Monsieur le Président, je prends la parole aujourd'hui à la Chambre pour m'opposer à la motion et exhorter tous les députés, des deux côtés, à la rejeter.
La première question qui vient à l'esprit de tout le monde est à savoir pourquoi. Pourquoi être contre tous les principes de la motion? Il y est question de plein emploi, d'un environnement propre, de diminuer les impôts et de débloquer davantage d'argent pour les municipalités, la santé et l'éducation postsecondaire. La liste est beaucoup plus longue que cela.
Malgré tout le respect que je dois à l'auteure de la motion, je m'y oppose car je ne pense pas qu'elle soit réaliste. Tous ces principes relèvent de l'utopie. Il n'y en a pas un seul, à l'exception peut-être des nos 3 et 12, que je n'approuve pas.
Je m'explique. Nous habitons au Canada. Que nous le voulions ou non, le Canada fait partie d'un monde réel. Quand on dirige, que ce soit un pays comme le Canada, une province, une municipalité ou une entreprise, on doit établir des priorités. On doit déterminer des objectifs. On doit déterminer quand entreprendre une activité donnée, selon quel calendrier et comment la financer. Le gouvernement ne peut pas tout faire. Le gouvernement ne peut pas satisfaire tous les citoyens tous les jours. Plusieurs gouvernements ont essayé de le faire, mais en vain.
Comme je le disais, les principes sont tous louables. Je suis en accord sur la majorité d'entre eux. Si nous ne nous trouvions pas à la Chambre des communes, je croirais qu'ils ont été rédigés par Aldous Huxley. Un seul principe manque à la liste, à savoir que tous les soirs notre mère devrait nous donner un morceau de tarte aux pommes et nous embrasser.
Notre monde n'est pas parfait. Les hostilités se poursuivent en Afghanistan. La concurrence est vive sur le marché international. Les taux d'intérêts sont déterminés par des facteurs internationaux. Il faut tenir compte de l'inflation, de l'économie, des mouvements internationaux des capitaux. Et qui plus est, les gouvernements, que ce soit au niveau fédéral, provincial ou municipal, ne disposent pas de ressources intarissables pour financer tous les programmes possibles et imaginables.
Il manque un élément, et j'invite tous les députés qui commenteront la motion aujourd'hui à répondre à la question suivante: comment financerions-nous tous ces programmes et la mise en oeuvre de tous ces principes, qui sont nombreux? Le gouvernement se doit d'être responsable. Nous avons le devoir à la Chambre des communes de parler et d'agir de manière responsable. Nous devons expliquer clairement aux Canadiens comment nous financerions les nouveaux programmes ou l'amélioration des programmes existants. J'ai peut-être tort, et on me corrigera s'il le faut, mais selon moi il n'y a que deux manières de financer de tels programmes. La première consisterait à augmenter les impôts. La seconde, à réduire les dépenses des programmes existants.
Je lance un défi à tous les députés qui interviennent au sujet de la motion. Nous ne devrions pas passer le reste de la journée à parler de ses principes. La plupart d'entre nous à la Chambre seraient probablement d'accord avec les principes, sauf dans le cas du point no 12. Le débat doit plutôt être clair, précis et ciblé. Il faut préciser clairement de quelle façon le coût des programmes serait assuré. J'invite les députés qui appuient la motion à se pencher sur cette question.
Le point no 8 du plan prévoit qu'il faut:
Renforcer les collectivités canadiennes, grandes et petites, en endiguant la détérioration de nos municipalités au moyen d'un financement stable et d'investissements stratégiques dans l'infrastructure.
J'appuie ce principe. Depuis 1993, le gouvernement a fait beaucoup à cet égard. Il a annoncé au moins trois, peut-être quatre grands programmes d'infrastructure. Je conviens avec le NPD que davantage pourrait être fait. Les villes doivent principalement s'attaquer à des problèmes liés au transport en commun, à l'alimentation en eau et aux égouts. Ce sont des questions qui concernent tous les citoyens canadiens et les députés. Toutefois, les ressources financières ne sont pas illimitées.
Il faut souligner deux éléments. En premier lieu, je demande à tous ceux qui interviennent au sujet de la motion de calculer le coût des programmes. C'est la partie facile de l'exercice. Avec un peu d'aide, je pourrais vraisemblablement y arriver moi-même.
En second lieu, ce qui est nettement plus ardu, nous devons, dans le débat d'aujourd'hui, indiquer à la Chambre d'où le financement pourrait venir. Je me répète, mais il n'y a que deux solutions, soit une hausse des impôts soit une compression dans les programmes.
J'invite les députés à indiquer clairement et avec précision à la Chambre quels impôts pourraient être augmentés. Un des principes porte sur un programme fiscal équitable. J'imagine que cela veut dire une réduction d'impôts. J'invite les députés du NPD à préciser clairement et précisément dans quels programmes il faudrait sabrer pour financer les programmes prévus dans leur motion. Il ne leur faudra pas beaucoup de temps avant de se retrouver à la case départ.
Je vous donne un exemple. Il est facile de dire qu'on augmenterait les impôts. Le dixième élément du plan affirme qu'il y aurait plein emploi. Tous les économistes, ou du moins la grande majorité d'entre eux, reconnaissent la corrélation entre la création d'emplois et une fiscalité moins lourde. Tout cela est très facile, tant qu'on n'a pas à l'expliquer. Je suis tout à fait d'accord avec le plein emploi et des charges fiscales réduites.
J'espère que mes collègues vont accepter mon invitation à recentrer tout le débat sur deux points: combien coûteraient ces principes et où trouverions-nous les sommes requises? Il nous appartient de tenir un débat éclairé et judicieux aujourd'hui.
Je suis totalement en faveur du septième élément. Il dit que nous devrions:
Permettre aux producteurs primaires et aux familles d'agriculteurs canadiens d'être compétitifs face à leurs homologues étrangers qui sont subventionnés, et rejeter les politiques continentales concernant l'énergie et l'eau qui mettent en péril le contrôle que détient le Canada sur ses ressources naturelles.
Je viens d'une province où la principale industrie est l'agriculture. Je suis d'accord avec le point 7. Je crois que tous les députés et tous les gens du pays appuient ce point. Certes, le gouvernement pourrait faire plus. Il faudrait faire plus. J'ai rencontré le ministre des Finances et le ministre de l'Agriculture. Ils ont répondu que le Trésor n'est pas assez garni pour offrir des subventions équivalentes à celles qu'accordent à leurs producteurs le gouvernement américain et les gouvernements européens, surtout la France. Nous devons faire plus avec ce que nous avons.
Si un gouvernement devait adopter en bloc les 12 principes, le Canada ne serait pas sauvé, il serait détruit.
Je demande à tous les députés de voter contre la motion. L'approche équilibrée adoptée par le gouvernement est la bonne. Elle a permis de réagir adéquatement aux attaques terroristes du 11 septembre. Elle se fonde sur des processus financiers solides, prudents, et appropriés pour gérer l'économie du pays. Je suis heureux de voir les résultats de notre approche dans le contexte du bouleversement mondial actuel et du conflit en Afghanistan. Je suis heureux du programme équilibré mis en place. Je prie tous les députés de rejeter la motion.