Monsieur le Président, sérieusement, c'est presque gênant de parler après mon collègue de Huron—Bruce, parce qu'il a énuméré les nombreuses personnes d'origine latino-américaine qui vivent au Canada et en Amérique du Nord et qui ont réalisé des exploits extraordinaires dans le sport, par exemple, le baseball, le football, le hockey et le soccer. J'ai adoré cette belle présentation et ce bon discours.
J'aimerais d'abord et avant tout, comme d'habitude, dire bonjour à tous mes concitoyens de Beauport—Limoilou, qui nous écoutent en grand nombre ce soir, j'en suis certain.
Je suis très fier de participer à ce débat pour parler du projet de loi S-218, déposé dans l'autre Chambre par notre valeureux et très honorable collègue, le sénateur Enverga, malheureusement décédé il y a plus d'un an. Que Dieu ait son âme. C'est maintenant notre collègue de Thornhill qui parraine ce projet de loi à la Chambre des communes.
Ce soir, on constate que les libéraux ne participent pas à ce débat, et c'est malheureux. Comme plusieurs de mes collègues l'ont mentionné ce soir, il y a plus d'un demi million de personnes d'origine hispano-américaine au Canada. Ils ont une histoire incroyable. Ils se sont impliqués de manière extraordinaire au Canada à bien des égards. Il est donc important de parler de leur apport culturel, politique et économique à notre pays.
J'aimerais dire que la ville de Québec ne fait pas défaut à cet égard. Il y a une communauté colombienne très importante. Chaque année, elle organise une fiesta incroyable, à la baie de Beauport, dans ma circonscription. Cet été, cette fête va certainement se répéter.
Ce soir, j'aimerais partager un genre de comparaison avec tous les députés de la Chambre. En fait, j'aimerais faire un pont et démontrer certaines similitudes que l'Amérique du Nord partage avec l'Amérique du Sud. Ce sont des similitudes historiques, politiques, géopolitiques, économiques, sociologiques et même anthropologiques. Oui, ce sont les Amériques. Nous partageons quand même deux continents et une histoire très commune.
D'abord, d'un point de vue anthropologique, c'est un débat important et il y a plusieurs thèses. Il y a la thèse de Clovis, à l'effet que des peuples nomades de l'Asie seraient arrivés par le détroit de Béring il y a environ 10 000 ans, et qu'ils auraient peuplé l'Amérique entière. Par conséquent, les premiers arrivants en Amérique du Nord ou en Amérique du Sud proviendraient des mêmes sources de peuplement nomade, soit les peuples nomades d'Asie. Il y a également des théories qui disent qu'au contraire, les gens sont arrivés par la côte du Pacifique il y a 30 000 ans. On peut quand même dire que d'un point de vue anthropologique, les deux continents partagent sans contredit une similitude.
Il y a aussi une similitude sur le plan historique. Ici, c'est le Nouveau Monde. Christophe Colomb est arrivé près de Cuba, il me semble bien. À l'époque, il a découvert les Amériques au nom des occidentaux. Il a découvert le Nouveau Monde. Jacques Cartier, Jean Cabot, enfin tous ces explorateurs, ont fait découvrir ensemble à l'humanité, soit aux Occidentaux, aux philosophes, aux écrivains, aux explorateurs et aux monarques, l'existence de nouveaux territoires déjà peuplés, bien entendu. Ils ont découvert de vastes territoires qui ont été colonisés. On connaît l'histoire. Il y a donc une autre chose que le Nord et le Sud partagent du point de vue historique et de manière très tangible: le colonialisme. Les conquistadors de l'Amérique du Sud ont conquis l'Amérique centrale, et même une partie de la Californie et de la Floride, en allant jusqu'à la Terre de Feu, en Amérique du Sud.
Il y a eu les colonialistes de la Nouvelle-France, dont je suis issu, et de la Nouvelle-Angleterre. Encore une fois, on peut dire que du point de vue historique et colonialiste, on partage cela avec nos compatriotes de l'Amérique du Sud.
Nous partageons assurément l'histoire concernant la première forme de capitalisme moderne, soit le mercantilisme. C'est un genre de triangle où on partait de l'Europe vers l'Afrique pour amener des esclaves, et on ramenait des ressources en Angleterre par les mêmes bateaux. Tout cela était bien malheureux, bien entendu, mais c'est l'histoire. Il ne faut pas avoir peur de l'histoire. Le mercantilisme est une autre chose que nous partageons avec l'Amérique du Sud.
Du point de vue géopolitique, il est intéressant de constater qu'à peu près en même temps, au XVe, XVIe et XVIIe siècle, l'Amérique du Sud a été divisée en deux grandes régions par le pape, j'oublie lequel. Le pape a donc divisé l'Amérique du Sud entre les Portugais et les Espagnols, soit en deux grandes régions géopolitiques.
Pour ce qui est de l'Amérique du Nord, avec le traité issu de la guerre de Sept Ans, on a divisé le territoire entre les Britanniques et les Français. Alors, d'un point de vue géopolitique, nous partageons quand même un historique avec l'Amérique du Sud.
D'un point de vue politique et sociologique, il y a les révolutions populaires, comme la révolution américaine de 1776. Au Canada, on n'a pas vraiment eu de révolution, mais les Patriotes ont tout de même tué des gens et ont déclenché des mouvements révolutionnaires qui ont mené à la responsabilité ministérielle au Canada. C'était une sorte de mouvement révolutionnaire populaire.
En Amérique du Sud, Simon Bolivar a voulu créer une fédération pancontinentale de la Grande Colombie. Il a même été dictateur. Selon certains écrits, c'était un libéral, mais il est devenu dictateur. Il y a donc eu des révolutions populaires autant dans le Nord que dans le Sud. C'est une autre chose que nous partageons avec les gens de l'Amérique latine.
Par ailleurs, d'un point de vue économique, nous partageons avec ces gens une volonté de faire des échanges entre pays et d'amenuiser les frontières en ce qui concerne les tarifs douaniers ou même le partage de culture et de systèmes politiques. En Amérique du Nord, il y a eu l'ALENA en 1988, qui a été ratifié en 1992. En Amérique du Sud, il y a un équivalent, le Mercosur, qui a été créé en 1991 et ratifié en 1995.
Ces deux accords partagent un peu le même modèle d'annexion économique, mais les pays d'Amérique latine vont un peu plus loin, puisqu'ils tentent d'échanger de bonnes façons de faire en matière de politique et d'uniformiser leurs politiques sociales, ce qui est certainement difficile à faire, étant donné qu'il y a des pays plus ou moins démocratiques en Amérique du Sud.
J'aimerais aussi parler du Canada par rapport à l'Amérique du Sud. Le Canada a très tardivement découvert l'Amérique du Sud pour une raison très simple. En 1823, le président américain républicain Monroe a mis en place la doctrine de Monroe, une doctrine extrêmement importante pour les deux siècles qui ont suivi. Dans un de ses discours devant le Congrès, le président Monroe a dit aux Européens que toutes les Amériques étaient sous le joug impérial américain. En d'autres mots, M. Monroe a indiqué aux puissances européennes que toute visée européenne dans les Amériques serait dorénavant perçue comme une attaque belligérante envers les États-Unis, ni plus ni moins.
À partir de ce moment-là, les États-Unis ont commencé à traiter l'Amérique du Sud comme leur cour arrière. On l'a vu dans leur comportement au Chili, à l'époque de Pinochet, et au Honduras, lorsque M. Reagan a fait tomber le gouvernement. Les Américains agissaient comme si l'Amérique du Sud était leur cour arrière.
Ici, en tant que grands alliés économiques et politiques des États-Unis, nous avions pris nos distances par rapport à l'Amérique du Sud, car les Américains auraient été très mécontents de voir le Canada tenter de créer des ententes ou des rapprochements diplomatiques avec les pays d'Amérique du Sud, puisque c'était pour eux leur cour arrière.
Tout cela changé en 1948, lorsqu'on a créé l'Organisation des États américains, à laquelle le Canada s'est rallié seulement en 1990. Cela a pris tout ce temps au Canada pour s'ouvrir aux pays d'Amérique du Sud à cause de la doctrine de Monroe. C'est seulement en 1990 que le Canada, après 30 ans d'observation auprès de l'organisation, en est devenu un vrai État membre.
Aujourd'hui, après plus de 28 ans comme membre de l'OEA, le Canada fait un travail intéressant afin d'exporter ses valeurs démocratiques vers les pays d'Amérique du Sud et de créer des traités de libre-échange bilatéraux, notamment avec le Pérou — c'était l'un des beaux accomplissements de M. Harper. Il y a également les Sommets des Amériques, dont celui qui a eu lieu à Québec en 2001.
Voilà donc ce que je voulais mettre en évidence ce soir. En Amérique du Nord et en Amérique du Sud, nous avons des particularités et nous partageons des similitudes de manière très concrète, que ce soit sur le plan économique, géopolitique, sociologique, anthropologique ou historique. Au Canada, nous sommes contents que de plus en plus d'hispaniques se dirigent vers nos frontières pour immigrer dans notre pays afin de participer à notre belle vie culturelle, politique et économique.
Le Canada a très longtemps été fermé à l'Amérique du Sud à cause de la doctrine de Monroe et de la politique américaine, qui traitait jalousement l'Amérique du Sud comme sa cour arrière.
Vive l'initiative du sénateur Enverga! Vive l'initiative de mon collègue de Thornhill, qui a parrainé le projet de loi ici! Vive la communauté colombienne de Québec, qui va faire la fête cet été dans mon comté, à la Baie de Beauport!
Mr. Speaker, seriously, it is almost embarrassing to have to follow my colleague from Huron—Bruce, who listed many athletes of Latin American heritage living in Canada and North America who have accomplished amazing things in baseball, football, hockey, and soccer. I loved his fantastic presentation and his fine speech.
As usual, I would like to begin by saying hello to all my constituents in Beauport—Limoilou, many of whom are listening this evening, I am sure.
I am very proud to participate in this debate on Bill S-218, which was introduced in the other place by our valiant and very honourable colleague, Senator Enverga, who sadly passed away over a year ago. God rest his soul. Our colleague from Thornhill is now sponsoring this bill in the House of Commons.
The Liberals are not participating in tonight's debate, which is unfortunate. As a number of my colleagues have pointed out this evening, there are more than half a million people of Hispanic American heritage living in Canada. They have an incredible history, and they play an extraordinary role in our society in many different ways. It is therefore important to talk about the cultural, political, and economic contributions they have made to our country.
I would like to point out that Quebec City is no exception in that regard. Quebec City is home to a large Colombian community, and every year, they host a wonderful fiesta in Beauport Bay, in my riding. I am sure it will be happening again this summer.
I would like to make a comparison and share it with all the members of the House this evening. I would actually like to talk about some of the similarities that unite North America and South America. There are historical, political, geopolitical, economic, sociological, and even anthropological similarities. It is, after all, the Americas. We share two continents and a very common history.
First of all, from an anthropological perspective, this is an important debate, and there are several theories. There is the Clovis First theory, which holds that nomadic peoples came from Asia via the Bering Strait about 10,000 years ago and populated all of America. As a result, the first settlers in North America or South America would have been descendants of those same nomadic peoples from Asia. There are also counter-theories that claim they arrived via the Pacific coast 30,000 years ago. Regardless, the two continents certainly share similarities, anthropologically speaking.
We also share similar histories. This is the New World. Christopher Columbus landed near Cuba, if I am not mistaken. At the time, he discovered the Americas on behalf of the Europeans. He discovered the New World. Jacques Cartier, Jean Cabot, and all those explorers revealed the existence of new, albeit already inhabited, lands to all of humanity, meaning Europeans, philosophers, writers, explorers, and monarchs. They discovered vast lands that were then colonized. We know the history. One very tangible historical legacy that both North America and South America share is colonialism. Conquistadors from South America conquered Central America and even parts of California and Florida, all the way to Tierra del Fuego in South America.
There were the colonialists in New France, which is where I am from, and in New England. Once again, we share similar histories and experiences with colonialism.
Another aspect of our shared history is the earliest form of modern capitalism: mercantilism. In this triangular trade, Europeans sailed to Africa to acquire slaves and brought resources back to England on the same ships. It was all deeply tragic, of course, but it is a historical fact. We must not fear history. Mercantilism is another thing we have in common with South America.
From a geopolitical perspective, it is interesting to note that, around the same time, in the 15th, 16th, or 17th century, South America was divided in two by the pope, though I do not remember which one. The pope divided South America into two vast geopolitical regions, one Portuguese and the other Spanish.
In North America, the treaty that ended the Seven Years' War divided the territory between the British and the French, so from a geopolitical perspective, we have that part of our history in common with South America.
From a political and sociological point of view, there are people's revolutions, such as the American Revolution of 1776. Canada never really had a revolution, but the Patriotes did kill people and spark revolutionary movements that led to ministerial responsibility in Canada. That was a kind of people's revolution.
In South America, Simón Bolívar strove to build a continent-wide federation called Gran Colombia. He even became a dictator. Some commentators portray him as a liberal who became a dictator. Anyway, there were people's revolutions in both North America and South America. That is something else we have in common with the people of Latin America.
Furthermore, economically speaking, we share a willingness with these people to trade between countries and reduce borders when it comes to tariffs and even the sharing of cultures and political systems. In North America, we have NAFTA, which was created in 1988 and ratified in 1992. South America has an equivalent, Mercosur, which was created in 1991 and ratified in 1995.
These two agreements share a similar economic annexation model, but the Latin American countries go a step further because they try to share best policy practices and standardize their social policies, which is no easy feat considering that some South American countries are not quite what we could call democratic.
I would also like to talk about Canada's relationship with South America. Canada was late in discovering South America for one very simple reason. In 1823, Republican American President Monroe implemented the Monroe doctrine, which was very important over the next two centuries. In one of the speeches he gave to Congress, President Monroe told Europeans that all of the Americas were under American imperial control. In other words, Mr. Monroe told the European powers that any European designs on the Americas would be regarded as nothing less than a hostile attack on the United States.
From that point on, the United States started treating South America like their back yard. We saw that in the way they behaved toward Chile, in the days of Pinochet, and in Honduras, when Mr. Reagan brought down that country's government. The Americans treated South America like their back yard.
Here, as great economic and political allies of the United States, we kept our distance from South America because the Americans would not have been happy to see Canada try to foster agreements or diplomatic relations with South American countries since that was their back yard.
All that changed in 1984 with the creation of the Organization of American States, which Canada did not join until 1990. It took all that time for Canada to open up to South American countries because of the Monroe doctrine. It was only in 1990 that Canada, after 30 years of observer status, became a full fledged member state.
Today, after more than 28 years as a member of the OAS, Canada does interesting work exporting its democratic values to South American countries and creating bilateral free trade agreements, including with Peru. That was one of Mr. Harper's many fine accomplishments. There are also the summits of the Americas, including the one that was held in Quebec City in 2001.
That is what I wanted to present this evening. In North America and in South America, we have our particularities and we share some very real similarities on economic, geopolitical, sociological, anthropological and historical levels. In Canada, we are pleased that a growing number of Hispanics are heading to our border to immigrate to our country in order to participate in our beautiful cultural, political, and economic life.
Canada was closed to South America for a very long time because of the Monroe doctrine and U.S. policy, which jealously treated South America as its backyard.
Hurray for Senator Enverga's initiative. Hurray for the initiative of my colleague from Thornhill, who sponsored the bill. Hurray for the Columbian community in Quebec City, which is going to party this summer in Baie de Beauport in my riding.