Monsieur le président, nous avons la chance de vivre dans un pays où l'on privilégie la liberté, la démocratie, les droits de la personne et la primauté du droit. Il arrive souvent que les débats à la Chambre gravitent autour du caractère sacré de ces valeurs et de ce que nous devons faire pour les protéger.
Les personnes qui servent dans les forces armées mettent leur vie en péril pour défendre ces valeurs. Je le sais bien, moi qui suis le fils d'un ancien prisonnier de guerre déterminé à défendre ces libertés.
L'histoire suggère que le peuple iranien partage la haute considération du Canada pour la démocratie. Cyrus le Grand, le roi qui a libéré le peuple juif maintenu en captivité par les Babyloniens, a été l'un des premiers législateurs de l'Antiquité. Au début des années 1950, le premier ministre de l'époque, Mohammad Mossadegh, a dirigé un gouvernement élu démocratiquement à une époque et dans une région où le droit d'élire ses dirigeants était, au mieux, fragile.
À titre de tout premier agent de liaison gouvernemental auprès des Iraniens du Canada, j'en suis venu à apprécier les contribution des gens d'origine iranienne au tissu culturel de notre Canada, des gens comme Davood Ghavami, président du congrès iranien canadien, qui a travaillé si fort pour faire connaître la culture perse au Canada.
Les membres de la communauté iranienne reconnaissent les vertus du travail acharné, d'une bonne éducation, de l'art, de la musique et d'une famille unie. Les femmes d'origine iranienne qui vivent au Canada ont fait montre d'un grand leadership. Je pense par exemple à Nassreen Filsoof, responsable de la Fondation canado-iranienne, et à Nazanin Afshin-Jam Mackay, militante pour les droits de la personne.
Il existe des tensions entre les gouvernements du Canada et de l'Iran à l'heure actuelle, des tensions qui contredisent l'affinité naturelle qui unit les peuples de ces deux pays. À juste titre, le Canada tient le régime iranien responsable d'avoir enfreint les normes internationales en matière de non-prolifération nucléaire, d'avoir soutenu des organisations terroristes, d'avoir déstabilisé la région et d'avoir violé les droits de son propre peuple. Ce soir, c'est le bilan de l'Iran en matière de droit de la personne qui est le principal thème de nos délibérations dans cette auguste Chambre.
Malgré l'engagement diplomatique du président Rohani et les négociations sur les armes nucléaires en cours, rien n'indique une transformation des politiques et des activités de l'Iran. Le président Rohani et les membres de son gouvernement continuent d'appuyer publiquement les droits et libertés, en Iran et dans les tribunes internationales. Toutefois, rien n'indique que la situation s'améliore, et l'État continue de commettre des actes graves et systémiques portant atteinte aux droits de la personne.
En tant que Canadiens, nous croyons que l'Iran devrait être jugé par ses actes et non par ses paroles. Le régime iranien continue de bafouer la procédure établie et la primauté du droit et de limiter sérieusement la liberté d'expression, de réunion et d'association, en attaquant systématiquement les défenseurs des droits de la personne, les avocats, les journalistes et les blogueurs.
Je remercie les nombreux collègues de tous les partis qui sont ici ce soir et qui se joignent à nous pour dénoncer les abus et oppression dont est victime la population de l'Iran.
J'aimerais souligner plus particulièrement le travail de mon collègue, le député de Mont-Royal, qui a énormément contribué à la reconnaissance de la Semaine de la responsabilisation de l'Iran. Le député, comme bien d'autres, a signalé que la peine de mort était fréquemment appliquée en Iran. Le mois dernier, sur une période de trois jours, 43 personnes ont été exécutées. Le problème de la persécution des baha'is, une minorité religieuse, s'est aggravé. Nous sommes au courant de la présence de plus de 900 prisonniers politiques dans les pénitenciers iraniens — ils sont sans doute beaucoup plus nombreux.
N'ayons pas peur des mots: la situation des droits de la personne en Iran ne s'est pas améliorée depuis l'élection du président Rohani en juin 2013. À de nombreux égards, on peut dire qu'il est clair que la situation s'est même détériorée.
Les débats sur la liberté peuvent parfois être très théoriques, et c'est pour cette raison qu'il faut trouver des exemples concrets. Quand on parle de 900 prisonniers, il s'agit d'une donnée claire que l'on peut se représenter et qui nous aide à comprendre. C'est d'ailleurs la beauté de la Semaine de la responsabilisation de l'Iran: tous les parlementaires qui participent à l'événement parrainent un prisonnier politique iranien afin de faire connaître le drame que vit cette personne. Ainsi, cela permet de donner un visage humain à la situation et d'aider le monde entier à saisir ce qui se passe en Iran.
Il est toujours difficile de passer de la théorie à la pratique quand il s'agit des droits de la personne. Il est trop facile pour nous, ici au Canada, qui vivons en liberté et jouissons de l'égalité, d'oublier la souffrance des gens qui vivent l'oppression d'une dictature. Pour éviter une discussion trop théorique, je propose qu'on se mette à la place de quelqu'un mis en prison pour ses convictions politiques.
Selon l'information que m'a donnée Mme Afshin- am MacKay, je vais vous raconter l'histoire de Behnam Ibrahimzadeh, qui a passé cinq ans en prison pour avoir défendu les droits des travailleurs et des enfants ainsi que les droits de la personne en Iran.
Comme le raconte la famille de Behnam, le dernier Nawroz, le Nouvel an persan, était le cinquième qu'elle a passé sans sa présence. Il est incarcéré dans le quartier 2 de la prison de Rajaee Sharh, connu sous le nom de Dar-al-Quran. Il avait été initialement condamné à 20 ans d'emprisonnement, mais, devant le tollé général que cela a suscité, sa peine a été réduite.
Toutefois, à l'approche de la fin de sa peine, le juge Salavati de la branche numéro 15 du tribunal révolutionnaire de Téhéran, lui a infligé une nouvelle peine de neuf ans et quatre mois pour de nouvelles accusations, cette fois-ci de collusion avec l'Organisation des Moudjahidines du Peuple iranien, un groupe d'opposition interdit, et pour avoir fait de la propagande contre le régime en communiquant avec M. Ahmad Shaheed, rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme en Iran.
Behnam nie catégoriquement tout lien avec les Moudjahidines. Il est impossible de prouver le contraire hors de tout doute. Bien qu'il ne soit ni un meurtrier ni un voleur, il est détenu avec de dangereux criminels de droit commun et voit ainsi sa sécurité constamment menacée. Il souffre d'arthrite dans le cou et, en raison de la pression qu'il subit continuellement en prison et des longues périodes d'isolement cellulaire qui lui sont imposées, il souffre de saignements intestinaux et rénaux pour lesquels les autorités carcérales lui refusent toute aide médicale. On refuse même de lui donner des médicaments antidouleur.
Malheureusement, le seul enfant de Behnam, Nima, est atteinte de leucémie. On lui refuse toute visite auprès de sa famille et de sa fille. Sa famille remercie de leur soutien tous les défenseurs des droits de la personne pacifiques au Canada, en Iran et dans le monde. Ensemble, nous croyons qu'une pression soutenue exercée sur les autorités iraniennes augmente la probabilité de la libération de Behnam et de bien d'autres comme lui.
Il est de notre devoir d'informer la population et les organismes de défense des droits de la personne de son emprisonnement et de la torture qu'il subit pour avoir simplement défendu les travailleurs, les enfants et les droits de la personne.
Au Canada, nos héros sont notamment des joueurs de hockey, des musiciens et des leaders de la société civile. Pour les Iraniens, on dénombre parmi les héros nationaux un grand nombre de poètes comme Hâfez, Saadi, Rûmi et Omar Khayyam.
Je suis un grand admirateur de Saadi, qui a vécu au XIIIe et dont les mots sont inscrits sur un mur de l'édifice des Nations Unies, à New York. Le poème s'intitule Bani Adam ou Les fils d'Adam. Il parle de l'unité qui existe entre les hommes et les femmes du monde entier, et dit que si une personne souffre, toute l'humanité souffre avec elle.
Le poème de Saadi, un personnage célèbre du peuple persan, nous fait comprendre de façon poignante pourquoi nous sommes réunis ici aujourd'hui. Voici ce qu'il a écrit:
Les enfants d'Adam font partie d'un corps,Ils sont créés tous d'une même essence,Si une peine arrive à un membre du corps,Les autres aussi, perdent leur aisance.Si, pour la peine des autres, tu n'as pas de souffrance,Tu ne mériteras pas d'être dans ce corps.
Ce sont des paroles puissantes, car elles communiquent une vérité universelle sur notre responsabilité morale de défendre la cause des personnes qui souffrent, comme nous défendons actuellement la cause des personnes emprisonnées en Iran.
Nous savons qu'il y a des centaines de prisonniers politiques dans ce pays. Nous pouvons présumer qu'il y en a de nombreux autres dont nous ignorons l'existence et qu'il y a aussi des personnes qui craignent tous les jours pour leur liberté et pour leur vie.
Saadi souligne l'importance que peut revêtir un seul prisonnier politique. Pour ma part, j'ai choisi Behnam, car il représente tous ceux qui souffrent de l'oppression, en Iran comme ailleurs. Mes collègues présents à la Chambre ce soir et mes amis qui luttent pour la liberté en Iran et ailleurs dans le monde peuvent tous partager ce sentiment. Nous demandons au président Rohani et aux autres membres du gouvernement iranien de libérer Behnam et les autres prisonniers d'opinion. Saadi nous transmettrait ses encouragements.
En tant qu'agent de liaison du gouvernement avec la communauté iranienne du Canada, j'en suis venu à éprouver une affection toute particulière pour les poètes persans. J'ai composé un poème à chaque Norouz et un autre tout particulièrement pour ce soir. Il s'intitule Un poème pour un prisonnier.
À huit siècles de distance, les mots du poète Saadi brillent toujours par leur perfectionSelon lui ressentir la douleur d'autrui peut être une étrange bénédictionIl sentait que nos âmes d'une unique entité sont les innombrables parcellesQue nous sommes une même famille sous un même cielDans Bani Adam les mots de Saadi résonnent jusqu'à nousAu Canada comme à TombouctouUn État lointain pose des gestes qui nous comblent d'horreurBerçons nos frères qu'il opprime au plus profond de notre coeurLe Canada réclame justice sur tous les toitsLe gouvernement s'oppose à qui s'en prend aux droitsCombattons la tyrannie, quel que soit son visageToujours en entonnant le puissant refrain de Saadi le sageDénonçons cet État qui règne par la persécutionPrenons le peuple iranien sous notre protectionLivrons contre l'oppresseur une lutte nécessaireSans rompre avec les Persans notre lien aussi pur que sincèreMossadegh et Cyrus luttèrent pour la liberté sur le terrainEt l'Iran réapprendra à rire et à goûter la liberté, enfin Entretemps les mots de Saadi brilleront toujours par leur perfectionTendons la main aux Persans, l'Orient et l'Occident à l'unisson
Mr. Chair, we are blessed to live in a country with freedom, democracy, human rights, and the rule of law. Debates in this very chamber often swirl around the sacredness of those values and what we must do to protect them.
People who serve in uniform commit their lives to defend those values. I know this well as a son of a father who ended up as a prisoner of war, committed to those freedoms.
History suggests that the people of Iran share Canadians' high regard for democracy. Cyrus the Great was one of the first law givers of ancient times, a king who liberated the Jewish people from captivity under the Babylonians. In the early 1950s, then prime minister Mossadegh led a democratically elected government at a time and in a region where the right to elect one's leaders was fragile at best.
As the first ever government liaison to the Canadian Iranian people, I have come to appreciate contributions of people of Iranian background to the cultural fabric of our Canada, people like Davood Ghavami, president of the Iranian Canadian Congress, who has worked so hard to introduce Persian culture here in Canada.
People of Iranian background appreciate hard work, good education, art, music, and close families. Women of Iranian background in Canada have demonstrated great leadership. I think of Nassreen Filsoof, head of the Canadian Iranian Foundation, and the human rights advocate Nazanin Afshin-Jam Mackay, for instance.
There is tension today between the governments of Canada and Iran, tension that is at odds when judged against the natural affinity between the people of the two countries. Canada rightly holds the Iranian regime to account for breaching international nuclear proliferation guidelines, for supporting terrorist organizations, for destabilizing the region, and for human rights abuses against its own people. Tonight it is Iran's human rights record that is the main subject of our deliberations in this great chamber.
Despite President Rouhani's diplomatic engagement and the ongoing nuclear negotiations, there has been no indication of any transformative shift in Iran's policies and activities. The president and members of his administration continue to make public statements inside Iran and to international audiences in support of rights and freedoms. However, there has been no evidence of improvements, and the state continues to undertake serious and systemic human rights abuses.
As Canadians, we believe Iran should be judged by its actions, not by its words. The Iranian regime continues to flout due process and the rule of law, and seriously restrict freedom of expression, assembly, and association, consistently attacking human rights defenders, lawyers, journalists, and bloggers.
I thank the many colleagues of all parties in this chamber tonight with whom we stand together against those abuses against the oppressed people of Iran.
I would like to make special mention of my colleague, the member for Mount Royal, who has been a driving force in recognizing Iran Accountability Week. He and others have pointed out that the death penalty is used frequently in Iran. In a three-day period last month, 43 people were executed. Persecution of the Baha'i people in Iran, a religious minority, has gotten worse. We know of more than 900 political prisoners in Iranian jails, which means there are probably many more.
To be perfectly blunt, the situation of human rights in Iran has not improved since the election of President Rouhani in June 2013 and has shown clear signs of deterioration on several fronts.
The discussion of liberties can be very theoretical, and so it is important to bring it down to ground level. To speak of 900 prisoners makes our minds reel and stretches our imaginations. Therefore, the genius of Iran Accountability Week is that each of us participating parliamentarians pairs up with one Iranian political prisoner to highlight that person's plight and to personalize the situation better, for the world to see.
It is always difficult to put theory into practice when it comes to human rights. It is too easy for us here in Canada, where we enjoy freedom and equality, to forget the suffering of people who are oppressed by a dictatorship. To avoid an overly theoretical discussion, I suggest that we put ourselves in the position of someone jailed for their political convictions.
Based on information provided to me by Ms. Afshin-Jam MacKay, I am going to share the story of Behnam Ebrahimzadeh who was in prison for five years for being a workers' rights activist, as well as defending children and human rights in Iran.
As Behnam's family recounts, this Nowruz, or Persian New Year, was the fifth for the family without Behnam by their side. He is in ward 2 of Rajai Shahr prison, known as Dar Al Quran. Originally he was sentenced to 20 years in prison, but after a huge public outcry, his sentence was reduced.
However, as his sentence was coming to a close, Judge Salavati, at branch 15 of the Revolutionary Court in Tehran, resentenced him to nine years and four months on brand new charges of colluding with the People's Mojahedin Organization of Iran, a banned opposition group, and spreading propaganda against the regime by contacting Mr. Ahmad Shaheed, UN Special Rapporteur on the situation of human rights in the Iran.
Behnam categorically denies any and all connection with the Mojahedin. It is impossible to prove the negative absolutely. Although he is not a murderer or a thief, he is housed alongside dangerous common criminals in this ward, and as a result his safety is threatened regularly. He suffers from arthritis in his neck, and further due to the continuous pressure put on him inside prison and long periods of solitary confinement, he suffers from intestinal and kidney bleeding, for which he is denied medical help by prison authorities. He is denied even a painkiller.
Sadly, Behnam's only child, Nima, is suffering from leukemia. Behnam is denied any visitation with his family and child. His family thanks all the peace-loving human rights advocates in Canada, Iran, and around the world for our support. Together, we believe that continued pressure on the Iranian authorities increases the likelihood of the release of Behnam and many like him.
It is our duty to inform the public and human rights bodies about his imprisonment and torture for simply defending workers, children, and human rights.
In Canada, our heroes are mainly hockey players, musicians and leaders of civil society. Iranians count many poets—such as Hafez, Saadi, Rumi and Omar Khayyam—among their national heroes.
I greatly admire Saadi, who lived in the 13th century and whose words are inscribed on the wall of the United Nations building in New York. The poem is called Bani Adam or Children of Adam. It tells us that men and women around the world are one, and says that if one person suffers, all of humanity suffers with them.
Saadi's poem, famous among Persian people, relates so poignantly to why we are here today. As he put it:
The children of Adam are limbs to each other,Having been created of one essence and soul,If one member is afflicted with pain, The other members uneasy remain. If you have no sympathy for human pain,The title 'human' you cannot claim.
These are strong words, and they communicate a universal truth of our moral responsibility to champion the cause of those who suffer, as we now champion those in prison in Iran.
Given that we know of hundreds of political prisoners there, we can assume there are many more about whom we do not know, and others living daily in fear for their freedom and their very lives.
Saadi points out the significance of even one political prisoner. In my case, I have chosen Behnam, suggesting that he represents all those who suffer in oppression, in Iran and elsewhere. My colleagues in this House tonight and my friends who fight for freedom in Iran and elsewhere can all agree with this sentiment. We ask President Rouhani and other members of the Iranian government to let Behnam and other prisoners of conscience free. Saadi would cheer us on.
In my role as government liaison to the Canadian Iranian community, I have come to love Persian poets. I have written a poem each Nowruz, and one especially for this evening. It is called A Poem for a Prisoner.
Eight hundred years ago, the poet Saadi said it best; He said that feeling others' pain can oddly make us blessed.He sensed that in our souls a link unites us all as one,That we are all one family beneath a common sun.Saadi's words in Bani Adam reach us all today—People here in Canada; people far away.It's a foreign government whose abuses we despise.Those who suffer its abuse are brothers, in our eyes.Canada seeks justice, and we'll shout it from the heights;Our Government opposes those who menace human rights.But while we challenge tyranny wherever it may reignWe sing with Saadi soulfully his powerful refrain.It's the bully government that we summon to account.It's not a quarrel with Irani citizens we mount.Our quarrel with the foe relates to government, it's clear;Our bond with Persian people is healthy and sincere.Mossadegh and Cyrus stood for freedom at the base;Iran will learn to smile again, extend aazaadi's face.Oppose the government we will—but Saadi said it best;We share with Persians eshgh, uniting East and West.