Monsieur le Président, c'est un honneur de prendre la parole en cette enceinte pour discuter d'un problème aussi grave aux yeux des Canadiens.
Je veux tout d'abord saluer le travail de ma collègue, la députée de Churchill, qui vient de livrer encore une fois un discours enflammé. Je ne compte plus le nombre de fois où elle est intervenue sur ce sujet à la Chambre. J'ai perdu le compte. Ses allocutions sont toujours émouvantes.
S'il y a un dossier dont la nature n'est pas partisane, c'est celui-là. Aussi, je félicite les députées de St. Paul's et de Labrador, qui ont toutes deux parlé avec éloquence au sujet de la motion présentée par la députée de St. Paul's.
Je veux simplement lire le texte de la motion:
Que, de l'avis de la Chambre, la tragédie injuste que représentent le meurtre et la disparition de femmes et de jeunes filles autochtones revêt une importance cruciale aux yeux de tous les Canadiens;
Qui s'opposerait à une telle affirmation?
[...] que le gouvernement n’est pas parvenu à rendre justice aux victimes, à atténuer la douleur des familles ni à mettre fin à la violence;
Cela ne devrait pas non plus prêter à la controverse.
[...] que la Chambre exhorte le gouvernement à agir dès maintenant pour régler ce problème systémique et à mettre sur pied une commission d’enquête publique.
Il semble que c’est peut-être la dernière partie de cette motion qui cause la division entre le gouvernement et l’opposition. Je dis « peut-être », parce que je remarque que la motion M-444 de la députée de Churchill, qui a été défaite, aurait permis de faire exactement ce qui est réclamé dans la présente motion, soit une enquête, et de prendre en plus un certain nombre d’autres mesures.
Elle a été défaite par tous les députés conservateurs qui ont voté contre, à l’exception d’un seul. Elle parlait de prévention. Elle parlait d’appuyer la recherche, la défense des droits, etc. Toutefois, à la surprise générale, elle a été défaite ici même par le gouvernement.
Pourquoi est-ce important? Pourquoi continuons-nous de parler de quelque chose qui a attiré la honte sur le Canada partout dans le monde? Lorsque le Comité des Nations Unies pour l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes est venu en 2008, il a invoqué ce qu’on appelle un protocole optionnel pour mener une enquête sur les femmes et les jeunes filles autochtones assassinées ou disparues.
Enfin, en 2015, le comité est venu au Canada pour enquêter. Dans son rapport, à notre plus grande honte, il a conclu que le Canada continue de manquer à son devoir de lutter contre la violence extrême dont sont victimes les femmes et les jeunes filles autochtones et que cela constitue « une violation grave » de leurs droits fondamentaux.
Comme Canadien, je sais que tous ceux qui nous regardent auront aussi honte que moi que notre pays ait dû être rappelé à l’ordre par un organisme des Nations Unies pour ses manquements à cet égard. Plus de 1 000 personnes sont touchées. Elles sont d’origine autochtone, mais ce sont nos concitoyennes. Voilà pourquoi je pense que nous pouvons tous dire que cela entache épouvantablement notre réputation à l'étranger.
Je suis fier de dire que le chef de l’opposition s’est engagé publiquement, et à plus d’une occasion, à commander une enquête nationale dans les 100 jours après la formation de son gouvernement. Il est certainement plus que temps.
Comme tant d’autres l’ont fait dans les débats tenus sur ce sujet, notre chef a reconnu que le problème est systémique. Deux mots me frappent. Le premier est épidémie, parce qu’il s’agit d’une épidémie de violence. Ces âmes perdues, les êtres qui leur sont chers et toutes ces souffrances qu’ils vivent prennent des allures d’épidémie.
Le deuxième mot, c’est systémique. Le problème est systémique, parce qu’il est enraciné dans la pauvreté et dans ce qui va avec: mauvaise santé physique, problèmes de santé mentale, itinérance, absence de justice, mauvais résultats scolaires, etc., soit la nature très précaire de la vie de tant de gens dont nous discutons le sort ici ce soir.
Il est intéressant d'entendre le secrétaire parlementaire nous dire dans cette enceinte que la motion est totalement inutile, que tout va bien et que nous avons abrogé l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne, ce qui améliorera les choses. Or, ce n'est pas le cas.
Qu'a fait le gouvernement à part réduire le financement? Je me souviens du jour où le programme de contestation judiciaire a été mis en oeuvre, en 2006, afin de permettre le règlement des litiges relatifs à l'article 67 de la Loi canadienne sur les droits de la personne, ce qui aurait pu résoudre ces problèmes.
Quelle fut la décision du gouvernement? Il a entièrement éliminé le financement de ce programme, comme si les Autochtones, déjà pauvres, allaient avoir eux-mêmes les ressources nécessaires pour défendre leurs causes devant les tribunaux judiciaires ou les tribunaux des droits de la personne. Et ce n'était qu'un début.
En 2006, d'énormes compressions ont été appliquées à Condition féminine Canada. La plupart des bureaux régionaux de cet organisme ont été fermés. Cet organisme était pourtant d'une grande utilité pour les femmes autochtones souhaitant faire valoir leur cause. Les Canadiens ne seront pas surpris d'apprendre qu'en réduisant le financement de ces organismes, on crée des problèmes.
Je prenais part ce matin à une réunion où il a été question d'un rapport qui a été produit par un collectif d'organismes et qui s'intitule La démocratie démantelée: étouffer le débat et la dissidence au Canada. Cindy Blackstock, une femme autochtone qui défend avec passion les droits des enfants est venue nous parler du harcèlement et de la surveillance dont elle a fait l'objet, comme le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada a pu le constater, pour s'être efforcée de défendre les femmes autochtones.
Dans ce contexte, le rapport du collectif parle des compressions effectuées par le gouvernement fédéral dans l'aide permettant aux Autochtones de faire entendre leurs voix. Selon le rapport, entre 2012 et 2015, le gouvernement fédéral a réduit d'environ 60 millions de dollars le financement accordé aux organisations autochtones. L'Assemblée des Premières Nations, qui a analysé les données budgétaires, évalue qu'il s'agit d'une réduction du financement de l'ordre de 59 %.
On est au comble du cynisme lorsque, après avoir coupé les vivres aux organismes qui appuient les femmes dans leur quête de justice et sabré dans le Programme de contestation judiciaire, ainsi que dans le budget de Condition féminine Canada, le gouvernement affirme qu'il n'y a pas de problème et que tout va bien, puisqu'il est possible d'invoquer un article de la Loi canadienne sur les droits de la personne.
La quête de justice s'organise un peu partout au pays. Depuis plus de 20 ans, les gens du quartier centre-est de Vancouver manifestent pour que l'on s'attaque au problème. Nous avons été témoins des horreurs de l'affaire Pickton. Nous avons entendu parler de la route des pleurs. Beaucoup de ces tragédies ont eu lieu dans ma province, en Colombie-Britannique.
Année après année, les néo-démocrates réclament la tenue d'une commission d'enquête. Je salue la députée de St. Paul's de revenir sur cette question dont nous parlons depuis de nombreuses années déjà.
Dans mon coin de pays, à Victoria, il y a l’Association des centres d’amitié autochtones de la Colombie-Britannique. Jeannette MacInnis et Paul Lacerte, les dirigeants de cet organisme, offrent un programme appelé Moose Hide Campaign. J'ai récemment participé à l'un de leurs événements annuels, à Victoria. Il s'agit d'un programme qui apprend aux hommes autochtones à se responsabiliser en ce qui concerne la violence. Il est très émouvant d'assister à l'une de ces journées, comme je l'ai fait récemment.
J'aimerais féliciter Victoria Pruden de l'association Bridges for Women, qui lutte si vaillamment dans le dossier. Pour sa part, le centre d’aide aux victimes d’agression sexuelle de Victoria a attiré l'attention de sa clientèle sur ce dont il est question ce soir.
La députée de Labrador a fait remarquer avec éloquence quelque chose qu'il convient de répéter. Elle a dit que la recommandation 41 de la Commission de vérité et réconciliation demande que l'on fasse enquête sur les femmes autochtones assassinées et portées disparues. Elle a signalé que le phénomène découle des séquelles laissées par les pensionnats et dont les effets se manifestent dans les collectivités autochtones de tout le Canada qui sont affectées par ce système raciste et par les conséquences actuelles des politiques fort malavisées que le gouvernement du Canada a adoptées il y a tant d'années.
Combien de Canadiens vont-ils pouvoir oublier la photo du ministre des Affaires autochtones et du développement du Nord canadien, qui est resté assis lorsque le juge Sinclair réclamait une telle enquête? Il est resté assis tandis que tout le monde s'était levé pour applaudir. Cette photo a laissé une marque indélébile dans ma mémoire, ça c'est sûr. J'ai eu tellement honte de la revoir aujourd'hui.
Le gouvernement prétend que l'affaire Tina Fontaine ne relève pas d'un problème social, qu'il s'agit simplement d'un crime comme un autre. Il dit que le premier ministre ne considère pas prioritaire de chercher les causes profondes du problème, comme il l'a dit lui-même à Peter Mansbridge. Pourtant, tous les Canadiens devraient s'intéresser de près à cette question. Nous devrions tous nous y intéresser.
Tous les Canadiens devraient être consternés d'apprendre qu'une agence internationale des Nations Unies a signalé les lacunes de notre système juridique et la négligence dont nous faisons preuve à l'égard d'un pourcentage important de la population. Plus d'un tiers des détenues dans les établissements pour femmes sont autochtones; c'est une statistique troublante à laquelle tous les Canadiens devraient réfléchir.
J'appuie vigoureusement la motion et j'invite tous les députés à la Chambre des communes à faire de même. Il est grand temps de faire ce qui s'impose pour les femmes et les filles autochtones assassinées et portées disparues.
Mr. Speaker, it is an honour to rise in this place and discuss an issue of such gravity to the Canadian public.
In doing so, I want to begin by saluting the work of my colleague the member for Churchill, who just made another passionate speech. I cannot remember how many times she has spoken out on this issue in the House; I have lost count. It is always moving when she does so.
I want to say that, if there is any issue that is nonpartisan in nature, it is this one. I want to, therefore, salute the member for St. Paul's and the member for Labrador. Both members have spoken eloquently in support of the motion by the member for St. Paul's.
I want to just read the motion:
That, in the opinion of the House, the tragic and inequitable issue of missing and murdered Aboriginal women and girls is of critical importance for all Canadians;
Who could oppose that?
...that the government has failed to provide justice for the victims, healing for the families, or an end to the violence;
That would also appear to be uncontroversial.
...and that the House call on the government to take immediate action to deal with this systemic problem and call a public inquiry.
It would appear that the last part is what may separate the government from the opposition on this motion. I say it “may” because I note that the motion by the member for Churchill was defeated, Motion No. 444, a motion that would have done exactly what this motion calls for, an inquiry, but also a number of other measures.
It was defeated with every Conservative member except one voting against it. It talked about prevention. It talked about support for research, advocacy, and the like. To everyone's surprise, that was defeated by the government in this place.
Why is this important? Why do we continue to talk about something that has drawn shame for Canada from across the world? When the United Nations came in 2008, the committee for the elimination of discrimination against women, it invoked what is called an optional protocol to conduct an inquiry into murdered and missing indigenous women and girls.
Finally in 2015, it came into Canada to investigate. In its report, to our embarrassment as Canadians, to our shame, it concluded that Canada's ongoing failure to address the extreme violence against indigenous women and girls constitutes “a grave violation” of their human rights.
As a Canadian, I know that anyone watching will share the sense of shame that I feel, the embarrassment, that our country had to be called out by a United Nations agency for its failure in this respect. More than 1,000 people are affected. They are of aboriginal ancestry, but they are fellow Canadians. That is why I think we all stand together and say this is just a shocking stain on our international reputation.
I am proud to say that the Leader of the Opposition has committed publicly, on more than one occasion, that within the first 100 days of forming government, he would call a national inquiry. Surely, it is long overdue.
He has recognized, as so many have in the debates over this topic, that this is a systemic issue. Two words strike me. The first is epidemic, because it is an epidemic of violence. These lost souls and their loved ones and the suffering they are going through is an epidemic
The second word is systemic. It is a systemic problem, because it is rooted in poverty and what goes along with poverty: poor health, mental health issues, homelessness, lack of justice, addictions, low educational attainment, and so forth, the very precarious nature of the lives of so many people whose fate we are discussing in this place tonight.
It is interesting to hear the parliamentary secretary stand in this place and talk about why this is so unnecessary and so forth, that everything is just fine, that we have repealed section 67 of the Human Rights Act, and that is going to make things better. It is not.
What has the government done but cut funding? I can remember a day when the court challenges program was set up in 2006, which would allow litigation under section 67 of the Human Rights Act that might have addressed these issues.
What did the government do? It killed the funding for that program entirely, as if aboriginal people, already poor, are going to have the wherewithal to advance their causes in courts or in human rights tribunals. It sounds just great until we go a little further.
In 2006, enormous cuts were made to Status of Women Canada. Most of its regional offices were closed. It did great work to support aboriginal women in causes like that. However, once again, when the funding is cut to these organizations, it should not surprise any Canadian that we will have problems.
I was at a meeting this morning in which a number of groups came together and produced a report called “Dismantling Democracy: Stifling debate and dissent in Canada”. Cindy Blackstock, a passionate aboriginal advocate for children, spoke about the harassment the Privacy Commissioner of Canada had found she faced as she tried to go about her business in advocating for aboriginal women, and the surveillance she had undergone.
In the context of that, the report talks about the cuts that the federal government has made to support indigenous voices. According to the report, between 2012 and 2015, the federal government cut approximately $60 million to indigenous leadership organizations. The Assembly of First Nations, which analyzed these budget figures, found that these cuts constituted a 59% drop in funding.
When the government cuts the funding for organizations that support aboriginal women in their quest for justice, when it cuts the court challenges program, when it cuts the Status of Women budget and then says that it is no problem that we have a section in the Human Rights Act so all is well, it is cynical in the extreme.
The quest for justice is taking place across the country. For over 20 years, people in the Downtown Eastside of Vancouver have been marching to address the issue. We had the horrors of the Pickton affair. We have the Highway of Tears. A lot of this happens in my province of British Columbia.
Year after year, the New Democratic Party members have been calling for an inquiry. I salute the member for St. Paul's for coming to this issue, but this is one that we have been addressing for so many years.
In my particular part of the world, Victoria, I want to talk about the BC Association of Aboriginal Friendship Centres. Jeannette MacInnis and Paul Lacerte, the leaders of that organization, have something called the Moose Hide Campaign. I attended one of their annual events not long ago in Victoria. It is about aboriginal men talking responsibility for violence. It is a very moving thing to do to go through one of their days, as I did not long ago.
I want to salute the work of Victoria Pruden, of Bridges for Women, who has been so strong on this issue. Also, the Victoria Sexual Assault Centre has drawn the attention of its clientele to the issues we are addressing tonight.
The member for Labrador pointed powerfully to something that deserves repetition. She pointed out that recommendation 41 of the Truth and Reconciliation Commission was that there be an inquiry into the murdered and missing indigenous women and girls. She pointed out that it was tied to the legacy of residential schools, the effect of which we see in all the communities across Canada affected by the scourge of that racist system and what we now have to deal with as a consequence of that misguided Government of Canada policy from so many years ago.
How many Canadians will forget the picture of the Minister of Aboriginal Affairs and Northern Development sitting in the room when Justice Sinclair was making his call for that inquiry. He was sitting when everyone else was applauding. That picture is indelibly marked on my memory for sure. I was so ashamed to watch that today.
The government calls the Tina Fontaine issue not a sociological problem, but just another crime, another criminal issue. It says that going after the root causes is not high on the Prime Minister's radar, as he himself said to Peter Mansbridge. It should be high on the radar of Canadians. It should be high on all our radars.
It should be shocking to Canadians to have an international UN agency come to Canada and call attention to the discrepancies in our legal system and our failure to address the large percentage of our population. That over one-third of prisoners in women's prisons are aboriginal is a shocking statistic that all Canadians should pause and note.
I speak in strong support of the motion and commend it to all members of the House of Commons. It is long overdue that we do the right thing for missing and murdered indigenous women and girls.