Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord, dans mon rôle de vice-présidente, apporter certaines précisions quant aux informations fournies par notre président.
La séance qu'entreprend actuellement le Comité permanent de la santé survient au beau milieu d'une pandémie qui a entraîné de nombreux décès au Canada et imposé un fardeau financier considérable à des millions de Canadiens. Cette réunion se tient en vertu du paragraphe 106(4) du Règlement. Il s'agit d'une disposition d'ordre procédural qui permet aux membres d'un comité de convoquer une séance afin que le comité se penche sur une question qu'ils considèrent urgente.
L'avis à l'origine de la présente séance a été donné au Comité parce que nous nous retrouvons dans une situation d'extrême urgence au Canada. Ainsi, de nombreux pays du monde reçoivent actuellement des doses de ce qui est sans doute maintenant le bien le plus précieux sur la planète, soit le vaccin de Pfizer qui permet de sauver des vies. Le Canada n'en reçoit cependant aucune, même si le gouvernement avait assuré aux Canadiens que ce serait le cas. Le gouvernement aurait sans doute dû anticiper la situation actuelle à la lumière des informations que lui a transmises l'entreprise pharmaceutique pendant l'automne et vu qu'il est chose courante que l'on doive augmenter la production dans le cas d'un nouveau produit.
Cette séance vise donc à nous permettre de présenter une motion nous autorisant à nous pencher sur les raisons pour lesquelles le Canada ne reçoit pas actuellement ces doses de vaccin. J'ose espérer que nous pourrons mettre de côté nos différends et nos allégeances politiques pour convenir qu'il s'agit d'un enjeu auquel le Comité permanent de la santé doit s'intéresser sans tarder.
Pourquoi avons-nous invoqué le paragraphe 106(4) du Règlement? Notre président fait valoir qu'il n'y a rien de remarquable dans la situation actuelle et qu'il est chose courante que 45 jours s'écoulent ainsi entre les séances des comités en raison du congé des Fêtes, mais c'est justement la raison d'être du paragraphe 106(4). Je vous dirais pour ma part qu'il se produit actuellement quelque chose de remarquable avec ces dizaines de Canadiens qui meurent chaque jour, victimes d'un virus, alors que ces décès pourraient être évités si le vaccin était administré.
Une telle vision bureaucratique et complaisante de la situation empêche un comité parlementaire de remplir son mandat lié à la santé en plein coeur d'une pandémie. Je trouve un peu problématique que l'on puisse considérer qu'il n'est pas inhabituel que notre comité ne tienne pas de séance dans ces circonstances.
Par ailleurs, le Parlement a repris ses travaux en ce lundi matin. Je précise pour ceux qui nous regardent, car c'est sans doute une question de régie interne aux yeux de certains, que notre comité se réunit généralement les lundis et les vendredis. La présidence n'a convoqué aucune séance pour ce lundi-ci. Cela n'a pas manqué de me préoccuper lorsque je m'en suis rendu compte la semaine dernière. Ainsi, nous ne nous serions pas réunis pour traiter de nos affaires courantes aujourd'hui et notre première séance n'aurait eu lieu que vendredi. Nous aurions alors tenu la séance convoquée par les libéraux, si bien qu'il ne nous aurait sans doute pas été possible de faire comparaître la ministre de la Santé ou la ministre de l'Approvisionnement pour discuter d'une pénurie de vaccins qui coûte littéralement la vie à des gens et qui nous affectera pendant un bon moment encore.
Les Canadiens méritent mieux que cela, et c'est ce qui nous a incités à formuler cette requête. Nous devons mettre de côté les arguments d'inspiration bureaucratique quant aux raisons pour lesquelles notre comité ne se réunit pas et nous mettre résolument au travail pour répondre aux besoins de nos commettants et commettantes. Notre comité existe justement pour demander des comptes au gouvernement relativement aux décisions qu'il prend.
Notre président nous a exposé différentes raisons pouvant nous inciter à amender cette motion en nous indiquant comment elle pourrait s'inscrire dans les paramètres de telle ou telle autre motion. Dans les faits, il est possible pour le Comité de modifier son mandat et ses tâches lorsqu'il le juge approprié, comme le gouvernement nous le rappelle souvent en réponse à nos questions au sujet des comités à la Chambre en cherchant le moyen de présenter les choses à son avantage.
Dans le contexte actuel, il est important de rappeler à notre président que notre pays est confronté à un défi gigantesque. Nous devons savoir pourquoi nous devons composer avec une pénurie de vaccins et, ce qui est plus crucial encore, ce que fait le gouvernement pour y remédier. C'est absolument primordial, car c'est le seul espoir que nous pouvons offrir aux Canadiens dans l'état actuel des choses. C'est sans doute l'élément le plus significatif du travail actuel du Parlement. La situation est grave, et nous devons agir.
Je serais très mal à l'aise de devoir me présenter devant mes électeurs pour leur faire lecture de longs textes procéduraux leur expliquant les raisons pour lesquelles il nous était impossible d'inviter la ministre de la Santé ou la ministre de l'Approvisionnement, qui est responsable de la livraison de vaccins au Canada, à comparaître aujourd'hui devant le Comité de la santé.
En fait, je n'accepte aucun des arguments que le président a essayé de faire valoir concernant des modifications à apporter à ma motion. La motion que je m'apprête à présenter sert bien les intérêts de tous les Canadiens. Elle permet toujours aux libéraux de tenir les réunions qu'ils ont proposées. En fait, elle leur donne l'occasion de décider s'ils veulent tenir une réunion sur laquelle nous nous étions entendues dans un contexte complètement différent, il y a six semaines, avant que nous nous trouvions dans une situation où le Canada manque de vaccins, contrairement à d'autres pays. Ce sera vraiment aux libéraux de décider. Je vais reprendre cela dans le libellé de la motion.
Compte tenu du manque de vaccins, et étant donné qu'il nous faut obtenir des réponses pour les Canadiens, je pense qu'il est important que nous examinions la motion telle que je l'ai présentée dans la lettre. Les Canadiens ont besoin de savoir à quel moment exactement ils pourront recevoir un vaccin, et les provinces ont besoin de savoir quand les vaccins arriveront pour qu'elles puissent planifier leur distribution.
Monsieur le président, si vous deviez déclarer la motion irrecevable, mon instinct me pousserait à contester votre décision pour toutes les raisons que je viens de vous donner. Nous devons le faire, et vous le savez. Chaque Canadien compte sur ce comité pour qu'il fasse ce type d'examen. Il y a des médecins au sein de ce comité. Nous devons aller au fond des choses, et nous avons besoin d'une voie à suivre.
Cela dit, monsieur le président, je propose:
Que le Comité invite la ministre de la Santé, la ministre de l'Approvisionnement et leurs fonctionnaires à se présenter devant le Comité pendant au moins deux heures, chacun, pour discuter de toutes les questions liées à la stratégie de vaccination contre la COVID-19 au Canada, et que cette réunion ait lieu, au plus tard, le 5 février 2021;
Que, conformément à une motion adoptée antérieurement par le Comité, le greffier du Comité soit chargé de fixer la quatrième réunion finale convenue concernant le thème de la santé mentale, choisi par les libéraux, dans le cadre de l'étude sur la COVID-19 au cours de la réunion habituelle du Comité, prévue le 1er février 2021, à moins que les députés libéraux du Comité décident de renoncer à cette réunion en faveur du début des réunions sur le prochain thème de l'étude sur la COVID-19 du Comité;
Que le Comité choisisse son prochain thème d'étude sur la COVID-19 de la manière convenue dans la motion initiale, le prochain thème étant choisi par les députés conservateurs siégeant sur le Comité, les députés conservateurs choisissant le thème de toutes les questions liées à la stratégie de vaccination contre la COVID-19 au Canada et que la première réunion sur ce thème commence à la prochaine réunion régulière du Comité, après le 1er février 2021, soit le 5 février 2021, à moins que les députés libéraux siégeant sur le Comité ne choisissent de renoncer à la dernière réunion sur le thème précédent selon l'option décrite ci-haut, et que les diverses parties soumettent, au greffier, des témoins pour ces quatre réunions concernant les vaccins, au plus tard, le 28 janvier 2021 à 16 h (HNE).
Encore une fois, je veux dire à mes collègues qui se demandent s'ils appuieront la motion que dans leurs circonscriptions respectives, des communautés sont actuellement en confinement. Pour ceux d'entre vous qui sont au Québec, un couvre-feu y a été instauré. Il y a des établissements de soins de longue durée dans bon nombre de vos circonscriptions. Je sais que des collègues m'ont envoyé des courriels m'informant qu'un variant s'est propagé dans leur établissement de soins de longue durée et que plus de 40 personnes sont décédées ces derniers jours. Des travailleurs de la santé de première ligne appellent en pleurant et demandant à quel moment ils recevront leur vaccin. Dans certains cas, les personnes ont reçu une dose du vaccin et ne savent pas quand elles recevront la seconde dose. Si la livraison de vaccins est retardée pendant un certain temps, qu'est-ce que cela signifie pour leur santé? Est-ce que cela va fonctionner? Les gouvernements provinciaux disent au gouvernement fédéral qu'ils ne peuvent pas fournir ce qu'ils n'ont pas reçu.
Il y a des moments où nous ne nous entendrons pas au sein de ce comité. Il y a des moments où nous aurons des opinions divergentes sur des politiques, mais cette motion est présentée de manière très raisonnable. Elle donne aux libéraux la possibilité de procéder vendredi selon le calendrier que nous avions avant Noël, avant que tout cela n'arrive. Cela dépend vraiment du Parti libéral. Je ne voulais pas me battre contre vous sur ce point. C'est à vous de décider.
Nous vous donnons le choix, mais en aucun cas les libéraux ne peuvent dire que la ministre de la Santé et la ministre de l'Approvisionnement ne devraient pas témoigner devant le Comité permanent de la santé d'ici deux ou trois semaines pour répondre à ces questions. Chaque jour qui passe sans qu'elles ne comparaissent, sans que nous obtenions l'information, chaque jour qui passe au cours duquel nous entendons seulement des platitudes, est un jour de plus durant lequel des gens contractent la COVID, les travailleurs de la santé sont stressés et anxieux et nous sommes soumis à un couvre-feu ou confinés.
Le ministre des Affaires étrangères laisse planer l'idée de recourir à la Loi sur les mesures d'urgence. Notre pays doit agir. Pour ceux d'entre vous qui n'ont jamais connu une telle situation — ou peut-être il s'agit de votre premier mandat au Parlement —, voilà ce qui se passe, et voilà pourquoi ce comité existe. Il existe pour obtenir ce type de réponses. Si la motion devait être adoptée, ce qu'elle indique, c'est que nous allons commencer à examiner le prochain thème de l'étude la semaine prochaine ou vendredi, en fonction de ce que le Parti libéral veut faire.
C'est à vous de décider. La santé mentale et importante, les vaccins sont importants. À vous de jouer.
De plus, afin d'obtenir des réponses, nous invitons à comparaître devant notre comité les ministres qui sont responsables de l'obtention de vaccins pour le Canada. Comment allons-nous nous en sortir? Je serai très honnête avec vous. Je viens de participer à un panel vraiment terrible sur CTV avec un de nos collègues libéraux, qui laissait entendre que le Canada n'atteindrait pas la cible à moins que nous approuvions des candidats-vaccins qu'aucun autre pays n'a approuvés. Il a ensuite dû revenir sur cette déclaration. J'aimerais que les ministres viennent témoigner pour aller au fond des choses.
Avec le plus grand respect et une grande humilité, je soumets la motion présentée dans cet avis donné conformément à l'article 106 du Règlement. Monsieur le président, si vous la jugez irrecevable, je contesterai votre décision, car je pense que vous la jugeriez irrecevable par complaisance, et non pas pour l'intérêt des Canadiens. J'encouragerais tous mes collègues à faire en sorte que votre décision soit annulée.
Il faut que les ministres témoignent devant notre comité, et nous devons obtenir des réponses des compagnies pharmaceutiques au sujet de l'approvisionnement en vaccins, car nous avons besoin d'une voie à suivre. En tant que vice-présidente du Comité permanent de la santé, députée et Canadienne, je ne me sentirais pas à l'aise si nous faisions moins que cela. C'est ce que notre comité doit faire au cours du mois prochain: mettre les différences de côté et aller au fond des choses.
Je veux dire à ceux d'entre vous qui sont des députés libéraux qu'il y a eu des moments où j'ai dû penser à ce qui était dans l'intérêt de mes électeurs et pas nécessairement dans celui de mon parti politique. Je vous encourage vivement à y réfléchir en ce moment.
Il n'y a aucune raison, aucune raison logique, pour laquelle la ministre de la Santé et la ministre de l'Approvisionnement ne devraient pas témoigner devant le Comité permanent de la santé à ce moment-ci. J'espère que nous pourrons appuyer la motion, établir un calendrier, puis obtenir des réponses et donner de l'espoir aux Canadiens.
Merci.