Merci beaucoup.
Merci de m'avoir invité à témoigner.
J'ai passé en revue les transcriptions des témoignages récents devant le Comité, et j'ai été frappé par les commentaires du Dr McDonald, le 1er juin dernier, au sujet de la mise au point d'un ventilateur d'urgence par une équipe internationale de scientifiques et d'ingénieurs.
Mon objectif aujourd'hui est de souligner ce genre d'efforts et de vous en dire un peu plus sur les recherches que font actuellement, non seulement les chercheurs scientifiques et les lauréats du prix Nobel, mais aussi des gens comme des médecins de première ligne, des bricoleurs locaux, des étudiants et même des Autochtones comme la nation Nishnawbe Aski, dans le Nord de l'Ontario, qui tirent parti du savoir-faire local, de la fabrication numérique et des nouvelles technologies pour produire des solutions locales à la pandémie.
Au cours des derniers mois, des millions d'écrans faciaux ont été imprimés et découpés au laser. Il y a des centaines de projets de ventilateurs différents, mais souvent liés, d'autres types de masques faciaux et de technologies respiratoires, un vrai déferlement d'activités visant à protéger les travailleurs de la santé de première ligne et les patients de la COVID et à répondre à leurs besoins.
Vous avez probablement entendu ce genre d'histoires rassurantes dans les médias, et elles mettent vraiment en lumière la résilience et la capacité des Canadiens. Mais je pense que cela va plus loin. Ces histoires signalent également l'apparition de nouvelles capacités d'innovation et de développement technologique, en dehors des circuits habituels, qui fournissent des capacités essentielles pour résoudre les problèmes et intervenir rapidement lorsque les systèmes et les infrastructures industriels tombent en panne, comme nous l'avons récemment vécu.
Je vais vous parler un peu de moi. Je suis professeur à l'Université de Toronto, et lorsque la COVID a frappé, j'ai porté mon attention sur ce que nous pouvions faire à ce sujet. J'ai reçu un peu d'argent de l'Université de Toronto pour mettre sur pied ce que nous avons fini par appeler l'accélérateur de dispositifs d'urgence de Toronto et j'ai réuni un groupe de professeurs, d'étudiants et de membres du personnel pour travailler sur des enjeux cruciaux.
Depuis, nous avons produit environ 10 000 boucliers faciaux et nous les avons distribués dans les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée. Nous avons soutenu l'élaboration d'un certain nombre de projets centrés sur les hôpitaux et fourni l'équipement essentiel pour aider à la mise sur pied d'une installation canadienne d'essai de masques N95 à l'École de santé publique Dalla Lana.
Mais ce que nous avons fait en réalité, c'est que nous avons appuyé ce qu'on a appelé les innovations communautaires axées sur le soutien aux collectivités dans le besoin. Par exemple, le projet de bouclier facial que nous avons mis sur pied faisait vraiment partie d'un processus d'innovation ouvert grâce auquel nous avons exploité les solutions des autres et fourni notre propre solution aux autres, en plus d'utiliser la licence ouverte pour appuyer une diffusion généralisée et des améliorations rapides plutôt que d'utiliser des brevets ou d'autres mécanismes de PI.
Bien entendu, nous avons pu le faire parce que nous avons tiré parti de l'infrastructure publique de l'université et de son financement dans le but d'avoir un impact direct et immédiat plutôt que de produire un résultat financier.
Ces boucliers faciaux et tous ceux que tous les autres groupes ont créés ont joué un rôle très important au cours des premiers mois de la crise en assurant la sécurité et la protection jusqu'à ce que les solutions habituelles de l'entreprise privée puissent s'accélérer. Maintenant que c'est chose faite, les écrans faciaux que nous avons fabriqués ne sont pas vraiment concurrentiels, ils coûtent plus cher à fabriquer et leur fabrication est limitée par notre utilisation de l'infrastructure universitaire, qui est maintenant revenue à son rôle principal de recherche et d'enseignement.
C'est une histoire rassurante, mais elle illustre ce que j'en retiens le plus. Au sein de l'université, nous répartissons habituellement l'innovation entre les contributions au savoir humain que nous partageons publiquement par l'entremise de publications universitaires, et les autres types de contributions qui doivent généralement être protégées par des brevets et qui sont axées sur la valeur économique.
Mais je pense qu'il y a une troisième façon qui, je crois, est mise en évidence par l'histoire qui précède. Il s'agit des innovations qui sont générées par une collaboration profonde et continue avec les collectivités dans le besoin et qui nécessitent une licence ouverte et un soutien continu pour avoir un impact. Ici, je veux vraiment souligner le rôle que les universités canadiennes peuvent jouer du fait qu'elles centralisent l'expertise et les connaissances, et visent à servir l'intérêt public.
Je vais terminer par quelques brèves recommandations. Je tiens à encourager le Comité à garder ce genre d'innovations à l'esprit dans ses délibérations sur des questions connexes comme le rôle du nouveau collège des agents de brevets et des agents de marques de commerce.
Je tiens également à encourager le maintien du financement des subventions de recherche et des autres formes de financement qui encouragent les universités et les chercheurs à établir des centres s'intéressant non seulement à la création de nouvelles entreprises privées, mais aussi à de nouvelles formes d'organisation pour soutenir les innovations du type que je viens de décrire.
Ces innovations nous ont vraiment aidés à résoudre un problème dans cette situation d'urgence en matière d'EPI, et je crois qu'elles nous offrent un modèle de capacité stratégique et critique continue.
Merci.