Monsieur le Président, c'est un privilège et un honneur pour moi de pouvoir m'adresser à la Chambre des communes et de prendre part au débat d'aujourd'hui. Le simple fait de pouvoir être ici pour débattre, prendre la parole et voter est un privilège en soi, le même qu'ont eu les membres des 42 législatures qui nous ont précédés.
En cette 43e législature, j'ai du mal à imaginer que certains élus soient disposés à renoncer à ce privilège, mais on dirait que c'est le cas. En pleine pandémie, le gouvernement a présenté une motion limitant les attributions du Parlement. Même si force est d'admettre que le texte à l'étude est mieux que la première version qui nous a été soumise, nous sommes encore loin d'un Parlement en bonne et due forme. Je trouve honteux que l'on puisse utiliser ainsi la crise pour dévaloriser la démocratie.
Les Canadiens se sont montrés à la hauteur depuis le début de la pandémie. Ils ont respecté les consignes de la santé publique et pris leurs précautions. Les travailleurs de la santé qui sont en première ligne ont risqué leur santé et leur sécurité pour prendre soin de leur prochain. Ceux des services essentiels se sont adaptés afin de pouvoir offrir aux Canadiens les biens et les services dont ils ont absolument besoin. Tous autant que nous sommes, nous avons subi des bouleversements et vécu des difficultés imprévues. Qu'elles soient de nature sociale, économique ou sanitaire, les répercussions de la pandémie de COVID-19 se font sentir partout, et même si chacun peut être touché à un degré différent, personne n'est complètement à l'abri.
Alors que les Canadiens de partout au pays affrontent ces défis, ils doivent savoir que le gouvernement se montre aussi à la hauteur. Ils doivent être convaincus que le gouvernement est déterminé à obtenir les meilleurs résultats pour eux et qu'il multiplie les efforts pour que personne ne soit laissé pour compte. En ce moment, nous vivons les répercussions immédiates de cette crise sanitaire, mais nous ignorons toujours quels seront les effets à long terme.
Le leadership dont fera preuve le gouvernement déterminera, dans une large mesure, les effets à long terme de cette crise. Un bon dirigeant rend des comptes. Or, la motion dont nous sommes saisis aujourd'hui est essentiellement une demande du premier ministre pour avoir moins de comptes à rendre. En limitant le rôle du Parlement, le premier ministre dit aux Canadiens qu'il aimerait avoir un public au lieu d'une opposition. Le gouvernement voudrait que le Parlement gouverne sans examen, sans débat et sans opposition. Ce n'est toutefois pas ainsi que le régime démocratique canadien fonctionne.
Le Canada est une démocratie représentative. Trois cent trente-huit députés sont élus partout au pays afin de représenter des dizaines de milliers d'habitants. Tous ont été envoyés au Parlement avec un mandat confié par ceux qui les ont élus. Chacun d'entre nous a la responsabilité de représenter tous les électeurs de sa circonscription.
Si certains députés pensent qu'en temps de crise, leur responsabilité envers les gens de leur circonscription est moindre, je me demande pourquoi ils ont fait inscrire leur nom sur les bulletins de vote. En temps de crise, notre responsabilité envers les habitants de nos circonscriptions est encore plus grande. En tant que députée de la loyale opposition de Sa Majesté, j'ai le devoir de demander des comptes au gouvernement. J'ai le devoir de demander des réponses au nom des habitants de ma circonscription, de défendre leurs intérêts et de les faire connaître.
En tant que députée de la Saskatchewan, je souligne que l'Ouest du Canada est remarquablement absent du Cabinet et des banquettes du gouvernement en général. L'automne dernier, l'Ouest du Canada a rejeté les politiques inefficaces de l'actuel gouvernement libéral. Il a rejeté les attaques du premier ministre contre son gagne-pain et ses collectivités. Dans notre démocratie, il en a le droit.
Le premier ministre, toutefois, n'a pas la liberté de faire taire leurs voix en gouvernant sans les partis de l'opposition. En fait, les principaux moteurs économiques de ma circonscription, Battlefords—Lloydminster, ont été totalement exclus de la réponse du gouvernement à la COVID-19. Ils ont été exclus malgré l'importance pour notre pays de ces deux moteurs économiques.
Premièrement, le premier ministre n'a rien fait pour soutenir le secteur pétrolier et gazier du Canada, un secteur qui sera très important pour favoriser une reprise économique rapide dans l'Ouest canadien et, en toute honnêteté, dans l'ensemble du Canada. À part faire de beaux discours pour la forme, le premier ministre n'a rien fait pour aider concrètement ce secteur. Les heures, les jours et les mois passent, et ses paroles sont vides de sens. Étant donné les attaques passées du premier ministre envers le secteur pétrolier et gazier et son but avoué de le supprimer graduellement, il est difficile de ne pas voir cela comme une tactique dilatoire destinée à faire péricliter le secteur jusqu'à ce qu'il disparaisse.
L'agriculture est un autre secteur qui a été laissé pour compte dans le cadre des mesures du gouvernement à l'égard de la COVID-19. Les familles de travailleurs agricoles de tout le pays doivent déjà faire face à une crise qui les touche plus particulièrement. Dans la dernière année, ce secteur a déjà dû composer avec de nombreuses difficultés, et la COVID-19 est un autre coup dévastateur. Les agriculteurs doivent composer avec une hausse des coûts de fonctionnement, la perturbation du secteur des services, des pénuries de main-d'œuvre et des capacités réduites dans les usines de transformation. Les agriculteurs et les producteurs ont déjà sonné l'alarme.
Pour maintenir un approvisionnement constant en aliments sains et abordables, nous devons renforcer le premier maillon essentiel de la chaîne d'approvisionnement alimentaire. Nous savons que la Fédération canadienne de l'agriculture a demandé au gouvernement de constituer un fonds d'urgence. Or, au lieu de répondre aux difficultés liées à la COVID-19 qui touchent plus particulièrement les agriculteurs, les libéraux ont annoncé de nouveau un financement déjà prévu dans le budget. Pire encore, pendant que les agriculteurs essaient de composer avec les difficultés liées à la COVID-19, le gouvernement a augmenté la taxe sur le carbone, allant ainsi chercher plus d'argent dans leurs poches pendant la période où ils en ont le moins les moyens.
Une telle incurie à l'égard de ces deux secteurs importants pour le pays vient souligner le rôle absolument crucial du Parlement. Le gouvernement doit rendre des comptes tant sur ce qu'il fait que sur ce qu'il ne fait pas. Il est essentiel que les députés puissent soulever des questions importantes qui touchent les gens qu'ils représentent. Ils sont leur voix dans le processus démocratique.
À maintes reprises, pendant les séances du comité spécial sur la COVID-19, le gouvernement a esquivé les questions des députés de l'opposition. Il ne veut tout simplement pas y répondre. Il fait la sourde oreille aux questions qu'il ne veut pas qu'on lui pose et se justifie en disant qu'elles débordent du cadre du mandat du comité. Je dirais que les répercussions de la COVID-19 sont tellement vastes qu'il n'y a pas grand-chose qui peut déborder de ce cadre. Devant cette tendance à l'évitement, difficile de se convaincre que les choses changeront tant que la Chambre des communes ne tiendra pas de séances en bonne et due forme.
Ce n'est pas au gouvernement en place qu'il revient de décider comment il devra rendre des comptes sur sa façon de diriger le pays. Par ailleurs, le premier ministre et le ministre des Finances ne semblent pas vraiment intéressés par la responsabilité financière ni par la reddition de comptes.