Merci, monsieur le Président.
Puisque nous sommes réunis à Ottawa, je tiens d'abord à reconnaître que nous nous trouvons sur le territoire traditionnel du peuple algonquin.
Permettez-moi également de saluer et de remercier Cécilia, Dagmar et Claudette, les interprètes qui sont ici aujourd'hui.
Aujourd'hui, je suis accompagné de Matthew Ball, vice-président des Services au Parlement et Interprétation. De plus, je souligne la présence, dans la salle, de notre tout premier directeur des Affaires parlementaires et du Bien-être des interprètes, Martin Montreuil, ainsi que de Justine Bret, directrice de l'interprétation et Interprète en chef du Canada.
Honorables membres du Bureau de régie interne, je suis ici pour faire le point sur la situation de nos services d’interprétation. Je sais que vous demeurez très préoccupés à ce sujet, et je tiens à vous assurer que nous y travaillons sans relâche.
En effet, comme nous l’avons exprimé lors de nos comparutions précédentes, les problèmes liés à l’interprétation sont un enjeu de première importance pour notre ministère. Depuis mon arrivée en janvier, j’y ai consacré plus de temps qu’à tout autre dossier au Bureau de la traduction. Je ne parle pas à la légère quand je dis qu’il s’agit de notre priorité.
Si les problèmes persistent, c’est tout simplement parce qu’il n’y a pas de remède miracle. Je reviens justement d’une rencontre au Parlement européen, où les services d’interprétation se heurtent à des enjeux très similaires. Il s’agit d’une situation qui n’est pas unique au Canada, et ici comme ailleurs, il n’existe pas de solutions faciles.
Je suis fier des efforts que le Bureau de la traduction déploie avec ses partenaires. Au cours des six derniers mois, nous avons progressé comme jamais, et c’est un plaisir pour moi de vous offrir aujourd’hui un survol de nos réalisations.
Comme vous le savez, il y a deux aspects à la question de l’interprétation, qui sont à la fois distincts et intimement liés. Je parlerai d’abord de santé et sécurité, puis je ferai le point sur la capacité.
En ce qui concerne la protection des interprètes, je veux d'abord vous remercier, monsieur le Président, de vous être levé à la Chambre pour rappeler les règles d'utilisation du casque d'écoute. La sensibilisation demeure un ingrédient clé dans la diminution des incidents. Les participants aux rencontres doivent être vigilants en tout temps, lorsqu'ils sont à distance, bien sûr, mais aussi lorsqu'ils sont présents en personne. En effet, même si les rencontres en personne offrent les meilleures conditions de travail aux interprètes, nous avons récemment eu des cas d'effet Larsen, fort probablement causés par des participants en personne qui avaient approché leur oreillette de leur microphone. Le matériel audio étant très sensible, il faut l'utiliser avec soin.
Des incidents continuent donc de se produire. La bonne nouvelle, c'est que ceux-ci semblent mener à moins de blessures qu'auparavant. Néanmoins, chaque incident est très préoccupant. Bien sûr, un peu comme il est impossible d'éliminer les risques pour les travailleurs de la construction ou les agents de la paix, il est illusoire de penser que nous pourrons éliminer entièrement les incidents liés au son pour les interprètes, mais nous devons continuer de canaliser nos énergies vers leur prévention.
À ce sujet, l'Administration de la Chambre vous a informés des nouveaux tests de son réalisés en avril et en mai. Nous avons fait appel à des sommités de l'acoustique et de l'audiologie pour examiner les résultats, nous signaler tout danger pour les interprètes et nous recommander toute mesure à prendre. Nous profiterons de la pause parlementaire de l'été pour étudier leurs recommandations attentivement et établir un plan d'action renouvelé et détaillé, en consultation avec tous les intervenants clés.
Ce faisant, nous remplissons l'engagement que nous avons pris envers le Programme du travail à la suite des instructions qu'il nous a données en février. Nous instaurerons l'environnement d'amélioration continue dont nous avons besoin pour composer avec cette situation à long terme, non seulement parce que nous nous soucions vraiment du bien-être de nos interprètes, mais aussi parce qu'en améliorant leurs conditions de travail, nous diminuons le risque d'interruption de service. Nous rendons également la profession plus attrayante pour la relève et nous nous assurons de disposer des interprètes en santé qu'il nous faut pour répondre aux besoins du Parlement.
Honorables membres du Bureau de régie interne, vous pouvez avoir l’assurance que la satisfaction de vos besoins en interprétation figure au sommet de nos priorités. Nous sommes bien conscients des difficultés que vous occasionne notre capacité limitée. Nous effectuons quand même des progrès.
En 2022‑2023, nos interprètes ont cumulativement travaillé pendant 15 000 heures pour la Chambre des communes, ce qui dépasse notre précédent sommet de 14 000 heures atteint en 2017‑2018. Malheureusement, compte tenu de divers facteurs, comme le besoin de renforcer nos équipes par souci de santé et sécurité, ou encore les fréquentes prolongations des séances, cette hausse ne s’est pas traduite par une augmentation du nombre de séances que nous pouvons couvrir. C’est pourquoi nous indiquions dans notre lettre du 17 mai que notre capacité pour l’automne se maintiendra à environ 160 heures d’interprétation les semaines de séance, ce qui couvre normalement les délibérations de la Chambre, 57 séances de comité et 3 rencontres de caucus.
Concernant l’interprétation simultanée à distance, nous avons participé au projet pilote depuis janvier 2023 et nous répondrons encore présents cet automne, au fur et à mesure de sa mise en œuvre prudente par l’Administration de la Chambre, et en fonction des priorités des whips.
Honorables membres du Bureau de régie interne, sachez que nous continuons à tout faire pour augmenter notre capacité.
Je vous ai déjà parlé de notre collaboration avec les universités pour stimuler la relève. J’ai moi-même rencontré l’Université Concordia, l’Université McGill, l’Université du Québec à Trois-Rivières et l’Université de Montréal pour les encourager à mettre des programmes d’interprétation en place afin d’accroître le nombre de diplômés. Nous sommes aussi à retenir les services d’une agence de recrutement pour nous aider à trouver davantage d’interprètes prêts à se joindre au Bureau de la traduction.
En ce qui concerne notre autre voie de recrutement, c'est‑à‑dire l'examen d'accréditation, nous avons décidé d'en doubler la fréquence pour atteindre le plus grand nombre possible de candidats. Le prochain examen aura donc lieu le 26 juin. Et nous offrons des ateliers aux candidats afin de les aider à obtenir l'accréditation.
Malgré tous ces efforts, il nous demeure impossible de prévoir dans quelle mesure nos ressources augmenteront, ne serait-ce qu'à court terme. Nous jonglons avec plusieurs éléments d'incertitude, dont le nombre de personnes qui réussiront l'examen de juin, le renouvellement du contrat ouvert de nos interprètes pigistes et la mise en œuvre de la nouvelle convention collective de nos interprètes permanents.
Entre autres, la question de la durée de travail est au cœur de nos discussions actuelles avec nos interprètes. D'une part, la durée d'exposition au son virtuel a grandement diminué, mais d'autre part, certains interprètes entretiennent encore des préoccupations tout à fait légitimes à propos de leur santé et de leur sécurité.
Heureusement, nos rencontres de planification hebdomadaires avec les administrations de la Chambre des communes et du Sénat nous permettent de réagir rapidement aux fluctuations de nos ressources. Ainsi, lorsque l'incertitude se dissipera, si le nombre d'heures d'interprétation que nous pouvons offrir dépasse les actuelles 160 heures, vous pouvez avoir l'assurance que cette augmentation se répercutera immédiatement sur la planification des séances parlementaires et que vous en serez rapidement informés.
En conclusion, honorables membres du Bureau de régie interne et collègues de l'Administration de la Chambre, nous vous remercions de votre soutien dans nos efforts pour protéger les interprètes et assurer la prestation de services d'interprétation de qualité au Parlement.
M. Ball et moi sommes maintenant à votre disposition pour répondre aux questions.