Monsieur le Président, c'est merveilleux de se retrouver à la Chambre. Je suis ravi de voir que mes collègues commencent à apprécier mon travail et que mon nom et mon titre en Nouvelle-Écosse commencent à se faire connaître.
À ce qu'il paraît, j'occupe toutes les pensées du député de Carleton en ce moment. Il a parlé de moi à maintes reprises, et j'espère qu'il reviendra à la Chambre pour me poser des questions et me permettre de lui répondre aujourd'hui. J'inviterais mes collègues conservateurs à aller voir s'il est dans l'antichambre. Je dois faire attention, car je veux éviter de dire qui est présent à la Chambre, mais j'espère que le député de Carleton pourra se joindre au débat et me poser des questions en bonne et due forme.
C'est le premier débat auquel je participe depuis le décès du très honorable Brian Mulroney. Nous avons eu l'occasion de rendre visite à sa famille aujourd'hui et de rendre hommage à un grand homme, un personnage d'envergure reconnu par tous les Canadiens comme ayant fait de grandes choses pour ce pays. Je m'en voudrais de ne pas commencer mon intervention en soulignant ce que M. Mulroney a fait pour le Canada. Il a été député en Nouvelle‑Écosse. Dans ma circonscription, les gens ont un grand respect pour le travail qu'il a accompli en tant que premier ministre et en tant que progressiste-conservateur. J'en ai parlé à la Chambre. Kim Campbell et lui ont été les derniers de cette génération de véritables dirigeants progressistes-conservateurs à avoir occupé le bureau du premier ministre. Sa prestation à ce titre a été formidable.
J'ai une petite anecdote à raconter. J'ai eu l'occasion de rencontrer M. Mulroney lors du Forum économique de l'Atlantique, à Antigonish. Il s'est montré très généreux à l'égard de ma femme, Kimberly. Il l'a remerciée du travail qu'elle fait pour me permettre de siéger au Parlement. Il a dit que Mila avait fait la même chose pour lui quand il était en poste. Il comparait bien sûr deux charges très différentes, mais je tenais quand même à partager cette anecdote.
Lors de chaque journée de l'opposition, les conservateurs veulent parler de la tarification du carbone. C'est une bonne chose, car il est important de discuter des raisons pour lesquelles cette politique a été mise en place et des façons de bâtir des programmes qui sont réellement bons pour l'environnement et pour l'abordabilité. J'invite mes collègues de l'opposition à réfléchir à leur plan en matière d'environnement et au fait qu'ils se sont tous présentés aux dernières élections en proposant un programme qui incluait la tarification du carbone. Je comprends que ce n'est plus la position du Parti conservateur, mais je n'ai aucune idée de ce que celui-ci propose par rapport à cette lutte extrêmement importante que les Canadiens veulent que les parlementaires et les gouvernements mènent.
Afin de mettre les choses en contexte pour les Canadiens, après avoir écouté le chef de l’opposition officielle, on pourrait croire qu’aucun autre pays ou administration n’impose une forme quelconque de tarification du carbone et qu’il s’agit en quelque sorte d’une mesure draconienne insensée mise en place par le gouvernement. Que diraient alors les conservateurs aux 77 autres administrations partout dans le monde qui ont adopté la tarification du carbone dans le cadre de leurs initiatives environnementales? En fait, la tarification du carbone est fondamentalement une idée conservatrice: on offre aux consommateurs et aux innovateurs du secteur privé la capacité d'orienter le marché dans la bonne direction, plutôt que de s'en remettre au gouvernement. J'ai vraiment hâte de voir ce que le Parti conservateur présentera, si jamais il se décide à le faire. Je serai bien surpris qu'il le fasse, mais c'est ce qui s'impose, parce que les Canadiens méritent que les partis à la Chambre prennent cette question au sérieux.
La motion de l'opposition d'aujourd'hui parle de suspendre ou d'éliminer complètement la taxe sur le carbone, en laissant entendre qu'il s'agit d'un terrible fléau pour le pays. Je ne suis pas de cet avis. J'estime plutôt que la tarification du carbone est un plan valable et qu’elle a tout à fait sa place dans les discussions sur les enjeux liés à l’environnement et à l'abordabilité. Je pense apporter une certaine crédibilité à ce débat, puisque j'ai déjà critiqué le gouvernement au sujet des modalités du filet de sécurité fédéral.
Plus tôt, alors que j'écoutais les questions du député de Carleton — que le gouvernement n'a pas le choix d'écouter, conformément à la procédure —, je n'ai pu m'empêcher de penser que j'ai fait plus pour faire évoluer la politique de tarification du carbone que ce que le député de Carleton a fait en 20 ans. Il en parle beaucoup, mais c'est moi qui ai pris les devants afin qu'on ajuste la politique pour les communautés rurales, qu'on accorde une exemption pour le mazout domestique et qu'on mette en place un programme ayant une véritable incidence sur l'abordabilité et le chauffage domestique.
Je tiens à souligner que, de mon point de vue à la Chambre, je peux voir lorsque les conservateurs interviennent au sujet du mazout, par exemple, pour déclarer qu'ils veulent abolir la taxe. Évidemment, cela signifie qu'ils veulent également abolir les remboursements dont bénéficient les Canadiens. Ils veulent abolir les 17 ¢ le litre sur le mazout domestique. Nous savons que celui-ci est le moyen le plus dispendieux pour chauffer une maison au Canada. Son coût a augmenté d'environ 70 % depuis deux ans. En fait, les habitants des Maritimes qui chauffent leur maison au mazout paient de quatre à cinq fois plus cher que ceux qui ont pu faire la transition vers le gaz naturel, y compris dans des endroits comme la Saskatchewan.
Je vois que le député de Regina—Lewvan est prêt à intervenir avec sa question, et je l'attends avec impatience. Il doit comprendre que la raison pour laquelle nous avons exempté le mazout domestique, c'est que nous avions déjà répertorié un million de ménages canadiens qui étaient extrêmement vulnérables, partout au pays, pas seulement au Canada atlantique, mais, bien entendu, nous étions touchés de façon disproportionnée.
Je suis fier du travail que nous avons accompli pour faire des rajustements, pas seulement pour lancer des slogans, mais pour donner des solutions. Les gens de la Nouvelle‑Écosse, ainsi que le député de South Shore—St. Margarets, le député de Cumberland—Colchester et le député de Nova-Ouest, qui est une bonne personne, auraient eu une réduction de 17 ¢ le litre sur leur facture de chauffage, à n'en pas douter. Or, ils obtiennent maintenant une réduction de 17 ¢ le litre sur leur facture de chauffage pour les trois prochaines années, et ils obtiennent une solution à long terme qui leur fera épargner des milliers de dollars par année en chauffage. C'est précisément une mesure qui traite à la fois d'abordabilité et d'environnement. J'invite les conservateurs à comprendre que ces deux choses doivent aller de pair dans le contexte d'aujourd'hui. Ils voudraient nous faire croire que ces deux choses sont mutuellement exclusives. Je ne suis pas de cet avis. Je suis convaincu qu'il existe un moyen de créer des programmes qui peuvent faire avancer les dossiers sur tous les fronts.
Encore une fois, nous avons bonifié les remises pour les zones rurales. Ce n'est pas négligeable. En tant que membre d'un caucus rural de ce côté-ci de la Chambre, c'est une chose pour laquelle j'ai travaillé fort. Nous avons trouvé des solutions et des mesures concrètes pour rajuster la politique sans détruire un mécanisme de tarification qui compte dans la lutte environnementale. Oui, l'argent est bel et bien remis aux ménages. C'est ce que nous avons dit.
Si les conservateurs n'aiment pas le filet de sécurité fédéral, aiment-ils une autre forme de tarification du carbone? J'invite l'un de mes collègues à nous le dire aujourd'hui. Je comprends qu'ils n'aiment pas le filet de sécurité fédéral, mais aiment-ils le système de plafonnement et d'échange qui est en place au Québec? Aiment-ils le plan de la Colombie‑Britannique? C'est sur ce point que la conversation devrait porter. Les conservateurs croient-ils en une quelconque forme de tarification du carbone?
J'espère qu'un député d'en face prendra la parole pour poser une question sur l'Assemblée législative de la Nouvelle‑Écosse aujourd'hui. J'invite les 55 députés de l'assemblée de Nouvelle‑Écosse à encourager le premier ministre de la province, Tim Houston, à travailler de concert avec les premiers ministres des provinces atlantiques, peut-être avec Doug Ford, avec le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, et avec la première ministre de l'Alberta, Danielle Smith. Nous pourrions mettre en place un système de plafonnement et d'échange au Canada. Pensons-y un instant. Il pourrait répondre à la norme fédérale. Il n'est pas nécessaire que ce soit le filet de sécurité fédéral. N'oublions pas pourquoi nous en sommes là: certains premiers ministres provinciaux ont décidé qu'ils ne voulaient pas d'une forme quelconque de signal de prix qui change les choses. Toutefois, j'inviterai les premiers ministres des provinces de l'Atlantique et les députés provinciaux. Je serai heureux de parler de ce sujet. Il est important. Tout ce que le gouvernement veut, c'est un prix crédible pour pouvoir lutter contre les changements climatiques et contribuer à la réduction des émissions.
J’invite le député de Regina—Lewvan à se rendre dans les bureaux de Federated Co-operatives, en Saskatchewan, et à parler à son équipe de direction de la façon dont la tarification du carbone contribue à attirer des centaines de millions de dollars d’investissements dans sa province. Les dirigeants lui diront que c'est la tarification du carbone qui permet de changer les choses et de stimuler l'innovation. En fait, c'est ce qui permet de justifier la tarification du carbone. S'il n'a pas recours à la tarification du carbone, le député de Regina—Lewvan se contentera-t-il d'utiliser des fonds publics pour stimuler l'innovation? Est-ce que ce sera la seule solution du député ou utilisera-t-il d'autres types de principes du libre marché pour stimuler l'innovation qui doit se produire?
Lorsqu'il est question de technologie, et non de taxes, comment les conservateurs ont-ils l’intention d'encourager son développement? Je ne sais toujours pas exactement comment ils vont s'y prendre. Vont-ils compter sur la bienveillance des sociétés? Les conservateurs et le chef de l’opposition officielle laissent entendre que les lobbyistes des entreprises sont inutiles et que les sociétés sont terribles au Canada. Comment vont-ils les inciter à opérer les changements dont nous avons besoin pour lutter contre les changements climatiques? Je les invite à commencer à répondre à ce genre de questions.
Je constate que les conservateurs n'aiment pas le filet de sécurité fédéral. Je remarque que cette motion de l’opposition ne mentionne pas du tout le fait que l’argent retourne aux ménages de la Nouvelle‑Écosse et, en fait, de tout le pays. Tenons un débat éclairé.
Encore une fois, j'invite le député, qui aura la parole dans environ 30 secondes, à commencer sa réponse en indiquant s'il croit ou non à la tarification du carbone. Si les conservateurs ne croient pas au filet de sécurité fédéral — ce qui est très clair —, c’est bien, mais croient-ils à une forme quelconque de tarification du carbone? Les Canadiens doivent connaître la réponse parce que, au bout du compte, il y a un moyen d'y arriver sans le filet de sécurité fédéral. Nous avons cependant besoin que les premiers ministres provinciaux jouent aussi un rôle dans la solution. À mon avis, c'est ce qui est important. C'est ce qui manque dans la motion de l'opposition d'aujourd'hui.
J'attends avec impatience les questions et je vois que les députés sont prêts.
Comme il ne reste que 10 secondes, je vais poser une brève question sur le projet de loi C‑234. Les conservateurs vont-ils le mettre aux voix? Les agriculteurs de ma circonscription ont besoin d'aide, mais les conservateurs ne font rien. Ils ont fait intervenir six députés. Nous devons être en mesure de mettre cette question aux voix.