Bonsoir, et merci.
Je suis conseiller juridique auprès de la World Sikh Organization of Canada, un organisme sans but lucratif de défense des droits de la personne qui a vu le jour en 1984 et dont le mandat consiste à promouvoir et à protéger les intérêts des sikhs canadiens ainsi que les droits de la personne pour tous.
Il y a presque exactement cinq ans, j'ai témoigné devant le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration sur un sujet semblable, et j'ai alors signalé que les sikhs et les hindous sont des communautés en état de siège en Afghanistan et que leur vie est menacée dans l'immédiat. Ils étaient environ 2 000 à l'époque, sur une population initiale qui était estimée à quelques dizaines de milliers de personnes avant 1992.
Aujourd'hui, en raison d'une persécution continue et de plusieurs attaques meurtrières, leur nombre est tombé à environ 200. Ceux qui restent en Afghanistan sont en constant danger, et ceux qui ont fui le pays vivent en Inde dans des conditions précaires et inquiétantes, sans réelle perspective d'installation permanente.
À titre de contexte, je dirais que mes premiers contacts avec les sikhs afghans ont commencé en novembre 2014, lorsque j'ai reçu une série de messages désespérés en provenance d'une communauté sikhe afghane isolée, dans la province de Helmand, qui faisait face à un danger imminent. Leurs maisons avaient été la cible de jets de pierres, et leurs commerces avaient été publiquement boycottés. À l'époque, Manmeet Singh Bhullar était un de mes amis, et je lui ai parlé de la situation. Il s'est employé à sauver cette communauté, et il en a fait l'œuvre de sa vie jusqu'à sa mort tragique en novembre 2015.
La situation actuelle des sikhs et des hindous en Afghanistan est marquée par la peur, la persécution et une menace imminente. Ils ne peuvent pas quitter librement leur domicile, trouver un emploi ou aller à l'école. Les femmes ne peuvent pas sortir seules de leur maison et elles craignent constamment d'être enlevées. Les sikhs et les hindous qui restent en Afghanistan vivent regroupés dans des gurdwaras, car la plupart de leurs biens ont été confisqués par d'autres. Ces conditions existaient également en 2016. Ce qui a changé, c'est que la situation s'est considérablement aggravée, la communauté étant activement visée par les attaques lancées par Daech, qui a juré de les chasser d'Afghanistan.
Le 1er juillet 2018, tous les dirigeants de la communauté sikhe et hindoue ont été tués dans un attentat suicide. Quinze sikhs et quatre hindous, qui se rendaient à une réunion avec le président afghan Ashraf Ghani, ont perdu la vie. Daech a revendiqué la responsabilité de cette attaque.
Le 25 mars 2020, il y a un peu plus d'un an, lors d'un autre attentat suicide perpétré par Daech, le gurdwara Har Rai Sahib a été attaqué à Kaboul. Vingt-cinq sikhs ont perdu la vie, dont la petite Tanya Kaur, âgée de quatre ans. Le lendemain, les funérailles des victimes ont également été visées par un attentat à la bombe.
En juin 2020, Nidan Singh a été enlevé dans un gurdwara et retenu pendant près d'un mois jusqu'à ce qu'il soit secouru. Le 18 juillet 2020, Salmeet Kaur, une fille de 13 ans, qui avait perdu son père lors de l'attaque de mars, a été enlevée dans un autre gurdwara de Kaboul. Le 2 février 2021, une série d'attentats à la bombe a tué un sikh et en a blessé deux autres dans un quartier où se trouvent plusieurs magasins appartenant à des sikhs. La victime, Sunny Singh, n'a jamais pu voir son fils nouveau-né en Inde, et sa femme a assisté à ses funérailles par appel vidéo.
Devant le retrait imminent des États-Unis, la situation en Afghanistan promet d'empirer pour les minorités. Un membre de la communauté minoritaire hazara a très bien résumé les choses lorsqu'il a dit: « Être membre d'une minorité en Afghanistan, c'est l'enfer, mais être sikh, c'est être dans le cercle le plus profond de l'enfer. »
En juillet 2020, 429 sikhs et hindous ont fui l'Afghanistan pour se rendre en l'Inde grâce à un visa spécial valable pour 6 mois. Ceux qui se sont enfuis ne craignent peut-être plus pour leur vie, mais ils souffrent quand même. Il n'y a pas de véritables perspectives d'établissement permanent pour ces réfugiés en Inde, malgré ce que prétend le gouvernement indien. Le parti au pouvoir en Inde, soit le Parti Bharatiya Janata, forme un gouvernement nationaliste hindou qui se livre à des jeux politiques: il tente de se faire passer pour un sauveur des minorités fuyant les pays musulmans, mais, en réalité, il ne leur offre aucune aide ni aucune possibilité d'établissement.
Les familles qui se sont enfuies en juillet dernier continuent d'être soutenues par des organisations sikhes et des donateurs privés. Elles n'ont pas accès aux services de base comme les soins de santé et l'éducation, ni même aux vaccins contre la COVID. Très peu d'entre elles ont trouvé un emploi. Huit familles sikhes d'origine afghane sont récemment retournées en Afghanistan par désespoir, un geste qui a été célébré par le gouvernement afghan. La plupart d'entre elles sont maintenant de retour en Inde. Une famille a expliqué qu'elle n'avait pas trouvé d'hôpital pour soigner sa fille à New Delhi et qu'une fois que celle‑ci avait reçu un traitement à Kaboul, la famille était retournée en Inde parce qu'elle ne se sentait pas en sécurité en Afghanistan.
Depuis 2015, nous avons demandé à plusieurs reprises au gouvernement canadien de créer un programme spécial pour les sikhs et hindous afghans afin qu'ils puissent trouver refuge au Canada. En juillet 2020, 25 députés canadiens du Parti conservateur, du Nouveau Parti démocratique et du Parti vert ont écrit au ministre de l'Immigration pour proposer ce programme spécial, mais à ma connaissance, il n'y a pas eu de réponse à cette lettre, et encore moins de progrès à cet égard.
Après l'attaque de mars, nous avions pris les dispositions nécessaires pour avoir un appel téléphonique par semaine avec un représentant de Citoyenneté et Immigration Canada, puis ces appels n'ont eu lieu qu'une fois toutes les deux semaines pour enfin être complètement annulés et, depuis août 2020, nos courriels sont restés sans réponse.
La question n'est pas de savoir si une autre attaque aura lieu, mais bien quand elle aura lieu. Il s'agit de personnes extrêmement vulnérables qui n'ont pas d'avenir ni en Afghanistan ni en Inde. Ils comptent désespérément sur l'aide du Canada pour qu'on puisse leur sauver la vie.
Il est frustrant de plaider leur cause depuis si longtemps sans obtenir de résultats concrets. La communauté sikhe est prête à payer tous les frais de réinstallation, comme elle l'a fait pour le petit nombre de familles de réfugiés sikhs en provenance de Helmand. Tout ce qu'il faut, c'est que le gouvernement nous donne la permission de les faire venir ici.
Voilà ce que j'avais à dire pour l'instant.
Good evening. Thank you.
I'm a legal counsel with the World Sikh Organization of Canada. We're a non-profit human rights organization established in 1984 with a mandate to promote and protect the interests of Canadian Sikhs as well as to protect the human rights of all individuals.
Almost exactly five years ago, I testified in front of the Standing Committee on Citizenship and Immigration on a similar topic to this, and I reported that Sikhs and Hindus are communities under siege in Afghanistan and face an immediate threat to their lives. They numbered approximately 2,000 at that time, from an original population that was estimated to be in the tens of thousands prior to 1992.
Today, as a result of ongoing persecution and several deadly attacks, the number has dwindled to approximately 200. Those who remain in Afghanistan are in constant danger, and those who have fled live in precarious and troubled conditions in India, with no real prospects of permanent settlement.
As a matter of background, my experience with the Afghan Sikh community began in November 2014 when I received a desperate series of messages from a remote Afghan Sikh community in Helmand province who were facing imminent danger. Their homes had been stoned, and their businesses had been publicly boycotted. At that time, Manmeet Singh Bhullar was a friend of mine, and I spoke to him about the situation. He made it his life's work to save that community until his tragic death in November 2015.
The current situation for Sikhs and Hindus in Afghanistan is one of fear, persecution and imminent threat. They are unable to freely leave their homes, find employment or attend schools. Women are unable to leave their homes unaccompanied and are in constant fear of kidnapping. The remaining Sikhs and Hindus in Afghanistan live collectively in gurdwara, as much of their property has been taken by others. These conditions also existed in 2016. What's changed is that the situation has gotten much worse with the community being actively targeted with attacks by Daesh, who vowed to drive them out of Afghanistan.
On July 1, 2018, the entire leadership of the Sikh and Hindu community was killed in a suicide bombing. Fifteen Sikhs and four Hindus, who were on their way to a meeting with Afghan president Ashraf Ghani, lost their lives. Daesh took responsibility for that attack.
On March 25, 2020, just a little over a year ago, in another Daesh suicide attack, Gurdwara Har Rai Sahib was attacked in Kabul, where 25 Sikhs lost their lives, including four-year-old Tanya Kaur. The funeral for the victims of this attack the following day was also targeted with a bombing attack.
In June 2020, Nidan Singh was abducted from a gurdwara and held for almost a month until his rescue. On July 18, 2020, 13-year-old Salmeet Kaur, who lost her father in the March attack, was kidnapped from another gurdwara in Kabul. On February 2, 2021, a series of bomb attacks killed one Sikh and injured two others in an area with several Sikh shops. The victim, Sunny Singh, never got to see his newborn son in India, and his wife watched his funeral on a video call.
With the U.S. pullout from Afghanistan being imminent, the situation promises to get much worse for minorities. A member of the Hazara minority community said it best when he said: “To be a member of minority in Afghanistan is hell; but to be a Sikh means to be in the innermost circle of hell”.
In July 2020, 429 Sikhs and Hindus fled Afghanistan for India on a special visa valid for six months. Those who fled may not face an immediate threat to their lives, but they're still suffering. There are no real permanent settlement prospects for these refugees in India, despite the claims of the Indian government. India's Hindu nationalist BJP government is playing politics as it tries to project itself as a saviour of minorities fleeing Muslim countries but, in actuality, provides no assistance to them or any options for settlement.
Families that fled last July continue to be supported by Sikh organizations and private donors. There is no access to basic services such as health care and education or even vaccination for COVID. Very few of them have found employment. Eight Afghan Sikh families recently returned to Afghanistan out of desperation, a move that was celebrated by the Afghanistan government. Most of them have now returned once again back to India. One family reported that they couldn't find a hospital to care for their daughter in New Delhi, and after receiving treatment in Kabul, they returned because they felt unsafe remaining there.
Since 2015, we've repeatedly called on the Canadian government to create a special program for Afghan Sikhs and Hindus so that they can come to safety in Canada. In July 2020, 25 Canadian MPs from the CPC, NDP and Greens wrote to the Minister of Immigration for this special program, but I'm not aware of a reply to this letter, let alone any progress in this regard.
After the March attack, there was a weekly call set up with a representative of CIC, which was then reduced to biweekly and then cancelled altogether, with no reply to our emails since August 2020.
The question isn't whether there will be another attack. The question is when the next attack will be. These are extremely vulnerable individuals who do not have a future in Afghanistan or in India. They're looking desperately to Canada to save their lives.
It's been frustrating to advocate without real results on their behalf for this long. The Sikh community is willing and able to pay for all the resettlement costs, and has done so for the small number of Sikh refugee families who have arrived from the Helmand group. We just need the government to give us the permission to bring them here.
Those are my comments for now.