Merci, monsieur le président.
C'est un grand honneur pour moi de prendre la parole aujourd'hui comme témoin à propos du projet de loi C-442, Loi concernant la stratégie nationale relative à la maladie de Lyme.
Ce projet de loi a été conçu dans une optique non partisane pour aider les gens de partout au pays. J'espère que, dans un esprit non partisan, nous pourrons mettre sur pied la stratégie prévue dans le projet de loi.
Le projet de loi introduirait un cadre de collaboration entre les ministres fédéral, provinciaux et territoriaux, de même qu'entre les représentants de la communauté médicale et les regroupements de patients, afin de surmonter le problème qu'il y a à poser un diagnostic rapide et de traiter la maladie.
Je crois que tous les membres sont maintenant au courant que la maladie de Lyme se propage, en particulier dans le sud du Canada.
Comme je viens de le dire en français, je tiens à dire qu'il s'agit ici d'une démarche où il n'y a eu aucune partisanerie. Je suis énormément reconnaissante envers tous les députés et tous les partis représentés à la Chambre, qui ont appuyé le projet de loi. Je tiens tout particulièrement à remercier la ministre de la Santé, Rona Ambrose. Je sais que ses représentants viendront témoigner au cours de la deuxième partie de notre examen du projet de loi.
Laissez-moi seulement expliquer ce que j'espère accomplir avec mon projet de loi, puis je vais vous parler de certaines des personnes qui appuient cette initiative. En effet, il jouit d'un soutien considérable de la part de la classe politique comme du milieu des experts médicaux. Bien sûr, les personnes atteintes de la maladie de Lyme d'un océan à l'autre ont apporté un soutien extraordinaire en faisant circuler des pétitions en faveur du projet de loi; je crois d'ailleurs que nombre d'entre vous en ont présenté à la Chambre au nom de leurs électeurs.
Comme vous le savez tous, un simple député qui rédige un projet de loi doit être très au fait des contraintes: le projet de loi doit clairement relever de la compétence fédérale, et il ne devrait prévoir aucune mesure qui suppose des dépenses.
Cela dit, je sais que la ministre de la Santé aimerait y apporter des amendements. Je veux que vous le sachiez d'emblée. À mon avis, les amendements que la ministre ou les représentants du ministère de la Santé vont proposer — ceux à l'égard desquels j'ai été consultée, du moins — sont tout à fait acceptables.
Je me suis efforcée de respecter les contraintes, et c'est pourquoi j'ai parlé d'une stratégie nationale relative à la maladie de Lyme. Je me suis dit qu'il valait mieux, pour éviter d'empiéter sur des compétences provinciales, de dire qu'il s'agissait d'un cadre fédéral, ou quelque chose comme ça. Évidemment, loin de moi l'idée de dire à la ministre quoi proposer, mais nous voulons nous assurer de ne pas empiéter sur la compétence provinciale. C'est ce que j'ai tenté de faire lorsque j'ai rédigé le projet de loi. Si tant est que j'aie échoué, je veux m'assurer que le projet de loi est un effort entièrement fédéral qui fait appel à la collaboration des autres administrations.
Alors, c'est la première chose à établir: la ministre fédérale de la Santé dirigerait l'initiative, mais il s'agirait vraiment d'une collaboration à l'échelle du Canada qui respecterait les compétences des provinces.
D'ailleurs, j'ai été agréablement surprise d'apprendre qu'un projet de loi reflétant le contenu du mien a récemment été déposé dans la province de la Nouvelle-Écosse. Alors, je crois que c'est peut-être le début d'une nouvelle tendance qui prend forme à mesure que les provinces prennent conscience de la propagation de la maladie de Lyme sur leur territoire.
Je félicite Santé Canada d'avoir fait de la maladie de Lyme une maladie à déclaration. Nous avons fait beaucoup de progrès grâce à cette mesure, car, il y a environ une dizaine d'années avant ça, on aurait eu du mal à trouver une administration qui pensait que la maladie de Lyme posait de sérieux problèmes. Il y a des histoires d'horreur.
La première personne atteinte de la maladie de Lyme que j'ai connue était une voisine en Nouvelle-Écosse, Brenda Sterling. C'est une figure de proue du mouvement, alors je me permets de la nommer. À l'époque où elle a contracté la maladie, elle essayait constamment de communiquer avec les autorités provinciales de la Nouvelle-Écosse. On lui répondait qu'il n'y avait pas de cas de la maladie de Lyme en Nouvelle-Écosse et qu'elle ne pouvait donc en être atteinte.
Imaginez le changement qui est survenu. Comme je l'ai dit, l'assemblée législative de la Nouvelle-Écosse est saisie d'un projet de loi qui reflète le contenu du mien.
Alors, que va faire ce projet de loi? Si le projet de loi est adopté, le ministre sera tenu de convoquer une conférence. Mon projet de loi prévoit actuellement que cela devrait avoir lieu dans les six mois. Le délai pourrait changer à la lumière des amendements proposés par le gouvernement. Je ne crois pas que cet aspect est crucial, dans la mesure où il est entendu que la conférence doit avoir lieu. Le ministre va tenir une conférence où seront conviés ses collègues des ministères provinciaux et territoriaux de la Santé, ainsi que des représentants du milieu médical et de groupes de patients, et tous ces intervenants travailleront ensemble à l'élaboration d'une stratégie.
Or, pour s'attaquer de la meilleure façon possible à cette maladie au Canada, il nous manque plusieurs éléments clés.
L'un d'eux tient au fait que nous accusons un retard par rapport aux États-Unis pour ce qui est de la sensibilisation à l'importance de la prévention, c'est-à-dire ce qu'il faut faire lorsqu'on part en randonnée. J'ai parlé hier à un cameraman de la CBC qui m'a interviewé sur la question. Il fait du bénévolat en tant qu'animateur auprès des scouts. Il dit que c'est son deuxième emploi, et il adore ça. Il emmène les enfants dans les bois. Ils ont vraiment fait beaucoup de sensibilisation à l'égard des tiques, et ils s'inspectent les uns les autres à la recherche de tiques.
Nous voulons que les gens profitent de la nature. Nous ne voulons pas qu'ils craignent de faire des randonnées et de prendre l'air. Mais nous devons les sensibiliser et leur dire de rentrer leurs jambes de pantalon dans leurs chaussettes, de vérifier après la sortie, de demander à un ami d'effectuer une inspection sur leur personne; les gens doivent savoir quoi faire s'ils trouvent une tique. La sensibilisation et la prévention sont cruciales.
Ensuite, et cet élément est beaucoup plus compliqué, il y a le diagnostic. Dans sa lettre d'appui, qui sera présentée au comité dans les deux langues officielles au cours de la deuxième heure de votre séance — j'ai vérifié auprès du greffier du comité, et il semble acceptable de faire cela —, le président de l'Association médicale canadienne, Louis Hugo Francescutti, dit ceci:
Il peut être difficile de diagnostiquer la maladie de Lyme, car les signes et les symptômes peuvent être non spécifiques et s'appliquer à d'autres affections. Si la maladie de Lyme n'est pas reconnue au cours des premiers stades, le patient pourrait devoir composer avec une maladie très débilitante qui, de surcroît, peut s'avérer plus difficile à traiter.
Nous aimerions trouver des moyens de mettre en commun les pratiques exemplaires des intervenants du milieu médical de toutes les provinces et territoires afin qu'on s'entende sur les meilleurs moyens d'établir un diagnostic, car, comme l'a souligné l'Association médicale canadienne, le traitement est excellent lorsqu'on a un diagnostic rapide. Il suffit habituellement d'un traitement aux antibiotiques pour que le patient recouvre la santé. Par contre, lorsque la maladie n'est pas prise en charge, comme c'était le cas pour mon amie Brenda Sterling, en Nouvelle-Écosse, les répercussions sont terribles. Elle était déjà en fauteuil roulant à l'époque où je l'ai rencontrée, et cela m'avait bouleversée d'apprendre qu'elle était en fauteuil roulant à cause de la maladie de Lyme.
Le prochain élément, bien sûr, est l'amélioration du traitement et de la prise en charge de la maladie, ce qui, encore une fois, peut être accompli grâce à la mise en commun des pratiques exemplaires dans le milieu médical et à l'établissement d'une approche nationale recommandée qui reflétera les pratiques exemplaires en matière de traitement de la maladie de Lyme.
Toute la documentation qui peut être diffusée est décrite dans le projet de loi; il y a donc un volet lié à la santé publique qui permettra d'accroître la sensibilisation et d'aider le milieu médical à traiter et à prendre en charge cette maladie.
Le projet de loi décrit ensuite comment le ministre de la Santé va, de façon continue, communiquer de l'information et aider ses collègues provinciaux et territoriaux ainsi que le milieu médical à travailler ensemble afin de veiller à ce que la propagation de la maladie de Lyme ne représente pas un grave risque d'invalidité permanente pour les Canadiens, alors que cette maladie est facile à traiter si on établit un diagnostic rapidement. En outre, il y a des façons d'éviter de contracter la maladie si on est sensibilisé aux dangers des tiques et des morsures de tiques.
C'est à peu près ça. Je veux seulement souligner une chose au sujet de la maladie: nous savons qu'elle est sous-déclarée au Canada. Comment savons-nous cela? Aux États-Unis, au cours de l'été 2013, les Centers for Disease Control and Prevention d'Atlanta, en Géorgie, ont, à la lumière de leur compréhension de la maladie aux États-Unis, décuplé leur estimation de la prévalence de la maladie, la faisant passer de 30 000 cas à quelque chose qui se situe autour des 300 000 cas.
Nous pouvons supposer que c'est probablement la même chose au Canada. Depuis le dépôt de mon projet de loi, des centaines de Canadiens m'ont écrit pour me raconter leur histoire. J'ai aussi entendu des témoignages de professionnels de la santé — des infirmières et des médecins — qui sont venus à mon bureau pour me dire: « je sais qu'il n'est censé y avoir que x cas déclarés dans ma province de X, mais nous croyons que le nombre réel est beaucoup plus élevé. »
C'est le bon moment pour passer à l'action. Le Parlement du Canada fait quelque chose de vraiment utile, et le ministre de la Santé, à la tête de cette initiative, peut vraiment jouer un rôle important dans la vie des Canadiens, tant ceux qui souffrent déjà de la maladie de Lyme que ceux qui peuvent l'éviter grâce aux mesures qui peuvent être prises par le truchement d'un cadre fédéral.
J'aimerais faire un dernier commentaire, monsieur le président. Ce n'est pas le genre de situation où les parlementaires devraient s'improviser médecins ou se prendre pour des médecins, ou faire en sorte que les enjeux politiques entourant la question aient une quelconque incidence sur l'approche que le milieu médical va adopter. Je crois que c'est vraiment important. Dans certains cas, aux États-Unis, il y a eu des aspects où le milieu médical trouvait que les politiciens étaient allés trop loin. Encore une fois, je suis très reconnaissante au milieu médical et aux organismes établis du Canada, qui appuient sans réserve le projet de loi. Nous ne sommes pas médecins. Nous sommes ici pour faire avancer les politiques publiques.
Sur ce, je suis à votre disposition si vous avez des questions.