Monsieur le Président, pour donner suite aux propos du député, je précise que j'étais mécanicien automobile avant d'être élu à la Chambre des communes. Les voitures sont un sujet populaire aujourd'hui. Mes amis m'ont toujours dit qu'il n'y avait pas d'outil assez puissant pour régler les problèmes au Parlement, mais je leur ai dit que je devais tout de même tenter ma chance, et c'est pourquoi je siège dans cette enceinte.
La COVID-19 a bouleversé la vie de tout le monde. Nous pratiquons la distanciation physique et avons considérablement changé notre façon de vivre. Ce que je trouve le plus difficile, c'est de ne pas pouvoir me réunir le dimanche avec ma congrégation locale. La COVID-19 a grandement changé nos vies.
De nombreuses personnes m'ont demandé quand nous reviendrons à un semblant de normalité et quand nous pourrons nous rassembler, notamment à l'église. Ce sont des questions importantes et légitimes pour ma collectivité.
Beaucoup de gens veulent savoir comment nous en sommes arrivés là. On dirait que nos prises de décisions reposent sur un certain nombre de modèles, mais il s'agit d'une science inexacte. Les modèles n'ont de valeur qu'en fonction des données sur lesquelles ils reposent. Qui élabore ces modèles? D'où ces modèles viennent-ils? Quels modèles utilisons-nous? Voilà des questions pertinentes qui me sont posées et pour lesquelles je n'ai pas de réponse. Je ne sais pas de quoi ont l'air ces modèles, je ne sais pas qui les élabore et je ne sais pas sur quelles données ils sont fondés. Au fur et à mesure que la pandémie évolue, je pense que nous devrions nous demander si les hypothèses que nous avons formulées au départ sont toujours valables. Les données utilisées pour élaborer les modèles étaient-elles exactes?
Aujourd'hui, nous discutons d'un programme de prestations pour les étudiants. À mon avis, il s'agit très certainement d'une mesure qui se trouve au bas de la liste. Chaque fois que nous prenons une nouvelle mesure pour résoudre la crise de la COVID-19, nous devrions revenir en arrière pour vérifier si les hypothèses émises au début de la crise tiennent toujours la route. On dit toujours qu'il est plus facile de porter un jugement après coup. Maintenant que nous avons un peu de recul, nous pouvons vérifier si les hypothèses émises en janvier sont toujours valables. La maladie est-elle aussi contagieuse qu'elle l'était? A-t-elle des répercussions? Je sais que des gens meurent partout au pays, mais les mesures que nous prenons pour prévenir la mortalité fonctionnent-elles? Comment savons-nous qu'elles fonctionnent? Voilà des questions qu'on me pose, mais le gouvernement n'a pas nécessairement réussi à y donner de réponses adéquates.
Chaque jour, le gouvernement annonce des mesures en réaction à la crise de la COVID-19, mais il revient rarement en arrière. S'il revenait en arrière, le gouvernement pourrait dire qu'une hypothèse émise le 3 janvier s'est confirmée ou infirmée et que la situation s'est améliorée ou détériorée. Ce n'est pas vraiment ce qu'il fait, et je crois que nous devrions nous attaquer à ce problème d'entrée de jeu. J'aimerais savoir quels sont les modèles utilisés, qui en est l'auteur et quelles hypothèses sont tirées de ces modèles pour que les Canadiens moyens, où qu'ils se trouvent au Canada, puissent dire qu'elles sont sensées.
On demande aux Canadiens de mettre leur vie en suspens. Je dirais que les propriétaires de restaurant de ma région ont particulièrement hâte de savoir à quoi s'en tenir. Ils communiquent avec moi pour savoir quand ils pourront rouvrir et certains me disent qu'ils sont au bord de la faillite.
Ils ont aussi l'impression que les objectifs ne cessent de changer. Ils me disent qu'il y a plus d'un mois, on ne parlait que d'aplanir la courbe et qu'à présent, on parle d'arrêter la propagation. Ce sont deux objectifs valables, mais qui semblent différents. On ne dit plus tout à fait la même chose, mais on ne nous a jamais expliqué pourquoi nous sommes passés d'aplanir la courbe à arrêter la progression. Je souscris à ces deux objectifs, mais on ne nous a pas expliqué pourquoi il fallait les poursuivre. Les gens me disent qu'on semble avoir aplani la courbe et me demandent quand ils vont pouvoir rouvrir leur restaurant, quand ils vont pouvoir retourner au travail. C'est très important.
Les gens craignent aussi beaucoup que toutes les interventions du gouvernement, c'est-à-dire les versements mensuels de 2 000 $ au titre de la PCU et même la prestation proposée pour les étudiants, altèrent l'économie. Il ne fait aucun doute que ce sera le cas. Les interventions du gouvernement vont changer l'économie du pays. Le gouvernement peut-il nous fournir des modèles des changements économiques auxquels nous pouvons nous attendre?
Nous avons constaté ailleurs que lorsque le salaire minimum est augmenté, par exemple, les loyers augmentent proportionnellement. Savons-nous l'incidence qu'aura le fait de donner 2 000 $ par mois, comme nous le faisons actuellement? Qu'adviendra-t-il de cet argent? Il ne restera pas simplement dans le compte de banque de la personne qui le reçoit. Celle-ci l'utilisera pour payer des choses comme son loyer et son épicerie. Quelle incidence cela aura-t-il sur le coût du logement et des aliments? Il faut tenir compte de toutes ces choses. A-t-on établi des modèles? Nous nous attendons à ce que le gouvernement nous explique quelles seront certaines des répercussions des prestations qu'il met de l'avant.
Nous avons fait part de notre crainte que le système de paiements aux étudiants dissuade les gens de travailler, puis le NPD a répondu que nous accusions les gens d'être paresseux. Personne n'a accusé qui que ce soit d'être paresseux. Nous disons simplement que, la nature humaine étant ce qu'elle est, les gens feront une analyse coûts-avantages. Si une personne a le choix entre aller travailler dans une usine locale et gagner 1 000 $ ou bien rester à la maison et recevoir 1 200 $ par mois du gouvernement, elle fera une analyse coûts-avantages. Il n'y a rien de paresseux là-dedans. Il s'agit simplement d'une analyse coûts-avantages, et nous ne voulons pas créer une mesure qui encouragerait les gens à rester chez eux.
Il est également intéressant de constater qu'ils semblent être d'accord avec nous concernant le caractère incitatif de la prestation et le fait qu'une personne devrait pouvoir gagner de l'argent tout en recevant la prestation pour étudiants.
Nous, les conservateurs, sommes heureux d'appuyer la mesure, même si de nombreux points doivent être améliorés. Le gouvernement a écouté, en particulier lors de la première ronde, en ce qui concerne la subvention salariale de 10 %. Lorsque nous avons dit que ce n'était pas suffisant, il est revenu avec une subvention salariale de 75 %, qui devrait suffire.
Il était également intéressant d'entendre le chef néo-démocrate demander pourquoi ces systèmes semblent être plutôt taillés sur mesure que généralisés. Je pourrais peut-être proposer une réponse à cette question, car je me souviens de la campagne électorale de 2015. Je suppose que je peux pardonner au député, car je ne pense pas qu'il était ici en 2015.
Pendant la campagne électorale de 2015, les libéraux nous ont accusés, partout au pays, de donner des chèques à des millionnaires avec notre programme de prestation fiscale pour enfants. La première chose qu'ils ont faite en arrivant au pouvoir fut de modifier ce programme pour empêcher que des chèques soient envoyés à des millionnaires. Cependant, nous avions dit que puisque la prestation était imposable, nous pouvions la récupérer en impôts. Même si, au départ, nous l'accordions à tous les parents, nous pouvions récupérer l'argent versé aux gens riches au moment de l'imposition. Voilà notre raisonnement en 2013-2014, lorsque nous avons mis en place cette prestation. À l'époque, il m'a semblé que c'était un raisonnement logique. Je suis heureux de constater dans les discours des néo-démocrates sur la Prestation canadienne d'urgence pour les étudiants qu'ils commencent aussi à comprendre ce raisonnement.
Sur ce, je suis heureux de pouvoir dire que nous allons appuyer le projet de loi, mais que nous espérons que des changements importants pourront y être apportés afin que les éléments qui dissuadent les gens de travailler soient éliminés. Nous voudrions qu'il y ait un système d'enregistrement afin que les étudiants qui demandent la prestation inscrivent leurs compétences et que nous puissions tenter de leur trouver du travail, notamment dans le secteur de l'agriculture.
Dans ma région, de nombreux agriculteurs ont commencé à préparer leurs semoirs. Ils installent de nouveaux socs et ils sont prêts à commencer les labours pour planter les semailles de cette année.