Tout d'abord, je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous.
Les forces de l'Éthiopie et de l'Érythrée dans la région d'Amhara, conjuguées à celles des Émirats arabes unis, de la Turquie et de l'Iran, commettent des atrocités sans précédent, des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre, des viols massifs, des nettoyages ethniques et des génocides, et elles imposent notamment des blocus à la population du Tigré depuis près de deux ans, ou 19 mois pour être précis.
L'immolation cruelle et délibérée d'un membre de la dissidence tigréenne dont nous avons récemment été témoins n'est pas un incident isolé. Il s'agit simplement d'une continuation de la guerre d'extermination en cours, parrainée par le gouvernement éthiopien.
C'est une manifestation de la campagne généralisée et persistante de diffamation des Tigréens qui a été instiguée par le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, et ses conseillers. Les Tigréens sont devenus le point de mire de la colère publique et ont été désignés par des termes incendiaires tels que « hyènes de jour », « pilleurs », « junte », « mauviettes », « cancer », « terroristes », « ennemis du peuple éthiopien », etc. Vous vous souvenez peut-être que les Tutsis au Rwanda ont été qualifiés de « cafards » et les Juifs, de « rats ». Comme l'a déclaré un envoyé de l'Union européenne, les dirigeants éthiopiens lui ont dit, lors de discussions à huis clos au début de l'année dernière, qu'ils allaient anéantir les Tigréens pendant 100 ans.
Autre exemple: Daniel Kibret, conseiller principal du premier ministre Abiy Ahmed, a prononcé plusieurs discours haineux contre les Tigréens, pendant lesquels il a déclaré à son auditoire que les Éthiopiens devaient veiller à les éliminer non seulement de la surface de la Terre, mais aussi de leur esprit et de leur conscience.
Le professeur Jan Nyssen de l'université de Gand a indiqué qu'au cours des 17 derniers mois, environ 500 000 civils, dont des enfants, sont morts par manque de nourriture et de soins de santé, le Tigré étant soumis à un blocus complet. Comme l'a indiqué le Dr Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, la situation au Tigré n'est comparable à nulle autre au monde. Il est contraire au droit international de bloquer délibérément et systématiquement l'aide humanitaire vitale, qui comprend les médicaments, la nourriture, les banques, l'eau, l'électricité, le carburant ou le gaz, ainsi que les communications téléphoniques, Internet, terrestres et aériennes.
Nous demandons au gouvernement canadien et à la communauté internationale de prendre des mesures concrètes pour mettre fin au siège de la région du Tigré en Éthiopie. Les Nations unies ont signalé qu'il y a là‑bas une grave pénurie de nourriture et de fournitures humanitaires, en raison de la guerre et du blocus, et que plus de 90 % de la population a un besoin de recevoir de l'aide de toute urgence.
Nous présentons à vous tous les demandes suivantes.
Tout d'abord, cessez de financer le gouvernement éthiopien, car les fonds liés à l'aide au développement sont utilisés pour commettre un génocide contre le peuple du Tigré.
Deuxièmement, soutenez l'enquête indépendante lancée par l'équipe du Comité des droits de l'homme des Nations unies qui porte sur les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre, la violence fondée sur le sexe, le génocide et le nettoyage ethnique commis contre le peuple du Tigré.
Troisièmement, reconnaissez la guerre contre le Tigré pour ce qu'elle est, c'est‑à‑dire un génocide.
Quatrièmement, demandez la levée immédiate du blocus et la fin du siège du Tigré.
Cinquièmement, soutenez notre proposition d'immigration et offrez un accès à l'immigration aux Tigréens qui souffrent dans des camps de réfugiés et sont actuellement apatrides dans le monde entier. Particulièrement au Soudan, ils sont plus de 60 000 à se trouver dans cette situation.
Sixièmement, exercez des pressions sur le gouvernement éthiopien afin qu'il libère les Tigréens qui se trouvent à l'extérieur de la région du Tigré et qui souffrent et meurent dans des centres de détention et des camps de concentration.
Enfin, nous demandons des rencontres avec l'honorable ministre des Affaires étrangères Melanie Joly et le très honorable premier ministre Justin Trudeau.
Merci.