Monsieur le Président, nous apprécions toujours les suggestions sur la manière de limiter les dépenses, de veiller à ce que l'argent des contribuables soit utilisé le plus efficacement possible et de voir surtout comment nous pouvons maintenir une situation dans laquelle le gouvernement évite d'être en déficit et retourne vers l'équilibre budgétaire.
Les éléments mentionnés par mon collègue qui a présenté la motion font certainement partie des choses qui devraient être examinées pour voir si elles pourraient faire l'objet de restrictions et si l'argent des contribuables pourrait être dépensé à meilleur escient. Honnêtement, il semble qu'on ait mis l'accent, un accent démesuré diraient certains, sur un seul élément, mineur, pouvant faire l'objet de restrictions budgétaires.
Dès le départ, j'aimerais dire que si quelqu'un peut suggérer comment économiser ne serait-ce que 1 000 $, ça vaut la peine d'en discuter parce que chaque dollar qui entre dans les coffres du gouvernement provient du labeur d'un contribuable dont le chèque de paie sert en partie à financer le gouvernement. Nous comprenons tous que les impôts sont nécessaires, mais ils peuvent atteindre un niveau tel qu'ils finissent par étouffer les gens et les décourager.
La semaine dernière, j'ai annoncé l'élimination de 245 postes pourvus par nomination; ce ne sont pas des postes de fonctionnaires, mais bien des postes pourvus par nomination, et cette mesure entraînera des économies d'environ 1,2 million de dollars. Certains députés de l'opposition ont dit qu'il s'agissait seulement de 1,2 million de dollars. Or, pour moi et tous les gens de ma circonscription, 1,2 million de dollars, c'est beaucoup d'argent. Ces économies finissent par s'accumuler. Je ne veux pas minimiser l'importance d'une initiative parce qu'elle n'entraîne que des économies de quelques milliers ou de quelques centaines de milliers de dollars.
À mon avis, la plupart des Canadiens ne se préoccupent pas outre mesure de ce qu'on appelle les dix-pour-cent. Je crois qu'ils aiment recevoir de l'information qui soit la plus claire et la plus concise possible. Cependant, je veux d'entrée de jeu clarifier une chose. Le programme des dix-pour-cent, qui permet aux députés d'envoyer une petite brochure dans leur circonscription ou dans d'autres circonscriptions partout au pays, est une pratique courante au pays qui existe depuis des années. J'ai moi-même reçu, dans ma propre circonscription, un dix-pour-cent envoyé par un député qui s'attaquait de façon très virulente à un programme ou à une politique de notre parti. Que le contenu de ce dix-pour-cent m'ait déplu ou que je l'aie désapprouvé, il n'en demeure pas moins qu'il s'agit d'une pratique largement acceptée à laquelle se livrent tous les partis.
Je sais qu'il ne m'est pas permis de brandir des objets, mais j'ai ici un dix-pour-cent envoyé par un député du Parti libéral sur lequel on voit ce qui semble être un garde-manger dans lequel se trouve une boîte de Spam. On peut y lire le message suivant: « Ils ont vidé le garde-manger. » S'agit-il là d'une représentation factuelle d'un poste budgétaire ou est-ce une tentative de la part du Parti libéral de semer le doute dans l'esprit de la population quant à un aspect particulier des dépenses du gouvernement? On ne donne aucune explication, on montre seulement une boîte de conserve. Comme je ne voudrais pas avoir l'air de faire la promotion d'une marque en particulier, je vais en taire le nom, mais on voit bel et bien une boîte de conserve.
Le député libéral qui, dans le cadre de la motion, a proposé que nous éliminions la pratique des dix-pour-cent, approuve-t-il le fait que son collègue ait envoyé une brochure montrant une petite boîte de viande dans un garde-manger et prétendu que cela représentait le budget du gouvernement? Si cela ne le dérange pas, il ne peut pas, en toute honnêteté, s'opposer à ce que ce côté-ci de la Chambre en fasse autant.
Je crois que nos communications devraient toujours être honnêtes, justes et transparentes. Ce sont les trois mots d'ordre qui devraient être suivis en tout temps. Chose certaine, nous devrions certainement nous inspirer de cette partie-là de la motion du député, car nous n'en serions que de meilleurs communicateurs, ce qui faciliterait notre recherche de la vérité et nous aiderait à bien la comprendre et à faire en sorte que nos démarches soient transparentes et reposent sur des éléments vérifiables. Je suis convaincu que les contribuables nous en seraient reconnaissants.
Je veux croire que l'objectif que l'on poursuit ici, et je devrai pour cela croire mes collègues d'en face sur parole, consiste à maintenir la responsabilité budgétaire. Ce n'est pas en ces mots qu'ils se sont exprimés, mais j'espère qu'ils reconnaîtront la nécessité de viser l'équilibre budgétaire. L'essentiel du budget déposé par le ministre des Finances tient au fait que nous disposons désormais d'une feuille de route qui nous ramènera à l'équilibre. Et il ne s'agit pas ici de simples projections issues de prises de position philosophiques ou idéologiques. Je vais vous expliquer pourquoi nous agissons ainsi.
Dans ses grandes lignes, le budget présente un plan en trois points qui permettra de revenir à l'équilibre budgétaire vers 2014-2015. Bref, nos mesures s'articuleront autour de trois axes. Premièrement, à la fin de cette année, les mesures de relance mises en oeuvre par le gouvernement prendront fin. Ce plan d'action nous aura permis d'injecter de l'argent dans l'économie, même si nous savions, dès le début du ralentissement qui a touché l'ensemble de la planète, que nous devrions pour cela nous endetter et qu'il en résulterait un déficit.
Comme la plupart des autres pays, nous avons considéré le ralentissement qui nous a frappé comme une crise sans précédent, comme une récession d'une ampleur jamais vue depuis 1929. Dès le départ, nous avons annoncé que nous injecterions de l'argent dans l'économie pendant une brève période. Mais comme nous l'avons aussi dit dès le départ, ces mesures devaient par définition être à court terme, car il y a une limite à la dette qu'un pays peut se permettre de contracter. Cette année marquera la seconde et la dernière année du plan de relance du gouvernement.
Des fonds de relance d'une valeur de 19 milliards de dollars seront octroyés à divers projets dans l'ensemble du pays, y compris des projets d'infrastructure et des programmes pour la population. Cette somme disparaîtra à la fin de l'année budgétaire. La plupart d'entre nous conviendraient que le déficit budgétaire est d'environ 53 milliards de dollars actuellement. Cependant, le déficit sera réduit de 19 milliards de dollars dès la fin de l'année. C'est le premier élément du programme. Le déficit sera réduit considérablement.
Deuxièmement, nous procéderons à l'examen de nos dépenses gouvernementales. Habituellement, deux approches peuvent être utilisées pour éliminer le déficit et rétablir l'équilibre budgétaire. Nous pourrions suivre la voie choisie par le gouvernement libéral au milieu des années 1990, qui a été bien documentée. L'une des mesures les plus importantes qu'il a prises à l'époque était de sabrer les paiements de transfert aux provinces, surtout dans les domaines de la santé et de l'éducation, ce qui a permis de réduire considérablement le déficit. Les libéraux ne tentent même pas de nier que ces paiements ont été réduits considérablement du jour au lendemain.
Je faisais partie du gouvernement provincial à l'époque, et cela a été un choc terrible de voir les paiements de transfert aux provinces en matière de santé et d'éducation réduits de plus de 30 p. 100 du jour au lendemain et presque sans avertissement. Cela a eu des répercussions énormes sur toutes les provinces, et un grand nombre d'entre elles tentent encore de se remettre de ces compressions. Dans les années qui ont suivi les réductions des paiements de transfert, on a augmenté les impôts presque 70 fois dans 70 secteurs différents. C'est une façon de réduire le déficit.
Si nous voulons éliminer le déficit, nous pourrions supprimer les programmes offerts à la population et augmenter les impôts, ce qui est une approche appuyée par toute une école de pensée économique et ayant des racines largement keynésiennes. Nous ne croyons pas que ce soit une bonne approche à long terme.
C'est la même chose dans nos foyers où nous contractons parfois des emprunts pour diverses raisons. Toutefois, il y a une limite aux emprunts que peut contracter un particulier ou une petite entreprise avant d'avoir une mauvaise surprise: l'accumulation des intérêts composés.
Lorsque j'ai dit intérêts composés, j'ai entendu un cri du coeur provenant de la tribune. Ce fut instinctif. Même un enfant sait que les intérêts composés et l'endettement perpétuel forment un cercle vicieux qui mènera tôt au tard à la faillite. C'est la même chose pour les gouvernements.
Nous avons décidé de mettre fin à l'emprunt à long terme et de contenir les dépenses gouvernementales. Nous avons dit qu'à la fin de l'exercice en cours, 2010-2011, nous allons geler les budgets de fonctionnement de tous les ministères. Il s'agit d'une enveloppe de dépenses de quelque 54 milliards de dollars. Nous avons dit que ces dépenses allaient augmenter au cours du présent exercice, 2010-2011, mais qu'elles feraient l'objet d'un gel pour les deux années suivantes.
Au cours des dix dernières années, l'embauche de fonctionnaires et l'augmentation de la taille de la fonction publique ont été importantes. Nous avions promis d'augmenter la taille de nos forces militaires et de notre sécurité publique, la GRC, et nous l'avons fait. Cela a entraîné la création de postes administratifs. Toutefois, la fonction publique a continué de grossir au-delà de ces ajouts et cela pour de nombreuses raisons à la fois bonnes et bien intentionnées.
Nous devons contenir et ralentir la croissance de la fonction publique. Fait intéressant, la croissance se poursuivra. À entendre les députés de l'opposition, on dirait parfois que c'est la fin de la civilisation telle que nous la connaissons, que nous mettrons fin à toutes les dépenses et que toutes les activités gouvernementales tomberont en chute libre. Au contraire, la croissance se poursuivra, mais à un rythme modéré.
Pour donner l'exemple, nous présenterons un projet de loi prévoyant le gel des salaires des députés, des sénateurs, des ministres et du premier ministre. D'aucuns diront que le gel de nos salaires est symbolique. S'ils disaient aux simples citoyens qu'on s'apprête à geler leurs salaires, les députés verraient à quel point ils trouvent cela symbolique.
Il y a le symbolisme, bien sûr, mais il y a aussi la nécessité de faire preuve de responsabilité. Nous devons reprendre la situation en mains à certains égards et montrer que nous sommes capables de le faire, ce qui constitue le deuxième élément du plan. Le premier élément consiste à mettre un terme au financement des mesures de relance et le deuxième consiste à stabiliser notre situation financière et à ne pas augmenter la dette.
On a posé un jour à John Maynard Keynes, qui, pendant la majeure partie de sa vie d'économiste, a préconisé un système où les gouvernements ne devaient pas se préoccuper de l'augmentation de la dette et du déficit, particulièrement en période de ralentissement, la question suivante: « M. Keynes, à long terme, cela ne finira-t-il pas par nous rattraper si nous continuons simplement de nous endetter? » Sa réponse qui est devenue célèbre a été: « À long terme, nous serons tous morts. »
Cela est vrai. À long terme, nous serons tous morts. Cependant, mes petits-enfants et mes enfants ne seront pas morts. Ils seront encore là bien après mon départ vers l'au-delà et ils ne devraient pas avoir à porter, de façon inutile ou injustifiée, le fardeau des engagements de dépenses liés à l'augmentation de la dette. Nous devrions mettre un frein à cela dès maintenant.
M. Keynes n'avait pas d'enfants, ce qui a peut-être influencé sa pensée. Je ne dis pas cela du tout au sens péjoratif, mais cela a peut-être influencé sa vision à long terme. Cependant, nous devons avoir une vision à long terme pour le bien-être de notre pays lorsque nous examinons la question de l'augmentation de la dette.
Le troisième élément de notre plan consiste à soumettre toutes nos activités à un examen des services, à un examen des dépenses et à un examen administratif. En fait, cela a déjà commencé il y a quelques années. L'an dernier, nous avons examiné les dépenses de 20 ministères et avons demandé à ces derniers de mettre à jour leur liste de priorités. Nous leur avons demandé de prendre 5 p. 100 de leurs dépenses et de nous dire quelles activités correspondant à ce montant seraient au bas de leur liste de priorités. Nous leur avons dit que nous voulions que cet argent soit affecté à des activités plus élevées sur la liste de priorités puisque nous devions commencer à faire des choix à cause de la situation financière.
Cet examen des programmes a permis de trouver 287 millions de dollars. Cette année, nous ferons cela dans plusieurs autres ministères, conseils d'administration et agences. Nous nous attendons -- et je dis bien « attendons » -- à trouver au moins 1,3 milliard de dollars cette année. Ça pourrait être un peu plus ou un peu moins.
Quoi qu'il en soit, nous nous attendons à ce que cet examen année après année nous permette de continuer de modérer les dépenses du gouvernement de manière à mettre fin aux déficits qui gonflent la dette.
Peu importe le programme, nous devons toujours nous demander s'il fonctionne efficacement et, comme ministre, je pose toujours cette question aux organismes dont je suis responsable et je sais que mes collègues pensent comme moi.
Je pourrais continuer encore longtemps à parler des bons programmes du gouvernement et je suis convaincu que mes collègues s'en réjouiraient, mais le véritable test, c'est ce que les gens de l'extérieur du Canada disent de l'orientation que nous avons adoptée.
Nous pourrions parler du Fonds monétaire international, de l'Economist Intelligence Unit, de l'OCDE et du Conference Board of Canada. Tous leurs commentaires indiquent que c'est la voie à suivre. Il a été dit que le Canada était le pays du G7 le mieux placé au début de la récession et qu'il est le mieux placé pour en sortir. C'est l'avis de gens qui se concentrent sur les budgets des gouvernements partout dans le monde. Ils citent le Canada et la voie que nous avons adoptée en exemple.
Il est intéressant de voir ce qui se fait ailleurs. Dans un journal financier de la semaine dernière, il y avait un article indiquant que la Russie, qui a incontestablement des défis financiers à relever, prévoit renforcer sa réserve de devises. Devinez un peu quelle monnaie la Russie prévoit acheter en plus grande quantité? Le dollar canadien, car elle voit la force de notre dollar.
Le plus grand gestionnaire de fonds d'obligations du monde se trouve aux États-Unis et gère 1 billion de dollars. Je n'essaierai même pas de vous donner une idée de ce que représente 1 billion de dollars parce que cela me dépasse un peu. Cependant, ce fonds de 1 billion de dollars est constitué par des investisseurs institutionnels, des caisses de retraite, des fonds de travailleurs et des investissements de particuliers. Le gestionnaire de ce fonds a annoncé qu'il conseillait à ses grands investisseurs institutionnels et à ses petits investisseurs privés d'investir dans des obligations canadiennes et dans le dollar canadien en raison de la force de notre économie et de la voie que nous avons adoptée.
Les gens, qu'il s'agisse de gestionnaires d'investissements complexes, comme le gestionnaire de ce fonds de 1 billion de dollars, ou de simples travailleurs dont les fonds sont investis dans une caisse de retraite, savent intuitivement que, si la dette...