Monsieur le Président, le 20 octobre, je croyais avoir posé une question simple, mais sérieuse au gouvernement. Elle portait sur les réfugiés et les demandeurs d’asile qui viennent au Canada pour échapper à la persécution et peut-être même à la mort dans leur pays d’origine.
Ils viennent ici légalement. Ils sont acceptés par le Canada, qui a signé la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés des Nations Unies. Tout cela est bien beau. Cependant, comme on a pu le constater l’été dernier, l’accueil que ces réfugiés et ces demandeurs d’asile ont reçu était tout sauf empreint de compassion. Des centaines de personnes ont été forcées de passer la nuit dehors, sans endroit où aller et avec peu d'espoir de commencer une nouvelle vie en sécurité dans ce qu’elles croyaient être un pays accueillant et généreux.
Mis à part le fait que le gouvernement fédéral a fini par être contraint, par la honte, de fournir à la Ville de Toronto un financement d'urgence pour s’occuper des réfugiés et des demandeurs d’asile, Toronto n’a franchement pas fourni de services dignes de ce nom pour trouver des logements adéquats aux réfugiés et pour s’occuper d’eux. En fait, Toronto fait maintenant l’objet d’une enquête de l’ombudsman municipal sur la façon dont la ville a laissé ces gens à eux-mêmes dans la rue ou a tenté de se débarrasser d'eux en les renvoyant à des programmes fédéraux inexistants.
La semaine dernière, j'ai donc demandé si le gouvernement fédéral souffrait encore d'amnésie financière. A-t-il oublié sa promesse électorale d'aider Toronto à combler son déficit budgétaire et à respecter ses obligations en vertu de la Convention des Nations unies relative au statut des réfugiés?
En effet, dans le cadre du Programme d'aide à la réinstallation d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, le gouvernement fédéral est censé aider les réfugiés à obtenir des services essentiels et à subvenir à leurs besoins de base. Compte tenu du fiasco de l’été dernier, j’ai demandé au ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté s’il pouvait confirmer que le gouvernement ne demeurera pas inactif cette fois‑ci et qu'il offrira un soutien financier à Toronto, s'il ne veut pas que des réfugiés dorment dans des rues enneigées.
L'échec du gouvernement libéral a de vastes répercussions. Par exemple, la Ville de Toronto force maintenant, de façon non démocratique, une collectivité à accueillir un centre de répit peu restrictif, ouvert jour et nuit, au 629, rue Adelaide Ouest, et ce sans processus centralisé de prise en charge. Le centre en question se trouve juste entre une école élémentaire et un centre d'injection. Cette collectivité en a déjà fait beaucoup et elle compte un très grand nombre de refuges. Le problème, ce n'est pas qu'elle est atteinte du syndrome du « pas dans ma cour », mais que sa cour est pleine.
La réponse que le gouvernement a donnée à ma question initiale n'était pas très prometteuse. De plus, elle n'avait rien de rassurant: on ne m'a pas dit que la situation n'allait pas s'empirer ni que le désastre de l'été dernier n'allait pas se répéter avec des conséquences encore plus graves cet hiver. Le secrétaire parlementaire du ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté Canada n'a pas répondu à ma question. Il s'est plutôt lancé dans une tirade de données statistiques à partir de 2020, pour finalement se rendre à 2023. C'était comme s'il tentait tout simplement de combler le plus de temps possible tout en ayant l'air de dire quelque chose, même si, en réalité, c'était du vent.
Pire encore, les chiffres qu'il égrenait avec fierté n'étaient sont rien de plus que des platitudes auto-imposées pour un gouvernement qui doit faire son travail. Les députés ministériels se félicitent de faire leur travail, en mettant de côté toute mention des gens qui doivent continuer à dormir dehors dans les rues de Toronto et du prix que nos populations locales doivent payer pour leur échec.
Je pose à nouveau la question au gouvernement ce soir: fournira-t-il des fonds suffisants pour assurer des services essentiels d'hébergement et de soutien alors que le temps se refroidit, ou faudra-t-il que quelqu'un meure de froid pour qu'il daigne enfin agir?