Monsieur le Président, pour faire preuve de leadership, il faut souvent prendre des décisions difficiles. Un bon leader prend des décisions qui sont dans l'intérêt supérieur de la population. Un mauvais leader prend des décisions en fonction de ses propres intérêts, souvent au détriment de la population.
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement parle d'une période sans précédent pour justifier de nombreuses mesures insensées, comme lorsqu'il a cru pouvoir s'accorder des pouvoirs d'imposition et de dépense illimités jusqu'en 2022, ou lorsqu'il a remplacé le Parlement par un comité spécial où on ne pouvait poser que certaines questions en particulier, ou encore lorsque le Parlement a été prorogé pour camoufler la conduite scandaleuse du premier ministre, qui a agi contrairement à l'éthique en faisant affaire avec la fondation UNIS. Tout cela a été fait sous prétexte que nous vivions une « période sans précédent ».
Les Canadiens sont attentifs et ils comprennent ce qui est en train de se passer. Ils commencent à voir une tendance se dessiner et à comprendre que le gouvernement exploite la pandémie pour trouver des moyens de se donner des avantages politiques. Ce projet de loi en est justement un autre exemple. Personne ne laisserait entendre qu'il ne faut pas se préparer à d'éventuelles élections lorsque le gouvernement est minoritaire, mais nous devons aussi être conscients que la crise de la COVID-19 continue de s'aggraver. Le Canada a le taux de chômage le plus élevé parmi les pays du G7, son déficit grimpe de manière incontrôlée, et il n'a aucun plan de relance économique.
Toute personne raisonnable comprendrait que d'autres priorités doivent l'emporter sur le déclenchement d'élections. En fait, chaque parti a indiqué que la tenue d'élections n'est pas souhaitée, en se fondant sur ce qu'ils ont entendu de la part des Canadiens. À quoi les libéraux pensent-ils? Ils songent à envoyer les Canadiens aux urnes en pleine pandémie.
Le premier ministre nous a appris que les belles paroles ne valent rien. Il a affirmé que le gouvernement tient à protéger les Canadiens, mais, dans le fond, tout ce qui semble lui importer, c'est de conserver son poste. Quelle autre raison peut expliquer le fait que l'on se hâte de faire adopter le projet de loi par la Chambre des communes, avant même que l'on ait reçu le rapport que le comité de la procédure et des affaires de la Chambre est censé présenter? Le comité a mené une étude précisément sur la tenue d'élections durant la pandémie de COVID-19. Quelle est l'urgence? Pourquoi agissons-nous si précipitamment? Serait-ce parce qu'en fait, le premier ministre essaie de coordonner les choses de manière à déclencher des élections lorsque ce sera le plus avantageux pour lui? Encore une fois, un bon leader gouvernerait dans l'intérêt de la population.
Beaucoup d'éléments du projet de loi sont très préoccupants. La mesure législative accorde au directeur général des élections des pouvoirs sans précédent lui permettant de prolonger les heures de vote, d'autoriser le décompte des bulletins de vote postal après l'échéance, de déterminer ce qui constitue une preuve suffisante de l'identité et de la résidence de l'électeur et d'accélérer l'entrée en vigueur de ces changements. Je ne crois pas devoir informer la Chambre de ce qui se produit quand une grande partie de la population met en doute la validité des résultats d'élections. Disons seulement que cela provoque le chaos.
Pour que la démocratie fonctionne, il est impératif que la population ait confiance dans le processus électoral. Compte tenu de la grande incertitude qui règne actuellement, le gouvernement devrait s'assurer que les règles sont définitives et claires. Or, c'est tout le contraire que nous observons dans la mesure législative. Cette dernière confère de grands pouvoirs discrétionnaires au directeur général des élections et crée beaucoup d'incertitudes pour les électeurs.
Même si je peux comprendre que des modifications doivent être apportées pour permettre l'adoption de mesures de sécurité et de diverses mesures de santé, je crois que nous devrions mettre en place des règles concrètes, et non des lignes directrices arbitraires pouvant être modifiées selon les caprices d'une personne. Cela ne peut que provoquer des catastrophes.
Que nous faut-il? Tout pouvoir additionnel accordé au directeur général des élections devrait être soumis à l'approbation de chacun des partis représentés à la Chambre des communes. Une fois passé le jour des élections, aucun bulletin de vote postal ne devrait être compté. Tout écart à cette norme risquerait d'entraîner une pléthore de problèmes, comme on le constate dans d'autres pays. Par-dessus tout, ce projet de loi, qui vise à modifier la Loi électorale du Canada en réponse à la COVID-19, doit comprendre une disposition de caducité. Nous avons vu les libéraux tenter d'inscrire des politiques à l'égard de la pandémie qui s'appliqueraient après la pandémie. Cela est impossible avec les modifications proposées à cette loi. La loi qui découlera du projet de loi à l'étude devra cesser d'être en vigueur lorsque la pandémie se résorbera. Il est donc vraiment important que ce projet de loi comprenne une disposition de caducité.
Une autre modification que les libéraux proposent à la Loi électorale du Canada au moyen de ce projet de loi serait de permettre que les bureaux de scrutin dans les établissements de soins de longue durée ouvrent 13 jours avant la fin des élections. Cela n'a aucun sens. Malheureusement, la pandémie a mis en lumière la triste réalité dans les établissements de soins des aînés partout au pays. Les données indiquent que ce sont les aînés qui courent le risque le plus élevé de complications liées à la COVID-19, notamment d'en mourir. Plutôt que de réduire au minimum le risque d'exposition au virus, le gouvernement considère que ce serait une bonne idée de laisser les bureaux de scrutin être ouverts plus longtemps, ce qui aurait pour effet de multiplier le risque d'exposition au virus de la COVID-19.
Où sont-ils allés pêcher pareille solution? Aucune donnée ne justifie cette modification de la loi. Elle mettrait en danger les plus vulnérables d'entre nous; il ne faut pas qu'elle soit adoptée. C'est absurde. C'est ridicule. C'est incompréhensible. À l'évidence, les libéraux souhaitent tenir au plus vite des élections en pleine pandémie et ils cherchent à défendre leurs propres intérêts aux dépens de la santé et du bien-être des gens, en particulier des aînés et des personnes handicapées.
Les Canadiens ne veulent pas d'élections au milieu d'une pandémie. Nous avons vu la hausse des cas de COVID survenue après les élections en Colombie-Britannique et en Saskatchewan. Imaginons simplement l'ampleur que cela prendrait à la suite d'une élection générale fédérale. En ne tenant pas compte du témoignage des responsables de la santé publique qui ont comparu devant le comité dans le cadre de son étude, le premier ministre a gaspillé leur temps précieux et les précieux conseils qu'ils ont offerts.
Les libéraux continuent leurs stratagèmes en vue de faire adopter ce projet de loi le plus rapidement possible alors que leur priorité devrait être la santé des Canadiens et la relance économique. L'effet de ce projet de loi sur la sécurité des aînés, des prestataires de soins de longue durée et des personnes handicapées soulève des préoccupations légitimes. J'oserais même dire qu'il soulève des préoccupations pour tous les Canadiens.
Les Canadiens méritent des renseignements clairs au sujet du processus électoral et de toute modification de celui-ci, surtout si on les force à se rendre aux bureaux de scrutin dans l'environnement potentiellement très dangereux d'une pandémie qui s'aggrave. Le projet de loi crée de l'incertitude et expose les Canadiens vulnérables à des risques à un moment où tant de Canadiens tentent simplement de maintenir la tête hors de l'eau.
Il serait bien que le dirigeant de notre pays s'occupe d'autre chose que de lui-même et de sa carrière politique pour plutôt se concentrer sur la population canadienne et ce qui est dans l'intérêt de celle-ci. La pandémie a révélé le vrai visage du gouvernement libéral et ses priorités. La rédaction de cette mesure législative et son étude précipitée en sont des exemples patents. Il ne fait aucun doute que ce projet de loi n'a été créé que pour servir les libéraux et l'intérêt du Parti libéral du Canada, et non pas pour la population du pays.
En tant que parlementaires, nous devrions nous concentrer sur les Canadiens, sur leur santé, leur sécurité, leur bien-être et leur avenir. Nous avons besoin d'un plan de relance économique et non d'un plan électoral des libéraux, ce qu'est le budget de 2021. La démocratie au Canada a été malmenée par le gouvernement qui est présentement au pouvoir. J'espère que tous les députés de l'opposition feront front commun pour exiger un bon projet de loi au nom de la population canadienne.
Ainsi, j'espère que nous mettrons fin à cette tendance à l'affaiblissement de la démocratie et que nous voterons contre ce projet de loi dans sa version actuelle.