Monsieur le Président, je prends la parole à la Chambre alors que les Canadiens ont tous le cœur brisé, y compris tous les députés ici. Nous sommes chamboulés par les 18 décès confirmés à la suite d'un acte de violence insensée en Nouvelle-Écosse et par le vide que les vies ainsi fauchées laissent derrière elles.
L'agente Heidi Stevenson fait partie des victimes. Elle est morte dans l'exercice de ses fonctions. C'était une femme bienveillante et talentueuse, une excellente policière et une mère merveilleuse. Elle incarnait les valeurs qui ont servi de bases à l'édification de notre pays, des valeurs comme l'intégrité, l'honnêteté et la compassion. Pour sa collectivité, elle a payé le prix ultime. Ses années de service ne seront jamais oubliées.
Tout comme l'agente Stevenson, une grande partie des autres victimes servaient leur collectivité au meilleur de leurs capacités, qu'il s'agisse d'une enseignante, d'une infirmière, d'un grand-parent ou d'un parent. Quels mots peuvent jeter un baume sur une telle tristesse? La douleur que les familles et les proches ressentent aujourd'hui est indescriptible. Je tiens à leur dire que tous les Canadiens sont avec eux, que cet acte ignoble et insensé ne définira pas la Nouvelle-Écosse et que tous les Canadiens sont aujourd'hui des Néo-Écossais. Nous partageons leur douleur et nous pleurons leurs disparus. Nous serons là pour eux dans les jours, les semaines et les mois difficiles à venir.
La Chambre compte 11 députés qui représentent les habitants de la Nouvelle-Écosse. Aujourd'hui, ils se trouvent là où ils doivent être, avec les gens d'un peu partout dans la province, pour les aider à traverser le deuil et leur offrir un soutien. Nous les appuyons aujourd'hui et tous les jours.
Les gens ont du mal à croire qu'une telle tragédie ait pu se produire dans des communautés comme Portapique, Truro ou Enfield, dans des endroits où les gens se connaissent et se font confiance, le genre d'endroit où les gens ne verrouillent pas les portes. Comme l'a dit ce matin le sénateur Kutcher, en Nouvelle-Écosse, les gens ne sont pas à 6 degrés de séparation les uns des autres, mais bien à 2 degrés de séparation. Tout le monde se connaît. Tout le monde est sous le choc. Alors que ce choc laisse place au deuil, plusieurs seront aussi en colère que les familles et les amis qui pleurent la perte de leurs proches, en colère puisqu'ils ne pourront pas se recueillir ensemble pour célébrer la vie de ceux qui nous ont été arrachés.
Cette année a été particulièrement éprouvante pour les Canadiens. Dès janvier, on avait l'impression que les seules nouvelles diffusées portaient sur des actes de violence irrépressibles ou des vies perdues. Cette horrible tragédie survient au moment où, d'un océan à l'autre, les Canadiens font des sacrifices pour se protéger mutuellement et font chaque jour des choix judicieux pour éviter d'autres bouleversements et d'autres tragédies. Ainsi, lorsque nous avons appris hier, au réveil, les terribles nouvelles de la Nouvelle-Écosse, beaucoup d'entre nous se sont probablement demandé: « Que pouvons-nous supporter de plus? »
Dans les moments les plus sombres, ce qui nous motive à avancer, c'est la poursuite commune d'un avenir meilleur. L'histoire même récente de notre pays n'est pas dépourvue d'obstacles ou de tristesses. Il y a trois ans, nous avons pleuré la perte de six innocents qui ont été assassinés alors qu'ils priaient, à Sainte-Foy. Nous n'avons pas laissé ce geste de haine empêcher la poursuite d'un avenir meilleur.
Il y a deux ans, nous avons pleuré la mort d'une jeune femme et d'une petite fille et déploré les blessures subies par de nombreuses personnes sur l'avenue Danforth de Toronto, alors qu'elles profitaient simplement d'une soirée d'été dans le quartier. Cela ne nous a pas empêchés de chercher ensemble un avenir meilleur. Au cours de cette dernière année, nous avons vu beaucoup trop de communautés brisées, de familles déchirées par la violence et par des actes de haine. Nous ne laisserons pas ces événements nous empêcher de rechercher ensemble un avenir meilleur.
Dans les heures les plus sombres, nous avons toujours répondu à la haine par l'espoir. Nous avons choisi l'unité plutôt que la division, parce que les actions d'un seul homme, aussi cruelles, destructrices ou malfaisantes soient-elles, ne peuvent pas ériger un mur de désespoir entre nous et de meilleurs lendemains.
Aujourd'hui est un jour douloureux pour tous les Canadiens, mais si nous sommes unis dans notre douleur, nous devons aussi être unis dans notre détermination de préserver nos valeurs, de vivre en suivant l'exemple de ceux qui nous ont quittés trop tôt, de laisser l'espoir, l'amour et la compassion nous guider dans les jours, les semaines et les mois difficiles à venir, parce qu'un avenir meilleur nous attend. Ce ne sera peut-être pas cette semaine ni même ce mois-ci, mais il viendra.