Monsieur le Président, je partagerai mon temps de parole avec la députée d'Orléans.
Je suis reconnaissante de participer à ce très important débat qui s'inscrit dans la foulée du meurtre tragique de Marylène Levesque.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, j'offre mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de la victime. Nos pensées les accompagnent et nous exprimons notre sympathie à l'ensemble des victimes et des survivants de violence fondée sur le sexe.
À vrai dire, le drame survenu ce jour-là n'aurait jamais dû se produire et constitue clairement un cas de violence sexiste. Au cours de mon intervention, je me pencherai sur la violence fondée sur le sexe au Canada, qui se manifeste beaucoup trop souvent et qui est carrément inacceptable.
Au Canada, on continue d'enregistrer un taux alarmant de cas de violence fondée sur le sexe. Entre 2008 et 2018, plus de 700 femmes ont été tuées par leur compagnon du moment ou un ancien compagnon, qu'il s'agisse d'un mari ou d'un conjoint de fait.
En 2018 uniquement, 164 femmes et jeunes filles ont été assassinées au pays.
La réalité des femmes et des jeunes filles autochtones est encore pire. En 2018, le taux d'homicide était presque sept fois plus élevé dans ce segment de la population que dans le segment non autochtone correspondant.
Qui plus est, 32 % des femmes au Canada ont été confrontées en public à des comportements sexuels non désirés.
Dans ma circonscription, Brampton-Ouest, soit la région que je représente, dans la région de Peel, la moitié des homicides en 2019 étaient liés à la violence familiale, plus précisément à la violence fondée sur le sexe.
Ces statistiques portent sur des femmes. Elles représentent des femmes auxquelles on a enlevé leur famille et leur avenir ou dont la famille et l'avenir sont à tout jamais bouleversés par les répercussions à long terme de la violence sexiste.
Je pourrais continuer encore longtemps. La violence fondée sur le sexe a des conséquences permanentes sur la santé physique, mentale et sexuelle des personnes qui en sont victimes. Les effets de ces abus sont sérieux, perdurent longtemps et affectent non seulement les familles et les amis des victimes, mais également des collectivités entières.
Malgré certains progrès à ce chapitre, la violence fondée sur le sexe demeure, au Canada, un problème intolérable qui pourrait être évité. Le gouvernement pose des gestes concrets pour le régler.
Ainsi, en 2017, nous avons lancé « Il est temps: Stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe ». Dans le cadre de cette stratégie novatrice, nous avons investi 200 millions de dollars dans des initiatives fédérales qui visent à prévenir la violence fondée sur le sexe, à soutenir les survivantes et leur famille, et à rendre le système juridique et judiciaire plus sensible à leurs besoins.
Je remercie les membres du Conseil consultatif de la ministre sur la stratégie pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe. Nous avons pu compter sur leurs sages conseils tout au long des dernières années, tandis que nous travaillions ensemble afin de mettre fin à la violence fondée sur le sexe. Ce conseil est formé de survivantes, de fournisseurs de services de première ligne et d'experts de partout au pays.
Je profite aussi de l'occasion pour remercier les innombrables organismes communautaires à but non lucratif qui soutiennent les femmes et les filles qui fuient la violence. Je tiens particulièrement à remercier l'organisme Hope 24/7 de Brampton-Ouest. Il fournit un soutien fantastique aux survivantes de la violence fondée sur le sexe.
Depuis 2015, le gouvernement libéral a pris des mesures importantes pour renforcer le système de justice et soutenir les survivantes. Il a notamment inscrit dans la loi une définition plus claire du consentement, afin de préciser qu'une personne inconsciente n'est pas en mesure de consentir, que seul oui veut dire oui et qu'on ne peut pas utiliser les antécédents sexuels d'une personne pour remettre sa crédibilité en question.
Nous avons aussi renforcé les lois sur la violence familiale. Ainsi, nous avons établi des peines maximales plus longues pour les récidivistes et fait en sorte que le système de justice tienne compte de la gravité de ces infractions et que l'étranglement soit reconnu comme une forme aggravée d'agression. Nous avons également exigé que la GRC reprenne l'examen de plus de 30 000 dossiers d'agression sexuelle laissés de côté parce qu'ils avaient été considérés comme infondés. Ce nouvel examen avait pour but d'améliorer la reddition de comptes, la formation, la sensibilisation, la responsabilité d'enquêter, le soutien offert aux victimes, la sensibilisation du public et la communication.
En outre, nous finançons la création ou la réparation d'au moins 7 000 places dans des refuges pour les personnes ayant survécu à la violence familiale, de sorte que les femmes et les filles qui fuient la violence familiale aient un endroit où aller. Nous fournissons cinq jours de congé payés pour les victimes de violence familiale qui travaillent dans un secteur sous réglementation fédérale afin de donner davantage l'occasion aux survivants de demander de l'aide, car cela peut contribuer au processus de rétablissement.
En 2018, nous sommes devenus le premier gouvernement à présenter et à adopter un projet de loi traitant précisément du harcèlement en milieu de travail et de la violence sexuelle au Parlement et dans les milieux de travail sous réglementation fédérale. En 2019, nous avons présenté la Stratégie nationale de lutte contre la traite des personnes, une approche pangouvernementale pour combattre ce crime inconcevable qui a été accompagnée de modifications au Code criminel visant à renforcer les mesures législatives connexes.
Enfin, en décembre dernier, nous avons publié les données de la toute première enquête nationale sur la violence fondée sur le sexe. En effet, l’Enquête sur la sécurité dans les espaces publics et privés est la première de trois enquêtes nationales financées par Femmes et Égalité des genres Canada dans le cadre de la Stratégie du Canada pour prévenir et contrer la violence fondée sur le sexe. Nous finançons également une enquête sur la violence fondée sur le sexe dans les établissements d'enseignement postsecondaire et une enquête sur la violence fondée sur le sexe dans les milieux de travail au Canada. Les données de ces trois enquêtes aideront à améliorer les renseignements sur la nature et l'étendue des diverses formes de violence fondée sur le sexe au sein de la population générale. Ainsi, nous comprendrons mieux ce que vivent les victimes de violence fondée sur le sexe, ce qui nous permettra de lancer des initiatives mieux adaptées à leurs besoins.
Cette année, nous avons l'intention de poursuivre notre travail avec l'élaboration d'un plan d'action national visant à mettre fin à la violence fondée sur le sexe. Tel qu'indiqué dans le récent discours du Trône, nous collaborerons avec nos partenaires afin que toutes les victimes de violence fondée sur le sexe puissent rapidement accéder à des services de protection fiables, peu importe qui elles sont et où elles habitent.
Je pense qu'il est juste de dire que le gouvernement actuel a pris les mesures qui s'imposent pour prévenir la violence fondée sur le sexe et pour s'assurer que les personnes qui en sont victimes aient rapidement accès à des services. Nous ne restons pas les bras croisés alors que des crimes comme celui qui a eu lieu le 22 janvier à Québec continuent de se produire. Nous nous attaquons vigoureusement à ce problème et nous savons qu'il restera toujours du travail à faire dans ce dossier tant qu'il y aura des meurtres de ce genre ou des histoires de violence fondée sur le sexe au Canada.
Il ne faut pas tolérer la violence fondée sur le sexe. Nous continuerons d'œuvrer auprès de survivantes, de partenaires communautaires, du secteur public et de tous les ordres de gouvernement pour éradiquer toutes les formes de violence fondée sur le sexe. Nous savons qu'il reste énormément de travail à faire et je me réjouis à la perspective de collaborer avec tous les députés à la Chambre pour atteindre cet objectif.
Encore une fois, en mon nom et au nom de tous les électeurs de ma circonscription et de tous les députés à la Chambre, j'offre mes plus sincères condoléances à la famille et aux amis de la victime de cette tragédie.