Bonjour. Je m’appelle Jay Grewal. Je suis la présidente-directrice générale de la Société d’énergie des Territoires du Nord-Ouest, la SETNO. Je suis accompagnée, à Yellowknife, de Paul Guy, président du conseil d’administration de la SETNO et sous-ministre du ministère de l’Infrastructure du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest.
Je vous remercie de me donner l’occasion de m’adresser à vous aujourd’hui, non seulement au sujet des difficultés que nous éprouvons ici, dans le Nord, en ce qui concerne la production et la distribution d’électricité, mais aussi au sujet des possibilités qui aideront à stabiliser le coût de l’énergie et à favoriser une économie à croissance propre, dans l’intérêt des habitants du Nord et de tous les Canadiens.
La SETNO est une société d’État territoriale ayant pour seul actionnaire le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest. Notre mission consiste à produire, à transporter et à distribuer de l’énergie propre, fiable et abordable aux résidents, aux collectivités et aux entreprises des Territoires du Nord-Ouest. Ces efforts ont pour but d'enrichir la vie des habitants du Nord en leur fournissant de l’électricité et de les encourager à vivre, à travailler et à investir dans le territoire.
En réalité, notre mission devient de plus en plus difficile à accomplir. Nous servons une population d’environ 44 000 personnes dans la troisième plus grande région du Canada d'une superficie de 1,3 million de kilomètres carrés. Cinquante pour cent de nos clients sont des Autochtones. Ils vivent dans des communautés éloignées dont la plupart ne sont accessibles que par voie aérienne, par barge ou par route d’hiver. Ces petites communautés, où les possibilités d’emploi sont limitées, sont malheureusement celles où les tarifs d’électricité sont parmi les plus élevés au pays.
Même en faisant de son mieux pour être la plus rentable possible, les tarifs d’électricité de la SETNO dans les Territoires du Nord-Ouest sont environ cinq fois plus élevés que la moyenne nationale. Nous en sommes au point où certains de nos clients doivent choisir entre acheter à manger pour la famille et payer la facture de services publics pour continuer à avoir de l’électricité. Aucun Canadien ne devrait avoir à faire ce choix.
La réalité que de nombreux Canadiens tiennent pour acquis est loin d'être le lot des habitants du Nord, où seules 8 des 33 communautés des Territoires du Nord-Ouest ont accès à l’hydroélectricité. Certaines de ces installations ont été construites il y a près de 80 ans, grâce à des investissements fédéraux. Malheureusement, cela fait des décennies qu'il n'y a pas eu d’investissements importants dans de nouvelles capacités hydroélectriques. Ainsi donc, les 25 autres communautés de notre territoire sont alimentées principalement par des génératrices autonomes au diesel, à grands coûts sur les plans financier et environnemental.
Cette augmentation du coût de la vie, en plus d'avoir une incidence sur nos résidents et leur qualité de vie, crée des problèmes économiques et entrave la croissance économique.
Les Territoires du Nord-Ouest sont riches en ressources, des ressources qui resteront largement inexploitées à moins que nous puissions offrir des solutions énergétiques rentables et écologiques. Le manque de routes fait que des ressources minérales comme le cobalt, l’or, le lithium, le bismuth et certains métaux du groupe des terres rares nécessaires pour alimenter l’économie verte mondiale sont, pour la plupart, inaccessibles.
L’électricité représente généralement la plus importante part des coûts d’exploitation d’une mine. Dans les Territoires du Nord-Ouest, le manque d’infrastructures énergétiques, notamment de nouvelles capacités hydroélectriques et de lignes de transmission, signifie que les mines éloignées doivent compter sur les combustibles fossiles. Ces combustibles sont transportés par camion ou par avion sur des milliers et des milliers de kilomètres pour répondre aux besoins en électricité.
La probabilité que ces projets miniers potentiels entrent en exploitation est faible, car les facteurs que je viens de mentionner rendent ces projets tellement coûteux que leurs aspects économiques ne sont pas viables. Si la situation ne change pas, ces précieux minéraux mondialement convoités ne seront probablement jamais extraits.
À l’heure actuelle, nous avons une petite clientèle. Nos deux réseaux hydroélectriques ne sont pas reliés l'un à l'autre, ni au réseau nord-américain. Les changements climatiques entraînent une baisse du niveau d’eau tous les 10 ans. Tout cela crée une plus grande dépendance au diesel coûteux qui alimente les génératrices de secours, ce qui se traduit par des coûts d’électricité plus élevés.
Les investissements dans l’infrastructure énergétique sont nécessaires pour relever les défis fondamentaux avec lesquels nous sommes aux prises dans les Territoires du Nord-Ouest: ils feront en sorte de soutenir le développement d’une économie à la croissance plus vigoureuse, de réduire le coût de la vie pour tous les résidants, d'offrir des possibilités de partenariats avec les Autochtones et de favoriser le respect des engagements internationaux du Canada à l’égard des changements climatiques par la réduction des gaz à effet de serre.
NTPC, soucieuse de relever ses propres défis, a élaboré un plan stratégique sur 20 ans qui repose sur trois piliers: la fiabilité, la durabilité économique et la durabilité environnementale. Ces trois bases s'inscrivent dans la stratégie énergétique pour 2030 de nos actionnaires, au développement de laquelle nous avons participé activement.
L’un des principaux objectifs de la stratégie énergétique pour 2030 des Territoires du Nord-Ouest est la réduction des émissions de GES issus de la production d’électricité. Le plan des Territoires du Nord-Ouest profitera à nos clients, car une de ses composantes essentielles est l’investissement à long terme dans l’infrastructure énergétique, qui permettra de réduire le coût de l’énergie sans nuire à la fiabilité. Grâce à un solide soutien financier du gouvernement fédéral dans le cadre du programme d’infrastructure Investir dans le Canada, le PIIC, d’importants projets d’électricité comme le projet éolien d’Inuvik — le premier projet éolien à produire suffisamment d'énergie pour qu'on la chiffre en mégawatts — construit au nord du cercle arctique au Canada, pourra aller de l’avant.
Le projet sera réalisé en partenariat avec les Premières Nations Gwich’in et Nihtat de la région.
Avec l’appui du PIIC et d’autres programmes de financement fédéraux et territoriaux, NTPC prévoit d'intégrer l’énergie solaire et éolienne dans les collectivités qui dépendent actuellement principalement du diesel. Nous souhaitons également remplacer le diesel et réduire les émissions de GES en construisant des usines de gaz naturel liquéfié.
Bien que ces investissements soient bénéfiques et qu’ils soient aptes à aider les Territoires du Nord-Ouest à respecter leurs engagements en matière de réduction de l'empreinte carbone, ils ne sont pas suffisants et ne contribueront pas à réduire de façon importante l’écart entre les tarifs locaux d’électricité résidentiels et la moyenne nationale canadienne.
Pour atteindre ces objectifs, des changements importants sont nécessaires. Un projet transformateur permettrait aux Territoires du Nord-Ouest de faire leur part pour honorer les engagements pris dans le cadre pancanadien, de rendre le secteur minier plus écologique, de créer des partenariats mutuellement avantageux avec les Autochtones et de soutenir le développement économique à long terme des résidants du Nord.
L’expansion hydroélectrique de Taltson est le projet qui peut et doit aller de l’avant, car il transformera la réalité des résidants des Territoires du Nord-Ouest. Il y a actuellement deux réseaux hydroélectriques distincts de part et d’autre du Grand lac des Esclaves. Le plan visant à accroître la capacité de Taltson et à raccorder les réseaux nord et sud se traduira par une énergie plus propre et plus fiable pour plus de 70 % des résidants et des entreprises. Elle jettera également les bases d'une mise à niveau écologique pour le développement des activités minières actuelles et futures. La rivière Taltson, actuellement exploitée à hauteur de 18 mégawatts d'hydroélectricité, a une capacité potentielle de 200 mégawatts, qui pourrait être mise en exploitation par étapes successives. Toutes les phases d’expansion dépendraient de la technologie au fil de l’eau, qui ne requiert aucune inondation.
La phase 1 de l’expansion hydroélectrique de Taltson permettrait de mettre à la disposition des clients 60 mégawatts supplémentaires d’électricité propre et comprendrait l’installation d’une ligne de transport pour relier les réseaux nord et sud. À plus long terme, l’agrandissement permettrait également d’installer une ligne de transport dans le corridor d’accès proposé de la province géologique des Esclaves. Les avantages combinés d’un meilleur accès routier, de l'approvisionnement et du développement plus efficaces des mines dans une région riche en ressources et de la réduction des coûts énergétiques transformeraient complètement le climat d’investissement pour l’industrie et l’avenir économique du territoire.