Monsieur le Président, avant la période des questions, j'ai parlé des saignées. Il semble que les saignées ne se limitent pas aux interventions médicales désuètes, mais qu'elles existent encore à Environnement Canada. L'article dont j'ai lu des passages est intitulé « Les scientifiques d'Environnement Canada se font dire de rentrer dans le rang ». Jusqu'à maintenant, Environnement Canada était l'un des ministères les plus ouverts et accessibles. Un chercheur aurait déclaré qu'ils ont été muselés, selon ce que dit Weaver au sujet des chercheurs fédéraux. Il ajoute que la notion de liberté d'expression est inexistante à Environnement Canada, et qu'ils fabriquent le message scientifique.
C'est très grave. Je suis content que le député de Kingston et les Îles ait présenté cette motion, parce que les scientifiques qui travaillent à Environnement Canada et dans tout l'appareil gouvernemental sont menacés.
Cinquante pour cent d'entre eux estiment qu'il y a des exemples d’ingérence politique dans leurs travaux scientifiques qui compromettent la santé et la sécurité des Canadiens ou la durabilité environnementale. Il ne semble pas y avoir de limite à la volonté du gouvernement de museler les scientifiques; il est même prêt à compromettre la santé et la sécurité des Canadiens.
Soixante et onze pour cent de ces scientifiques croient que l’ingérence politique réduit la capacité du Canada à élaborer des politiques, des lois et des programmes fondés sur des preuves scientifiques. Cela ressemble beaucoup à mon fameux exemple de la saignée, où les considérations idéologiques ont prévalu sur les données probantes. En fait, dans l'état actuel des choses, quand les données dérangent, elles ne sont pas prises en compte.
Quarante-huit pour cent ont eu connaissance de cas où la suppression d’information par un ministère ou un organisme, ou le refus de publication, a donné une impression incomplète, inexacte ou trompeuse au public.
Soixante-quatorze pour cent estiment que la communication publique des conclusions d’études scientifiques gouvernementales est devenue trop restreinte depuis les cinq dernières années. C'est très grave.
Enfin, soixante pour cent des scientifiques d'Environnement Canada et du ministère des Pêches et des Océans ne pensent pas que le gouvernement intègre les meilleures données scientifiques sur les changements climatiques dans ses politiques.
Il ne s'agit pas simplement d'une sorte d'exercice intellectuel. La semaine dernière, après l'ajournement, la ministre de l'Environnement a dit aux journalistes et, en fait, au monde, que le Canada allait atteindre en 2030 une cible de 30 % de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Cette cible semble bonne. Ce matin, la ministre s'est présentée devant le comité des prévisions budgétaires, et je lui ai posé une question très simple: combien de mégatonnes cette cible de 30 % représente-t-elle? Ce fut fort intéressant. Le sous-ministre n'a pas laissé la ministre parler; il s'est immédiatement lancé dans un exposé alambiqué pour expliquer qu'il ne s'agissait pas d'une cible fixe. Je suis d'accord avec lui: ce n'est pas une cible fixe. Le simple petit avocat que je suis s'est demandé comment on pouvait annoncer une cible de 30 % de réduction quand on ne sait pas à combien de mégatonnes il faut parvenir. C'est difficile à dire. On réduira peut-être les émissions de 20 %, ou de 40 %, ou peut-être ne les réduira-t-on pas du tout.
C'est assez étonnant. En 2005, la cible était de 749 mégatonnes. Le calcul est simple: une réduction de 30 % est de l'ordre de 150 à 200 mégatonnes. On se serait attendu à ce qu'il soit facile de dire qu'on devrait arriver à peu près à 550 mégatonnes d'ici 2030. La ministre de l'Environnement ne le peut pourtant pas. Le sous-ministre non plus.
De deux choses l'une: ou bien le ministère de l'Environnement est incapable de faire le calcul, ou bien il est incapable de communiquer les chiffres. Si le nombre de mégatonnes que représente la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre était rendu public, les Canadiens de toutes les provinces et de toutes les allégeances sauraient si la cible était réaliste et comment le gouvernement entendait s'y prendre pour l'atteindre.
Ce débat sur la façon dont les scientifiques sont muselés est très sérieux. C'est très sérieux, car une politique est formulée et annoncée et sur quoi est-elle fondée? Le gouvernement choisit, pour une raison ou pour une autre, de ne pas présenter l'information sur laquelle il fonde ses décisions. La conséquence, c'est que nous avons des objectifs fantaisistes. La crédibilité du gouvernement est complètement minée dans ce dossier, et bien d'autres, et la conséquence de la conséquence, si vous voulez, monsieur le Président, c'est que c'est l'idéologie qui prévaut, tout comme la communication et les notes d'allocution prévalent sur toutes les questions. Les preuves? On s'en fiche, pour la simple raison qu'elles gênent.
Je remercie la Chambre de m'avoir accordé son temps et son attention. Je suis reconnaissant de pouvoir prendre la parole. Je répondrai volontiers aux questions des députés.
Mr. Speaker, prior to question period I was talking about bloodletting. It appears that bloodletting is not just limited to out-of-date medical procedures but is still living in on Environment Canada. The title of the document that I was reading from is called, “Environment Canada scientists told to toe the line”. Until now, Environment Canada was one of the most open and accessible departments. One of the researchers was quoted as saying “They’ve been muzzled,” says Weaver of the federal researchers. “The concept of free speech is non-existent at Environment Canada. They are manufacturing the message of science.”
This is serious stuff. I am pleased that the hon. member for Kingston and the Islands has brought forward this motion because the scientists who work for not only Environment Canada but also the rest of the federal government are under siege.
Fifty per cent of them believe that there are cases where the health and safety of Canadians or environmental sustainability has been compromised because of political interference with scientific work. There appears to be no end to which the government will go in order to muzzle scientists, even to the point of compromising the health and security of Canadians.
Seventy-one per cent of them agree that our ability to develop policy laws and programs are based on scientific evidence and that facts have been compromised by political interference, much like my bloodletting example where the ideology gets ahead of the evidence. In fact, the evidence is that when it is, it is inconveniently ignored.
Forty-eight per cent of them are aware of cases where the department or agency has suppressed or declined to release information, which has led to incomplete, inaccurate and misleading impressions.
Seventy-four per cent of them think the sharing of government science findings with the Canadian public has become too restrictive. This is serious stuff.
Finally, 60% of the scientists of Environment Canada and the Department of Fisheries and Oceans believe that the government is not incorporating the best climate change science into its policies.
This is not just some sort of little academic excise. Last week, after Parliament rose, the Minister of the Environment told reporters, and in effect the world, that Canada was going to reach a target in 2030 of a 30% reduction in greenhouse gas emissions. That sounds like a good target. This morning she came before the committee on estimates and I asked her a very simple question. Could she state that 30% target in actual megatonnes? It was quite interesting. The deputy minister immediately took over the question, did not let the minister speak, and went into this rather complicated story of how this was a bit of a moving target. I agree with him that it is a moving target. This simple little lawyer asked himself: how can we actually state a 30% reduced target if we do not know what the number of the megatonnes to be achieved is? It is hard to say. It may be 20%, it may 40%, or it may be no per cent at all.
It is quite strange. We are starting with a target of 749 megatonnes as of 2005. Simple math would take that down by 30%, which is somewhere between 150 megatonnes and 200 megatonnes. One would think it would be easy to say that we expect to have a target somewhere in the order of 550 megatonnes by 2030. However, the environment minister is not even able to say that. Nor is the the deputy minister.
This is either the result of the inability of Environment Canada to actually calculate the number or it is a result of the inability of Environment Canada to communicate the number. If in fact the number were stated in public as to what our megatonne target was in terms of greenhouse gas emissions reduction, then Canadians from all provinces, all stripes, would know whether this was a realistic target and would know how the government planned to get to this target.
This exercise in talking about how scientists are muzzled is very serious. It is very serious because policy is being made, being announced, and what is it based upon? The government chooses, for whatever reason, to not put forward evidence on which to base its decision-making process. The consequence is that we have fantasy targets. The government's credibility is completely shot on this file and many others, and the consequence of the consequence, if you will, Mr. Speaker, is that ideology prevails, communication and speaking points prevail over all matters, and with respect to evidence, who cares? That is simply inconvenient.
I thank the House for the time and attention. I appreciate the opportunity to speak. I look forward to questions from members.