D'accord.
On a convoqué une réunion aujourd'hui pour étudier les allégations d'ingérence politique du bureau du premier ministre auprès de l'ancienne procureure générale du Canada.
En tout respect, la proposition des libéraux m'apparaît être une façon de noyer le poisson. Comme le disait un de mes collègues conservateurs, les libéraux veulent nous donner des cours de droit sur la doctrine Shawcross et nous expliquer ce que sont les accords de réparation. Je comprends que cela est entré en vigueur à l'automne, mais je pense que tout le monde est capable de lire et de s'informer à ce sujet. Ils nous proposent d'entendre trois témoins qui ne sont pas ceux qui pourront témoigner de la question qui est censée nous occuper, soit les allégations d'ingérence politique.
Dans toute cette affaire, j'ai deux préoccupations en tête. J'ai d'abord l'image de près de 4 000 travailleurs québécois dont l'emploi est en jeu à la suite des discussions entre le représentant du procureur général à la cour et les avocats de SNC-Lavalin. Ces 4 000 travailleurs et leur famille sont des victimes indirectes, peut-être même directes, de cette situation qui ne pourra peut-être pas se régler parce que notre premier ministre, un peu en amateur, a fait des démarches auprès de l'ancienne procureure générale et parce qu'il ne veut pas la libérer des obligations liées au secret professionnel afin que nous puissions l'entendre.
Parmi toute la liste de témoins, s'il y en avait un seul que nous devrions entendre, ce serait Jody Wilson-Raybould. Je ne vois pas comment nous pouvons commencer autrement. Je lisais les noms des témoins, j'écoutais nos discussions et j'avais l'impression de me préparer à partir en voyage sans que personne me dise où je m'en vais. Puisque je ne sais pas où je m'en vais, j'apporte mon maillot de bain, mes bermudas, mes jeans, un habit, le nécessaire pour la pêche et pour la chasse. Nous allons entendre plusieurs témoins, mais nous allons toujours tourner autour du pot.
Pourquoi ne pas recevoir Jody Wilson-Raybould? C'est elle qui occupait le poste de procureure générale du Canada. C'est elle qui, selon les dires, a été victime d'ingérence politique de la part du bureau du premier ministre. Quand nous aurons entendu Mme Wilson-Raybould et qu'elle nous aura dit que M. Untel ou Mme Unetelle a dit, fait ou demandé ceci ou cela, nous pourrons préparer une liste de témoins un peu plus pertinente.
Actuellement, c'est une véritable partie de chasse. À mon humble avis, la motion des libéraux permettrait de noyer le poisson. La motion des conservateurs, quant à elle, me donne l'impression qu'on veut faire le procès de SNC-Lavalin. Or, ce n'est pas le rôle du Comité.
SNC-Lavalin a commis des fraudes. Certains dirigeants ont même déjà payé pour cela. S'il y en a d'autres, ils continueront de payer et c'est très bien. Les gens qui ont commis des fraudes doivent être sanctionnés. L'entreprise doit-elle l'être? Oui. Cela dit, il existe un processus de réparation. On verra s'il y aura une entente ou non. M. Lametti disait, la semaine dernière, qu'une entente était encore possible. Je me croise les doigts, non pas pour moi ni pour SNC-Lavalin, mais pour les travailleurs et leur famille qui ont besoin de ces emplois. On parle de 4 000 familles qui seront touchées par le chômage parce qu'on n'aura pas été capable de s'entendre pour garder leur emploi.
Le premier ministre a agi en amateur et refuse à l'ancienne procureure générale du Canada le droit de s'expliquer sur cette situation. Cela me choque et me préoccupe.
Je ne veux pas faire le travail du procureur dans ce dossier, des avocats de SNC-Lavalin ou du commissaire à l'éthique. Ils ont chacun leur mandat. À mon avis, le Comité permanent de la justice et des droits de la personne doit étudier les allégations d'ingérence politique du bureau du premier ministre. Pour ce faire, la première personne que nous devons entendre, s'il en est une, c'est Jody Wilson-Raybould.