Monsieur le président, encore une fois, je suis dans l'heureuse obligation de soutenir les propos de mon collègue conservateur selon lesquels les libéraux ont tendance à se flatter pour des choses qui non seulement sont parfois exagérées, mais qui remontent à loin.
Il est vrai qu'au début de la pandémie, le gouvernement a demandé des pouvoirs spéciaux sans précédent pour gérer une crise qui était sans précédent et qu'il s'est, pendant un certain temps, montré ouvert à plusieurs suggestions des partis de l'opposition. Pendant cette période, personne ne mettait en doute la réelle urgence de l'enjeu. Ultérieurement, des vieux plis ont réapparus et le Parti libéral du début des années 2000 a réapparu. On se rappellera le scandale qu'on a connu à cette époque. Il a retrouvé cette habitude de dire, au bénéfice de pouvoirs spéciaux que le Parlement a bien voulu lui confier, même s'il est minoritaire, et avec une naïveté qui aurait fait réécrire Candide à Voltaire, que personne n’allait s'en apercevoir. On s'est levé un beau matin et soudainement on en a découvert un, et puis on en a découvert un autre. Il est possible qu'il reste encore des cas qui émergeront. Cela soulève un certain nombre de questions.
Je voulais être ici aujourd'hui. Ce n'est pas le cas de tout le monde, mais je respecterai le Règlement, bien sûr. Je ne voudrais pas déranger la très nombreuse assemblée de libéraux à la Chambre, qui sont moins nombreux que les doigts de ma main. J'ai beaucoup trop de respect pour les élus et les institutions pour ne pas prendre moi-même une journée en cinq semaines pour me présenter à la Chambre des communes du Canada. Je me demandais même, tout à l'heure, pourquoi, en indépendantiste que je suis, j'ai parfois davantage de respect pour les institutions fédérales que ceux qui forment le gouvernement fédéral. Il y a quelque chose d'étrange dans ce contexte. Cela alimentait une réflexion que je soumettais aux médias ce matin, une question de base: est-ce que le gouvernement canadien est digne de la confiance des Québécois et des Canadiens? Ce n'est pas une petite question. C'est le fondement de notre démocratie. Il n'y a pas de manière certaine de confirmer cela. Chaque Québécois et chaque Canadien n'a pas un « confiance-omètre » de branché.
Or, les Canadiens ont confié la gestion des affaires de l'État à 338 députés, qui en sont la voix, et il revient aux 338 députés d'accorder ou de retirer la confiance au gouvernement. Sincèrement, le spectacle, les réponses et l'attitude dont nous sommes gratifiés aujourd'hui par les libéraux suggèrent qu'en matière de magnétisme pour la confiance, il y a un certain déficit de ce côté-là de la Chambre. C'est notre devoir de soulever la question, parce que, en effet, comme je le disais plus tôt, le gouvernement a obtenu de bonne foi par ce Parlement des pouvoirs exceptionnels. Quelques mois plus tard, on a découvert, bien sûr, le désormais célèbre et inscrit dans les livres d'histoires WE Charity. Je souligne encore une fois que, tardivement, on a nommé cela UNIS, comme s'il y avait eu quelque chose de francophone, alors que les francophones du Québec et du Canada n'étaient pas dans le champ de vision de WE Charity.
On parle de sommes astronomiques, d'honoraires délirants et d'une participation du bénéficiaire du contrat à la mise en place d'un programme de toute évidence créé sur mesure pour qu'on puisse prétendre que les fonctionnaires n'étaient pas capables de gérer ce programme. Quelle insulte! Ensuite, les gestionnaires de WE Charity, qui avaient eu d'autres problèmes de gouvernance, ont dit qu'ils se retiraient, et on a redonné le programme aux fonctionnaires, dont on disait, pas si longtemps auparavant, qu'ils n'avaient pas la compétence nécessaire pour gérer ce programme. Éventuellement, il y aura un autre scandale avec une autre petite musique qui ressemble à cela.
Ce sera une agence d'une société de la Couronne qui va confier cela à une entreprise privée parce qu'elle n'est pas capable de le faire même si elle est plus grosse que l'autre. Il y a là une aberration, car c'est un désaveu des compétences et des qualifications des fonctionnaires de l'État canadien de la part du gouvernement. Cela n'a aucun sens. En plus, le gouvernement a une fâcheuse habitude. Au moment du désaveu, apparaissent comme par magie des amitiés gouvernementales fort bienveillantes qui sont prêtes à prendre des contrats en échange de quelques dizaines de millions de dollars. Ce n'est pas rien. Voilà où nous en sommes.
Pendant ce temps j'ai pris quelques notes. On ne parle pas de transition énergétique, à laquelle il faudrait pourtant accorder la priorité, puisque les investissements publics dans la relance économique seront sans précédent aussi. On ne parle pas d'émergence de grappes industrielles innovatrices. On ne parle pas d'électrification du transport lourd. Ce matin, j'ai vu un rapport à ce sujet. On ne parle pas d'un certain nombre de choses qui sont des pistes pour sortir de la crise en créant de l'activité économique.
On ne parle pas de correctifs encore déficients sur certains programmes. Notre collègue en parlait plus tôt. Au début, on comprenait très bien que le programme pouvait avoir des lacunes puisqu'il avait été créé dans la hâte et l'urgence, mais, au bout d'un certain temps, il faut prendre acte des lacunes et les corriger. On ne parle pas de cela. On parle des scandales.
On ne donne pas un second chèque aux aînés qui en ont reçu un qui devait couvrir une période de trois mois. Les trois mois sont finis depuis longtemps et, au moment où ils l'ont obtenu, un autre chèque aurait dû être dans la machine. Les aînés ont reçu 300 $ pour gérer la crise alors que le Parti libéral s'est versé, par l'entremise du programme des subventions salariales, 850 000 $. Il y aura bientôt 1,8 million de dollars dans les poches du Parti libéral, qui pourra s'en servir pour sa prochaine campagne électorale. On offre 300 $ aux aînés. S'ils ont le Supplément de revenu garanti, ils reçoivent un autre montant de 200 $. Les aînés ont l'impression que le gouvernement en place leur rit au visage.
Pendant ce temps-là, on ne verse pas le deuxième chèque aux agriculteurs sous la gestion de l'offre. On aurait très bien pu le faire, on n'a pas besoin de déposer un budget pour verser la deuxième année de ces compensations auxquelles le gouvernement s'est déjà engagé. Pendant ce temps, on ne corrige pas l'erreur fondamentale du programme de bourses qui aurait été géré par l'organisme UNIS, alors qu'il relève de la compétence québécoise.
C'est facile de gérer l'organisme UNIS. Il s'agit de calculer la part du Québec, de faire un chèque et de l'envoyer au gouvernement Legault. Il va le gérer, car cela relève de sa compétence. Non, les tentations sont trop fortes. Les libéraux veulent tout centraliser, se mettre les pattes dans les compétences du Québec et des provinces et donner des contrats à leurs amis. Après cela, on se demande pourquoi il y a des gens qui, comme nous, se posent de grandes questions.
Est-ce moins grave de déclencher des élections si ce gouvernement refuse de changer quelques joueurs clés? Est-ce moins grave de le laisser continuer à agir ainsi que de déclencher des élections? Ce n'est pas une maladie. Ce matin, on nous disait que le fait de déclencher des élections poserait un risque à cause de la pandémie. Tout cela est tout à fait vrai. Tout cela part de la pandémie. C'est tout à fait exact, mais il faut que le gouvernement s'occupe des bonnes et des vraies affaires. S'il fallait souscrire à un raisonnement selon lequel on ne peut déclencher des élections tant qu'il y a un risque de deuxième ou de troisième vague, on serait de facto face à un gouvernement qui continue à se comporter comme s'il était majoritaire, qui ignore ses propres scandales ou qui se comporte comme si on était dans une dictature temporaire. Cela n'a évidemment pas de sens.
C'est dans cet esprit que le Bloc québécois dit que quelques joueurs doivent partir. Le premier ministre doit partir. Le ministre des Finances doit partir. Là-dessus, ils sont peut-être sur le bord d'être d'accord, mais d'en jeter un sous l'autobus ne sauvera pas l'autre. La chef de cabinet du premier ministre doit partir, pour que des gens dont on présume qu'ils sont qualifiés prennent le relais pour au moins six mois et gèrent la crise comme du monde. Après six mois, il faut me croire, je ne promets rien.
C'est dans l'ordre des choses que le Parlement se pose des questions sur le fait que la gestion de la crise a été détournée à l'avantage des libéraux en vue de leur propre réélection ou pour offrir des services à des amis, après avoir reçu ou que des proches ont reçu des sommes beaucoup plus importantes que ce qui aurait permis de sauver beaucoup d'entreprises au Québec ou au Canada. Pour cette raison, il faudra se poser de grandes questions.
Mr. Chair, again, I am in the interesting position of supporting my Conservative colleague's comments that the Liberals tend to embellish and boast about things that happened a long time ago.
It is true that at the beginning of the pandemic, the government sought unprecedented special powers to deal with an unprecedented crisis and that, for a while, the government was open to a number of suggestions from the opposition parties. During this time, no one was questioning the urgency of the situation. The Liberal Party later slipped back into old habits and became the party we knew in the early 2000s. Members will recall the scandal that happened back then. The Liberals, showing a naïveté that would make Voltaire rethink Candide, thought no one would notice anything, as they took advantage of the special powers Parliament granted them, even though they are a minority government. One morning, a case popped up, and then another one. More cases could emerge. This is concerning.
I wanted to be here today. That is not the case for everyone, but I will definitely respect the rules of the House. I would not want to disturb the very large number of Liberals in the House, who I can count on both hands. I have far too much respect for elected officials and institutions to not show up one day out of five weeks in Canada's House of Commons. I was just wondering why, as a sovereignist, I sometimes have more respect for federal institutions than the members of the federal government do. There is something odd in this situation. It led me to consider something I shared with the media this morning, which was a fundamental question: Does the Canadian government deserve the confidence of Quebeckers and Canadians? That is not a trifling matter. It is the foundation of our democracy. There is no surefire way to confirm it. Quebeckers and Canadians are not connected to a “confidence meter”.
Canadians entrusted 338 members, who are the voice of the people, to manage the nation's affairs, and it is up to those 338 members to grant or withdraw their confidence in the government. The Liberal's performance, answers and attitude here today truly seem to suggest that the members on that side are somewhat lacking when it comes to inspiring confidence. It is our duty to raise the question because, as I was saying earlier, this Parliament granted the government exceptional powers in good faith. A few months later, we discovered, of course, the now infamous WE Charity, which will go down in history. I once again want to emphasize that the organization was later named UNIS, as though it somehow catered to francophones, when francophones in Quebec and Canada were not even on WE Charity's radar.
We are talking about astronomical amounts of money, mind-boggling amounts, and the participation of the contract recipient in the implementation of a program that was obviously tailor-made to ensure the government could claim that public servants were not capable of managing it. How insulting. Then, the managers of WE Charity, who had other governance problems, said that they were withdrawing, and the government gave the program back to those same public servants who it had claimed, not too long before, did not have the necessary expertise to manage the program. Eventually, there will be another scandal, and it will be the same old story all over again.
A Crown corporation agency is going to outsource it to a private company because it cannot manage it itself, even though it is bigger than the private company. That is appalling, because it amounts to the government failing to recognize the skills and qualifications of Canada's public servants. It makes no sense. On top of that, the government has a nasty habit of having friends who magically appear at just the right time to take on contracts for tens of millions of dollars. It is quite something. That is where we are at.
I have been taking notes this whole time. No one is talking about an energy transition, even though that should be a priority, since public investment in the economic recovery will also be historic. No one is talking about creating industrial innovation clusters. No one is talking about electrifying heavy-duty vehicles. I saw a report on that topic this morning. No one is talking about a number of things that could offer a way to get out of this crisis by creating economic activity.
No one is talking about fixes to certain programs that still fall short. Our colleague mentioned that earlier. Initially, we completely understood that there could be some gaps, since the program was created hastily and urgently, but after a while, enough is enough, and those gaps need to be filled. No one is talking about that. They are talking about the scandals.
Seniors who got a cheque that was supposed to cover a three-month period are not getting a second cheque. The three months ended a long time ago, and when they got their cheque, another one was supposed to be in the works. Seniors received $300 to get through the crisis, while the Liberal Party paid itself $850,000 through the wage subsidy program. Soon the Liberal Party will have $1.8 million in its pocket that it can use for the next election campaign. Seniors are being offered $300. If they get the guaranteed income supplement, they receive an extra $200. Seniors feel like this government is laughing in their faces.
Meanwhile, they have not written the second cheque to farmers for supply management. They could very well have done it, as they do not need to table a budget to pay out the second year of the compensation that the government promised. Meanwhile, the fundamental problem with the scholarship program that was to have been managed by WE Charity has not been resolved, even though it falls under Quebec's jurisdiction.
It is easy to manage the WE Charity. The government has to calculate Quebec's share, write a cheque and send it to the Legault government. He will manage it because it is within his authority. No, the temptation is too strong. The Liberals want to centralize everything, interfere in Quebec's and the provinces' jurisdiction and hand out contracts to their friends. Then they wonder why some people, like us, have serious reservations.
Is it better to trigger an election if this government refuses to change some key players? Is it better to let the government continue like this than to trigger an election? This is not a disease. This morning, the government said that calling an election would be risky because of the pandemic. That is true. This all started with the pandemic. That may be true, but the government still needs to address the real issues. If we were to agree that we cannot call an election while a second and third wave are looming, this government would continue to act as though it were a majority government, a government that ignores its own scandals and acts as though we are living under a temporary dictatorship. That is obviously a preposterous notion.
That is why the Bloc Québécois is saying that some people need to go. The Prime Minister needs to go. The Minister of Finance needs to go. They may be prepared to agree on this, but throwing one person under the bus will not save the other. The Prime Minister's chief of staff needs to go, so that people who are ostensibly qualified can take over for at least six months and manage this crisis effectively. After six months, I can make no promises.
It is only natural that Parliament ask questions about the fact that the management of the crisis was used to the advantage of the Liberals to help them get re-elected or to help out their friends after they or members of their families received sums of money much larger than what would have been needed to save many businesses in Quebec and Canada. For that reason, we need to ask ourselves some important questions.