Madame la Présidente, j’espère que le temps consacré au rappel au Règlement sera soustrait de mon temps de parole sur la question.
Le projet de loi C‑11 est tout à fait pertinent, car le Parti conservateur refuse de l’adopter alors que le gouvernement dispose d’un temps limité pour débattre de son programme et jouer un rôle structurant, ce que les Canadiens attendent de lui. Les conservateurs ne se soucient peut-être pas de ce que les Canadiens ont à dire, mais le gouvernement actuel, lui, s’en soucie. Lorsque nous traitons de l’ordre du jour de la Chambre des communes et du projet de loi C‑11, nous nous attendons à ce qu’ils reconnaissent au moins que, bien que nous soyons dans un contexte minoritaire, l’opposition officielle a le devoir de se comporter de manière responsable et en admettant que la question a été amplement débattue.
Il s’agit d’une loi qui fait changer les choses en assujettissant les services de diffusion en continu en ligne à la Loi sur la radiodiffusion.
J’ai évoqué la Loi sur la radiodiffusion dans une question que j’ai posée un peu plus tôt. Les choses ont changé. La dernière refonte de la Loi sur la radiodiffusion remonte au début des années 1990, lorsque Netflix, Disney+ et Crave n’existaient pas. Cette loi met tout le monde sur un pied d’égalité. Pourquoi les grandes chaînes comme CTV et CBC/Radio‑Canada, qu’il s’agisse de radio ou de télévision, devraient-elles se conformer à l’exigence relative au contenu canadien, mais pas les autres plateformes?
Il y a cette chose qui s'appelle Internet et qui a changé toute la dynamique. La technologie a énormément progressé en 30 ans, depuis 1991. Je dis cela pour rappeler à mes amis conservateurs qu'ils devraient vivre dans le monde réel et comprendre que ces changements sont la raison pour laquelle il faut moderniser la loi. C'est à cela que sert ce projet de loi. Il uniformise les règles du jeu et modernise la Loi sur la radiodiffusion de façon à ce que le contenu canadien soit disponible sur Internet d'une manière très sélective. Toutefois, il ne vise pas à faire ce que les conservateurs répètent aux Canadiens.
C'est intéressant. Lundi, j'intervenais au sujet de cette mesure législative et je parlais de la mésinformation que le Parti conservateur continue de répandre ici, à la Chambre, et de transmettre aux Canadiens. Lorsque j'ai expliqué que la liberté des Canadiens ne serait aucunement limitée par le projet de loi C‑11, voici ce que la porte-parole conservatrice a répondu.
Immédiatement après mes commentaires, la députée de Lethbridge a déclaré ceci:
La censure n'a rien de progressiste. Pourtant, c'est exactement l'objet de ce projet de loi. Il s'agit de censurer le contenu que les Canadiens peuvent voir, peuvent entendre et peuvent publier en ligne. Il s'agit de censurer les artistes, de déterminer s'ils ont accès à un public et dans quelle mesure cet accès leur est accordé.
Rappelons clairement quelques-uns de mes commentaires. Juste avant l'allocution de la députée, j'ai signalé, en parlant de ce qui figure réellement dans le projet de loi, que les conservateurs doivent cesser de diffuser de la mésinformation, que ce soit à la Chambre ou sur la place publique.
J'ai dit que cette mesure législative « ne réglementera pas le contenu que les Canadiens publient quotidiennement sur les médias sociaux » et qu'elle « ne vise pas à réglementer les créateurs de contenu numérique, les influenceurs ou les utilisateurs canadiens ».
Voici un exemple flagrant. J'ai dit à la députée, qui écoutait attentivement parce qu'elle était la suivante à prendre la parole: « Elle ne permettrait pas de censurer du contenu, pas plus qu'elle n'imposerait d'algorithmes précis aux services de diffusion en continu ou aux plateformes de réseautage social. » Après quoi j'ai ajouté, et je tiens à le souligner clairement: « elle ne limitera la liberté d'expression des Canadiens d'aucune façon ».
Peut-on être plus clair? Pourtant, la députée a pris la parole pour répandre de la mésinformation.
Il y a lieu de se demander pourquoi. Qu'est-ce qui motive le Parti conservateur? Ce n'est certainement pas de servir au mieux les intérêts des Canadiens, je peux vous l'affirmer.
S'ils agissaient vraiment dans l’intérêt des Canadiens, je crois que les conservateurs aborderaient le projet de loi C‑11 avec, à tout le moins, un peu plus d’intégrité et d’honnêteté. Je crois qu’ils feraient preuve de plus de considération à l’égard de nos artistes et de nos créateurs et qu’ils comprendraient mieux l’importance de moderniser la loi. Je dirais que le Parti conservateur ne fait pas ce qui est dans l’intérêt des Canadiens.
Les conservateurs courtisent les personnes d’extrême droite auprès desquelles ils espèrent recueillir des fonds. Ils utilisent cette loi comme un outil de collecte de fonds. Ils disent que c'est une question de liberté et que le gouvernement va priver les gens de leur liberté, ne croit pas à la liberté d’expression et va empêcher les gens de téléverser de magnifiques vidéos de leur chat ou de leur chien ou de toutes ces choses merveilleuses qui se passent dans leur communauté.
Ils disent aux Canadiens que le gouvernement du Canada va limiter leurs libertés et que la seule façon d’empêcher cela est de faire un don de 5, 100 ou 500 $ au Parti conservateur du Canada. Voilà leur motivation. Leur objectif est d'utiliser ce projet de loi pour faire de l'enflure verbale et mettre les gens en colère pour que ceux-ci leur donnent de l'argent.
C’est de cela qu’il s’agit en réalité, selon le programme des conservateurs. Cela n’a rien à voir avec les intérêts de l’industrie.
C’est pourquoi j’ai été si surpris par le comportement du Bloc aujourd’hui. En parlant du projet de loi, le Bloc a été assez explicite. Il parle de l’importance cruciale de l’industrie, du contenu canadien.
Si l’on aime la langue française, si l’on veut reconnaître que le Canada est une société multiculturelle et si l’on veut que notre patrimoine soit reflété autant que possible, dans toutes les formes de médias, c’est le type de mesure législative que l’on devrait soutenir, parce qu’elle promeut le français. Elle promeut la culture et le patrimoine canadiens. Elle offre davantage de possibilités aux artistes canadiens, qu’ils soient originaires de ma province, le Manitoba, de la province de Québec ou de tout autre endroit.
Nous avons des talents extraordinaires dans toutes les régions du pays. Ce projet de loi soutiendra et améliorera les possibilités offertes à ces Canadiens de faire connaître leur talent et de mieux en vivre.
Ce projet de loi créera des occasions d’emploi dans nos collectivités. Il y a des industries qui sont très dynamiques aujourd’hui grâce à des politiques comme la Loi sur la radiodiffusion et à des organisations comme le CRTC, qui contribuent à notre patrimoine. Nous pouvons suivre les débats et voir ce qui se dit à la Chambre. Le NPD, le Bloc, sans enthousiasme, et manifestement le gouvernement ont reconnu la véritable valeur de la communauté artistique dans la construction de notre identité et dans ses nombreuses contributions à notre société.
J’ai fait mention hier, ou avant-hier, du Folklorama de Winnipeg. Pour les jeunes artistes qui ont l’occasion de se produire au Folklorama de Winnipeg pendant deux semaines chaque été, c’est un endroit magnifique. Tous les députés devraient visiter le Folklorama, et j’en parle souvent à la Chambre. Ces jeunes artistes auront répété tout au long de l’année. Cela devient une partie de leur identité, parce qu’ils rêvent d’être des artistes, qu’ils soient chanteurs, acteurs ou une combinaison des deux. Une mesure comme celle-ci améliorera les débouchés pour les Canadiens d’un bout à l’autre du pays.
Il s’agit d’uniformiser les règles du jeu. Il s’agit de garantir un contenu canadien, pour qu'il soit plus visible. J’aimerais bien que le Parti conservateur arrête de tenir ces propos, non seulement à la Chambre, mais surtout sur la place publique. Le projet de loi ne limitera pas la liberté d’expression des Canadiens de quelque manière que ce soit. Ce n’est pas un projet de loi sur la liberté.
C’est une loi qui aurait dû être adoptée. Elle n’a plus besoin d’être débattue en profondeur. Nous savons que si nous n'avons pas recours à la clôture, le parti conservateur continuera à en débattre indéfiniment. Nous ne pourrions pas l’adopter en 2023 ni, selon toute vraisemblance, en 2024. C’est la raison pour laquelle nous devons clore le débat sur cette loi.