Bon après-midi, monsieur le président, et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Monsieur le président, je dois commencer par saluer ma mère qui se trouve à habiter dans votre circonscription. Je suis certain qu'elle nous regarde, vous et moi, aujourd'hui.
Je vous remercie de m'avoir invité aujourd'hui à témoigner.
Au cours des cinq minutes qui me sont imparties, j'ai quelques commentaires généraux à faire. Je serai heureux ensuite de répondre aux questions et de discuter avec vous de ces enjeux importants.
Permettez-moi tout d'abord de vous parler un peu d'Employeurs des transports et communications de régie fédérale, ou ETCRF, l'organisme pour lequel je travaille. Nous sommes une association d'employeurs du secteur privé sous réglementation fédérale. Nous comptons parmi nos membres de grandes compagnies aériennes, des sociétés de messagerie, des chemins de fer, des entreprises de télécommunications, etc. Nos membres sont des entreprises qui exercent presque exclusivement leurs activités 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ils dirigent des entreprises qui, pour l'essentiel, ne s'arrêtent jamais. Elles relient les chaînes d'approvisionnement nationales et mondiales et fournissent quotidiennement des services essentiels aux Canadiens.
Permettez-moi de commencer en disant que l'ETCRF et ses membres soutiennent et appuient fermement le processus de vérité et réconciliation. Nos membres adhèrent sans réserve aux principes de la diversité et de l'inclusion au sein de leurs organismes, et cela s'inscrit parfaitement dans ce vaste processus. Nos membres n'ont pas d'objection au congé proposé. Ils sont conscients de l'importance de réserver une journée à la réflexion. Ils conviennent que c'est un pas positif vers la réconciliation et, bien honnêtement, ils aimeraient être partenaires de cet important cheminement.
Dans un contexte plus large, j'aimerais vous parler un peu aujourd'hui de ce qu'un jour férié payé signifie dans le contexte du secteur privé sous réglementation fédérale afin de vous donner, je l'espère, un aperçu de ce que cela signifie concrètement. Ce que je ne vais pas faire, et je ne veux pas faire, c'est me montrer irrespectueux de cet important dialogue en laissant entendre que nous devrions, en quelque sorte, attribuer un prix à la réconciliation. Ce serait inadmissible. Ce n'est pas mon intention. Cependant, je pense qu'il est important que nous comprenions tous ce que signifie un congé payé.
Mes collègues de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante ont effectué des recherches il y a quelques années et ont conclu qu'un jour férié payé dans tout le pays coûte en fait 3,6 milliards de dollars à l'économie. Cela suppose que toutes les administrations au Canada y participent.
Au sein du secteur privé sous réglementation fédérale, où résident mes membres, nous avons effectué une analyse approximative. Les données sont relativement brutes. Il semble que le coût d'un jour de congé payé s'élève à environ 600 millions de dollars.
J'ai parlé de la question avec certains de mes membres, et j'ai parlé avec un membre qui emploie environ 5 000 Canadiens et dont l'entreprise fonctionne 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Ils estiment qu'un jour de congé payé leur coûte environ 1,4 million de dollars.
Il est important de noter que le secteur privé sous réglementation fédérale est unique au Canada. Comme je l'ai déjà dit, ces entreprises ne s'arrêtent pas pendant un jour férié. Ce ne sont pas des emplois de bureau typiques de neuf à cinq. Ce sont des entreprises qui continuent à fonctionner, qu'il y ait un jour de congé ou non. Elles ne ferment pas pour prendre congé.
Concrètement, les personnes qui travaillent ces jours-là reçoivent généralement une rémunération supplémentaire, et nous connaissons tous l'expression « heures supplémentaires à temps et demi », par exemple. Ce qui se passe, dans ce cas, c'est que ceux qui reçoivent ce temps et demi le prennent souvent plus tard en congé, et ceux qui sont amenés à les remplacer pour cette journée sont eux aussi payés en heures supplémentaires à temps et demi, ce qui veut dire qu'un jour férié payé a une sorte d'effet multiplicateur pour une entreprise dont les activités fonctionnent en continu. En réalité, il devient en fait un élément de dépense.
Il est également important de noter qu'un tel changement ne se produit pas de manière isolée. L'année dernière, par exemple, le gouvernement a ajouté trois nouveaux jours payés dans le Code canadien du travail. Ces jours sont appelés « congés personnels ». Les employés y ont droit pour une multitude de raisons, et les motifs pour lesquels ils peuvent être pris sont assez souples. Cinq d'entre eux sont garantis, dont trois doivent être payés aux employés.
Aujourd'hui, nous parlons du projet de loi C-5, qui en ajoutera potentiellement un autre. La ministre Tassi, la ministre du Travail, prévoit d'en ajouter bientôt un autre — c'est dans sa lettre de mandat — sous le titre de « jour de la Famille ». Cela signifie que sur une période d'environ deux ans, le gouvernement ajoutera cinq jours de congé payé dans un laps de temps très court.
Ceci étant dit, si le gouvernement procède de cette manière, nous avons quelques recommandations que nous espérons que vous prendrez en compte dans le cadre de vos délibérations.
Premièrement, une option consiste à envisager d'instaurer une journée nationale de la vérité et de la réconciliation sans nécessairement en faire un jour férié payé dans le secteur privé fédéral.
J'ai examiné les témoignages que vous avez entendus plus tôt cette semaine. Je ne suis pas sûr qu'il y ait nécessairement une forte pression de la part des défenseurs pour que ce soit un jour de congé payé. Certains de vos témoins ont dit que ce n'était pas censé être un jour de détente devant la télévision.
Si nous le faisions de cette façon et que ce n'était pas nécessairement un jour de congé payé, les employeurs pourraient s'engager activement avec les dirigeants autochtones pour s'assurer que la journée est commémorée correctement et respectueusement.
Cependant, si la Journée de la vérité et de la réconciliation finit par être un jour férié payé, notre deuxième recommandation est qu'elle le devienne effectivement en 2022. Le budget 2021 est établi dans la plupart des grandes entreprises. Cette planification financière est déjà terminée, et il serait très perturbant de recommencer ce processus pour tenir compte de ce changement.
Notre dernière demande, si nous ajoutons un jour de congé payé pour la vérité et la réconciliation, est que le gouvernement reconsidère son engagement à ajouter également la Journée de la famille. L'ajout de ces deux journées dans le secteur fédéral signifierait que l'administration fédérale aurait le plus grand nombre de jours fériés payés de toutes les administrations canadiennes. En fin de compte, il en résultera une asymétrie injuste entre les organisations qui œuvrent dans le secteur fédéral et celles, nombreuses — la grande majorité — qui œuvrent dans le secteur provincial.
C'est tout ce que j'avais à ajouter. Je serai ravi de répondre à vos questions et de discuter de cette question. Nous estimons qu'il s'agit d'une question cruciale et nous voulons montrer notre appui.
Merci.