Merci, monsieur le président.
Je pense que nous avons tous été bouleversés et troublés par ce que nous avons entendu de la part de M. McGuinty et lorsque nous avons lu son rapport. Des députés libéraux vous ont donc fait parvenir une lettre en vertu du paragraphe 106(4) du Règlement.
Dans la lettre, nous citons le rapport de 2020 du Service canadien du renseignement de sécurité, qui dit ceci:
Depuis 2014, des personnes canadiennes motivées en tout ou en partie par des opinions relevant de l'extrémisme violent à caractère idéologique (EVCI) ont tué 21 personnes et en ont blessé 40 autres au pays — plus que ceux qui se réclament de l'extrémisme violent à caractère religieux (EVCR) ou de l'extrémisme violent à caractère politique (EVCP). […]
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les discours à caractère xénophobe et antiautoritaire, dont beaucoup peuvent influer, directement ou non, sur des considérations relatives à la sécurité nationale. En ligne, des extrémistes violents continuent d'exploiter la pandémie en amplifiant de fausses informations sur les mesures gouvernementales et le virus lui-même. Certains ne mettent pas en doute l'existence de la COVID-19, mais se réjouissent de cette crise susceptible d'accélérer l'effondrement de la société occidentale. D'autres adoptent des théories du complot sur la pandémie afin d'essayer de rationaliser et de justifier le recours à la violence. Ces discours contribuent à l'effritement de la confiance dans l'intégrité du gouvernement et des forces de l'ordre et à l'incitation à la méfiance à l'égard des experts scientifiques. Si certains aspects des théories du complot relèvent d'une revendication légitime de la liberté d'expression, les discours tenus en ligne sont de plus en plus violents et appellent à l'arrestation et à l'exécution de certaines personnes, ce qui est très inquiétant.
Cela vient du Service canadien du renseignement de sécurité. Nous venons d'entendre M. McGuinty, le président du Comité des parlementaires sur la sécurité nationale et le renseignement, dire que ce qui est très grave et très frappant dans l'examen qu'il a fait, c'est exactement cette augmentation du nombre de groupes extrémistes violents à caractère idéologique — une hausse de 320 %.
Nous sommes le comité de la sécurité publique. Nous avons envoyé cette lettre avant le témoignage de M. McGuinty, mais à la lumière de ce témoignage, je pense qu'il est encore plus urgent pour le comité chargé de veiller à la sécurité du public d'appuyer cette motion.
Je crois que c'est M. Harris qui a posé une question au sujet de l'homme qui a tenté d'entrer à Rideau Hall pour s'en prendre au premier ministre. Le chef du parti de M. Harris, Jagmeet Singh, a été suivi l'été dernier par quelqu'un qui a proféré des menaces à son endroit. À la Chambre, M. Singh a dit que le gouvernement doit utiliser tous les outils disponibles pour lutter contre la prolifération des suprémacistes blancs et des groupes haineux. En fait, c'est dans une motion qu'il a présentée à la Chambre qu'il a été demandé que les Proud Boys soient inscrits sur la liste des entités terroristes.
Ce n'est pas du tout un enjeu partisan, mais c'en est un qui préoccupe énormément les Canadiens. Il y a des menaces réelles à l'heure actuelle. Je sais que d'autres comités parlementaires ont étudié les activités à caractère haineux en ligne. Le comité du patrimoine a mené une étude sur la lutte contre le racisme en 2018. Il s'agit d'enjeux très différents. Le comité du patrimoine s'est penché sur la montée du racisme et sur la façon de la contrer. Bon nombre des recommandations se situaient au niveau communautaire. En 2019, le comité de la justice a étudié les activités à caractère haineux en ligne.
La question qui nous occupe est très différente et beaucoup plus urgente, et elle constitue une menace pour les Canadiens. Je pense qu'il nous incombe, en tant que comité chargé d'examiner les questions urgentes pour les Canadiens, de procéder à cet examen.
Par conséquent, monsieur le président, je propose la motion suivante:
Que, conformément à l'article 108(2) du Règlement, le Comité permanent de la sécurité publique et nationale amorce immédiatement une étude, au plus tard le 10 mai, sur l'extrémisme violent à caractère idéologique (EVCI) au Canada; que l'étude comporte quatre réunions; que le Comité invite des représentants de nos agences de sécurité nationale et des personnes qui ont été touchées par l'EVCI; que le Comité fasse rapport de ses conclusions à la Chambre; et que, conformément à l'article 109 du Règlement, le gouvernement dépose une réponse complète au rapport.
Merci, monsieur le président.