Madame la Présidente, je tiens à vous féliciter. C'est toujours un bonheur de voir une femme parlementaire occuper le fauteuil de la présidence, et mes souhaits les plus grands sont qu'un jour vous puissiez assumer complètement cette présidence.
Puisque je prends la parole pour la première fois, je tiens à remercier les électeurs et les électrices de Salaberry—Suroît qui m'ont fait confiance le 21 octobre dernier. Cela m'a vraiment fait chaud au cœur. Pour moi, c'est un retour à la Chambre des communes après une absence de huit ans. Je suis ravie et honorée d'avoir obtenu la confiance des gens de ma circonscription.
Évidemment, une campagne électorale comme celle que nous venons de vivre demande beaucoup d'énergie, mais, surtout, d'être bien entourés. J'ai été entourée de militants, de militantes et de bénévoles vraiment passionnés. J'aimerais en nommer une qui est à mes côtés depuis le tout début en 2006. Mme Louise Laître a été ma directrice de campagne et elle mérite des applaudissements pour la passion de son engagement pour le Québec et la circonscription de Salaberry—Suroît.
J'aimerais aussi remercier mes trois filles, Audrée, Jade et Florence. Florence, ma troisième fille, a 23 ans et elle a dirigé toutes mes communications durant la campagne électorale. Elle a fait un travail exceptionnel et j'en suis très fière. Aujourd'hui, elle passe une entrevue et j'espère que l'employeur va la retenir parce qu’elle est la meilleure.
J'aimerais aussi remercier mon conjoint, qui a déjà vécu ce que signifie le fait d'être conjoint d'une députée. Il a de nouveau accepté d'être mon partenaire et mon complice et d'appuyer mon souhait de redevenir députée. Il sait les sacrifices que cela exige dans notre vie personnelle, familiale et amoureuse. Après 35 ans, il m'a de nouveau offert toute sa collaboration et sa confiance. Parce qu'il le mérite vraiment, je tiens à le remercier publiquement d'être à mes côtés et de m'appuyer dans ma passion.
Je vais surtout parler aujourd'hui de ce qui me passionne, c'est-à-dire les aînés et la santé. Je suis travailleuse sociale de formation et je suis une professionnelle du réseau de la santé publique du Québec. Ces dernières années, j'étais gestionnaire dans un CLSC et je coordonnais l'hébergement des personnes âgées. Ces aînés sont moins privilégiés que d'autres personnes, sont plus pauvres, plus faibles ou ont une santé précaire. Je vais donc dans mon allocution d'aujourd'hui en réponse au discours du Trône me pencher particulièrement sur les aînés et la santé.
Quand on travaille sur le terrain dans une communauté, on voit clairement et rapidement les besoins de la population. Je fonctionne en équipe et en collaboration avec des travailleurs communautaires. En présence d'un problème social ou de santé, il faut une action communautaire, il faut que tous les intervenants l'étudient et réfléchissent à une solution, qui n'en sera que meilleure puisqu'elle aura été trouvée par les principaux intéressés. Les résultats et les données probantes confirment que plus les solutions sont trouvées à la base, meilleures elles sont pour répondre aux besoins d'une communauté.
On comprendra mon étonnement quand je lis dans le discours du Trône que le gouvernement veut donner de l'argent aux provinces à la condition qu'elles embauchent des médecins de famille et offrent des services en santé mentale.
Ma réaction est de me demander ce que le gouvernement du Canada, à Ottawa, connaît des besoins de la population québécoise dans ma communauté. Que sait-il réellement de nos besoins? Pourquoi ne se contente-t-il pas de donner de l'argent à hauteur de 5,2 % comme le demandent le Québec et les provinces? Cela permettrait aux provinces et au Québec d'organiser leurs services pour répondre précisément aux besoins de leurs communautés.
Ces besoins ne sont pas tous pareils et ne sont pas tous de la même importance. Dans ma région, il y a des groupes communautaires qui s'occupent de tous les problèmes de santé mentale. Je veux en nommer un en particulier, Le Pont du Suroît.
Marc André Bédard, le directeur, est un homme génial, un infirmier qui a fait carrière dans le réseau public et qui y a vu de petites failles. Il a donc décidé de passer la majeure partie de sa carrière dans un groupe communautaire qui vient en aide aux proches de gens qui vivent avec des problèmes de santé mentale. Sa pratique est tellement bonne qu'il donne des conférences partout au Québec et même à l'international. Il a mis en place une approche innovante, et le ministre de la Santé du Québec a trouvé cela tellement bon qu'il a décidé de financer ce groupe.
Toutefois, ce n'est pas parce que ce groupe fonctionne au Québec et dans ma communauté qu'il peut fonctionner ailleurs. Le mieux placé pour déterminer ce dont une communauté a besoin, c'est le ministre de la Santé du gouvernement du Québec, qui consulte les acteurs du milieu, crée des programmes et les finance. Actuellement, les besoins augmentent, mais l'argent est à Ottawa et n'est pas transféré aux provinces. Il me semble que ce serait respecter les champs de compétence du Québec et des provinces que de faire ce qu'on demande: transférer l'argent qui est à Ottawa au gouvernement du Québec qui, lui, sait vraiment où faire des investissements pour répondre adéquatement aux besoins de ses communautés.
Je ne sais pas comment interpréter cette volonté, ce désir de centraliser à Ottawa les pouvoirs qui relèvent des champs de compétence des provinces. Je parle du gouvernement, mais je parle aussi du NPD, qui n'arrête pas de proposer toutes sortes de politiques nationales qui empiètent carrément sur les champs de compétence des provinces. J'interprète cela comme un manque de confiance. C'est comme si le gouvernement disait que les provinces n'étaient pas assez inventives ou intelligentes pour créer des programmes qui répondent vraiment aux besoins de leurs communautés.
Le gouvernement préfère dire aux provinces quoi faire avec leur argent, parce qu'il pense savoir ce qui fonctionne et être le mieux placé pour déterminer cela. Cela renforce ma passion et mon rêve que le Québec devienne un pays, car si le Québec devient maître de sa destinée et qu'il récupère l'argent qu'il donne à Ottawa, il va investir dans les bons programmes, car il sait ce qui est bon pour sa communauté. En ce moment, même s'il le sait, il manque de moyens. Alors, j'implore mes collègues d'en face de respecter les demandes des premiers ministres des provinces, qui ont demandé que les transferts en santé aux provinces soient augmentés.
Par ailleurs, les aînés de nos communautés souffrent beaucoup. Ils ont besoin de services de soutien à domicile et de meilleurs budgets pour composer avec l'augmentation du coût des médicaments et de leurs frais d'hébergement. Le montant actuel de la pension de la Sécurité de la vieillesse n'est pas suffisant. Si une personne tombe malade et qu'elle ne reçoit que le Supplément de revenu garanti et sa pension de la Sécurité de la vieillesse, elle aura de la difficulté à payer ses frais d'hébergement et les services dont elle pourrait avoir besoin. Ce n'est pas normal que des aînés qui ont travaillé toute leur vie pour avoir une retraite digne soient aux prises avec la peur de ne pas pouvoir se payer ces services.
Une des manières de régler ce problème est de bonifier le Supplément de revenu garanti et la pension de la Sécurité de la vieillesse. Le Bloc québécois demande au gouvernement de bonifier la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les aînés de 65 ans et plus et de permettre à ceux qui perdent un proche de recevoir le Supplément de revenu garanti pendant les trois mois suivant le décès. Vivre un décès est déjà très déstabilisant, s'il faut vivre en plus la peur de ne pas pouvoir payer son loyer ou ses frais d'hébergement, c'est encore pire. Alors, nous demandons au gouvernement de faire preuve d'un peu d'humanité et de bonifier le Supplément de revenu garanti et la pension de la Sécurité de la vieillesse pour les aînés de 65 ans et plus.
En terminant, je demande au gouvernement de respecter les champs de compétence des provinces et du Québec et d'augmenter de 5,2 % les transferts en santé aux provinces. Il doit laisser les provinces faire ce qu'elles savent le mieux faire, c'est-à-dire gérer leurs propres problèmes et trouver leurs propres solutions.