Madame la Présidente, c'est un réel honneur de participer au débat sur le projet de loi C‑224. Je remercie la députée de Longueuil—Charles-LeMoyne d'avoir présenté cet important projet de loi à la Chambre. Nous sommes peut-être en désaccord sur de nombreuses questions, mais je sais qu'elle est aussi enthousiaste que moi lorsqu'il s'agit de servir les courageux hommes et femmes qui protègent les collectivités et le pays et de prendre leur défense.
Si les députés me le permettent, je voudrais rendre hommage à un ami et un leader de ma ville, Williams Lake, qui nous a quittés beaucoup trop tôt la semaine dernière. Des Webster a travaillé au service des incendies de Williams Lake pendant plus de 24 ans. Il a pris sa retraite alors qu'il était chef des pompiers, en 2018, après avoir soutenu notre région pendant la pire saison des incendies de forêt et la plus importante évacuation de masse de l'histoire de la province, en 2017. Des venait littéralement de devenir grand-père. J'offre mes condoléances à sa famille et à ses amis de la caserne de Williams Lake. Des nous manquera.
Nous perdons beaucoup trop de ces hommes et de ces femmes, soit en raison des traumatismes moraux et mentaux qu’ils subissent en servant nos collectivités, soit à cause de leur exposition à des substances mortelles et des cancers qui en découlent. Je tiens à remercier les plus de 26 000 Canadiens et Canadiennes de l’Association internationale des pompiers pour le service qu’ils rendent à leur collectivité et à notre pays. J’aimerais également remercier la section 1372 de l’Association, à Prince George, dans ma circonscription.
Tous les pompiers et toutes les pompières sont de véritables héros. Ils enfilent leur uniforme chaque jour, en sachant très bien qu’ils seront confrontés à des tragédies humaines et qu’ils devront peut-être consentir le sacrifice ultime. Ces femmes et hommes courageux se ruent dans des bâtiments en feu. Imaginons cela un instant: ils se précipitent dans des bâtiments en flammes. Alors que toutes les fibres de leur être leur crient de se mettre à l’abri, ils courent vers le danger. Lorsque des gens tentent de se sortir des décombres inextricables d’un accident de voiture, ils y plongent sans hésiter pour sauver des vies. Ils nous tiennent la main au moment où nous rendons notre dernier souffle.
Je crois que nous devons nous battre pour ceux qui se battent pour nous. J'ai consacré les sept dernières années de mes mandats d'élu à veiller à ce que nous nous battions pour les sentinelles silencieuses qui se battent pour nous et qui nous défendent. Chaque jour, ils quittent leurs familles sans savoir s'ils reviendront. Malheureusement, leurs familles sont bien trop souvent oubliées et laissées seules pour ramasser les pots cassés.
Quand je vois un projet de loi comme celui-ci, je suis fier de savoir que nous pouvons améliorer concrètement la vie de quelqu'un. En termes simples, le projet de loi C‑224 sauvera des vies. Plus de 85 % de tous les décès de pompiers en service au Canada sont dus à des cancers professionnels. Les députés peuvent-ils imaginer se lever tous les jours et se rendre au travail en sachant qu'il y a 85 % des chances de mourir d'un cancer? Combien de députés voudraient aller travailler si on leur disait qu'ils ont 85 % des chances de contracter un cancer à cause de leur travail à la Chambre? La sensibilisation est essentielle pour aider les pompiers à détecter les premiers signes afin qu'ils puissent subir un test de dépistage précoce et se faire traiter le plus tôt possible.
La présence accrue de plastiques et de résines dans les matériaux de construction modernes signifie que l'environnement de travail des pompiers devient plus toxique d'une année à l'autre. Alors que le Canadien moyen a une chance sur trois de recevoir un diagnostic de cancer, les pompiers risquent d'être atteints de plusieurs types de cancer à des taux qui sont statistiquement plus élevés que dans d'autres professions. Les pompiers sont exposés à des substances cancérigènes connues ou présumées dans l'exercice de leurs fonctions. Bien que l'exposition soit souvent de courte durée, les niveaux d'exposition peuvent être élevés. Des études sur la chimie du feu révèlent des niveaux toxiques de substances dangereuses comme le formaldéhyde, le dioxyde de soufre, le benzène, le toluène et l'éthylbenzène, entre autres, dans la fumée durant les opérations d'extinction et de déblai pendant la lutte contre les incendies, qu'il s'agisse d'incendies de structures ou de véhicules. Durant l'exposition, ces produits chimiques dangereux recouvrent également leur équipement de protection. Ils s'infiltrent dans chaque fibre. Aussi incroyable que cela puisse paraître, l'équipement conçu pour sauver la vie des pompiers peut également contribuer à l'exposition à ces substances cancérigènes.
Les décès liés au cancer sont une source d'inquiétude grandissante pour les membres de ce secteur, et tout ce que nous pouvons faire en tant que parlementaires pour atténuer ce risque constitue un premier pas important. Le projet de loi C‑224 propose des normes nationales sur les cancers liés à la lutte contre les incendies, notamment des mesures visant à expliquer le lien entre la maladie et la profession. Le projet de loi demande au gouvernement de cibler les besoins en matière d'éducation des professionnels de la santé et d'autres professionnels et de promouvoir la recherche et l'échange de renseignements.
Il y a tellement de choses que nous tenons pour acquises au quotidien, des moments qui nous échappent et qui passent inaperçus, des personnes, des lieux, des choses qui ont une incidence sur nous sans même que nous nous en rendions compte. Lorsque nous nous habillons, que nous prenons notre déjeuner et que nous partons au travail, il ne nous vient jamais à l'esprit que ce puisse être le dernier jour que nous voyons nos proches, la dernière fois que nous serrons notre femme ou nos enfants dans nos bras, la dernière fois que nous disons à un ami ou à un membre de notre famille que nous l'aimons.
Les pompiers doivent faire cette prise de conscience chaque fois qu'ils revêtent leur uniforme. Ils se rendent au travail en sachant que cela pourrait être la dernière fois qu'ils voient leur famille. Ils se rendent au travail chaque jour pour nous protéger. Ils se rendent au travail pour littéralement sauver nos vies et respecter leur serment de servir les collectivités, de protéger les autres familles et la mienne, quel que soit le risque pour leur propre sécurité.
J'ai assisté aux funérailles d'un pompier décédé l'année dernière et on m'a remis la prière du pompier. Avec la permission de la Chambre, je vais vous la lire:
Seigneur, quand le devoir m'appelle, quand l'incendie fait rage, Accorde-moi de sauver des vies, peu importe leur âge. Aide-moi à prendre un petit enfant que menace la mort, À sauver une personne âgée d'un horrible sort. Fais que je sois attentif au moindre petit cri, Que je sois compétent et prompt à éteindre l'incendie.Je veux faire mon devoir et donner le meilleur de moi-même Pour protéger tous mes frères et leurs biens mêmes. Et s'il m'arrivait par ta volonté de devoir alors donner ma vie, Je t'en prie, veille tendrement sur ma famille chérie.
L'adoption du projet de loi C‑224 et la création d'un cadre national qui sensibilisera la population aux cancers liés à la lutte contre les incendies, c'est un prix minime à payer, mais un prix minime qui aura un effet considérable sur cette profession essentielle et qui sauvera des vies. Je crois qu'il nous incombe à nous tous, à titre de leaders de notre pays, de tout mettre en œuvre pour nous battre pour ceux qui se battent pour nous, qu'il s'agisse de mettre en place, dans le domaine de la santé mentale, les mesures de soutien dont les gens ont désespérément besoin pour être bien et être en santé, ou de se battre pour une mesure comme le projet de loi C‑224, qui changerait des vies et aiderait les personnes qui en ont besoin même après leur carrière.
Personne ne connaît l’avenir. Toutefois, nous pouvons au moins mettre en place les mécanismes qui serviront à sensibiliser les professionnels de la santé et à offrir des ressources aux familles et aux pompiers qui risquent leur vie chaque jour. J’espère que les députés de tous les partis se joindront à moi pour appuyer cette mesure législative essentielle.
Encore une fois, je remercie la députée de Longueuil—Charles-LeMoyne d’avoir proposé ce projet de loi. Elle m’a rappelé aujourd’hui qu’il y a cinq ans, elle prenait la parole dans cette enceinte pour appuyer mon projet de loi, le projet de loi C‑211, grâce auquel le Canada est devenu le premier pays au monde à élaborer des dispositions législatives pour combattre le trouble de stress post-traumatique chez les personnes qui se battent pour nous: nos héros de première ligne.
Je remercie tous les députés qui ont pris part au débat d’aujourd’hui et tous ceux qui nous ont précédés dans cette enceinte. Je remercie mon bon ami de Barrie—Innisfil, qui est lui-même un pompier à la retraite, tout comme le député d’Essex, pour leurs valeureux services. Je remercie les visiteurs à la tribune aujourd’hui.
Que Dieu les bénisse.