Monsieur le Président, j’ai toujours cru que le député de Winnipeg-Nord aimait débattre seulement pour pouvoir s’entendre parler, mais je m’écarte du sujet.
Je suis heureux de prendre la parole aujourd’hui au sujet de la motion de l’opposition du Parti conservateur du Canada sur les changements climatiques et l’environnement. Je partagerai mon temps de parole avec le député de Perth—Wellington.
Je tiens à dire que seul le gouvernement libéral pouvait parler d’environnement pendant quatre ans, rompre sa promesse de respecter l’Accord de Paris sur les changements climatiques et finir par imposer une taxe aux Canadiens afin de camoufler son incompétence, ses dépenses excessives et sa gestion du dossier de l’environnement.
Pour ceux qui me connaissent et qui savent d’où je viens, je dirai que j’ai toujours cherché à présenter des idées et des solutions aux nombreux problèmes auxquels ma circonscription et notre pays sont confrontés. Bien que je ne sois pas aussi bon pour donner aux médias des petites phrases percutantes ou pour faire les commentaires cinglants qui semblent attirer le plus l’attention dans les médias sociaux, j’ai essayé, à ma façon, de tendre la main aux gens et de dégager des consensus pour faire avancer les choses.
Aujourd’hui, je veux adopter la même attitude concernant la grande question de l’environnement, de la conservation des ressources et des changements climatiques. Comme beaucoup de députés, je représente une vaste circonscription en superficie. Dans tout l’Ouest du Manitoba, des fermes et des collectivités parsèment le paysage des Prairies, et ce, depuis de nombreuses générations. Près de la moitié des gens que je représente vivent à l’extérieur de la ville de Brandon, dans la vingtaine de municipalités que compte la circonscription.
Ces personnes sont parmi les plus travaillantes, les plus terre-à-terre et les plus déterminées que vous ne pourrez jamais rencontrer dans notre grand pays. Vivre dans une région rurale du Canada présente des défis uniques. Ces défis s’accompagnent également d’un mode de vie comme nul autre. Notre lien avec la terre, l’air et l’eau est solide, parce que notre gagne-pain en dépend littéralement.
Ayant été agriculteur la plus grande partie de ma vie, j’ai acquis l’intime conviction que si nous prenons soin de la terre, elle prendra soin de nous. Mon père nous a élevés, mon frère et moi, en nous répétant ces mots, et je l’ai vécu selon ce principe. Je tiens à dissiper immédiatement le mythe selon lequel les agriculteurs ou les gens des régions rurales qui s’opposent à la taxe sur le carbone ne se soucient pas de l’environnement. Ils s’en soucient énormément. Ils sont tout simplement très réfractaires à payer une nouvelle taxe imposée aux provinces qui aura des répercussions disproportionnées sur les habitants des régions rurales.
Mettons-nous un instant à leur place. De nombreuses familles doivent parcourir de longues distances pour se rendre au travail. De nombreux aînés doivent se rendre à Brandon en voiture pour consulter un médecin ou un opticien. Les parents doivent conduire leurs enfants dans diverses villes pour qu’ils puissent faire du sport ou répéter avec leur chorale.
N'oublions pas non plus les étudiants de l’Université de Brandon et du Collège communautaire Assiniboine qui vivent encore à la ferme de leurs parents ou dans leur collectivité rurale et qui doivent se rendre chaque jour en ville pour suivre leurs cours. On ne parle pas d’activités facultatives que les gens peuvent simplement décider de ne pas faire ou de faire moins souvent. Il n’y a pas de métros ni de trajets d’autobus à leur disposition. Croyez-moi, si les gens n’étaient pas obligés de conduire dans nos intempéries hivernales, ils ne le feraient pas.
Depuis le tout début, je crois que le gouvernement a mal géré la mise en œuvre de la taxe sur le carbone.
D’abord et avant tout, le moins qu’on puisse dire, c’est que de nombreux Canadiens, surtout ceux que je représente, ont des craintes au sujet des priorités du gouvernement fédéral. Annoncer que le gouvernement fédéral est sur le point d’imposer une nouvelle taxe, en disant que les gens n’ont pas à s’inquiéter parce qu’ils n’en ressentiront pas les effets, tout en prétendant que cela permettra de lutter contre les changements climatiques, n’est pas la meilleure façon d’obtenir l’adhésion de ceux qui sont sceptiques.
Deuxièmement, lorsque nous avons tenté en vain d’obtenir des données chiffrées du ministre des Finances, elles étaient tellement caviardées qu’elles n’avaient plus aucun sens.
Troisièmement, lorsque la province du Manitoba a présenté un plan visant à réduire les émissions de carbone, le gouvernement fédéral l’a rejeté en disant que, peu importe le nombre de tonnes de CO2 que ce plan allait réduire, il devait inclure une taxe sur le carbone de 50 $ la tonne.
Ma province a essayé de travailler de bonne foi avec le gouvernement fédéral, mais elle s’est fait rabrouer. Pas étonnant qu’elle ait décidé d’intenter une poursuite. Si c’est ainsi que le fédéralisme fonctionne actuellement dans ce pays, il n’est pas difficile de comprendre pourquoi les premiers ministres des provinces s’inquiètent des autres initiatives du gouvernement libéral, comme les projets de loi C-48 et C-69.
Je suis également troublé par le fait qu’en politique canadienne, le critère décisif de l’engagement envers l’environnement soit maintenant centré sur le soutien d’une taxe sur le carbone de 50 $ la tonne. C’est peut être le cas dans certains milieux, mais je peux assurer aux députés que les Canadiens ordinaires n’ont pas cette optique lorsqu’ils parlent de cela avec leur famille et leurs amis. Ce n’est pas que mes collègues conservateurs ou les gens qui s’opposent à la taxe sur le carbone ne se soucient pas des changements climatiques; nous ne croyons tout simplement pas que la taxe sur le carbone soit la meilleure façon de régler le problème.
Demain, notre chef exposera sa vision et présentera une solution de rechange à ce que le gouvernement fédéral actuel impose. En raison du discours politique déjà difficile sur cette question, je peux à peine imaginer les termes exagérés qui seront utilisés pour y répondre. J’exhorte les libéraux à ne pas rendre publique leur réponse toute faite avant même que le discours ait été prononcé. Les libéraux ont attendu si patiemment que j’espère qu’ils seront très attentifs. Je veux que le gouvernement reconnaisse qu’il existe d’autres façons de lutter contre les changements climatiques que d’imposer une taxe sur le carburant que les familles mettent dans leurs fourgonnettes.
Je souhaite que les libéraux reconnaissent que l’imposition d’une taxe sur le carbone à l’énergie qu’utilisent les agriculteurs pour faire transporter leurs céréales ne fait qu’alourdir les coûts de l’industrie, qui est déjà confrontée à des prix et des marchés difficiles. Je veux qu’ils commencent à écouter les agriculteurs qui ont des idées pour réduire et séquestrer le carbone sans imposer de nouvelle taxe. L’industrie agricole a réalisé de grands progrès dans la gestion de l’environnement, qui profitent à la société, et cela presque uniquement grâce aux innovations qu’elle a faites à ses propres frais. Il existe des modèles éprouvés qui ont donné des résultats tangibles et significatifs.
J’ai toujours préconisé un de ces exemples de mise en œuvre d’un programme de diversification de l’utilisation des terres et d’expansion des programmes de restauration des terres humides. Pour ceux qui n’ont pas écouté le député de Dauphin—Swan River—Neepawa, je peux leur assurer que son message au sujet de la consommation accrue de bœuf et de ses bienfaits pour l’environnement repose sur des données scientifiques empiriques.
Au fil des ans, à titre de chef de file dans le domaine agricole, de député provincial et aujourd’hui de député fédéral, j’ai été confronté à de nombreuses questions qui ont une incidence sur notre environnement. Chez nous, on n’a pas besoin de test décisif pour déterminer l'engagement à l’égard d’un enjeu. Nous nous efforçons de rassembler les gens pour trouver des solutions. Un jour peut être, ces valeurs déteindront sur nous tous en cette enceinte lorsque nous devrons surmonter nos différences.
Je vais vous donner un seul exemple dont on peut s'inspirer. Le Manitoba est sujet aux inondations depuis aussi longtemps que l’on recueille des données à ce sujet. Comme nous sommes au fond du bassin, nous avons dû faire face depuis des générations au ruissellement printanier et aux inondations localisées qui créent des maux de tête dans nos collectivités. C’est un premier ministre progressiste-conservateur, Duff Roblin, qui a mis en œuvre une série de projets de travaux publics visant à protéger les collectivités des bassins de l’Assiniboine et de la rivière Rouge, projets qui ont particulièrement atténué les inondations qui auraient frappé Winnipeg en 1997. Depuis lors, on a apporté d’importantes améliorations à la protection contre les inondations dans les rivières Souris, Rouge et Assiniboine. J’ajouterai que cette question n’est pas teintée de partisanerie au Manitoba.
Les précédents gouvernements conservateur fédéral et néo-démocrate provincial ont tous deux investi dans des ouvrages de protection de Brandon, de Melita, de Reston, de Souris, de Deloraine, d’Elkhorn et de Wawanesa. Le canal d’évacuation des crues de la rivière Rouge a aussi été agrandi pour moins cher que prévu au budget.
C’est après la dernière inondation que de nombreuses personnes du bassin de la rivière Assiniboine ont décidé qu'il fallait travailler ensemble. Allan Preston et Wanda McFadyen ont piloté une initiative qui a regroupé les gouvernements de la Saskatchewan, du Manitoba et du Dakota du Nord sous une seule organisation, aux côtés des municipalités, des agriculteurs et des districts de conservation. Nous vivons tous dans le même bassin hydrographique et nous avons dû cesser de travailler en vase clos.
Une approche universelle pour la gestion de l’eau ne convient pas et ne fonctionnera pas non plus pour la taxe sur le carbone. C’est pourquoi il a été si décevant de voir comment le gouvernement fédéral a mis au rancart le plan sur les changements climatiques présenté par le Manitoba. À moins d’un changement d’attitude, de plus en plus de Canadiens verront la position rigide adoptée par certains membres du gouvernement et décrocheront. Nous savons aussi que les changements climatiques sont un problème mondial qui appelle des solutions mondiales. L’approche actuelle ne reflète pas cette réalité.
Je crois fermement que le Canada est bien placé pour offrir ces solutions. Demain, nous commencerons à présenter notre solution de rechange à la taxe sur le carbone et à discuter de ce qui la remplacera. J’invite mes collègues libéraux, surtout ceux qui représentent des régions rurales, à se joindre à moi pour appuyer cette motion. Je leur demande de bien vouloir défendre les intérêts de leurs électeurs, d’abroger la taxe sur le carbone et de la remplacer par un véritable plan environnemental.