propose que le projet de loi C-237, Loi prévoyant l’élaboration d’un cadre national sur le diabète soit lu pour la deuxième fois et renvoyé à un comité.
— Madame la Présidente, c'est un honneur pour moi de prendre la parole au sujet de mon projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi C-237, Loi prévoyant l’élaboration d’un cadre national sur le diabète au Canada. Je tiens également à remercier le député de Winnipeg-Nord d'avoir appuyé la motion en vue de la présentation de mon projet de loi.
Je suis particulièrement heureuse de débattre de mon projet de loi pendant le mois de novembre, qui, comme beaucoup le savent peut-être, est le Mois de la sensibilisation au diabète.
Plus de 11 millions de Canadiens souffrent de diabète ou de prédiabète. Un nouveau cas est diagnostiqué toutes les trois minutes, et 90 % de ces cas sont du type 2, ce qui signifie que cette maladie aurait pu être évitée par une meilleure sensibilisation, une meilleure information et de saines habitudes de vie. Le diabète est la cause de 30 % des AVC, de 40 % des crises cardiaques, de 50 % des problèmes d'insuffisance rénale qui nécessitent une dialyse et de 70 % des amputations non traumatiques de la jambe ou du pied. C'est la triste réalité. Rien que dans la région de Peel, à laquelle je suis fière d'appartenir, le taux de prévalence du diabète a plus que doublé entre 1996 et 2015.
Certains Canadiens présentent un risque accru de diabète, notamment ceux qui viennent de l'Asie du Sud, les Autochtones et les Métis. Par ailleurs, le taux de diabète est plus élevé parmi les Canadiens à faible revenu et à faible niveau de scolarité.
On ne peut régler les problèmes de santé publique complexes, tels que les maladies chroniques comme le diabète, au moyen d'une stratégie fondée sur une unique solution. Aucun organisme, aucune institution, aucun secteur de la société n'est en mesure de régler ce problème en agissant seul. Pour y arriver, il faut une collaboration entre tous les segments de la société, y compris les collectivités, le milieu universitaire, les gouvernements, le secteur caritatif, le secteur des organismes sans but lucratif et le secteur privé. C'est pourquoi le projet de loi prévoit que le ministre de la Santé doit travailler en collaboration avec les responsables de la santé provinciaux, les communautés autochtones et d'autres intervenants dans le but d'élaborer un cadre national visant à favoriser l'amélioration de l'accès à la prévention et au traitement du diabète afin d'assurer de meilleurs résultats sur la santé des Canadiens.
Dans bien des cas, on peut prévenir le diabète. Nous savons que les personnes qui ont un niveau d'activité physique de modéré à élevé, mangent sainement et ne fument pas sont moins susceptibles, dans une proportion de 82 %, d'être atteintes de diabète. Ayant moi-même été une professionnelle de la santé pendant plus de 18 ans, j'ai pu voir comment une alimentation saine et l'activité physique peuvent contribuer à la prévention de cette maladie. Luttons contre le diabète et ses complications qui mettent la vie en danger en sensibilisant les Canadiens à ses signes avant-coureurs, en les encourageant à adopter un mode de vie sain et en leur assurant l'accès aux meilleurs soins qui soient.
Cette année, on évalue à environ 30 milliards de dollars le coût des soins et des médicaments pour traiter le diabète. Il s'agit d'un énorme fardeau pour le système de santé publique, mais les coûts ne s'arrêtent pas là. Chaque fois qu'un Canadien subit un accident vasculaire cérébral ou une crise cardiaque, cela représente un coût supplémentaire pour le système de santé qui peut entraîner des coûts à long terme. Lorsqu'un Canadien atteint d'une insuffisance rénale a besoin d'une dialyse, il y a un coût. Lorsqu'un Canadien doit tragiquement subir une amputation, il y a un coût. Il est impossible de calculer les coûts secondaires que le diabète représente pour les budgets publics, mais chaque dollar dépensé en prévention représente des économies plus importantes à long terme. Un grand nombre de ces complications peuvent être évitées grâce à des soins appropriés.
Lorsque j'ai été élue pour la première fois en 2015, un de mes objectifs était de faire connaître à Ottawa les problèmes qui touchent les Canadiens atteints de diabète et d'attirer l'attention sur la question du diabète dans son ensemble. J'ai eu l'honneur de présider le caucus multipartite sur le diabète, où nous avons entendu des défenseurs, des intervenants et des représentants d'organisations au service des diabétiques afin de mieux comprendre comment le gouvernement fédéral peut aider les Canadiens atteints de diabète.
En 2017, je me suis beaucoup déplacée pour demander à des professionnels de la santé et à des intervenants quelle était la meilleure façon de répondre aux besoins des personnes atteintes de diabète. J'ai ainsi mieux compris l'incidence du diabète dans les différentes régions du Canada. À l'issue de ces consultations, j'ai publié un rapport intitulé « Defeating Diabetes », qui fait la promotion d'une saine alimentation comme moyen de prévenir la maladie.
La même année, j'ai représenté le Canada au sommet mondial sur les politiques sur le diabète, qui s'est tenu à Rome, en Italie, où 38 pays étaient représentés. Nous avons discuté des meilleures solutions pour nous attaquer à ce problème grandissant. J'ai également participé au congrès mondial sur le diabète, qui s'est tenu à Calcutta, en Inde, où, grâce aux discussions que nous avons eues avec des dirigeants mondiaux, nous avons pu comparer des résultats de recherche et évaluer notre engagement à l'égard de la lutte contre le diabète.
Un autre aspect important du diabète que j'ai découvert lors de ces déplacements internationaux, c'est que le Canada est très respecté sur la scène internationale à ce chapitre, particulièrement pour l'invention de l'insuline. J'espère que le Canada continuera à être un fer de lance de la lutte contre le diabète pour les années à venir.
À l'échelle locale, j'ai réussi à convaincre la Ville de Brampton de proclamer le mois de novembre Mois de la sensibilisation au diabète et le 14 novembre Journée du diabète. En 2018, le caucus multipartite sur le diabète a encouragé ses collègues parlementaires à souligner le Jour du diabète sur la Colline afin de sensibiliser les Canadiens aux risques liés à cette maladie et de promouvoir la modernisation de la stratégie nationale globale en la matière. Nous avons mis sur pied une équipe mobile pour mettre l'accent sur la prévention et promouvoir le dépistage. Ainsi, tous les députés ont eu l'occasion de constater eux-mêmes les aspects du diabète afin de mieux les comprendre. Près d'une centaine de députés ont accepté de relever le défi de porter un compteur de pas et de consigner leurs progrès pendant 10 jours pour sensibiliser la population à la santé.
Au printemps dernier, j'ai participé à distance à plusieurs réunions et assemblées publiques avec Diabète Canada sur les conséquences de la COVID-19 sur les Canadiens souffrant de diabète. Bien que les personnes diabétiques ne soient pas plus susceptibles d'attraper la COVID-19, si elles l'attrapent, les adultes vivant avec le diabète courent un plus grand risque de développer des symptômes et de souffrir de complications graves. Des données plus récentes provenant de l'Alberta montrent que 42 % des Albertains qui sont morts de la COVID-19 étaient également diabétiques. Ceux qui sont infectés par le virus sont plus susceptibles de souffrir de graves complications cardiaques et respiratoires. Les risques de mortalité sont quatre fois plus élevés que chez les personnes qui ne sont pas diabétiques.
Comme de nombreux députés le savent, au printemps 2019, j'ai eu le plaisir de présenter la motion appuyée à l'unanimité visant à déclarer novembre le Mois de la sensibilisation au diabète au Canada; toutefois, il y a tellement plus à faire que de sensibiliser les gens. L'Organisation mondiale de la santé recommande que chaque pays mette en place un cadre national sur le diabète. En avril dernier, le Comité permanent de la santé a déposé un rapport qui contenait plusieurs recommandations. Entre autres, le Comité a demandé au gouvernement d'envisager un cadre pour une stratégie nationale sur le diabète. Le rapport complet décrivait déjà les mesures que le gouvernement devrait prendre dans la lutte contre le diabète.
Dans le cadre de notre étude, nous avons beaucoup entendu parler des problèmes de santé mentale qui sont souvent associés au diabète. Les diabétiques de type 2 sont plus vulnérables à la dépression. Des gens nous ont dit avoir été stigmatisés et intimidés. Ce sont là des signes généraux que les personnes sont plus à risque d'avoir à surmonter des problèmes de santé mentale, y compris l'anxiété et la dépression. Lors de nos réunions du comité de la santé, une personne diabétique nous a parlé ouvertement de son anxiété et des préjugés qu'elle subit en raison de sa maladie quand elle est en présence des membres de sa famille. Elle a dit:
« Dans ma famille, 35 personnes sont diabétiques, mais nous n'en parlons pas. Je dois cacher mes mains sous la table pour vérifier mon taux de sucre quand je suis en visite chez ma mère. Personne n'en parle, et personne ne se soigne.
L'année dernière, mon oncle est décédé parce qu'il ne soignait pas son diabète. Personne ne veut l'admettre. Ma famille ne veut pas reconnaître le diabète à cause des lourds préjugés entourant cette maladie. »
Il faut absolument éliminer les préjugés associés au diabète. La première étape essentielle consisterait à cesser de reprocher aux diabétiques d'être responsables de leur maladie. Le dépistage précoce peut prévenir les risques de complications et réduire le fardeau sur le système de santé.
Le comité de la santé a aussi pris connaissance de statistiques choquantes sur le diabète et les communautés autochtones. L'incidence du diabète est trois à quatre fois plus élevée chez les Premières Nations que dans la population canadienne en général, et beaucoup d'Autochtones risquent d'attraper cette malade. Qui plus est, les Autochtones ayant reçu un diagnostic de diabète de type 2 l'ont été à un plus jeune âge que les autres Canadiens. Les Autochtones dans la vingtaine qui vivent au sein de leur communauté ont 80 % plus de risques de développer la maladie au cours de leur vie, comparativement au reste de la population, dont le taux de risque se situe à 50 % pour la même tranche d'âge.
L'Association des infirmières et infirmiers autochtones du Canada a cerné plusieurs facteurs qui expliquent ces statistiques. L'isolation géographique, le manque de services de santé, l'absence d'une connexion Internet fiable qui faciliterait les soins à distance, ainsi qu'un accès restreint à des aliments nutritifs sont d'autant de facteurs qui contribuent à la prévalence du diabète dans les communautés autochtones.
Le comité de la santé a aussi recommandé au gouvernement fédéral de discuter avec les provinces de la possibilité d'offrir une couverture uniforme pour les médicaments, l'équipement et les fournitures liés au diabète, comme les lancettes, partout au Canada. À l'heure actuelle, chaque province offre une couverture différente pour les différents aspects du traitement du diabète, ce qui veut dire que les personnes qui en souffrent reçoivent un soutien différent selon leur lieu de résidence. Tous les ordres de gouvernement doivent collaborer pour trouver une solution et améliorer l'accès à un médecin de famille et à d'autres services de santé pour les gens qui vivent avec le diabète dans les régions rurales, éloignées et du Nord.
Comme je l'ai déjà dit, la population de ma collectivité, dans la région de Brampton et de Peel, a un haut taux de diabète comparé au reste du Canada. Cependant, au niveau local, nous avons de vrais champions de la lutte contre le diabète qui travaillent fort pour renverser cette tendance. Je remercie tous les intervenants du secteur privé qui font un travail phénoménal pour aider les gens atteints du diabète à Brampton, comme Medtronic et Dynacare, qui offrent des services d'analyse et des conseils pour aider les gens à gérer leur maladie.
La campagne #Dynacare4Diabetes bat actuellement son plein dans ma ville. Cette campagne vise à encourager les Bramptoniens à évaluer s'ils sont susceptibles de faire du diabète à se faire tester si tel est le cas. Pour l'occasion, des tests A1C sont offerts gratuitement.
Medtronic fait un travail remarquable en prenant soin des diabétiques.
Je tiens à remercier la présidente de Diabète Canada, Laura Syron, ainsi que la directrice des relations avec le gouvernement fédéral de l'organisme, Kimberley Hanson. J'ai été ravie de pouvoir sensibiliser la population à leurs côtés, notamment en les aidant à produire des communications multilingues pour les allophones du pays.
Je remercie également le principal organisme canadien de sensibilisation au diabète de type 1, FRDJ, de toujours avoir été là au fil des ans — et d'avoir appuyé mon projet de loi.
Je suis très fière d'avoir reçu l'appui de plusieurs autres personnes et organismes, dont la Fondation INCA, le directeur de la santé publique de Peel, le Dr Lawrence Loh, le Dr Naveed Mohammad, du complexe hospitalier William Osler, et j'en passe.
Merci aussi au conseil municipal de Brampton, qui a appuyé officiellement mon projet de loi.
Le Canada est à l'origine de nombreuses percées majeures dans le domaine de la recherche et des soins sur le diabète. Il y a 20 ans, le Dr Shapiro de l'Université de l'Alberta faisait partie de l'équipe de chercheurs qui a mis au point le protocole d'Edmonton ou la transplantation de cellules des îlots pancréatiques, qui remédie temporairement au diabète et permet aux patients de se passer des injections d'insuline. La semaine dernière, on a annoncé que son équipe pourrait être sur la voie de trouver un moyen de guérir le diabète. Ces travaux en sont encore à leurs débuts.
En 1961, des scientifiques canadiens ont découvert les cellules souches. L'année prochaine, on marquera le 100e anniversaire de la découverte historique de l'insuline, faite ici même au Canada par sir Frederick Banting. Il y a deux semaines, lors de la Journée mondiale du diabète, j'étais à London en Ontario pour participer à une cérémonie visant à y raviver la flamme de l'espoir. Cette flamme brûle de tous ses feux et elle continuera de le faire jusqu'à ce qu'on puisse guérir le diabète. Elle constitue un symbole de l'innovation canadienne. Je souhaite qu'une équipe de chercheurs canadiens s'y rende un jour pour éteindre cette flamme.
Le projet de loi C-237 changerait la vie des 11 millions de Canadiens qui vivent avec le diabète aux quatre coins du pays. En travaillant ensemble, j'ai confiance qu'un jour, nous éteindrons la flamme à la maison Banting. Ensemble, je sais que nous vaincrons le diabète.
J'encourage tous les députés de la Chambre à se joindre à moi pour favoriser l'amélioration de la vie de millions de Canadiens partout au pays.
Le Canada a donné l'insuline au monde, et il n'y a aucune raison pour qu'il ne puisse pas être à l'avant-garde de la lutte pour vaincre le diabète.