Monsieur le Président, comme ma collègue, j'aimerais m'exprimer sur la motion que le Parti libéral a déposée aujourd'hui à la Chambre.
La motion dit, entre autres, que « le gouvernement devrait faire preuve de leadership dans la réduction du gaspillage gouvernemental en diminuant ses propres dépenses [...] ».
Le gouvernement veut mettre au pas l'ensemble de la population et lui suggère de se serrer la ceinture, alors qu'il dépense l'argent des contribuables. Ce qui m'interpelle aujourd'hui, c'est que le gouvernement nous dise de faire ce qu'il dit, et non ce qu'il fait. Le gouvernement conservateur n'a pas de leçon à donner en ce qui concerne ses dépenses.
Ma collègue a beaucoup parlé des sommes exagérées qui sont allouées à la publicité. Il y a aussi la façon tordue dont ces sommes sont utilisées à des fins de propagande. Le gouvernement induit la population en erreur au sujet de certaines positions du Bloc québécois et du Parti libéral. On ne donne pas de l'information; on fait plutôt de la désinformation. Par exemple, on fait la lecture d'un certain projet de loi, que je vais citer plus tard.
La motion parle également de l'utilisation d'avions par le gouvernement pour ses déplacements. La même journée qu'il a présenté son budget, le ministre des Finances a utilisé l'avion du gouvernement, ce qui, je crois, a coûté 8 000 $. On aurait pu trouver un autre mode de déplacement, par exemple un vol commercial, ce qui aurait coûté 800 $. Le gouvernement dit aux autres de se serrer la ceinture, mais il peut faire ce qu'il veut et continuer de vivre aux dépens des contribuables.
Il y a aussi les envois postaux massifs dans des circonscriptions autres que celle du député conservateur. On a abusé de ces envois postaux, qui coûtent très cher. On a doublé le budget consacré aux envois postaux. Je vous donnerai les chiffres plus tard.
Le gouvernement s'accorde encore beaucoup de privilèges. Il aurait pu faire d'autres choix. Par exemple, il a décidé de maintenir le régime fiscal des banques, qui est encore très généreux. C'est la même chose pour ce qui est de l'industrie pétrolière, qui bénéficie d'évasions fiscales trop généreuses. C'est la classe moyenne, ce sont les travailleurs ayant perdu leur emploi qui devront payer.
Dans la région de Québec, plusieurs usines de pâtes et papiers ont dû fermer leurs portes. L'industrie forestière n'a reçu qu'un mince 170 millions de dollars sur deux ans. Pourtant, on a accordé 10 milliards de dollars à l'industrie automobile de l'Ontario pour qu'elle survive. On fait tout cela sur le dos des chômeurs. On ne donne pas les sommes nécessaires pour que certaines industries puissent traverser la crise. L'industrie manufacturière demande de l'aide depuis cinq ans en disant qu'elle ne peut plus continuer ainsi. Il y a des changements technologiques. On aurait pu investir dans le renouvellement des équipements et diversifier l'offre de ces entreprises.
L'aide ne va pas aux plus démunis et aux personnes âgées; on ne bonifie pas la Sécurité de la vieillesse, qu'on aurait voulu voir majoré de 110 $ par mois. Le gouvernement a offert une belle journée des aînés, mais il n'est pas allé jusqu'à leur offrir de l'argent leur permettant d'avoir de meilleures conditions de vie.
Je siège à la Chambre depuis 1993. Ce qui me scandalise le plus, c'est de voir qu'on va piger 19 milliards de dollars dans la caisse d'assurance-emploi, comme l'ont fait les libéraux. On pensait ne plus jamais voir cela. Les libéraux ont pigé 40 milliards de dollars dans la caisse. Maintenant, ce sont 19 milliards de dollars qu'on va piger dans cette caisse de 2011 à 2015. On ne s'en est pas vanté.
Je sais que la caisse d'assurance-emploi accuse un léger déficit, mais on le récupérera; ce montant sera doublement récupéré d'ici 2015. Pourtant, on consacre beaucoup d'argent aux dépenses militaires, qui, elles, continueront d'augmenter.
On aurait pu aussi mettre à contribution les mieux nantis de la société, ceux qui gagnent des revenus supérieurs à 150 000 $, pour aider ceux qui en ont le plus besoin. On aurait pu demander des primes plus importantes à ceux qui gagnent des revenus supérieurs.
Dans le discours du Trône, on a dit qu'on voulait un équilibre budgétaire. On a prorogé la Chambre et, selon beaucoup d'observateurs, c'est du tape-à-l'oeil. On le sait bien et ce sera peu efficace.
Tout d'abord, on peut se questionner sur les choix du ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux, qui a octroyé un contrat de 6 milliards de dollars à la firme Profac pour l'entretien d'immeubles fédéraux. On a appris dans les journaux plusieurs choses au cours de la semaine, tout de suite après le dépôt du budget. Certains ministères ne sont pas assez vigilants quant aux dépenses ayant trait à l'octroi de contrats aussi importants sans vérifications. On a beaucoup critiqué le Parti libéral, mais je crois que les critiques iront maintenant au Parti conservateur.
Je donne seulement quelques exemples. Nos citoyens ont tous probablement lu qu'on a installé une sonnette pour 1 000 $, acheté deux plantes vertes pour près de 2 000 $, ou encore installé des luminaires pour rien de moins que 5 000 $. Avec de telles factures, on arrivera vite à une dépense de 6 milliards de dollars. Si je faisais des rénovations dans ma propre maison, j'espère que les experts ne me factureraient pas les mêmes montants parce que je ne pourrais pas y arriver, je ferais faillite.
Le ministre des Finances nous dit aussi de nous serrer la ceinture — je me répète —, mais que font-ils, eux? Se serrent-ils vraiment la ceinture? Le ministre des Finances a-t-il agi en bon père de famille quand il a pris un vol très onéreux coûtant 10 fois plus cher qu'un vol commercial pour aller faire une conférence de presse dans un Tim Hortons?
On pourrait douter de la bonne foi du ministre des Finances et du premier ministre quand, au vu et au su de toute la population, ils font ce que rapportent les journaux.
On ne donne pas le bon exemple. C'est d'ailleurs pour cela que les libéraux ont déposé cette motion à la Chambre.
Les révélations qui sont faites nous prouvent tout le contraire présentement. Par exemple, au Bureau du premier ministre, de 2010 à 2011, il y aura une augmentation de 22 p. 100 du budget de dépenses. Encore là, le premier ministre ne nous montre pas l'exemple. Il nous a fait un peu son cirque l'autre jour, lors d'une conférence de presse, en disant qu'il voulait abolir des postes déjà vacants. C'est un beau tour de force, mais personne n'est dupe. Ce n'est que de la poudre aux yeux pour cacher certaines vérités quant à leur réelle volonté de couper dans les dépenses superflues.
C'est un côté de la médaille, mais il y a un autre côté: les chômeurs sont ignorés, tout comme les personnes qui ont perdu leur emploi dans le secteur manufacturier et forestier. Comme je l'ai dit tout à l'heure, les industries forestière et manufacturière ont été mises à mal et laissées à elles-mêmes. On aurait également pu majorer le Supplément de revenu garanti pour les personnes âgées qui vivent sur le seuil de la pauvreté.
« Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais », c'est le dicton que l'on pourrait répéter ad nauseam pour décrire les agissements du Parti conservateur. Les exemples de gaspillage du gouvernement conservateur abondent dans ce sens. Selon lui, tout le monde doit y mettre du sien pour trouver l'équilibre budgétaire, mais lui, que fait-il? Il nous démontre tout le contraire. Il fait ses propres dépenses sans voir les incidences sur l'ensemble de la population.
Tout à l'heure, j'ai parlé des frais du Cessna du ministre des Finances. Il s'agit de 31 000 $ et non pas de 8 000 $. Je me suis trompée de beaucoup. C'était 31 000 $ pour un aller-retour en Cessna, d'Ottawa à London en Ontario. Je pensais que c'était en Angleterre, mais non, c'était en Ontario. Quand on m'a appris cela, j'ai fait une blague, mais c'était bien une conférence de presse à London en Ontario.
Le gouvernement montre-t-il l'exemple? Je peux comprendre les citoyens. On l'a vu dans les sondages ce matin: les conservateurs sont en perte de vitesse. Ils sont incapables de démontrer à la population qu'ils peuvent donner l'exemple.
Je suis contente d'avoir retrouvé le chiffre de 31 000 $.
Mon temps est écoulé. C'est dommage, parce que j'avais plusieurs autres exemples, entre autres les contrats de sous-traitance. Je pourrais parler de tous les agissements du Parti conservateur en ce qui concerne l'équilibre budgétaire...