Madame la Présidente, je vais partager mon temps de parole avec la députée de Victoria.
Je prends la parole encore une fois pour parler d’un régime d’assurance-médicaments. Il est vraiment regrettable qu’il faille attendre une motion de l’opposition pour pouvoir aborder cette question. Cela montre bien que le gouvernement n’a rien présenté à la Chambre qui permet de favoriser la mise sur pied d’un régime national d’assurance-médicaments. Pourtant, nous savons qu'un tel régime est nécessaire. Nous l’avons fait valoir à maintes reprises dans le passé, et les Canadiens sont très conscients de la nécessité de mettre en œuvre un tel régime.
Lors d’une assemblée publique par téléconférence tenue dans ma circonscription, nous avons fait un petit sondage auprès des centaines de personnes qui y participaient. Nous leur avons demandé si eux-mêmes ou certaines de leurs connaissances, des amis proches ou des membres de leur famille coupaient leurs comprimés en deux, préféraient se priver de nourriture, avaient des difficultés à payer leur loyer ou décidaient de se passer de leurs médicaments sur ordonnance parce qu’ils devaient faire un choix entre se nourrir ou payer le loyer. Nous leur avons demandé combien devaient vivre avec les conséquences de ne pas pouvoir se soigner, et nous avons constaté que c’était à peu près le tiers des gens d’Elmwood-Transcona. Cela correspond à peu près au sondage national qui indique qu’un grand nombre de Canadiens sont dans cette situation. Pourquoi?
Nous savons qu'au Canada, les prix des médicaments figurent parmi les plus élevés au monde. Le secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé a dit tout à l’heure qu’il était important de comprendre pourquoi les prix au Canada sont parmi les plus élevés des pays de l’OCDE. Nous savons pourquoi. C’est parce que nous sommes l’un des rares pays à ne pas avoir de régime national d’assurance-médicaments. Il n’y a pas de mystère. Nous savons exactement pourquoi. Le secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé a parlé des mesures superficielles que prend le gouvernement pour régler le problème et il se demandait pourquoi elles ne fonctionnent pas.
Nous savons, d’après les innombrables rapports qui remontent aux années 1960, que la façon de faire de sérieux progrès dans ce dossier consiste à aller droit au but et à mettre en place un régime public d’assurance-médicaments national, universel et à payeur unique. Si nous faisions cela, nous verrions le Canada chuter dans la liste de l’OCDE des pays où les médicaments sont les plus coûteux. Ce n’est pas bien malin. Le seul mystère est de savoir pourquoi un parti qui a promis cela il y a 23 ans pendant sa campagne électorale, et qui a formé plusieurs gouvernements majoritaires depuis, n’a pas réussi à mettre cette assurance sur pied. Je suis trop gentil d’appeler cela un mystère. Cela demeure un mystère si nous n’expliquons pas aux gens fâchés ce qui nous semble être l’évidence même, c’est-à-dire que les lobbyistes des sociétés pharmaceutiques et des compagnies d’assurance ont manifestement beaucoup d’influence sur le gouvernement. Voilà pourquoi nous ne réussissons pas à faire avancer ce dossier important.
Les libéraux répondent que le NPD veut aller trop vite, qu’il est beaucoup trop pressé. Nous parlons ici d’une politique proposée pendant les années 1960 et d’une promesse que les libéraux ont faite il y a plus de 23 ans, alors je ne crois pas que les néo-démocrates soient trop pressés. Cela reviendrait à dire qu’une personne qui a contracté une hypothèque de 25 ans sur sa maison était trop pressée et qu’elle n’aurait pas dû amortir sa maison sur 25 ans, mais étendre cela sur une plus longue période. On peut accomplir beaucoup de choses en 25 ans. Des gens sont morts en attendant un régime national d’assurance-médicaments, et j’espère que cela ne se produira plus. Nous avons les preuves et les résultats de recherche en main. Nous espérions que dans ces conditions, la présente législature mettrait cette assurance sur pied.
Plus tôt pendant le débat d’aujourd’hui, quelqu’un a parlé de l’établissement du régime d’assurance-maladie à l’échelle du pays pendant les années 1960, ajoutant qu’il était dû à une collaboration entre le gouvernement libéral minoritaire de l’époque, sous Pearson, et le NPD. Les néo-démocrates espéraient que les libéraux seraient disposés à prendre une décision audacieuse. Les circonstances sont les mêmes aujourd’hui, et nous sommes prêts à travailler avec le gouvernement.
Nous avons rédigé un projet de loi pour encadrer cette initiative et nous avons déposé la motion aujourd’hui. Les résultats de recherche existent déjà. Non seulement le directeur parlementaire du budget et un certain nombre de groupes de la société civile et du milieu universitaire qui ont étudié la question les ont déjà en main, mais le gouvernement, pendant la dernière législature, a commandé un rapport qui recommande exactement ce que nous proposons. La recherche a été effectuée. Le Parlement a toutes les conditions qu’il exigeait.
Si les libéraux ont besoin de blâmer quelqu’un, ils peuvent dire aux compagnies d’assurance et aux sociétés pharmaceutiques qu’ils se sont efforcés de protéger leurs profits, mais que les maudits néo-démocrates ne leur ont laissé aucun répit et qu’ils ont été obligés d’établir cette assurance. Les libéraux peuvent nous blâmer, nous comprendrons. Cela ne nous dérange pas d’être vus comme des pas fins par les compagnies d’assurance et les sociétés pharmaceutiques si cela nous permet d’arracher la victoire pour les Canadiens qui ont un mal fou à payer leurs médicaments. Ils peuvent nous blâmer. C’est ainsi que nous avons accompli beaucoup de bonnes choses pour notre pays.
Le problème, c’est que le gouvernement ne veut pas d’entente et ne veut pas avancer. Ce qui est frustrant dans ce cas-ci, c’est que beaucoup de Canadiens ont eu l’impression qu’avec la composition actuelle du Parlement, une politique sensée aurait pu être proposée.
Souvent, lorsqu’il est question d’aide à la population, les premières objections concernent le coût des mesures envisagées et où trouver l’argent pour les financer. Le fait est que nous pouvons non seulement maintenir le niveau de service actuel, mais l’étendre à tout le monde tout en économisant des milliards de dollars. Nous dépensons déjà cet argent. En fait, nous dépensons déjà trop pour les médicaments sur ordonnance au Canada. La recherche le prouve éloquemment, et nous pensions que le contexte politique serait favorable pour que tous les morceaux tombent en place.
Ce qui se passe en partie, si nous examinons la situation et la réticence des libéraux à profiter de la présente session parlementaire pour réaliser des gains importants, relève en quelque sorte d’une sagesse conventionnelle dépassée. Le Parti libéral doit réaliser que les temps ont changé. Ce n’est plus tout à fait pareil depuis 1993, mais il y a quand même une image qui reste dans la tête de bon nombre de Canadiens. Ils se souviennent des gouvernements libéraux minoritaires qui collaboraient de façon constructive avec le NPD pour réaliser de grandes choses, mais aujourd’hui, c’est comme mettre du beurre sur une brûlure. C’est une chose que les gens faisaient autrefois parce que cela semblait être une bonne idée.
Toutefois, lorsqu’on examine les faits jusqu’ici cette session, et le bilan des gouvernements libéraux majoritaires au pouvoir depuis 1993, on constate que cette notion est de plus en plus dépassée. Les faits réfutent l’affirmation selon laquelle les libéraux sont ici pour accomplir de véritables progrès et sont prêts à proposer de nouvelles politiques sociales novatrices qui permettraient non seulement d’économiser de l’argent, mais qui élargiraient aussi les services offerts aux Canadiens. C’est un message que les Canadiens doivent selon moi prendre au sérieux.
Au cours de la plus récente campagne électorale, il a beaucoup été question de ce qu’un gouvernement minoritaire pourrait réaliser, et je sais que pour la population non seulement d’Elmwood—Transcona, mais de partout au pays, on espérait vraiment pouvoir assister à ce genre de collaboration. C’est un point de départ, comme je l’ai dit. Nous avons beaucoup travaillé pour que le gouvernement libéral puisse avancer le plus facilement possible. Nous en avons désespérément besoin. C’est une mesure qui, lorsqu’on examine les avantages potentiels pour les Canadiens dans leur vie quotidienne, a d’énormes répercussions, et il est rare que nous obtenions ce genre d’avantages tout en économisant de l’argent.
Selon le directeur parlementaire du budget, nous dépensons déjà plus de 4 milliards de dollars par année que nous pourrions ainsi économiser. Les députés peuvent consulter d’autres études. Il y est question de dépenses de 6, 8 ou 10 milliards de dollars par année. Tous s’entendent pour dire que les hypothèses à la base du rapport du directeur parlementaire du budget sont très prudentes.
Voilà où nous en sommes. Le contexte politique est favorable. La recherche est éloquente. Nous pouvons y arriver. C’est exactement ce que nous devons faire, et c’est ce que nous attendons.
Une voix: Vous devez redemander le partage de votre temps de parole. Ils ne vous ont pas entendu.
M. Daniel Blaikie: Je sais.