Terre-Neuve à la Cour suprême, l'étendue de ses connaissances sur le pays était également importante. Nous avons demandé aux candidats de nous parler de leur compréhension de la diversité de la société canadienne. Il ne suffisait pas qu'ils appartiennent à une catégorie qu'ils cocheraient sur le formulaire; nous voulions savoir quelle était leur expérience concrète de la réalité de la société canadienne. Leurs réponses étaient très intéressantes, qu'ils aient été touchés par la question ou qu'ils y aient été confrontés. Le juge Rowe, notamment dans le cadre de son travail à Action Canada, a traité avec des gouvernements autochtones, à Haida Gwaii, et avec les gouvernements du Nord.
Il a longuement parlé de... eh bien, vous pourrez l'interroger à ce sujet demain, mais c'était important pour nous. Quand on parle de ce que les gens apportent au débat ou lorsque les juges de la Cour suprême discutent d'une question, est-ce que certaines choses ne sont pas dites parce que personne n'est informé à ce sujet? Je pense à la nomination de Bertha Wilson à la cour et aux décisions sur la propriété des conjoints de fait, par exemple. Ces événements marquants sont attribuables au fait que quelqu'un a admis l'existence d'un problème. Je pense que c'est réellement important. Je ne dis pas, ne serait-ce que pour une nanoseconde, que c'est tout ce qui compte, mais je pense que nous avons signalé que nous encouragions des gens de tout horizon à présenter leur candidature.
Comme nous sommes tenus d'assurer la confidentialité des candidats, nous ne pouvons vous communiquer toute la liste, mais elle était d'une richesse incomparable. Je pense que c'est le plus important. Un seul candidat peut être nommé, mais il doit posséder le respect, la compréhension et la connaissance de la diversité de la société canadienne. Les candidats formaient un groupe fort intéressant et, comme je l'ai fait remarquer, ils possédaient une maîtrise remarquable du français, à mon plus grand plaisir.