Merci.
J'ai des commentaires importants à formuler aujourd'hui, alors je vais lire une déclaration que j'ai préparée. Je serai heureux de discuter avec vous après mon exposé.
[Le témoin s'exprime en inuktituk.]
Bonjour, madame la présidente. Je m'appelle David Ningeongan. Je suis le président de la Kivalliq Inuit Association. Je suis accompagné de représentants qui travaillent en collaboration avec nous, David Chadwick et Tom Garrett, de Chadwick Consulting. Je suis aussi accompagné aujourd'hui de Phil Duguay, vice-président canadien d'Anbaric Development Partners, qui travaille aussi en collaboration avec nous.
Je suis heureux de voir que le Comité s'intéresse au sujet important des projets d'infrastructure dans le Nord et des stratégies connexes. Les collectivités nordiques sont des collectivités éloignées et isolées, et les gens là-bas payent certains des coûts les plus élevés de tout le Canada pour les biens et services.
En tant que président de la Kivalliq Inuit Association, je représente sept collectivités de la région de Kivalliq du Nunavut située directement au nord du Manitoba. Il s'agit des collectivités d'Arviat, de Whale Cove, de Rankin Inlet, de Chesterfield Inlet, de Naujaat, de Coral Harbour et de Baker Lake, qui représentent, en tout, une population de plus de 12 000 résidants, soit environ le tiers du Nunavut.
Notre région connaît une croissance, tant du point de vue de la population que du point de vue des occasions économiques. Rankin Inlet, à lui seul, a affiché une croissance de 30 % au cours des trois dernières années. Les membres de nos collectivités sont jeunes, et ils cherchent des occasions. Ce qui nous empêche de saisir la plupart des occasions de développement économique, c'est le manque d'infrastructure que le Sud du Canada tient pour acquis. L'absence d'accès Internet à large bande a une incidence sur notre éducation et nos soins de santé. L'absence de routes et d'installations portuaires appropriées influe sur la capacité des collectivités de partager leurs ressources ou des gens, de se rendre facilement sur un site d'emploi.
C'est un moment critique pour le gouvernement fédéral d'avoir de telles discussions. Grâce à une nouvelle relation de réconciliation, nous avons l'occasion de créer un partenariat, ensemble, pour investir dans des projets d'infrastructure qui seront bénéfiques pour les collectivités et le gouvernement fédéral.
Aujourd'hui, je vais concentrer mes déclarations sur un projet d'infrastructure nationale critique dans notre région, la ligne d'électricité et de liaison par fibre optique de Kivalliq.
Le manque d'énergie renouvelable et d'infrastructure à large bande fiable dans la région de Kivalliq est un problème avec lequel est aux prises l'ensemble du Nunavut. Cependant, nous avons une occasion unique à saisir à l'heure actuelle. Je vais décrire de quelle façon ce projet dirigé par les Inuits progresse à un moment critique, fort d'un appui généralisé du gouvernement et de partenaires privés.
J'ai fait beaucoup de chemin pour comparaître devant vous aujourd'hui. En réalité, je ne pouvais pas participer par vidéoconférence depuis ma collectivité, Rankin Inlet, en raison du mauvais service Internet à large bande dans ma collectivité.
Comme je l'ai mentionné, il y a de plus en plus d'occasions économiques dans notre région. Le plus grand employeur du secteur privé au Nunavut, les mines Agnico Eagle, exploitent une mine d'or dans le Nord de Baker Lake. Ils construisent une nouvelle mine à ciel ouvert au nord de Baker Lake, et les travaux de construction d'une nouvelle et imposante mine d'or située à 25 kilomètres au nord de Rankin Inlet sont très avancés.
Ces deux projets de construction à eux seuls représentent un investissement du secteur privé de plus de 1,2 milliard de dollars. On estime que, l'année prochaine, lorsque ces nouvelles mines seront opérationnelles, elles emploieront chacune 2 000 personnes, dont un tiers d'Inuits. Chaque année, le gouvernement fédéral recevra plus de 60 millions de dollars en charges sociales provenant de ces nouvelles mines.
J'ai mentionné ces mines, parce qu'elles révèlent que, malgré des coûts très élevés et l'absence d'infrastructures de base, notre région affiche un immense potentiel minier et économique. Ce que nous devons faire, c'est exploiter ce potentiel grâce à une énergie renouvelable, fiable et abordable et un accès à large bande. Et c'est maintenant qu'il faut le faire.
Les sept collectivités et mines de la région de Kivalliq, comme l'ensemble du Nunavut, dépendent entièrement de la combustion du diesel pour la production d'électricité et le chauffage. Il n'y a pas d'accès à l'électricité ni aux réseaux de gaz naturel de l'Amérique du Nord, et il n'y a aucune route dans la région de Kivalliq ni de routes reliant ses collectivités.
Le carburant diesel est transporté par navire vers la région de Kivalliq durant les mois d'été et est conservé dans chaque collectivité. L'utilisation du diesel entraîne des problèmes environnementaux, comme des émanations toxiques, le risque de contamination des sols, des déversements et des émissions de gaz à effet de serre. Bon nombre des centrales au diesel fonctionnent au-delà de leur espérance de vie et doivent être remplacées. Ce sont des usines qui ont été construites et qui appartiennent au gouvernement fédéral depuis environ 40 ans: elles représentent un héritage du gouvernement fédéral.
Nous avons un plan qui permettrait à notre première collectivité de cesser de produire de l'électricité avec du diesel d'ici juin 2024. La région de Kivalliq partage une frontière avec la province du Manitoba, qui possède d'abondantes ressources hydroélectriques renouvelables. On a donc là l'occasion de connecter les collectivités et les mines de la région de Kivalliq au Manitoba et au réseau énergétique d'Amérique du Nord. Le projet inclut aussi un plan touchant des réseaux de câbles à fibre optique, de façon à ce que pour la première fois, nous puissions avoir accès à des services Internet à large bande fiables et rentables dans notre région.
Le projet aurait pour effet de lier le Nunavut au reste du Canada, et ce, pour la première fois.
Comme je l'ai mentionné, c'est maintenant qu'il faut agir. La Kivalliq Inuit Association travaille sur le dossier depuis de nombreuses années. Nous avons terminé une étude technique sur la portée du projet en 2015. Cette étude a conclu que le projet permettrait au gouvernement fédéral ou au gouvernement du Nunavut de faire des économies de plus de 40 millions de dollars par année en réduction des subventions pour l'alimentation au diesel, tout en permettant de dissiper certaines préoccupations environnementales. Les économies pour l'industrie minière ont été estimées à plus de 60 millions de dollars par année. Avec l'entrée en vigueur prochaine de la tarification du carbone, ces montants augmenteront, tout comme l'urgence de trouver des solutions en matière d'énergie renouvelable.
L'industrie minière a besoin d'énergie pour fonctionner et assurer sa croissance. Nous en sommes à un moment critique où il faut veiller à ce que les investissements du secteur privé dans l'énergie renouvelable permettent de maximiser les retombées pour les collectivités. C'est ce que fera la ligne de transmission d'hydroélectricité et le raccord au réseau de fibre optique, et c'est la raison pour laquelle nous préférons ce projet.
Je suis heureux d'informer aujourd'hui le Comité que nous avons aussi franchi une étape importante dans le cadre de notre processus de planification. Nous avons créé un partenariat avec une entreprise de transport du secteur privé, Anbaric Development Partners. Anbaric est soutenue par un investisseur institutionnel, ce qui permettra au gouvernement fédéral de mobiliser d'importants capitaux du secteur privé pour mener à bien le projet.
Il s'agit d'une occasion incroyable pour les Inuits du Nunavut. Grâce au soutien fédéral, nous pourrons conclure un partenariat en coparticipation et aller de l'avant avec le projet. Notre planification liée aux études d'ingénierie et de faisabilité avance très bien.
Il s'agit d'un projet d'infrastructure d'édification de la nation, qui bénéficie du solide soutien du gouvernement du Nunavut, de nos organisations inuites territoriales et nationales, de Nunavut Tunngavik Incorporated, de Inuit Tapiriit Kanatami, de tous les dirigeants locaux des collectivités de Kivalliq, de Qulliq Energy, la société d'électricité de notre territoire, du secteur minier et des Mines Agnico Eagle.
Plus tôt cet été, nous avons présenté un mémoire dans le cadre des consultations prébudgétaires au Comité permanent des Finances de la Chambre des communes décrivant le projet proposé et l'occasion d'investissement du secteur privé en partenariat avec les Inuits afin de promouvoir ce projet d'infrastructure. Je fournirai au greffier le mémoire, qui inclut des lettres de soutien relativement au projet.
Le projet pourrait également devenir un élément clé d'un nouveau cadre stratégique fédéral pour l'Arctique. Lundi, vous avez entendu des ministères du gouvernement fédéral dire que le nouveau Cadre stratégique pour l'Arctique a permis de cerner la nécessité d'adopter de nouvelles approches pour répondre aux besoins des territoires.
En conclusion, le projet hydroélectrique et de fibre optique fournira une énergie renouvelable, fiable et abordable. Il sera un moteur de développement économique qui sera bénéfique pour l'ensemble du Nunavut et du Canada. Le lien hydroélectrique et de fibre optique favorise la réconciliation entre le Canada et les Nunavummiut dans la région de Kivalliq. Il s'agit d'un projet d'infrastructure qui générera des possibilités économiques et favorisera un environnement plus propre.
Merci d'avoir écouté un bref résumé concernant l'infrastructure dans le Nord et le besoin de construire un lien hydroélectrique et de fibre optique entre le Nunavut et le Manitoba.
Je serai heureux de répondre à vos questions.