Monsieur le Président, compte tenu du nouvel ALENA, le gouvernement aura des comptes à rendre aux 10 000 travailleurs québécois du secteur de l'aluminium.
On ne peut qualifier de gain cette nouvelle entente, négociée en secret. Le premier ministre, encore une fois, n'a pas su protéger nos travailleurs d'une industrie qui est emblématique au Québec. Nos neuf alumineries produisent près de trois tonnes d'aluminium primaire, soit 60 % de toute la capacité nord-américaine. Notre expertise est reconnue partout sur la planète.
Notre industrie, qui produit l'aluminium le plus propre au monde, a été sacrifiée au profit de l'acier. En effet, le gouvernement se targue d'avoir obtenu que 70 % des matériaux utilisés dans la fabrication d'automobiles soient désormais d'origine nord-américaine, alors que ce pourcentage était de 62,5 auparavant. Toutefois, si le texte indique clairement que tous les procédés de fabrication de l'acier doivent avoir lieu sur le territoire de l'un des trois pays pour qu'il soit considéré comme nord-américain, Ottawa, contrairement au président américain, n'a pas su obtenir les mêmes assurances pour notre aluminium. Ainsi, le Mexique, qui ne produit pas d'aluminium et doit donc l'importer à 100 %, pourra continuer de se le procurer en Chine, au rabais, et de le transformer avant de l'exporter aux États-Unis, tout en le qualifiant de nord-américain.
Au cours de l'été 2019, on a constaté que les importations de jantes en aluminium en provenance de la Chine ont chuté aux États-Unis, alors qu'elles ont explosé en direction du Mexique. Au cours de cette période, le Mexique a vu ses exportations de jantes en aluminium transformées plus que doubler en direction des États-Unis.
Nous n'avons rien à gagner de cet accord, qui risque même d'entraîner une délocalisation de notre industrie. C'est pourquoi nous demandons un débat d'urgence sur la question.