propose:
Que, étant donné que,
(i) la situation au Moyen‑Orient est catastrophique pour de nombreux Canadiens, en particulier ceux qui ont des amis et des parents dans la région,
(ii) le bilan des morts à Gaza a dépassé les 30 000 personnes, et 70 % des victimes sont des femmes et des enfants,
(iii) les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023 ont tué près de 1 200 personnes et plus de 100 otages sont toujours détenus par le Hamas,
(iv) des millions d’habitants de Gaza sont déplacés et risquent la famine, la mort et la maladie, et Gaza est actuellement l’endroit le plus dangereux au monde pour un enfant,
(v) selon les Nations Unies, plus de 70 % des infrastructures civiles à Gaza, ce qui inclut les maisons, les hôpitaux, les écoles, les systèmes d’approvisionnement en eau et les installations sanitaires, ont été détruites ou gravement endommagées par les attaques militaires israéliennes,
(vi) le 26 janvier 2024, la Cour internationale de Justice a décrété six mesures provisoires, notamment pour qu’Israël s’abstienne de tout acte interdit par la Convention sur le génocide, prévienne et punisse l’incitation directe et publique au génocide, et prenne des mesures immédiates et efficaces pour assurer la prestation d’une aide humanitaire aux civils à Gaza,
(vii) les Israéliens risquent toujours d’être attaqués par des groupes terroristes soutenus par l’Iran, dont le Hamas et le Hezbollah,
(viii) les transferts forcés et les attaques violentes visant les Palestiniens en Cisjordanie ont considérablement augmenté ces derniers mois,
(ix) des citoyens canadiens figurent parmi les victimes de la guerre contre Gaza et de l’attaque terroriste du Hamas,
(x) des citoyens canadiens sont toujours coincés à Gaza et se voient empêchés de partir,
(xi) des Canadiens juifs, musulmans, arabes et palestiniens ont signalé une hausse des attaques motivées par la haine et du racisme depuis octobre,
(xii) les Palestiniens tout comme les Israéliens méritent de vivre en paix et de jouir pleinement de leurs droits de la personne et de leurs libertés démocratiques,
la Chambre demande au gouvernement:
a) d’exiger un cessez-le-feu immédiat, et la libération de tous les otages;
b) de suspendre tout commerce de biens et de technologies militaires avec Israël et de redoubler d’efforts pour mettre fin au commerce illégal d’armes, notamment d’armes destinées au Hamas;
c) de rétablir immédiatement le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies (UNRWA) et d’assurer la pérennité de ce financement, et de soutenir l’enquête indépendante;
d) d’appuyer la poursuite en justice de tous les auteurs des crimes et des violations du droit international commis dans la région, et de soutenir les travaux de la Cour internationale de Justice et de la Cour pénale internationale;
e) d'exiger un accès humanitaire sans entrave à Gaza;
f) de veiller à ce que les Canadiens coincés à Gaza puissent rentrer en sécurité au Canada et de lever le plafond arbitraire de 1 000 demandes de visa de résident temporaire;
g) d’interdire aux colons extrémistes d’entrer au Canada, d’imposer des sanctions aux responsables israéliens qui incitent au génocide et de maintenir les sanctions contre les dirigeants du Hamas;
h) de plaider pour la fin de l’occupation des territoires palestiniens, qui dure depuis des décennies, et d’œuvrer en faveur d’une solution à deux États;
i) de reconnaître officiellement l’État de Palestine et de maintenir la reconnaissance par le Canada du droit d’Israël à exister et à vivre en paix avec ses voisins.
— Monsieur le Président, « [s]i je dois mourir, tu dois vivre, pour raconter mon histoire ». Ce sont les mots de Refaat Alareer, qui a été tué lors d'une frappe aérienne israélienne à Gaza le 6 décembre.
C'est avec tristesse et espoir que je prends la parole aujourd'hui. Depuis cinq mois, nous assistons, horrifiés, à la succession de scènes d'horreur à Gaza et en Israël. Les images et les récits sont choquants et déchirants. Nous voyons deux peuples complètement traumatisés par la violence, la mort et la terreur. Nous assistons à l'incapacité totale de la communauté internationale à empêcher le carnage dans la bande de Gaza, et nous sommes consternés par l'inaptitude du gouvernement libéral du Canada à défendre ce qui est juste, à défendre la primauté du droit international, l'humanité et la paix. Les Canadiens sont horrifiés par l'attaque brutale contre Gaza, où plus de 30 000 civils ont été tués. Ils ont été horrifiés le 7 octobre par l'ignoble attentat perpétré par les terroristes du Hamas contre des civils innocents en Israël, et ils sont aujourd'hui horrifiés par la manière dont le gouvernement extrémiste de Nétanyahou réagit.
Les Canadiens croient en la paix et en la justice, non seulement pour les Palestiniens et les Israéliens, mais pour tout le monde. Ils veulent que le gouvernement applique ces valeurs à tous, peu importe le prix et la situation. Je le sais parce que des centaines de milliers de gens m'ont écrit au sujet de la guerre à Gaza. Des Canadiens de toutes les provinces, de tous les territoires, de toutes les confessions et de toutes les croyances nous ont demandé de faire ce qui s'impose en contribuant à mettre fin à cette guerre et à la vente d'armes à Israël, en réclamant un cessez-le-feu et la libération de tous les otages, en exigeant qu'Israël cesse d'entraver l'aide humanitaire et en recherchant la paix et la justice pour les Palestiniens et les Israéliens. Le gouvernement a plutôt renoncé à ses responsabilités en faisant fi du droit international ou, pire encore, en le rejetant, ce qui a déchiré le tissu moral mondial que le Canada a contribué à tisser au fil des décennies. Cette situation n'est pas inéluctable.
La motion présentée par le NPD aujourd'hui énonce des mesures précises qui permettraient d'avancer vers la paix et la justice pour les Palestiniens et les Israéliens. Aujourd'hui, les libéraux et les conservateurs ont l'occasion de se joindre au NPD pour défendre les valeurs des Canadiens et montrer que la vie des Palestiniens compte autant que celle de n'importe qui d'autre, que les droits des Palestiniens sont des droits de la personne et que les enfants, tous les enfants, ont aussi droit à la justice.
À Gaza, nous assistons à l'effondrement de l'ordre international fondé sur des règles. Au titre du droit international, le Canada a la responsabilité et l'obligation de prévenir les génocides là où ils peuvent se produire. Le Canada a la responsabilité de prévenir le nettoyage ethnique, de condamner les crimes de guerre et de faire respecter le droit international, mais ce n'est pas ce qui se passe en ce moment. Le Canada condamne à juste titre les attaques contre les Israéliens, mais les libéraux ne font pas la même chose pour les Palestiniens. En fait, le Canada bloque ouvertement l'avancement du dossier des territoires occupés à la Cour internationale de justice. Il est choquant de voir le Canada refuser d'appuyer le travail de la Cour internationale de justice concernant les allégations de l'Afrique du Sud et d'exhorter Israël à se conformer aux ordonnances provisoires.
Le professeur Ardi Imseis a déclaré au comité des affaires étrangères que « l'engagement déclaré du Canada à l'égard de l'ordre juridique international fondé sur des règles est essentiel au maintien de sa réputation morale dans le monde ». Il a ajouté que cet engagement « doit être sincère et crédible aux yeux des autres ».
Le Canada perd rapidement sa crédibilité. Il est très clair pour les Canadiens, les Palestiniens, les nombreux Israéliens qui luttent pour la paix et le reste du monde que, du point de vue du droit international, le Canada applique actuellement une politique de deux poids, deux mesures en ce qui concerne Israël et la Palestine.
Ce mois-ci, les Nations unies ont conseillé d'arrêter sur-le-champ toutes les exportations d'armes vers Israël. L'ONU a spécifiquement pointé du doigt le Canada pour son commerce militaire avec Israël. Le NPD demande au gouvernement de prendre cette mesure depuis des années, avant même le 7 octobre et la dernière guerre contre Gaza, en raison des très graves violations des droits de la personne qui ont lieu en Israël et dans les territoires palestiniens occupés. La ministre a l'obligation, selon le Traité sur le commerce des armes, de ne pas approuver les permis d'exportation de biens et de technologies militaires quand il y a un risque important de violation des droits de la personne. C'est la loi canadienne.
Au cours de la dernière décennie, le NPD a été le seul parti à réclamer une réforme du système d'exportation d'armes du Canada, alors que les libéraux n'ont rien fait. La semaine dernière, un garçon de 13 ans a été tué par balle à Jérusalem-Est après avoir allumé des feux d'artifice. Cet enfant a été tué pendant qu'il s'amusait. Le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, le même ministre qui fournit des fusils d'assaut aux colons extrémistes, a rendu hommage à l'agent qui a tué cet enfant.
Des centaines de milliers de Canadiens ont demandé au gouvernement du Canada d'imposer un embargo sur les armes expédiées en Israël. Comment le Canada peut-il continuer à s'adonner à ce genre de commerce alors que des enfants continuent d'être tués et que les ministres extrémistes du gouvernement Nétanyahou encouragent cette violence? Le Canada doit en faire davantage pour mettre fin à la contrebande d'armes au Hamas et à d'autres groupes qui menacent la paix et la sécurité. Nous avons demandé au Canada de prendre des mesures dans le but de mettre fin à cette situation, pas seulement pour le Hamas, pas seulement en Haïti, mais aussi au Sahel et dans d'autres régions du monde où des armes se retrouvent entre les mains de gens qui terrorisent les civils.
Plus de 30 000 civils innocents, dont plus de 13 000 enfants, ont été tués à Gaza. Plus d'enfants ont été tués à Gaza en quatre mois qu'en quatre années de conflits dans le monde. C'est plus que toutes les autres guerres combinées en quatre ans. Des milliers d'autres sont victimes de blessures et de pertes terribles. À Gaza, les équipes médicales ont ajouté un nouvel acronyme à leur vocabulaire. Il s'agit de WCNSF, qui, en français, signifie « enfant blessé, sans famille restante ».
Youssef al-Dawi, 10 ans, rêve de poser sa tête sur les genoux de sa mère, de nager avec son frère ou de se promener avec son père, mais la bombe qui est tombée sur sa maison les a tous tués. Cet enfant n'est pas membre du Hamas. Les traumatismes subis par cette génération d'enfants dureront toute une vie. Selon l'organisme Aide à l'enfance, les traumatismes psychologiques graves subis par les enfants à Gaza ont augmenté de manière exponentielle ces derniers mois. On compte actuellement 1,1 million d'enfants gazaouis en train de mourir de faim. Des familles cherchent de la nourriture laissée par les rats. Des enfants grattent dans la poussière sur le sol pour en retirer un peu de farine. Comment pouvons-nous laisser une telle chose se produire? Comment pouvons-nous laisser tomber ainsi les principes mêmes de la loi et de la justice?
Une population entière souffre de famine et, au lieu de forcer Israël à laisser entrer les camions d’aide humanitaire — des camions qui sont bloqués à la frontière par Israël et par les colons extrémistes —, nous participons au largage aérien des produits destinés à l’aide humanitaire. Le largage aérien est le moyen le plus inefficace d’acheminer de l’aide humanitaire à la population. Il est même déjà arrivé que des cargaisons larguées tuent des gens au sol. Cette méthode d’acheminement de la nourriture ne contribuera certainement pas à atténuer la famine qui sévit à Gaza.
Les enfants qui crèvent de faim ne sont pas des membres du Hamas. Le choix de ne pas aider ces enfants est une décision purement politique. Infliger la famine à des enfants est une décision politique qui va à l’encontre du droit international. En février, l’organisme Médecins sans frontières a déclaré au Conseil de sécurité de l’ONU que les forces israéliennes avaient attaqué leurs convois, maintenu en détention des membres de leur personnel et utilisé de la machinerie lourde sur leurs véhicules. De plus, des hôpitaux ont été bombardés et pillés.
Au moins 165 employés de l'Office de secours et de travaux des Nations unies, ou UNRWA, ont été tués à Gaza depuis octobre. C’est le plus grand nombre de décès d’employés de l’ONU de toute l’histoire. On parle de l’assassinat de travailleurs humanitaires. Certaines personnes ont rapporté que des soldats israéliens auraient torturé du personnel médical palestinien de l’Hôpital Nasser. Le Royaume‑Uni a demandé une enquête, mais que fait le Canada?
À l’instant même, 1,5 million de personnes sont coincées à Rafah, et le ministre de la Défense d’Israël a déclaré qu’une invasion terrestre pourrait se produire à tout moment. Cela signifie qu’une invasion terrestre pourrait être lancée contre les personnes les plus vulnérables au monde, des personnes affamées qui n’ont nulle part où se réfugier.
La semaine dernière, j'ai rencontré deux héros canadiens, la Dre Alvi et le Dr Ge. Le mois dernier, ces deux médecins se sont rendus à Gaza pour offrir des soins de première ligne. Ce dont ils ont été témoins est absolument horrifiant. Des patients vivent dans des conditions épouvantables et on manque de médicaments et d'anesthésiques. Des femmes enceintes ne reçoivent aucun soin prénatal ou postnatal, tandis que des mères sont tellement sous-alimentées qu'elles sont incapables de produire du lait maternel.
Des mères souffrent d'hémorragies à cause d'une carence en fer pourtant traitable. Des enfants ont des blessures par balle à la tête et au cou, et d'autres sont si gravement sous-alimentés qu'ils n'ont que la peau sur les os. Des bébés meurent avant même d'avoir eu une chance de vivre. Sous les décombres, il y a des milliers de cadavres qu'on n'a même pas encore comptés.
Gaza est aux prises avec une grave crise de malnutrition et une pénurie d'eau et d'abris, tout cela alors que les bombes pleuvent encore.
Je dois prendre un moment pour répondre à certaines des préoccupations que j'ai entendues sur la partie de la motion du NPD qui demande au Canada de reconnaître l'existence de l'État palestinien. En 2006, Rashid Khalidi a écrit:
Assurément, les aspirations des Palestiniens à vivre en tant que peuple souverain sur leur propre territoire continueront probablement à être bafouées, au moins pendant un certain temps et peut-être durablement […]
La situation ne s'améliorera certainement pas si on refuse perpétuellement d'examiner objectivement ce qui s'est passé sur ce petit territoire […] et la manière dont on a sans cesse acculé les Palestiniens au pied du mur, dans une cage de fer, n'a rien apporté de bon et ne pourra jamais rien apporter de bon à qui que ce soit.
Il a écrit cela il y a 18 ans et, aujourd'hui, nous sommes encore plus loin d'une solution à deux États. La Palestine et Israël n'ont jamais connu d'époque plus dangereuse et difficile.
Nétanyahou a dit qu'il ne permettrait pas la reconnaissance d'un État palestinien. Son gouvernement continue d'appuyer la construction de colonies illégales qui grugent le territoire palestinien. En janvier, je me suis rendue en Cisjordanie, à Jérusalem‑Est et en Jordanie, où j'ai rencontré des familles palestiniennes, des groupes israéliens progressistes et des travailleurs humanitaires afin de comprendre ce qu'ils ressentent dans le cadre de cette terrible crise. J'ai travaillé dans de nombreux contextes difficiles au cours de ma carrière, mais celui-ci a été le plus dévastateur que j'aie jamais vu.
Il est temps de reconnaître la Palestine. Les États‑Unis et le Royaume‑Uni ont tous deux signalé qu'ils cherchaient des moyens de reconnaître officiellement l'État de Palestine. La semaine dernière, le premier ministre de l'Espagne a dit qu'il demanderait au Parlement espagnol de reconnaître l'État palestinien, et 139 États membres des Nations unies reconnaissent déjà la Palestine. Il est plus que temps que le Canada se joigne à des États aux vues similaires et fasse avancer ce dossier.
Ce mois-ci, l'organisation juive canadienne JSpace a publié un important document d'orientation rédigé par Maytal Kowalski et l'ancien ambassadeur en Israël Jon Allen. On peut y lire: « [...] nous demandons au gouvernement du Canada de reconnaître unilatéralement l'État de Palestine, même si Israël ne l'a pas fait. Ce faisant [...] et en collaboration avec nos alliés, nous croyons qu'une telle mesure peut contribuer à accélérer la mise en œuvre d'un processus diplomatique hautement nécessaire pour relancer les négociations sur une solution à deux États. »
La motion du NPD ne demande pas que le Canada reconnaisse le Hamas. Loin de constituer le gouvernement de Gaza, le Hamas est en fait une organisation terroriste. Nous demandons simplement aux Canadiens de faire ce que d'autres États ont fait, c'est-à-dire reconnaître qu'une solution à deux États exige la reconnaissance de deux États, accélérer le processus diplomatique et cesser d'utiliser le déni du statut d'État palestinien comme excuse pour ne pas soutenir les démarches devant la Cour pénale internationale.
Plus de 100 otages sont toujours détenus par le Hamas. Il s'agit d'une situation dévastatrice pour leurs familles, dont il est impossible de comprendre la profonde douleur. Depuis le 7 octobre, nous réclamons d'une seule voix que les otages soient libérés et que le Hamas soit poursuivi pour les attaques, les crimes et les enlèvements qu'il a commis. C'est pourquoi le NPD prône que les auteurs de ces actes soient traduits en justice devant la Cour pénale internationale, comme le demande le Centre Raoul Wallenberg pour les droits de la personne. Toutefois, pour ce faire, le Canada doit soutenir et reconnaître la compétence de la Cour.
Chaque jour, les familles des otages manifestent à Tel‑Aviv pour réclamer un cessez-le-feu et un échange de prisonniers. Chaque jour, les familles des otages demandent au gouvernement Nétanyahou de ne plus ignorer le sort de leurs proches. Elles se heurtent à des extrémistes comme le ministre Smotrich, qui leur dit que leurs proches détenus par le Hamas ne sont pas la priorité. Ils sont repoussés par des canons à eau alors qu'ils manifestent dans les rues. Imaginez la douleur et le chagrin qu'ils doivent ressentir alors qu'ils sont abandonnés par leur propre gouvernement et qu'ils assistent à cette guerre horrible contre des personnes qui ne sont pas responsables des actes commis par le Hamas.
Je sais que ces derniers mois ont été incroyablement pénibles pour les Canadiens, pour les Juifs canadiens et pour les Juifs du monde entier. La douleur et le traumatisme ressentis par de nombreux membres de la communauté juive sont bien réels. Les Canadiens craignent et déplorent la montée des actes de haine dans nos villes. Le gouvernement fédéral doit redoubler d'efforts pour lutter contre l'antisémitisme, le racisme à l'égard des Palestiniens et l'islamophobie.
Comment retrouver l'espoir face au désespoir? Comment établir la sécurité tout en reconnaissant le traumatisme de tant de personnes? Nous devons nous tourner vers ceux qui apportent leur aide, les nombreux médecins de Gaza qui continuent à travailler, bien que leurs familles aient été tuées et leurs maisons détruites; les journalistes qui risquent leur vie pour témoigner de l'horreur de cette guerre; les artisans de la paix comme Standing Together, un mouvement populaire qui mobilise les citoyens juifs et palestiniens d'Israël pour la paix, l'égalité et la justice sociale. Leur message est simple: « Il y a une autre voie... l'occupation de la Cisjordanie et le blocus de la bande de Gaza doivent cesser, non seulement parce qu'ils sont brutaux et oppressifs pour les Palestiniens, mais aussi parce qu'ils ne garantissent aucune sécurité à long terme pour les Israéliens. »
Yotam Kipnis, dont les parents ont été assassinés par le Hamas le 7 octobre, passe ses journées à essayer d'acheminer de l'aide à Gaza pour alléger les souffrances. Le programme Roues de l'espoir a facilité le transport de patients de Gaza vers des hôpitaux israéliens. C'est un programme auquel Vivian Silver, une Canadienne d'origine israélienne, a participé avant d'être assassinée par le Hamas. Selon le fils de Vivian Silver: « Les problèmes sont peut-être énormes et complexes, mais la solution pour la paix est très simple. »
C'est grâce au travail d'organismes de consolidation de la paix, de défenseurs des droits de la personne, de travailleurs humanitaires et de groupes locaux qui font preuve de compassion et d'empathie les uns envers les autres que nous pourrons garder espoir. C'est grâce au travail de centaines de milliers de Canadiens qui demandent un cessez-le-feu, la libération des otages, un embargo sur les armes et de l'aide humanitaire. C'est cela qui nous donne de l'espoir.
Dans les circonstances actuelles, nous devons nous efforcer de faire preuve d'humanité, de prendre en considération les souffrances et les traumatismes de chacun. Nous devons comprendre que nous sommes non pas séparés les uns des autres, mais mutuellement indissociables.
L'organisme juif canadien JSpace a déclaré que la motion du NPD est « un premier pas important du Canada vers la fin de la guerre et la négociation d'une solution à deux États. Il est facile de parler de ce qu'on ne peut pas faire. Nous disons yasher koach à ceux qui proposent ce qu'on peut faire. » C'est ce que nous faisons aujourd'hui.
Nous proposons ce qu'on peut faire pour bâtir un véritable avenir pour les Palestiniens et les Israéliens, afin qu'ils puissent vivre librement et en paix, dans la pleine reconnaissance de leur dignité et de leurs droits de la personne.
Je vais maintenant raconter une histoire. Elle est très difficile à entendre, mais il est important de la raconter.
Hind Rajab, 6 ans, était avec des membres de sa famille alors qu'ils tentaient de fuir les forces israéliennes et que leur voiture a été la cible de tirs dans la ville de Gaza. Les membres de sa famille ont été tués, et Hind s'est retrouvée coincée dans le véhicule, entourée de cadavres. Elle a réussi à joindre la ligne d'urgence du Croissant-Rouge palestinien. Vers la fin de son appel aux sauveteurs, elle a dit: « J'ai si peur. Venez, je vous en prie. » Pendant trois heures, elle a supplié le Croissant-Rouge de l'aider, alors que les travailleurs humanitaires attendaient la permission d'Israël pour accéder à l'endroit où Hind se trouvait. Hind avait peur de l'obscurité. L'ambulance a finalement obtenu la permission d'Israël, mais, lorsqu'elle s'est approchée de l'endroit où Hind se trouvait, elle a été la cible de tirs. L'ambulance a été retrouvée quelques jours plus tard, à quelques mètres seulement de la voiture de la famille d'Hind, et les ambulanciers étaient morts. À 6 ans seulement, Hind est morte seule dans la voiture, effrayée et entourée des corps des membres de sa famille. Elle a dit: « J'ai si peur. Venez, je vous en prie. »
Je raconte cette histoire aux députés aujourd'hui parce que personne ici ne peut prétendre qu'il ne savait pas. Nous sommes tous au courant. Le refus des Canadiens de faire face à cette horreur est une honte. On ne parle pas d'inaction politique, mais de complicité, et cette situation doit cesser. Aujourd'hui, la motion du NPD demande à la Chambre de recommander neuf mesures que le Canada pourrait prendre dès maintenant pour contribuer à mettre fin à la guerre et sauver la vie d'enfants. Ce n'est pas compliqué.
À maintes reprises, nous avons pris la parole à la Chambre pour réclamer que le Canada cesse de vendre des armes à Israël et soutienne les efforts humanitaires. Jour après jour, semaine après semaine, les néo-démocrates réclament que le gouvernement cherche à rétablir la paix et la justice pendant que les bombes continuent de pleuvoir sur Gaza. Combien faudra-t-il de bombes? Combien d'enfants devront mourir avant que le gouvernement fasse enfin ce qui s'impose?