Monsieur le Président, je n'avais pas prévu de commencer mon discours comme cela, mais le secrétaire parlementaire du leader du gouvernement à la Chambre des communes m'y oblige. J'ai entendu son discours, durant lequel il a passé son temps à dire qu'il ne fallait pas débattre de la motion conservatrice, que ce n'était pas le bon endroit. Il nous a même dit qu'on aurait pu utiliser une journée de l'opposition.
J'aimerais souligner que, chaque fois que les libéraux ne veulent pas parler d'un sujet qui leur fait peur, ils disent qu'il faudrait débattre d'autre chose. Par exemple, lors d'une des dernières journées de l'opposition du Bloc, nous avons abordé le sujet de la monarchie. Pendant toute la journée, du début à la fin du débat, les députés libéraux nous ont dit qu'il fallait parler d'autre chose et que nous n'étions pas à la Chambre pour parler de la monarchie. Ils ont énuméré les sujets dont il aurait fallu parler, selon eux. Chaque fois que cela ne fait pas leur affaire, qu'un débat les met dans l'embarras, plutôt que de débattre de la motion, ils nous fournissent une seule réponse: ils disent qu'il ne faut pas débattre ici de cette motion et qu'il faudrait le faire ailleurs.
Comme je l'ai dit, le secrétaire parlementaire nous a proposé d'aborder cette question lors d'une journée de l'opposition sur ce sujet. Cependant, quand nous abordons un sujet que les libéraux n'aiment pas lors d'une journée de l'opposition, ils disent tout au long de la journée d'opposition que le sujet aurait dû être débattu ailleurs.
Les libéraux nous disent ce que nous pouvons dire et quels sujets nous pouvons aborder lors des journées de l'opposition, mais, en plus, lorsque nous réussissons à faire adopter une motion de l'opposition, le gouvernement ne respecte pas le vote de la Chambre des communes et ne met pas en application la motion. Je pense par exemple à la motion du Bloc visant à faire passer les prestations spéciales de maladie de l'assurance-emploi à 50 semaines.
Le préambule que j'ai fait est important, car il démontre à quel point les libéraux n'ont pas de respect pour la Chambre. Ils ont une vision particulière de la démocratie. S'ils ont le même respect pour la Chambre, et, donc, pour la démocratie canadienne, qu'ils en ont pour les citoyens dont ils dépensent l'argent, alors cette motion conservatrice est ultra pertinente. Plutôt que de dire qu'il faudrait en débattre ailleurs, qu'ils mettent leurs culottes, qu'ils affrontent le vent qui leur souffle dans la face, et qu'ils débattent de cette question pour vrai.
Je vais maintenant commencer le vrai débat, et j'espère que nous pourrons continuer à débattre du sujet, et non de la pertinence du débat. Ce serait un bon point de départ. Après tout, c'est cela, la démocratie.
C'est le Globe and Mail qui nous révélait que les contrats accordés à McKinsey avaient explosé sous la gouverne du premier ministre, passant de 2,2 millions de dollars sous le premier ministre Harper à plus de 100 millions de dollars sous le premier ministre actuel. Je me lève donc aujourd'hui pour parler de la motion des conservateurs, qui vise à demander à la vérificatrice générale du Canada d'ouvrir une enquête sur les liens entre le gouvernement fédéral et la firme de consultation McKinsey.
À des fins de clarté pour les gens qui nous écoutent, la motion conservatrice demande que le comité fasse rapport à la Chambre qu'il demande à la vérificatrice générale d'entreprendre une vérification de l'optimisation des ressources et du rendement du travail effectué par McKinsey & compagnie pour le compte du gouvernement fédéral et des sociétés d'État depuis le 1er janvier 2011. Cela comprend la BDC, la Banque de développement du Canada. On veut aussi vérifier l'efficacité des dépenses de la BDC de façon plus générale depuis 2021.
Le Bloc a d'ailleurs demandé que le gouvernement libéral rende publiques toutes les informations requises, de même que l'entièreté des contrats, afin qu'on sache quelle est la nature de ces contrats et quelles sont les sommes qui s'y rattachent.
En ce moment, et depuis beaucoup trop longtemps, McKinsey exerce une sorte de tutelle sur le Canada, sur le fédéral et ses ministères, y compris Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Cela ne me semble pas être idéal. Pensons à ce qui se passe au chemin Roxham, aux dossiers transmis à des fonctionnaires qui ne sont plus en emploi et aux retards inacceptables. On est en droit de se demander en quoi les supposés conseils de McKinsey servent à IRCC. C'est le fiasco partout. On demande des conseils à McKinsey, mais regardons quels sont les résultats. Nonobstant l'opacité des contrats, la durée jusqu'en 2100 et le mystère entourant le prix, le résultat actuel fait dire qu'on aurait peut-être dû engager une autre firme ou, du moins, faire affaire avec la vraie fonction publique.
Je vois là-dedans un échec de la part des libéraux. Je vais me contenter d'utiliser ce mot, même si je pourrais en utiliser d'autres. Je vais laisser la vérificatrice faire son travail et j'espère qu'on va pouvoir la laisser faire son travail. Au Bloc québécois, nous sommes contents de cette motion, parce qu'il est temps qu'on fasse la lumière sur la participation de la firme McKinsey dans les affaires du Canada.
Je ne partirai pas sur une lancée pour parler d'ingérence dans la politique canadienne. Comme député du Bloc québécois, j'en aurais peut-être un peu trop long à dire, et il ne me reste pas beaucoup de temps de parole. Cela dit, je vais sûrement en reparler une fois ou deux au cours des travaux parlementaires.
Dans la mêlée de presse qui a eu lieu plus tôt aujourd'hui, un de mes collègues du Parti conservateur, le député de Charlesbourg—Haute-Saint-Charles déclarait ceci: « La vérificatrice générale a les pouvoirs et les outils pour aller chercher les réponses aux questions des Canadiens ». Personnellement, j'aimerais bien poser quelques questions. Je pourrais même en adresser quelques-unes au Parti conservateur, tant qu'à y être.
On a parlé de Dominic Barton, l'ancien patron de McKinsey, qui a été l'un des initiateurs de l'Initiative du Siècle, qui vise notamment à tripler la population du Canada d'ici 75 ans. Or l'ancien premier ministre Brian Mulroney est l'un des plus grands partisans de cette initiative, à part les libéraux, bien entendu. Je me demande donc si le Parti conservateur a lui aussi cette vision d'adhérer au plan de l'Initiative du Siècle d'ici 75 ans. C'est une question qu'on peut se poser et je suis content que la motion conservatrice nous amène à poser ce genre de questions.
Lorsque le gouvernement conservateur octroyait des contrats à McKinsey, cette dernière était-elle enregistrée au Registre des lobbyistes? Ce sont des questions que nous allons pouvoir poser et auxquelles nous obtiendrons peut-être des réponses concrètes. Il ne faut pas se méprendre: je ne défends pas les libéraux pour autant. C'est juste que j'ai d'autres questions pour mes amis conservateurs. Après tout, ils ont déjà formé le gouvernement.
Je veux juste faire la démonstration assez simple que le Canada est un ami de longue date de McKinsey. Le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires de la Chambre des communes a ouvert une enquête sur les nombreux contrats accordés depuis 2015 à McKinsey, qui sont d'une valeur cumulative de plus 100 millions de dollars. C'est probablement beaucoup plus que cela. En effet, quand un accorde un contrat d'une durée de 81 ans et d'un montant de 0 $, je me dis que le montant doit être un peu plus élevé que cela.
D'ailleurs, on apprenait récemment l'existence de ce même contrat, qui est valide jusqu'au 31 janvier 2100. Personne ici ne sera pas là pour voir la fin de ce contrat. Je l'aurais bien espéré, mais il faut aussi être lucide et honnête avec soi-même.
On ne connaît pas tous les détails de ce contrat en ce moment, mais l'idée d'avoir un contrat d'une durée de 81 ans, cela ne semble pas net. Je ne donnerais pas un contrat de déneigement d'une durée de 81 ans à mon déneigeur, même si c'était mon meilleur ami. Poser la question, c'est y répondre. Il n'y a pas un entrepreneur dans le monde qui veut donner des contrats d'une durée de 100 ans à un sous-traitant. Cependant, le gouvernement le fait avec l'argent des contribuables. C'est spécial, il me semble.
En matière de gestion de la pandémie, est-ce plus reluisant? Peut-on savoir ce que McKinsey a fait et à quel prix? Comme je le disais, lorsque le gouvernement dépense l'argent des contribuables, il est normal que nous sachions si nous en avons eu pour notre argent. Toutefois, quand on accorde un contrat de 0 $ pour 81 ans, c'est difficile de faire la lumière sur cette question.
Un fait surprenant a été révélé ce matin: la firme McKinsey n'est pas inscrite au Registre des lobbyistes, alors que toutes les autres grandes firmes de consultants comme KPMG Canada, Deloitte Canada et Accenture sont inscrites aux différents registres des lobbyistes. Or, ce n'est pas le cas de McKinsey, car elle affirme ne pas avoir d'activités de lobbying.
Pendant ce temps, le premier ministre nous dit que son ami Dominic Barton a une liste de contacts surprenante. J'imagine que c'est pour cette raison que McKinsey n'a pas besoin de lobbyistes. Dominic Barton avait une trop longue liste de contacts selon les dires du premier ministre actuel.
Au Bloc québécois, nous ne demandons pas grand-chose. Nous voulons seulement que soient dévoilés tous les contrats non caviardés et l'ensemble des documents produits pour le compte des différents ministères. Nous demandons aussi que soit menée une enquête publique. Tout le monde sait que la firme McKinsey a joué un rôle de près ou de loin dans plusieurs scandales récents, ici et partout dans le monde. On a notamment parlé de la crise des opioïdes tantôt.
Selon ce que le secrétaire parlementaire nous a dit tantôt, le gouvernement peut faire ce qu'il a fait, et cela s'est fait aux États‑Unis et dans d'autres pays européens comme la France. Oui, et il y a des enquêtes aux États‑Unis et en France. Si je comprends bien le secrétaire parlementaire, si quelqu'un engage une firme et qu'il y a une enquête parce qu'on se pose des questions sur les contrats accordés à cette firme, on va reproduire la même chose ici. On l'a fait là-bas, alors ayons des enquêtes chez nous. C'est logique.
C'est la façon de penser du gouvernement libéral du Canada. Ce gouvernement est mené par des gens qui, visiblement, ont peur d'une enquête publique. Leur réaction, présentement, c'est de la peur. Tout ce que je perçois de l'autre côté de la Chambre, c'est un sentiment de peur. Si les libéraux n'ont rien à cacher, ils ne devraient pas avoir peur.