Monsieur le Président, je vous remercie de me permettre de parler de ce sujet important et je remercie le député de nous donner l'occasion de nous pencher sur cette question ici aujourd'hui.
Je commencerai par expliquer les faits puisque le député a souligné qu'il voulait que cette discussion soit fondée sur des faits. Elle le sera.
Le Parti libéral était au pouvoir en 2001 et il a volontairement participé à la conférence de Durban. Il y est resté après que sa nature haineuse soit devenue évidente et même après que notre parti ait clairement exhorté le gouvernement en poste à quitter la conférence.
Par contre, notre gouvernement, le gouvernement conservateur dirigé par notre premier ministre, a été le premier de tous les autres pays à se retirer de la manifestation antisémite de Durban II. Tous les autres pays ont par la suite emboîté le pas.
Il y a une différence claire entre ces deux approches. Le député n'aime peut-être pas entendre cela, mais que cela lui plaise ou non, c'est le cas.
Je voudrais d'ailleurs citer un article du Times Colonist qui portait sur ce sujet.
La présence du secrétaire d'État au multiculturalisme à la conférence n'est plus d'aucune utilité et elle aide plutôt à légitimer ce qui est devenu une tribune de propagande à l'appui de certaines des pires manifestations d'incitation à l'antisémitisme depuis la Seconde Guerre mondiale.
Ces paroles sont tirées du numéro du 5 septembre 2001 du Times Colonist de Victoria.
Monsieur le Président, il est évident que notre position quant au processus de Durban est très différente de celle des libéraux. Les libéraux sont restés à Durban, nous sommes partis. Des années plus tard, ils nous ont donné des explications plutôt étranges et alambiquées à cet égard, mais quoi qu'il en soit, nous avons eu le courage de partir. Nous avons eu le courage de prendre les devants et d'ouvrir la voie et les autres pays nous ont suivi parce que nous avons fait preuve de courage.
Passons maintenant au deuxième point de la brochure dont le député a parlée « La lutte au terrorisme ». Il est vrai que le gouvernement a été le premier au monde à cesser de financer l'aide publique au gouvernement du Hamas élu dans la bande de Gaza.
Lorsque nous avons pris cette décision courageuse, nous nous sommes butés à l'opposition du Parti libéral. Permettez-moi de citer un autre extrait, cette fois-ci du Globe and Mail du 30 mars 2006. Le porte-parole du Parti libéral en matière d'affaires étrangères de l'époque, qui est en fait l'avant-dernier chef libéral, y a déclaré ce qui suit:
Le gouvernement devrait, dès maintenant, promettre de maintenir l'aide de 52 millions de dollars. Les [territoires] sont aux prises avec des problèmes sociaux épouvantables. En fait, le Canada devrait faire plus, pas moins.
Ainsi, à son avis, ce serait une erreur d'éliminer l'aide de 7 millions. Le Parti libéral, sous la direction du député de Saint-Laurent—Cartierville, a affirmé qu'il aurait voulu continuer à financer le Hamas dans la bande de Gaza. Voilà la position du Parti libéral.
J'ai la référence ici et je serais heureux de la déposer. Je cite directement du Globe and Mail.
Pour ce qui est de la légalisation du Hamas et du Hezbollah au Canada, il s'agit de deux groupes considérés à juste titre comme des organisations terroristes aujourd'hui au Canada. Quiconque siégeait au Parlement lorsque le débat visant à déterminer si ces deux groupes devaient être ajoutés à la liste d'organisations terroristes a eu lieu, durant la première partie de la présente décennie, accorderait fièrement et catégoriquement tout le mérite de cette décision au ministre du Commerce international actuel, qui s'est opposé avec le plus de vigueur à l'énorme résistance du gouvernement libéral de l'époque.
Il suffit de prendre connaissance des échanges à la Chambre, où le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'affaires étrangères, l'actuel ministre du Commerce international, avait dû se lever à des dizaines et des dizaines d'occasions pour réclamer la criminalisation du Hezbollah. Il s'était heurté à la position du gouvernement de l'époque, qui croyait que ce groupe poursuivait une mission sociale, et non des objectifs terroristes.
Le Parti libéral a cédé aux pressions des organismes canadiens qui sont en faveur de la paix et qui s'opposent à la terreur. Je suis heureux que le parti ait cédé aux pressions de celui qui est aujourd'hui ministre du Commerce international et qu'il ait choisi de revenir sur sa position. Ça, c'est un fait. Cependant, il n'est pas totalement revenu sur sa position.
Regardons les positions adoptées depuis par les députés libéraux. Au sujet du financement du Hezbollah, on a demandé au député libéral d'Etobicoke-Centre lors de sa visite au Moyen-Orient si, selon lui, le Hezbollah devait être retiré de la liste des organisations terroristes, c'est-à-dire, s'il devait être reconnu légalement au Canada, et il a répondu que oui. C'était la position d'un député libéral, un des membres du caucus de ce député. Encore une fois, ce sont des faits, et si ces faits ne plaisent pas au député, c'est son problème.
J'aimerais citer un article publié dans le quotidien The Province de Vancouver:
Lorsqu’on a demandé au député libéral dans la circonscription d’Etobicoke s’il était en faveur de retirer le Hezbollah de la liste des organisations terroristes, il a répondu oui. Il a comparé la situation au Moyen-Orient à celle de l’Irlande du Nord [...].
C'est ce qui a été publié dans le quotidien The Province, le 21 août 2006.
Les preuves s'accumulent. J'ai ici quelques citations émises par le porte-parole du Parti libéral en matière de sécurité publique, celui qui s'exprime au nom du parti dans ce genre de dossier. Le titre d'une lettre d'opinion qu'il semble avoir envoyée à ses électeurs se lit comme suit:
La position pro-israélienne du premier ministre constitue un changement de cap dangereux en matière de politique étrangère.
C'est le député d'Ajax—Pickering qui l'a dit le 26 juillet 2006. Je me ferai un plaisir de déposer également ce document.
Voici une autre citation de ce même député:
[Le premier ministre] adopte une attitude dangereuse et à courte vue en renversant la politique étrangère du Canada pour adopter une position partiale pro-israélienne.
Je remarque une formulation très précise dans ce cas. Le député n'a pas seulement dit que la position du premier ministre, ou son appui à Israël, était dangereuse, mais aussi que cet appui représentait un renversement de la politique par rapport à l'époque libérale. Il a absolument raison, nous adoptons une position opposée à celle de l'ancien gouvernement libéral.
Je vais continuer à citer cette opinion du plus ancien porte-parole du Parti libéral pour les questions de sécurité publique:
À l'époque où Israël bombardait les civils et les édifices de la région de Beyrouth en réaction à l'enlèvement de deux soldats israéliens par la milice du Hezbollah, [le premier ministre] avait qualifié de « mesurée » la réaction d'Israël. Même quand huit Canadiens de la même famille ont été tués par une bombe israélienne dans le Sud du Liban et que les combats ont augmenté en force, [le premier ministre] a refusé de modérer ses propos.
Je rappelle que je citais le plus ancien porte-parole du Parti libéral en matière de sécurité publique, qui s'en prenait au soutien manifesté à Israël par le premier ministre. Je me ferai un plaisir de déposer toutes ces citations.
Dans ce même exposé d'opinion publié dans la page attenante à celle des éditoriaux, le député affirme:
[Le député d'Ajax—Pickering] condamne la politique [du premier ministre] sur le Moyen-Orient. La politique étrangère du Canada a changé au fil des ans, mais elle n'a jamais été si catégoriquement favorable à Israël.
Je rappelle que ce sont les paroles du plus ancien porte-parole du Parti libéral en matière de sécurité publique.
Au cours de l'été 2006, ce même député d'Ajax—Pickering a dit:
En fait, le ton pro-Israël [du premier ministre] était encore plus marqué que celui qu'avait employé le président des États-Unis, George W. Bush, qui a admis le droit d'Israël à se défendre mais a également exhorté l'État juif à prendre garde aux conséquences.
Encore une fois, le député critiquait le gouvernement et le premier ministre conservateurs pour le soutien manifesté à Israël. Je serai heureux de déposer également ce document.
Cela m'amène à parler du chef du Parti libéral. Le député a affirmé ici que ce n'était pas dans le contexte. Je peux mettre dans leur contexte les remarques du chef actuel du Parti libéral concernant Israël. C'était durant le conflit de 2006 opposant l'État démocratique d'Israël et le Hezbollah, un groupe terroriste. Le chef actuel du Parti libéral a alors déclaré:
J'ai déjà donné un cours sur les droits de la personne et j'ai aussi enseigné le droit de la guerre. Ce qui s'est passé à Cana était un crime de guerre, et j'aurais dû le dire.
C'est tiré du National Post du 11 octobre 2006.
Le Star de Toronto du 11 octobre rapporte des propos du chef libéral, le même, et je cite:
Je crois que des crimes de guerre ont été commis au cours de la guerre au Liban, cela est indéniable, des crimes de guerre ont été commis contre des civils israéliens et des civils libanais.
Voilà deux citations différentes indiquant qu'il accuse l'État d'Israël d'avoir participé à un crime de guerre. Il a peut-être changé d'avis ultérieurement, mais sous la pression, il a dit qu'Israël avait participé à des crimes de guerre.
Ces faits ne plaisent peut-être pas au député d'en face. Dans ce cas, le député peut changer de parti. Il n'en demeure pas moins qu'il ne peut pas changer les faits. Voilà la difficulté à laquelle le député fait face.
Permettez-moi de résumer la situation en soulignant les faits suivants. Le chef libéral a accusé Israël d'avoir commis des crimes de guerre. C'est un fait. Des députés du caucus libéral actuel ont manifesté avec des militants du Hezbollah. C'est un fait. Le précédent gouvernement libéral a refusé de quitter la soi-disant conférence de Durban, un festival de la haine, alors qu'il aurait pu le faire et que bon nombre de gens lui ont demandé de le faire. C'est un fait. Voilà les faits qui concernent le Parti libéral.
Et ce n'est pas tout. Il y a des faits qui touchent le gouvernement actuel. Il y a des faits quant à la façon dont le Parti libéral a répondu au gouvernement. Lorsque le premier ministre du Canada a supprimé le financement au gouvernement du Hamas, à Gaza, et il a été le premier leader au monde à le faire, les libéraux ont déclaré que ce financement devrait être augmenté. Lorsque le premier ministre a défendu Israël dans sa guerre contre le Hezbollah, le chef libéral a traité Israël de criminel de guerre et les députés de son caucus ont préconisé la légalisation du Hezbollah. Le premier ministre conservateur a été le premier leader de la planète à se retirer de la deuxième édition du festival de la haine de Durban, alors que les libéraux ont participé à la première édition de cette conférence.
Ce sont là des faits. En tant que parti nous avons été préparés à défendre les positions que nous avons prises et les décisions que nous avons arrêtées. Si le député d'en face n'est pas à l'aise avec les positions que prend son parti, je l'invite à s'opposer à son parti lorsque celui-ci prend ces positions. Je crois que le député commence à ressentir le malaise qu'on ressent souvent lorsqu'on appartient à un parti qui tient un double discours sur la même question.
Je suis reconnaissant pour l'occasion qui m'a été offerte de m'adresser à la Chambre. Il me tarde de déposer les faits dont j'ai fait part aujourd'hui.