Merci, madame la présidente, de me permettre de prendre la parole.
C'est très important pour moi aujourd'hui. En tant que membre du Comité permanent de la condition féminine, je sais à quel point le problème dont nous parlons ici aujourd'hui est grave.
À mon avis, l'essentiel, c'est d'aller au-delà de la politique et de mettre l'accent sur les victimes. Je suis déçue de voir une politisation de la question. C'est extrêmement nuisible, madame la présidente.
Depuis mars, nous menons notre propre étude sur la même question, donnant ainsi suite à une autre étude que nous avons réalisée en 2019. Jusqu'à maintenant, nous avons tenu huit réunions et entendu 36 témoins, y compris le ministre de la Défense, la juge Deschamps, des officiers supérieurs des Forces armées canadiennes, des membres des forces de l'ordre ainsi qu'une douzaine de victimes d'agressions sexuelles dans l'armée.
Leurs histoires ont été difficiles à entendre, et je félicite sincèrement ces victimes d'avoir témoigné. J'ai entendu les témoins du Comité permanent de la condition féminine et je conviens que nous devons travailler avec les témoins et les victimes, pas jouer à des jeux politiques. Madame la présidente, soyons clairs: les victimes ont besoin de solutions, pas de politique.
Je veux d'abord mettre l'accent sur la solution, madame la présidente. J'ai été encouragée par l'ampleur de la volonté politique du gouvernement, y compris le premier ministre, le ministre de la Défense nationale et ma collègue, la secrétaire parlementaire, qui a participé aux réunions du comité de la condition féminine, dans leur engagement sincère en vue de réformer la culture des forces armées et de mieux soutenir les victimes.
Lorsque le ministre a comparu le 23 mars, il a admis qu'il y a beaucoup de travail à faire. Il a dit que:
L'inconduite sexuelle, le harcèlement et toute forme de comportement inapproprié sont inacceptables. Appelons ces choses par leur nom: il s'agit d'abus de pouvoir. Ces gestes vont à l'encontre de nos valeurs canadiennes et nuisent à l'efficacité opérationnelle des Forces canadiennes. Nous voulons prévenir de tels comportements. Nous voulons être là pour les survivants et leurs réseaux de soutien. Nous voulons garantir que les gens qui dénoncent des incidents d'inconduite sexuelle ou de harcèlement se sentent en sécurité et soutenus et qu'ils aient la certitude qu'ils seront entendus.
Il reste manifestement du travail à faire, mais le gouvernement a pris plusieurs mesures essentielles pour mettre fin à l'inconduite sexuelle dans les forces armées dans le cadre de l'opération Honour. Nous avons adopté une déclaration des droits des victimes et créé le Centre d'intervention sur l'inconduite sexuelle, et le gouvernement met en œuvre La voie vers la dignité et le respect, une stratégie pour un changement de culture à long terme afin d'éliminer l'inconduite sexuelle dans les Forces armées canadiennes.
Le gouvernement du Canada a ensuite amorcé un examen externe indépendant et approfondi qui sera dirigé par Mme Louise Arbour, l'ancienne juge de la Cour suprême. Cet examen portera sur le harcèlement et l'inconduite sexuelle dans les forces armées ainsi que sur les politiques, les procédures, les programmes, les pratiques et la culture à la Défense nationale pour ensuite recommander des améliorations.
Le ministre a affirmé que:
Éliminer toute forme d'inconduite et d'abus de pouvoir et créer un milieu de travail sécuritaire pour l'ensemble du personnel de l'équipe de la Défense a toujours été une grande priorité pour moi à titre de ministre de la Défense nationale. De récents reportages dans les médias montrent cependant que de nombreux membres des Forces armées canadiennes ne sentent toujours pas qu'ils peuvent porter plainte en toute sécurité. Nous savons que nous devons en faire davantage pour garantir que tous les membres des Forces armées canadiennes se sentent en sécurité lorsqu'ils portent plainte et que nous serons là pour les soutenir lorsqu'ils le font.
Il a ensuite dit:
Outre le CIIS, les militaires peuvent également se tourner vers les Services d'aumônerie, les Centres de ressources pour les familles des militaires, le Programme d'aide aux employés, la Ligne d'information pour les familles [...]
Il a ajouté que:
Ces ressources sont indispensables pour soutenir les personnes touchées par l'inconduite sexuelle. Celles-ci ne constituent toutefois qu'un seul élément des efforts généraux que nous déployons afin de créer un milieu de travail sécuritaire et inclusif pour tous les membres de l'Équipe de la Défense. Nous nous efforçons d'éliminer la masculinité toxique qui fait partie intégrante de la culture militaire, laquelle nous empêche d'aller de l'avant. Ces traditions archaïques et toxiques qui valorisent la rudesse et l'agression, plutôt que l'intelligence émotionnelle et la coopération, et tout autre aspect de notre culture qui contribue à l'intimidation, au harcèlement et à d'autres comportements inacceptables.
À notre comité, nous avons sciemment décidé de maintenir l'étude axée sur les victimes. Nous savons que nous ne sommes pas enquêteurs, et nous ne devons pas risquer de nous ingérer dans des enquêtes. L'objectif n'était pas de revenir en arrière et de vérifier qui était au courant et quand, même si on a à maintes reprises et clairement répondu à toutes ces questions au Comité. En tant que comité législatif, l'idée était de faire des recommandations pour améliorer les conditions des femmes dans les Forces armées canadiennes.
Il était encourageant d'entendre parler du travail qu'on a déjà amorcé dans ce dossier. Lorsque j'ai posé la question au lieutenant-général Wayne Eyre, il a dit qu'il a déjà parlé directement aux victimes dans le peu de temps qui s'est écoulé depuis qu'il est devenu chef d'état-major de la Défense par intérim. Il a dit que de nombreuses victimes se sont adressées à lui, et il a attentivement écouté leurs histoires. Il a dit que:
Une chose qui m'apparaît évidente est que nous avons besoin de mettre en place un mécanisme permettant aux survivants et aux survivantes de tourner la page, par exemple dans les cas où ces personnes ne veulent pas nécessairement porter l'affaire en justice. Je tiens sincèrement à en apprendre davantage et à voir une intégration plus vaste de démarches réparatrices dans le règlement définitif qui s'en vient, et peut-être que c'est une occasion de tirer des leçons qui nous permettront de mettre en place, sous une forme ou une autre, un processus de réconciliation. Il y a beaucoup de choses que nous pouvons apprendre là.
Madame la présidente, encore une fois, nous discutons d'un problème déchirant. Nous devons poser des questions. Comment pouvons-nous aider les victimes? Comme mes collègues l'ont dit aujourd'hui, des membres du Comité posent ces questions. J'encourage tout le monde à mettre l'accent sur les victimes et sur le changement de culture dans les Forces armées canadiennes.
Merci, madame la présidente.