Merci beaucoup.
Monsieur le président, éminents députés, membres du comité de la science et de la technologie, je vous remercie de me donner l'occasion de vous parler de ce sujet important qu'est la science citoyenne.
Je m'exprime ici en tant que responsable scientifique d'un projet très axé sur la collaboration qui s'appelle STREAM, l'acronyme pour « Sequencing The Rivers for Environmental Assessment and Monitoring ». Ce projet a été lancé en 2019 et repose sur plus de 20 ans de travaux de recherche et développement au Canada et à l'étranger.
Je travaille à l'Université de Guelph, où je suis professeur de biodiversité moléculaire et directeur scientifique du Centre de génomique de la biodiversité, qui est un chef de file mondial de l'utilisation d'outils s'appuyant sur l'ADN pour faire des découvertes au sujet de la biodiversité. Cette semaine, nous avons célébré le 20e anniversaire de l'introduction du codage à barres de l'ADN et du programme Bar Code of Life.
Le codage à barres de l'ADN consiste à utiliser des régions spécifiques du génome pour distinguer des espèces. Guidée par notre travail, la communauté scientifique a maintenant séquencé plus de 10 millions de spécimens d'environ 400 000 espèces, et constitué une puissante base de données biologiques pour l'identification des espèces dans une série de contextes allant de la salubrité et de la sécurité des aliments à la conservation des espèces.
Nous avons également été les premiers à identifier en masse des espèces dans des communautés biologiques dans des écosystèmes aquatiques à l'aide d'une technique connue sous le nom de métacodage à barres de l'ADN environnemental, qui s'appuie sur des plateformes de séquençage à haut débit. Cette approche transforme la surveillance de la biodiversité à l'appui des évaluations de la qualité de l'eau.
Compte tenu de sa grande superficie et des zones très éloignées qu'il comprend, le Canada représente un défi de taille lorsqu'il s'agit de la biosurveillance des rivières. Les changements climatiques et divers projets de développement posent davantage de défis pour l'exécution de programmes de biosurveillance de façon efficace et en temps opportun. Les outils actuels ne sont ni précis ni évolutifs. Il y a plus de 15 ans, j'ai commencé à collaborer avec des scientifiques d'Environnement Canada et de Parcs Canada pour utiliser des outils de biodiversité s'appuyant sur l'ADN afin de combler le manque chronique de données de biosurveillance. Cependant, je me suis vite rendu compte que l'un des principaux obstacles auxquels nous sommes confrontés est lié à la production, en temps opportun, d'échantillons provenant des rivières de partout au Canada.
Avec des collaborateurs d'Environnement Canada, du Fonds mondial pour la nature, ou WWF-Canada, et de Living Lakes Canada, organisme qui est représenté ici aujourd'hui, nous avons lancé STREAM en 2019 grâce au financement d'un concours présenté par Génome Canada. Nous avons élaboré un programme modulaire dans le cadre duquel des groupes communautaires, dont plusieurs communautés autochtones, sont devenus des partenaires de STREAM.
Pour assurer une mobilisation efficace des membres de la collectivité, nous avons élaboré un module de formation standard en nous appuyant sur le cadre du Réseau canadien de biosurveillance aquatique, ou RCBA. Tous nos scientifiques citoyens sont aptes à recueillir des échantillons et diverses métadonnées en utilisant une méthode normalisée. Nous avons recruté plus de 100 personnes issues de nombreuses collectivités et elles ont recueilli plus de 1 400 échantillons dans des bassins hydrographiques partout au Canada.
Notre objectif était de produire des rapports sur la biodiversité pour des groupes communautaires en moins de deux mois. Nous avons produit plus de 70 rapports jusqu'à présent et nous avons également établi un portail de connaissances en ligne avec divers outils pour visualiser et présenter les données. Comme les échantillons du projet STREAM sont recueillis par des collectivités locales, notre programme a pu se poursuivre même pendant la pandémie.
Puisque nos fonds de Génome Canada ont été épuisés, STREAM est maintenant soutenu partiellement par une subvention d'Environnement Canada. Nous bénéficions également d'une contribution philanthropique de la fondation Illumina, une société américaine de génomique.
Étant donné qu'il est important de générer des connaissances pour maintenir les écosystèmes d'eau douce canadiens, nous espérons bâtir un modèle de financement plus durable pour STREAM et étendre l'approche à d'autres groupes taxonomiques, tels que les poissons et les vertébrés, ainsi que les hôtes et les vecteurs d'agents infectieux, tels que les virus zoonotiques émergents.
Je serai ravi de répondre à toutes vos questions. Merci.