Madame la Présidente, c'est pour moi un honneur de participer à l'un des derniers débats — espérons-le — sur le nouvel ALENA avant qu'il ne soit officiellement ratifié et mis en œuvre.
Il est important de considérer le présent débat sur l'ALENA 2.0, l'ACEUM ou l'AEUMC — peu importe le nom qu'on donne à cet accord — comme une occasion de moderniser les relations que nous entretenons avec nos deux très importants partenaires commerciaux sur lesquels nous comptons et avec lesquels nous collaborons très bien depuis de nombreuses années. Je parle de modernisation parce que la mondialisation du commerce a incroyablement changé la donne au cours des 30 dernières années, soit depuis la mise en place de la version initiale de l'ALENA.
Aujourd'hui, je me concentrerai sur le thème de la modernisation, plus précisément dans les secteurs de l'automobile et de l'aluminium. Je parlerai également de l'environnement, notamment des mesures de protection additionnelles introduites dans le nouvel accord.
Tout d'abord, j'aimerais parler de la modernisation de cet accord. Ma circonscription abrite un certain nombre de fabricants qui dépendent énormément du libre-échange avec les États-Unis et le Mexique pour des raisons qui sont parfois complexes, car les chaînes d'approvisionnement sont étroitement liées les unes aux autres. Le secteur de l'automobile en fait partie. Nous ne vivons plus dans un monde où une automobile et toutes ses pièces sont fabriquées dans une région particulière et assemblées dans une municipalité ou un pays donné.
Bien peu de gens savent probablement que 80 % du nylon qui entre dans la fabrication des coussins gonflables des véhicules assemblés et fabriqués en Amérique du Nord provient de ma circonscription. Il s'agit d'INVISTA, une usine de calibre mondial.
Les composants bruts du nylon arrivent dans ma circonscription par train. Ils servent à fabriquer le nylon, dont on fait des rouleaux. Ces rouleaux sont ensuite expédiés ailleurs, aux États-Unis par exemple, où ils sont transformés en coussins gonflables. Ces coussins gonflables sont ensuite envoyés dans un autre pays membre de cet accord trilatéral, ou encore renvoyés au Canada. Le même concept s'applique à l'aluminium et à bien d'autres secteurs.
Le fonctionnement de la chaîne d'approvisionnement et de bien d'autres choses dans l'industrie automobile et d'autres industries a tellement évolué que nous dépendons énormément d'un accord commercial permettant aux différents composants de traverser les frontières à plusieurs reprises. C'est pourquoi je suis vraiment content de constater que de nombreux éléments du nouvel accord visent l'industrie automobile. Au bout du compte, on constate que l'accord qui a été conclu tient vraiment compte du secteur automobile et qu'il constitue en fait une très bonne affaire pour le secteur canadien de l'automobile.
C'est ici que je fais le lien avec l'aluminium en raison des liens entre les secteurs de l'aluminium et de l'automobile. Auparavant, il n'y avait aucune exigence particulière au sujet de la provenance de l'aluminium contenu dans les véhicules fabriqués et assemblés dans un des trois pays.
C'est la première fois qu’il y a de véritables mesures. Soixante-dix pour cent de l'aluminium qui est utilisé dans les véhicules fabriqués et assemblés au Canada, aux États-Unis ou au Mexique doit provenir de ces pays. Il est très avantageux pour notre secteur de l'aluminium de veiller à ce que nous ne recevions pas de l'aluminium provenant d'autres pays qui font du dumping sur notre marché. Cela assurera de bons emplois pour les Canadiens afin que nous puissions continuer de fournir de l'aluminium provenant d'ici et des deux autres pays faisant partie de l'accord.
En rapport avec l'aluminium, j'ai parlé d'Invista et des usines de nylon qu'elle possède, mais une autre société, Novelis, exploite une usine d'aluminium dans ma circonscription. J'ai eu à plusieurs reprises l'occasion de m'entretenir avec les responsables, en particulier lorsque les États-Unis ont introduit les droits de douane sur l'aluminium, au sujet des inquiétudes que cela suscitait.
Je vais vous donner un autre exemple du mode de fonctionnement dans le secteur de l'aluminium. Un grand volume d'aluminium destiné à cette usine est extrait au Québec. Il est ensuite transporté du Québec vers les États-Unis, au nord de l'État de New York, où il est pressé à chaud. Il est ramené une deuxième fois de l'autre côté de la frontière, à Kingston, en Ontario — précisément dans ma circonscription —, où il est pressé à froid.
Cela permet de transformer l'aluminium en rouleau. À ce stade, il est amené à faire des allers-retours à travers la frontière, au fur et à mesure qu'il change de mains et que des produits sont fabriqués à partir de l'aluminium extrait et raffiné à ces différentes étapes.
C'est pourquoi je trouve qu'il est essentiel de maintenir les chaînes d'approvisionnement et de faire confiance aux investisseurs, afin que les usines qui le souhaitent puissent construire d'un côté ou de l'autre de la frontière. Nous devons les rassurer en veillant à ce qu'un tel accord soit appliqué à long terme.
La dernière chose dont je veux parler, en rapport avec la modernisation de cet accord, est la protection de l'environnement et les normes environnementales prévues dans cet accord.
Lorsque le premier ALENA a été élaboré il y a 30 ans, on ne se souciait guère de l'environnement et des préoccupations liées à l'environnement. Le fait d'avoir la possibilité de revoir cet accord, de le mettre à jour et de le moderniser nous donne l'occasion de nous assurer que les enjeux environnementaux y sont intégrés.
Au Canada, nous prenons l'environnement très au sérieux. Nous sommes conscients que nous avons des obligations à remplir sur le plan de l'atténuation de notre impact sur l'environnement. Nous savons également que nous ne pourrons pas y arriver seuls. Si le Canada est le seul pays à tenter de le faire, il ne pourra plus être compétitif.
Dans un accord de libre-échange, il faut s'assurer que les règles sont les mêmes pour les deux parties. Dans le cas qui nous intéresse, il est extrêmement important de veiller à ce que les règles en place sur le plan environnemental soient équitables et à ce que, en gros, les protections environnementales soient mises en œuvre de la même manière des deux côtés de la frontière.
C'est pourquoi l'accord contient certaines dispositions, comme un chapitre complet sur l'environnement, qui remplace certains accords parallèles.
Nous devons prendre des mesures, notamment dans le but de maintenir la qualité de l'air et de lutter contre la pollution marine, ainsi que prévoir des niveaux élevés de protection de l'environnement. Ces mesures sont extrêmement importantes dans les accords de libre-échange et, en même temps, il faut protéger les travailleurs et atténuer les répercussions éventuelles sur l'environnement. Nous devons veiller à ce que ces mesures soient mises en place.
C'est pourquoi je souligne que ce n'était peut-être pas quelque chose que nous voulions particulièrement au départ, quelque chose que nous avons demandé, mais cela s'est avéré une bonne occasion pour le Canada de moderniser cet accord, d'éliminer quelques problèmes et de l'adapter aux nouvelles normes en matière d'accords de libre-échange.
Après tous les efforts déployés par le gouvernement, et en particulier par la ministre qui était chargée du dossier auparavant, nous avons vu à ne pas accepter n'importe quel accord. Nous nous sommes assurés de conclure un accord qui soit dans l'intérêt du Canada et des employés et des travailleurs canadiens et qui cadre avec nos valeurs.
C'est ce que nous avons obtenu et je suis très fier d'appuyer cet accord aux côtés de cette ministre et du gouvernement. Nous avons un accord moderne, à jour et qui respecte un grand nombre des normes exigées aujourd'hui, qui n'existaient peut-être pas il y a 30 ans.
Je suis très fier de cet accord et j'espère vivement qu'il pourra être ratifié et adopté à l'unanimité par le Parlement. J'espère sincèrement que ce sera possible.