Monsieur le président, après cette diatribe de la députée de l'opposition, je ne sais pas par où commencer. Je pourrais peut-être commencer par énoncer les nombreuses raisons pour lesquelles nous appuyons le titre abrégé de ce projet de loi, « Loi renforçant la citoyenneté canadienne ».
Je ne vais pas tenir compte de ce qu'a dit la députée de l'opposition au sujet des conservateurs qui auraient besoin d'une leçon sur la constitutionnalité... je pourrais évidemment répliquer en disant que les néo-démocrates auraient besoin eux-mêmes de plusieurs leçons. Toutefois, étant donné que le but n'est pas de s'échanger des injures, je vais plutôt faire preuve de noblesse et éviter d'aborder les questions, très actuelles d'ailleurs, concernant le comportement des députés néo-démocrates et de leur leader, monsieur le président.
Je vais m'en tenir au titre du projet de loi C-24, « Loi renforçant la citoyenneté canadienne ». Mais tout d'abord, je pense qu'il est important de mentionner que nous sommes dans un régime démocratique parlementaire. Les Canadiens nous ont confié le mandat de gouverner; nous sommes un gouvernement majoritaire. Je pense que nous avons démontré à maintes reprises notre volonté d'écouter les critiques constructives, mais comme je l'ai dit tout à l'heure, la crédibilité de certaines critiques en a pris un coup, monsieur le président, lorsque la porte-parole de l'opposition a déclaré à la Chambre, le 27 février dernier, qu'ils s'opposaient au projet de loi, et ce, avant même d'avoir entendu les témoins dont elle a parlé avec éloquence dans ses arguments au sujet du titre abrégé du projet de loi, avant même qu'il soit examiné et débattu par les nombreux témoins, et avant même d'avoir entendu quoi que ce soit à son sujet, notamment dans le cadre de l'étude article par article.
Dans un système démocratique, l'opposition oblige le gouvernement à rendre des comptes. C'est son rôle et nous en sommes conscients. Nous savons qu'il incombe à l'opposition de demander des comptes au gouvernement. Toutefois, nous aimerions que ce soit fait dans le respect du processus parlementaire, après les débats et après avoir pris en considération tous les points de vue des députés de tous les partis. Il faut que ce soit le cas en comité. Nous avons tous des liens partisans, mais nous devons mettre de côté nos allégeances politiques afin de discuter des vrais enjeux. Chose certaine, le fait de s'opposer à un projet de loi avant même d'avoir entendu un seul témoin ne donne pas beaucoup de crédibilité à l'argument de Mme Lamothe.
Cela dit, pourquoi appuyons-nous le titre « Loi renforçant la citoyenneté canadienne »? Lorsque le ministre a déposé le projet de loi C-24, il a dit clairement qu'il protégerait la valeur de la citoyenneté canadienne pour ceux qui la possèdent et établirait un processus plus rapide et plus efficace pour ceux qui souhaitent l'obtenir.
Ce sont les premiers changements exhaustifs qu'on apporte à la Loi sur la citoyenneté depuis 1977. Cela fait 37 ans. Le pays a changé depuis. Nous estimons que le projet de loi renferme de nombreux éléments très pertinents dans le contexte actuel, et ils représentent ce que veulent les Canadiens; c'est pourquoi il est important que le projet de loi soit adopté rapidement à la Chambre et qu'il obtienne la sanction royale au Sénat.
Ce projet de loi est capable d'améliorer le régime de citoyenneté. Cette mesure législative importante simplifie le programme de citoyenneté du Canada en réduisant le processus décisionnel. Cela renforce assurément la citoyenneté canadienne. Si on passe d'un processus en trois étapes à une étape unique, et qu'on permet à des hauts fonctionnaires qui ont beaucoup d'expérience et de connaissances en matière de citoyenneté de régler un dossier plus rapidement que dans le cadre d'un processus en trois étapes, on pourrait s'attendre à ce que d'ici 2015-2016, le délai moyen de traitement des demandes de citoyenneté soit de moins d'un an.
Tous les députés — peu importe leur parti — ont entendu des plaintes au sujet de la longueur du processus. Personne ici ne peut affirmer n'avoir jamais entendu un de ses concitoyens dire: « Pourquoi n'ai-je pas encore ma citoyenneté? J'attends depuis maintenant deux ans ou deux ans et demi. »
Le projet de loi permettrait de remédier à la situation; les délais de traitement seraient réduits à moins d'un an. Les personnes admissibles auraient la possibilité de devenir citoyens canadiens et de se prévaloir, beaucoup plus rapidement, des droits et des privilèges dont nous bénéficions tous.
On prévoit que d'ici 2015-2016, l'arriéré actuel des demandes de citoyenneté sera réduit de plus de 80 %. On parle ici de 80 % des gens qui attendent d'obtenir leur citoyenneté canadienne. Nous visons 2015-2016, et nous sommes en 2014.
Les frais liés aux demandes de citoyenneté refléteront mieux le coût réel du traitement. Je l'ai déjà mentionné, et les députés de l'opposition l'ont peut-être noté, mais cela nous coûte environ 550 $ pour traiter une demande. Nous proposons une augmentation marginale — un montant qui pourrait atteindre 300 $ — qui se rapprocherait du coût réel d'une demande. Je pense que ce serait plus juste envers les contribuables canadiens, qui doivent déjà assumer la majorité des coûts liés aux demandes de citoyenneté.
On parle ici de gens qui vivent déjà au Canada depuis plusieurs années, qui travaillent et qui produisent des déclarations de revenus. Ils paient déjà pour toutes sortes de choses; ils peuvent donc payer pour leur demande de citoyenneté canadienne.
Le projet de loi renforce la valeur de la citoyenneté canadienne. Le gouvernement veut également s'assurer que les demandeurs de la citoyenneté conservent des liens solides avec le Canada. Cette loi indique clairement que la période de résidence pour avoir droit à la citoyenneté exige une présence effective au Canada. Un plus grand nombre de demandeurs seront donc tenus de satisfaire aux exigences linguistiques et de réussir un test de connaissances, de sorte que les nouveaux citoyens seront mieux préparés à participer pleinement à la société canadienne. Les nouvelles dispositions aideront également les personnes qui entretiennent des liens étroits avec le Canada en accordant automatiquement la citoyenneté à d'autres Canadiens déchus nés avant 1947, et à leurs enfants de la première génération nés à l'étranger.
Les députés de l'opposition ont beaucoup parlé de cette intention de résider — pourquoi devraient-ils maîtriser l'une des deux langues officielles? Si un jeune de 16 ou 17 ans qui habite au pays depuis quatre ans ne peut converser dans l'une des deux langues officielles, c'est correct; donnons-lui une chance, c'est un enfant. Mais cela n'est pas du tout logique aux yeux des Canadiens.
Les députés de l'opposition seront peut-être étonnés d'apprendre qu'ils ne sont pas les seuls à s'adresser aux Canadiens. Nous sommes des députés et nous parlons également aux Canadiens tous les jours. Nous savons très bien que les jeunes de 14, 15, 16 et 17 ans qui sont dans le système scolaire canadien s'expriment bien mieux qu'au niveau primaire, ce qui est l'exigence ici pour obtenir la citoyenneté, dans l'une ou l'autre des deux langues officielles.
Il est donc tout à fait insensé de s'opposer pour le simple plaisir de s'opposer. Ils peuvent donc être aussi éloquents qu'ils le souhaitent, et en parler comme si c'était la fin du monde, mais il n'en demeure pas moins que l'exigence de résidence au Canada est quelque chose que veulent les Canadiens. Les gens qui sont nés ici, qui sont citoyens canadiens de naissance, qui ont passé leur vie ici, qui accueillent des gens de partout dans le monde... comme mes parents et comme la famille de bien des gens et des députés autour de cette table et à la Chambre. Seulement au caucus conservateur, les députés parlent 28 langues différentes.
Une voix: [Inaudible — Note de la rédaction]
M. Costas Menegakis: Mon collègue vient de m'informer qu'il s'agit plutôt de 40 langues.
Nous savons à quel point notre pays est accueillant. En tant que Canadiens, nous nous attendons à ce que ceux qui veulent obtenir la citoyenneté canadienne ainsi que les droits et privilèges qui l'accompagnent aient l'intention de résider au pays. C'est un principe fondamental. Nous pourrions en débattre ad vitam æternam. La réalité est que les Canadiens souhaitent que les gens qui obtiennent une citoyenneté canadienne aient les mêmes obligations et contribuent à la société canadienne.
Nous voulons nous attaquer à la fraude en matière de citoyenneté. C'est un élément clé de ce projet de loi, mais pour quelque raison que ce soit, la députée de l'opposition doute que le projet de la loi « renforce la citoyenneté canadienne ».
Le projet de loi prévoit des peines très sévères en cas de fraude et de fausse représentation, une amende maximale de 100 000 $ et jusqu'à cinq ans d'emprisonnement, et il élargit les motifs invoqués pour refuser une demande de citoyenneté pour inclure la criminalité à l'étranger, ce qui contribue à améliorer l'intégrité du programme. Je ne crois pas qu'il est irréaliste de demander aux Canadiens de s'attendre à ce que leur gouvernement n'accorde pas la citoyenneté canadienne aux criminels, et que si l'on découvre qu'une personne a obtenu sa citoyenneté par fraude, elle devrait être révoquée.
Le projet de loi protège les intérêts et les valeurs du Canada et il en fait la promotion.
Enfin, le projet de loi harmonise les pratiques du Canada avec celles de la plupart des pays semblables — un point qui n'a manifestement pas été mentionné une seule fois par les députés de l'opposition au cours du débat pendant l'étude article par article — en prévoyant que la citoyenneté peut être révoquée dans le cas d'un citoyen à double nationalité qui est reconnu coupable d'une infraction de terrorisme. Je sais que nous avons discuté de cette partie, mais nous parlons des pays semblables, et ces pays prévoient la révocation de la citoyenneté pour les citoyens à double nationalité qui sont reconnus coupables de terrorisme, de haute trahison et d'actes d'espionnage, selon la peine reçue, ou pour ceux qui prennent les armes contre le pays.
Les résidents permanents qui commettent ces actes n'auront pas le droit de faire une demande de citoyenneté. C'est très simple. Si vous commettez un acte de terrorisme ou de trahison et que vous êtes un résident permanent, tant pis, vous ne pouvez pas devenir un citoyen canadien. Cela semble-t-il sévère? Les Canadiens ne le pensent pas.
L'opposition ne devrait pas viser seulement à s'opposer. Elle devrait être constructive, et elle devrait représenter ce que nous disent les Canadiens lorsque nous quittons cet endroit exceptionnel dans lequel nous avons le privilège de servir et de représenter nos électeurs. Je suis convaincu qu'au fond d'eux-mêmes, tous les députés du Parlement sont du même avis, peu importe les commentaires partisans formulés, pas occasionnellement, mais quotidiennement, par les députés de l'opposition.
Le projet de loi reconnaît également les importantes contributions de ceux qui ont servi le Canada en portant l'uniforme, que ce soit au pays ou à l'extérieur du pays. Les résidents permanents membres des Forces armées canadiennes auront plus facilement accès à la citoyenneté canadienne. Le projet de loi énonce également que les enfants nés de parents canadiens qui sont fonctionnaires de l'État à l'étranger peuvent passer leur citoyenneté canadienne à leurs enfants, et aux enfants qu'ils ont ou qu'ils adoptent à l'extérieur du Canada. Il s'agit d'un enjeu qui me touche personnellement, et je suis tellement heureux de voir cela dans le projet de loi.
En bref, monsieur le président, le Canada réussit bien à faire des citoyens de ses immigrants. Plus de 85 % des résidents permanents admissibles au Canada deviennent des citoyens.
En raison des modifications apportées par le projet de loi C-24, les demandeurs devront être présents physiquement au Canada pendant, au total, quatre des six dernières années. En plus, ils devront être présents au Canada 183 jours par année pendant au moins quatre de ces six ans. Il ne suffit pas de venir ici, de faire une demande, de disparaître et de revenir quatre ans plus tard, en soutenant que vous avez fait une demande il y a quatre ans. Vous devez être physiquement présent ici. Je crois que c'est ce que souhaitent les Canadiens, et je crois que nous avons le devoir de les écouter et de veiller à ce que cela se produise.
Les frais liés à la citoyenneté, comme je l'ai dit, ne reflètent pas le coût réel du processus, et des changements veilleront à ce que les demandeurs soient responsables de la plus grande partie de ces coûts du processus. J'ai entendu un député libéral, à la Chambre, dire qu'il s'agissait d'une taxe déguisée. Ce n'est pas une taxe déguisée lorsque vous faites une demande pour quelque chose. Chaque jour, des Canadiens présentent des demandes pour des millions de choses différentes au Canada. Lorsque vous faites une demande d'adhésion, vous devez payer des frais. On veut nous faire croire que payer pour une demande de citoyenneté canadienne représente, en quelque sorte, une taxe déguisée...? On s'attend à ce que les Canadiens paient pour que vous deveniez un citoyen canadien...? Allons donc!
On pourrait citer de nombreuses personnes qui nous ont parlé et qui ont comparu devant le comité, mais en terminant, monsieur le président, je dirai qu'il s'agit d'un grand pas en avant très important pour le Canada. Lorsqu'on nous a élus, on nous a confié le mandat d'adopter des lois qui renforcent notre pays.
En tant que député du Parti conservateur, le parti au pouvoir, je suis fier d'appuyer ce projet de loi. À mon avis, il n'y a pas de meilleur titre abrégé que « Loi renforçant la citoyenneté canadienne ».
Merci.