Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Je suis heureuse d'être ici aujourd'hui.
Je commencerai par reconnaître que je me trouve aujourd'hui sur le territoire traditionnel et non cédé de la Première Nation mi’kmaq d’Abegweit.
Je suis heureuse d'avoir l'occasion de vous parler aujourd'hui des chiens d'assistance en santé mentale. Je vous donnerai un aperçu des développements à ce jour, tant au Canada qu'ailleurs dans le monde, en ce qui concerne l'utilisation de chiens d'assistance pour aider les anciens combattants qui souffrent de troubles de santé mentale.
L'Institut national canadien pour les aveugles a été fondé en 1918, il y a plus de 100 ans, en grande partie à cause du nombre de soldats ayant une déficience visuelle qui revenaient de la Première Guerre mondiale et des nombreux Canadiens qui ont perdu la vue dans l'explosion d'Halifax. Nous serons toujours reconnaissants envers ces premiers intervenants qui ont reconnu la nécessité d'améliorer le soutien aux personnes ayant une déficience visuelle et qui sont passés à l'action.
Au cours des années qui ont suivi sa création, l'Institut national canadien pour les aveugles a fourni des chiens d'assistance aux personnes ayant une déficience visuelle et un soutien opportun aux maîtres-chiens.
À titre de soutien supplémentaire aux anciens combattants qui reçoivent un chien-guide, le gouvernement du Canada, par l'entremise du Programme des avantages médicaux d’Anciens Combattants Canada, rembourse les coûts associés aux soins et à l'entretien des chiens-guides jusqu'à un montant maximum annuel de 1 500 $, plus les frais de déplacement connexes, y compris ceux liés à l’orientation et à la formation avec un chien-guide. Les coûts associés aux autres chiens d'assistance, par exemple pour les problèmes de santé mentale, les troubles auditifs et les problèmes de mobilité, ne sont pas couverts.
Au cours des dernières années, on a constaté un intérêt accru à l'égard des chiens d'assistance pour aider les vétérans qui souffrent de troubles de santé mentale.
Les chiens d'assistance en santé mentale, ou les chiens d'assistance, reçoivent un entraînement intensif qui les amène à réagir précisément à la déficience particulière de leur maître, notamment dans le cas des personnes ayant reçu un diagnostic de trouble de santé mentale comme le trouble de stress post-traumatique. Les chiens d'assistance sont dressés pour détecter l'anxiété chez leur maître et intervenir; ils contribuent ainsi à donner à leur maître un sentiment de sécurité, à l'aider à se détendre et à favoriser la socialisation.
En 2015, Anciens Combattants Canada a financé une étude pilote visant à évaluer la sécurité et l'efficacité de l'utilisation de chiens d'assistance pour aider les anciens combattants souffrant d'un trouble de stress post-traumatique, car les recherches dans ce domaine sont limitées. Le projet a été confié en sous-traitance par l'entremise de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans et a été mené par une équipe de chercheurs de l'Université Laval.
Les anciens combattants qui ont participé à l'étude pilote ont été suivis pendant une période de 18 mois, afin d'examiner les effets qu'un chien d'assistance peut avoir sur les symptômes psychiatriques, le fonctionnement social quotidien et la qualité de vie des anciens combattants atteints d'un trouble de stress post-traumatique. L'étude a pris fin en 2018.
Malgré la portée limitée de l'étude pilote, ses résultats ont contribué à éclairer les décisions politiques relatives aux chiens d'assistance. Sur la base des conclusions de la première phase de cette étude, le gouvernement a créé un crédit d'impôt pour les chiens d'assistance psychiatrique dans le budget de 2018.
Plus précisément, l'Agence du revenu du Canada a élargi le crédit d'impôt pour frais médicaux aux chiens d'assistance en santé mentale lorsque l'animal est fourni par une personne ou une organisation dont le but principal est de fournir ce dressage spécial et que le chien est spécialement dressé pour accomplir des tâches particulières afin d'aider une personne à vivre avec une déficience grave. Les vétérans qui recourent à ces chiens profitent directement de cette mesure.
Malgré quelques avancées dans ce domaine, l'un des principaux obstacles pour déterminer l'efficacité de l'utilisation des chiens d'assistance en santé mentale est l'absence de normes nationales. L'accessibilité est de ressort provincial, mais les provinces n'ont pas toutes atteint le même niveau dans l'adoption de ces normes.
En 2015, Anciens Combattants Canada a confié à l'Office des normes générales du Canada le mandat d'établir une norme nationale pour uniformiser le dressage et la qualité des chiens d'assistance destinés aux vétérans ayant des problèmes de santé mentale. Le ministère sortait alors des sentiers battus, mais, conscient de l'intérêt croissant des vétérans pour ces chiens, il souhaitait une évolution du dossier dans un sens qui leur était favorable.
En avril 2018, l'Office des normes générales du Canada annonçait aux membres du comité que, faute de consensus entre eux sur la possibilité, pour la norme, d'atteindre les résultats escomptés, il renonçait à son élaboration, ce qui a mis fin aux travaux.
Anciens Combattants Canada persévère et continue de travailler avec les parties prenantes. En 2019, l'organisme Wounded Warriors Canada a poursuivi, grâce au Fonds pour le bien-être des vétérans et de leur famille, un projet visant à élargir son Programme de chiens d'assistance pour le trouble de stress post-traumatique.
La recherche est un autre domaine intéressant. Anciens Combattants Canada continue de suivre l'évolution des études liées à l'utilisation de chiens d'assistance menées par des pays alliés.
Depuis 2019, le ministère australien des anciens combattants mène une étude de quatre ans sur l'incidence des chiens d'assistance chez les vétérans souffrant de ce trouble.
Les États-Unis sont peut-être les plus avancés dans la recherche et les prestations versées pour les chiens d'assistance. Actuellement, la prestation de santé vétérinaire pour chiens d'assistance versée par leur ministère des anciens combattants permet aux vétérans de bénéficier de chiens d'assistance pour des problèmes d'audition, de vision et de mobilité.
Par ailleurs, ce ministère a récemment publié les résultats d'une étude de cinq ans sur l'incidence des chiens d'assistance sur les vétérans souffrant du trouble de stress post-traumatique. L'étude portait sur 153 vétérans atteints de ce trouble, certains jumelés à des chiens d'assistance et d'autres à des chiens de soutien affectif. Elle a révélé que, en 18 mois, les vétérans ayant un chien d'assistance ont signalé des améliorations plus importantes des symptômes de ce trouble, des tendances suicidaires et des réactions de colère. Le ministère n'a pas encore annoncé de changements dans son programme ni l'inclusion des chiens d'assistance dans la gamme de prestations qu'il offre. Ses éventuels changements d'orientation sont suivis de près.
Enfin, la recherche et l'activité dans ce domaine évoluent. Anciens Combattants Canada s'engage à rester en contact avec ses alliés, les chercheurs, les intervenants et les vétérans et leur famille sur la question des chiens d'assistance.
Je vous remercie pour votre temps.