Madame la Présidente, aujourd'hui, je participe à ce débat à titre de représentant du Bloc québécois au sein du Comité spécial sur la relation économique entre le Canada et les États-Unis, dont je suis également l'un des vice-présidents.
Récemment, il y a quelques semaines, le Comité a consacré quelques séances à l'étude de la canalisation 5, des doutes qui ont été soulevés et des effets potentiels liés à sa fermeture. Si l'on peut dire, l'étude a en fait été un grand spectacle d'unanimisme. Les témoins invités ont tous en chœur affirmé la même chose: la fermeture serait une catastrophe. Cependant, aucun n'a malheureusement été en mesure de chiffrer quoi que ce soit en lien avec les emplois qui sont à risque au Québec.
J'ai posé à chaque témoin la question suivante: y a-t-il des études qui permettent de crier au loup? Aucun d'entre eux n'en avait sous la main. Aucun non plus n'était en mesure d'apporter quelque nuance que ce soit à propos des affirmations du Michigan. Le verdict des témoins était clair: la gouverneure de cet État américain était tout simplement dans le tort. Personne n'a même abordé ni effleuré le début du commencement de la possibilité que tout n'était peut-être pas entièrement infondé.
Je vais dire aux membres de la Chambre que nous, au Bloc québécois, sommes bien conscients que, si la canalisation 5 fermait, cela ne serait pas sans conséquence pour les emplois du Québec. Il est possible que la canalisation 5, c'est-à-dire un pipeline d'Enbridge qui alimente en grande partie les raffineries du Québec, soit fermée, et cela suscite bien sûr des inquiétudes légitimes qui méritent des réponses éclairées.
Je tiens à préciser notre position, qu'on pense idéologique, mais qui ne l'est pas. Nous sommes bien au fait que la canalisation 5 est un moindre mal par rapport, par exemple, aux camions-citernes, lesquels ne sont pas sans danger, ou par rapport au transport du pétrole par rail, dont la tragédie de Lac-Mégantic — résultat des déréglementations successives d'Ottawa dans le secteur — a démontré les risques.
Rappelons qu'en 2013, un train rempli de pétrole a explosé au cœur de la petite ville de Lac-Mégantic, entraînant la mort de 47 personnes en plus de détruire une quarantaine de bâtiments dans un incendie monstrueux. La réglementation défaillante du transport ferroviaire du pétrole s'inscrit pleinement dans la vision canadienne de l'économie. Ottawa a en effet coupé dans le nombre d'inspecteurs tant pour les wagons que les voies ferrées.
Cela touche encore ma circonscription parce que, il y a quelques années, des militants maskoutains, membres d'un regroupement qui s'appelait Convoi citoyen, s'étaient aventurés directement sur les rails non loin de la gare de Saint-Hyacinthe, et avaient pris plusieurs photographies, montrant notamment des fils à l'air libre ou des rails reposant, non pas sur du ciment, mais sur de la terre mouillée. Nous ne sommes donc pas fous et nous savons que la canalisation 5 vaut mieux que le rail et qu'elle est moins dangereuse.
Il est aussi évident que la canalisation 5 vaut mieux que le transport de pétrole par bateau. Le Québec, en particulier le fleuve Saint-Laurent, est devenu un élément central de la géopolitique pétrolière canadienne. Or, l'État québécois n'a malheureusement aucune compétence sur les voies fluviales, maritimes, ferroviaires et aériennes qui traversent son territoire, à moins que celles-ci ne s'y trouvent exclusivement. Malgré les protestations des populations locales, l'État canadien est donc en droit de procéder à sa guise.
En 2014, les municipalités riveraines de Sorel-Tracy et de L'Isle-aux-Coudres se sont plaintes du fait que la largeur des bateaux des superpétroliers avait été augmentée de 32 à 44 mètres sans que les municipalités qui les accueillent aient été consultées et les plans d'urgence, adaptés. Pourtant, on sait qu'à peine 5 à 20 % des hydrocarbures déversés dans le fleuve peuvent être récupérés.
Le cas du lac Saint-Pierre, désigné réserve mondiale de la biosphère par l'UNESCO en 2000, est frappant. En effet, les pressions pour faire interdire le transport de bitume dans cette partie du fleuve sont restées lettre morte, et ce, malgré la publication d'une étude démontrant qu'une marée noire traverserait l'ensemble du lac en à peine huit heures.
Encore une fois, nous ne sommes pas fous. À bien y regarder — sur papier, bien sûr —, la canalisation 5 est un moindre mal par rapport aux camions, aux trains et aux bateaux.
Malheureusement, nous aimerions entendre un point de vue un peu plus critique sur les oléoducs. À l'unanimisme des témoins que nous avons reçus s'ajoutait celui de nos collègues députés. Nous entendions toujours l'ensemble des partis fédéraux se réclamant de la même « Équipe Canada » Je parle plutôt aujourd'hui au nom de l'« Équipe Québec ».
Le Bloc québécois est résolument tourné vers l'économie du XXIe siècle, c'est-à-dire vers les énergies de transition.
Nous avons salué l'intention du président américain de révoquer le permis de construction de l'oléoduc Keystone XL, dont le seul objectif est d'offrir de nouveaux débouchés pour le pétrole des sables bitumineux.
Les citoyens nous font part de leurs inquiétudes quant à la sécurité environnementale des oléoducs, notamment en ce qui concerne les cours d'eau, mais également quant aux conséquences économiques potentielles de leur fermeture. Nous ne sommes pas fous. Nous voulons conserver les emplois, mais pas à n'importe quel prix, parce que nous ne voulons pas faire courir de risques à nos cours d'eau. Nous comprenons aussi l'inquiétude de beaucoup de gens concernant le prix de l'essence à la pompe, parce que le prix de l'énergie et du transport pèse lourd sur le portefeuille des familles québécoises déjà éprouvées par tout ce que l'on vit depuis un an.
Il faut bien sûr distinguer le projet d'oléoduc Keystone XL de la canalisation 5 d'Enbridge. Alors que Keystone XL se veut un projet visant à développer davantage les sables bitumineux, la canalisation 5 a été construite en 1953 et transporte essentiellement du pétrole brut léger et du liquide de gaz naturel vers les raffineries du Québec en passant par les États-Unis, notamment le fameux État du Michigan.
La canalisation 5 a été autorisée par le truchement des règlements du département d'État américain, et non par un permis présidentiel comme pour Keystone XL. C'est une canalisation qui est protégée par l'Accord entre le gouvernement du Canada et le gouvernement des États-Unis d’Amérique concernant les pipe-lines de transit, conclu en 1977. Dans les faits, il reste donc encore aussi des recours légaux à cet égard.
Il faut aussi se demander si une éventuelle fermeture aurait les répercussions aussi catastrophiques qu'on le dit sur les prix de l'essence à la pompe pour les Québécois. On sait que les raffineries québécoises ont aussi d'autres sources possibles d'approvisionnement sur les marchés et qu'une telle fermeture serait surtout problématique pour l'Ontario. On en est conscient.
Rappelons aussi cependant que Terre-Neuve-et-Labrador se classe au troisième rang des provinces canadiennes productrices. En cas de fermeture de la canalisation 5 d'Enbridge, l'idée d'un approvisionnement de source canadienne en provenance de Terre-Neuve-et-Labrador serait encore une possibilité. Par exemple, si des gens voulaient s'approvisionner à proximité, à l'intérieur des frontières du Canada, la province de Terre-Neuve-et-Labrador serait capable d'être une source d'approvisionnement.
Abordons maintenant la question de la sécurité environnementale. Au cours de notre étude, comme je le mentionnais plus tôt, l'ensemble des témoins que nous avons reçus nous ont dit que l'État du Michigan était, de A à Z, à côté de la plaque. Personne n'était capable de considérer que les inquiétudes sont légitimes. Pourtant, on sait qu'il y a eu une fuite en 2010 et un déversement de pétrole dans la rivière Kalamazoo, dans le Sud du Michigan. Il me semble que l'on peut aussi comprendre que le Michigan est inquiet du risque que représentent les oléoducs pour les cours d'eau. À ce moment, les gens d'Enbridge ont dit de ne pas s'inquiéter, qu'ils allaient réellement renforcer la sécurité. C'est bien parfait. Dans ce cas, c'est à Enbridge d'avoir le fardeau de la preuve et de démontrer que des actions réelles ont été entreprises.
Nous serons d'accord pour dire que chaque accident est un accident de trop et que c'est un échec collectif pour protéger les écosystèmes. Parce qu'il y a eu des fuites à la canalisation 5, il est aussi possible que l'idée d'une rénovation de cette dernière ne soit pas à exclure et que le statu quo ne soit pas tenable. Malheureusement, nous n'entendons personne parler ici de cette possibilité.
Il faut maintenant aussi aborder la question pétrolière sur une autre base, parce que le Canada, comme on le sait, détient la troisième réserve de pétrole au monde. Il disposerait, selon les statistiques officielles, de réserves de 172 milliards de barils de pétrole extractibles, dont 166 milliards se trouveraient dans les sables bitumineux albertains. En importance, le Canada est le quatrième producteur mondial et le quatrième exportateur de pétrole dans le monde.
Je veux bien admettre ce qui suit: quand on parle de transition, cela ne veut pas dire qu'il faut se réjouir et souhaiter qu'il n'y ait plus de pétrole dès demain matin. Cela ne se fera pas aussi simplement. C'est la définition même d'une transition. Cependant, il faut avoir un plan.
Entendons-nous quand même, comme le font les scientifiques, sur le fait que 80 % du pétrole doit rester sous terre si l'on veut adopter une approche écoresponsable. Qui plus est, 96 % du pétrole canadien est issu des sables bitumineux; cela indique que la part qui n'en est pas issue est marginale. Le pétrole des sables bitumineux est parmi les plus polluants au monde. Or le site Internet de Ressources naturelles Canada vante le progrès technologique qui mènerait à une quantité moindre de gaz à effet de serre par baril. C'est aussi l'argument qui est avancé par l'Institut économique de Montréal.
C'est vrai que l'industrie pétrolière a évolué très rapidement. Il y a à peine 50 ans, les forages en mer étaient réalisés par des êtres humains. Aujourd'hui, ce sont des robots qui s'acquittent de cette tâche. Il n'en demeure pas moins que, sur le plan environnemental, entre 1990 et 2018, les émissions de gaz à effet de serre provenant de l'exploitation des sables bitumineux ont augmenté de 456 %.
Il y a aussi un problème économique majeur dans le fait de ne dépendre que de cette source d'énergie. Historiquement, on appelle ce phénomène la maladie hollandaise. Cela désigne un processus de désarticulation structurelle de la production, qui peut s'accompagner de désindustrialisation d'un pays et qui est causé par un important secteur d'exportation de matières premières. L'exploitation de ressources naturelles sera alors étroitement liée au déclin de l'industrie manufacturière du pays en question. Cela rappelle-t-il quelque chose à mes collègues? Selon moi, cela évoque certainement la perte de plus de 100 000 emplois liée à la hausse du dollar canadien, elle-même reliée à la hausse des exportations de pétrole.
Le terme « maladie hollandaise » est apparu au cours de la décennie 1960, quand les revenus des Pays-Bas ont connu une importante augmentation lors de la découverte de gisements de gaz. La monnaie s'est ensuite appréciée, ce qui a nui aux exportations qui n'étaient pas gazières. On retiendra quand même la maladie hollandaise comme un nécessaire rappel qu'un pays doit impérativement ne pas dépendre uniquement de son secteur des matières premières.
Le développement économique canadien est centré sur l'extraction des matières premières. C'est un paradigme qui est présent depuis les débuts de l'expérience canadienne, quand la colonie canadienne se spécialisait dans les marchandises en vrac, les produits de l'agriculture et les matières extractibles destinés à l'exportation. Ce sont des produits qui ne nécessitent pas beaucoup de transformation et leur marché est en grande partie conditionné par le commerce international.
L'histoire du Canada est marquée par la recherche, par l'état et par le capital quant à l'extraction de produits qui possèdent déjà un marché. C'est la voie facile, en somme, pour pouvoir payer les travailleurs canadiens et importer les biens demandés par les consommateurs. La croissance économique canadienne était ainsi étroitement liée à l'état de la demande dans les pays industrialisés avec lesquels le Canada faisait affaire.
La vie politique canadienne est fortement influencée par la dépendance aux exportations, parce que le pouvoir politique et la richesse sont concentrés entre les mains de l'élite qui, historiquement, faisait converger les deux. Il faut dire que les contraintes géographiques expliquent aussi tout cela. L'État doit fournir certains capitaux que le milieu d'affaires n'a pas les moyens d'envisager.
Toutefois, l'accent mis sur l'exportation des matières premières a des conséquences importantes sur les politiques publiques. La classe politique est appelée, pour préserver la compétitivité nationale, à fournir des infrastructures, mais aussi à ajuster ses réglementations environnementales et sanitaires.
Par contre, le développement de ces denrées ne nécessite pas un niveau de spécialisation technique particulièrement élevé, vu l'absence de transformation importante du produit. Finalement, le territoire canadien n'est plus qu'un arrière-poste qui sert à fournir les produits bruts qui vont être ouvragés par les industries de transformation, pour le grand bénéfice du développement économique des pays industrialisés et des compagnies canadiennes impliquées.
Les ressources consacrées à soutenir ces exportations sont appelées à grossir perpétuellement. C'est donc un schéma sans fin. Je rappelle que le chemin de fer qui est à l'origine même de la création du Canada devait être rentabilisé par le transport des denrées, ce qui a contribué à geler l'exploration de nouvelles voies technologiques. Finalement, le résultat a été de renforcer encore plus la dépendance aux produits qui n'étaient pas transformés. C'est donc une logique d'autorenforcement. La dépendance accrue aux exportations de matières premières amène une nécessité d'investissements accrus dans les infrastructures de transport. Ce sont donc des sommes qui ne sont pas injectées dans d'autres domaines de l'économie.
C'est la base de l'histoire coloniale, mais, depuis, l'économie canadienne s'est diversifiée, elle s'est complexifiée. Elle ne se résume pas aux forêts du Québec, aux fermes de la Saskatchewan, aux mines de l'Ontario ou au pétrole albertain, bien entendu. Les marchés ont changé, il y a de nouveaux débouchés qui ont été trouvés, les villes se sont peuplées. Cependant, force est d'admettre que le Canada reste fidèle à cet esprit, en optant encore et toujours pour une spécialisation dans le domaine des ressources naturelles pour tirer son épingle du jeu dans la compétitivité mondiale.
L'Ouest canadien a ainsi misé maximalement sur l'extraction pétrolière, délaissant la nécessaire diversification de l'économie. Or, pour revenir à la maladie hollandaise, les conséquences peuvent être encore plus grandes, si ledit secteur connaissait lui aussi des difficultés comme un épuisement des gisements ou des fluctuations du prix du baril.
L'impact sur l'avenir économique du Canada est considérable. On paie aujourd'hui avec la crise de la COVID-19, avec celle du pétrole, le prix du soutien indéfectible d'Ottawa, des banques et des fonds de pension au secteur du pétrole. Les fonds de pension, dont la Caisse de dépôt et placement du Québec, ont multiplié les investissements dans ce secteur. Les pensions des Canadiens et des Québécois ont donc été mises à risque, en étant dépendantes des fluctuations pétrolières. La part d'entreprises étrangères qui se sont lancées dans le pétrole n'a pourtant jamais cessé de baisser depuis quatre ans. Cela rapporte donc très peu de redevances.
Le pétrole de schiste, par exemple, est une très mauvaise opportunité de développement. Le Canada semble malgré tout en être prisonnier. L'un de ses plus grands drames, c'est que sur le marché mondial, au cœur de cette grande lutte géopolitique, le Canada est, au bout du compte, un joueur mineur qui est incapable d'influencer le jeu. On perçoit bien les ennuis que peut apporter une obstination à mettre tous les œufs dans le même panier qui est celui d'un secteur énergétique déréglementé et fluctuant.
Il est très ardu de sortir du pétrole, par contre. Quand le prix est élevé, les investissements pleuvent. Le secteur des énergies renouvelables cherche à se développer, mais l'argent ne va pas là, parce que les investissements pleuvent dans le pétrole. À contrario, quand le prix est faible, les investissements vont être minimes, faméliques, mais les consommateurs, que ce soit les particuliers ou les entreprises, vont se bousculer à la pompe. Il n'y a donc pas plus d'argent pour les énergies renouvelables. C'est donc, pour le dire dans la langue du Canada, un lose-lose pour quiconque pense à une réelle transition. C'est là-dessus qu'il faut qu'il y ait de la volonté politique. Il nous faut impérativement et urgemment opérer la transition. Les crises sont des moments lourds de conséquences, mais peuvent aussi être porteuses d'occasions.
La transition énergétique pensée et réclamée depuis si longtemps doit en fait être enclenchée de manière décisive. Il nous faut sortir du pétrocanadianisme. D'ici là, ce n'est pas un luxe d'exiger que l'approvisionnement se fasse en toute sécurité. Autrement dit, la canalisation 5 est un moindre mal par rapport à d'autres modes de transport qui sont plus dangereux. Il faut cependant ne pas en dépendre. Il faut également observer de très près les réelles considérations environnementales qui peuvent être liées à la sécurité et qui sont pleinement légitimes. Il s'agit de ne pas les rejeter du revers de la main comme la classe politique canadienne semble le faire.
Madam Speaker, I am participating in today's debate as the Bloc Québécois's representative on the Special Committee on the Economic Relationship between Canada and the United States, where I am one of the vice-chairs.
Just a few weeks ago, the committee spent a few meetings studying concerns about Line 5 and the potential impact if it were to close. I would venture to say that unanimity ruled. Every single one of the witnesses said the same thing: closure would be catastrophic. However, none of the witnesses were able to put any figures on anything related to jobs at risk in Quebec.
I asked every witness the same question. Have any studies shown that we have reason to fear? None of them had any such studies handy, nor could any of them clarify anything about Michigan's claims. The witnesses' verdict was clear: The governor of the U.S. state was simply wrong. Nobody even suggested or raised the merest hint of even the slightest possibility that everything was perhaps not entirely unfounded.
I want to inform the House that the Bloc Québécois is well aware that a shutdown of Line 5 would have consequences for jobs in Quebec. There is a chance that Line 5, an Enbridge pipeline that supplies a good number of the refineries in Quebec, could be shut down, which raises legitimate concerns that require informed responses.
I want to stress that our position may sound ideological, but it is not. We recognize that Line 5 is not as bad as tanker trucks, for example, which come with their own dangers. We recognize that it is not as bad as shipping oil by rail, and we experienced the hazards of this mode of transportation with the tragedy in Lac-Mégantic, caused by deregulation in the sector by successive federal governments.
I remind members that in 2013, a train filled with oil exploded in the middle of a small town called Lac-Mégantic, killing 47 people and destroying some 40 buildings in a massive fire. Inadequate regulation of the transportation of oil by rail is part and parcel of Canada's economic vision. Ottawa has cut the number of inspectors for rail cars and the railways themselves.
This issue speaks to my constituents because a few years ago, members of an activist group in my riding known as Convoi citoyen, ventured onto the tracks not far from the Saint-Hyacinthe station and took several photos of uncovered wires and tracks that were sitting on wet earth instead of cement. We are not stupid. We know that Line 5 is better and less dangerous than rail transportation.
It is also clear that Line 5 is better than using tanker ships to transport oil. Quebec, and specifically the St. Lawrence, has become a key part of the geopolitics of Canadian oil. Quebec unfortunately has no jurisdiction over the waterways, seaways, railways or airways that cross our territory, other than the ones that exist exclusively in Quebec. Canada is entitled to act as it sees fit, in spite of protests from local communities.
In 2014, the riverside municipalities of Sorel-Tracy and L'Isle-aux-Coudres complained about the fact that the width of the supertankers had increased from 32 to 44 metres, but the municipalities that received them had not been consulted, nor had the emergency plans been adapted. We know that just 5% to 20% of oil spilled in the river can be recovered.
The case of Lac Saint-Pierre, designated an UNESCO world biosphere reserve in 2000, is striking. Pressure to ban the transportation of bitumen on that part of the river has been totally ineffective despite the publication of a study showing that an oil spill would traverse the entire lake in just eight hours.
Again, we are no fools. If we look a little more closely—on paper, to be sure—line 5 is a lesser evil in comparison to trucks, trains and ships.
Unfortunately, we would have liked to hear a more critical point of view on pipelines. The witnesses at committee were unanimous, as were our colleagues. All the federal parties kept referring to “team Canada”. Today I am talking on behalf of “team Quebec”.
The Bloc Québécois is focused on the 21st century economy, or the energy transition.
We applauded the U.S. President's intention to revoke the permit for the Keystone XL pipeline, whose only objective is to create new markets for oil from the oil sands.
Citizens are sharing their concerns with us about the environmental safety of pipelines, particularly with regard to waterways, but also about the potential economic impact of shutting down those pipelines. We are not stupid. We want to keep jobs but not at any price, because we do not want to put our waterways at risk. We also understand the concerns many people have about the gas prices at the pump because the cost of energy and transportation is taking a toll on the wallets of Quebec families, who are already struggling because of everything that has been going on this past year.
It is important to make the distinction between the Keystone XL pipeline and Enbridge Line 5. While Keystone XL seeks to further develop the oil sands, Line 5 was built in 1953 and essentially carries light crude oil and natural gas liquids to refineries in Quebec. It passes through the United States, mainly the much-talked-about State of Michigan.
Line 5 was approved under U.S. State Department regulations and not by presidential permit as was Keystone XL. Line 5 is protected by the 1977 Agreement between the Government Of Canada and the Government of the United States Of America Concerning Transit Pipelines. Therefore, there are still legal avenues to be explored.
We should also ask ourselves whether the repercussions of a potential shutdown would be as catastrophic as we are hearing for the price of gas at the pumps for Quebeckers. We know that Quebec refineries also have other possible market supply sources and that the shutdown would be problematic primarily for Ontario. We are aware of that.
However, we should remember that Newfoundland and Labrador is Canada's third-largest producer. If Enbridge's Line 5 is shut down, it would still be possible to consider Canadian supply from that region. For example, if people wanted a nearby source, one inside Canada's border, Newfoundland and Labrador could be a source of supply.
Let us move on to environmental safety. As I mentioned earlier, during our study, each and every witness we heard told us that the State of Michigan was way off base every step of the way. No one was willing to consider that the concerns were legitimate, and yet, we know there was a leak in 2010 that resulted in an oil spill in the Kalamazoo River, in southern Michigan. It seems to me that we can also understand that Michigan is worried about the risk pipelines pose to waterways. At the time, the people from Enbridge said not to worry, that they would really strengthen their safety measures. That is fine. In that case, the burden of proof lies with them to show that real measures were taken.
I think everyone agrees that every accident is one too many, and each is a collective failure to protect ecosystems. Because Line 5 has had leaks, perhaps the idea of retrofitting it should not be excluded. Perhaps the status quo is untenable. Unfortunately, we are not hearing anyone in this place speak about this possibility.
We must now come at the oil issue another way because Canada, as we know, has the third-biggest oil reserve in the world. According to official statistics, it has 172 billion barrels of extractable oil, of which 166 billion are in the Alberta oil sands. Canada is ranked fourth in global production and fourth in global oil exports.
I certainly recognize that, when we talk about transition, it does not mean that we should celebrate and hope to wake up tomorrow morning with no more oil. It is not that simple. That is the very definition of transition. However, we need to have a plan.
Let us agree, however, as scientists do, that 80% of oil must stay in the ground if we want to take an environmentally responsible approach. Furthermore, 96% of Canada's oil comes from the oil sands, which means that only a very small amount does not come from that source. Oil from the oil sands is among the most polluting in the world. The Natural Resources Canada website touts the technological advances that are leading to less greenhouse gases per barrel. That is also the argument put forward by the Montreal Economic Institute.
It is true that the oil industry has been rapidly evolving. Just 50 years ago, offshore drilling was done by humans. Today, robots are doing the job. Nevertheless, from an environmental standpoint, between 1990 and 2018, greenhouse gas emissions from tar sands development have increased by 456%.
Exclusive dependence on this one source of energy is also a major economic problem. Historically, this phenomenon has been referred to as Dutch disease, which is the structural dismantling of the manufacturing sector and possible ensuing deindustrialization resulting from a strong commodities export sector. The development of natural resources is therefore closely related to the decline in the manufacturing industry of the country in question. Does that remind my colleagues of anything? It makes me think about the loss of over 100,000 jobs related to the increase in the Canadian dollar as a result of the increase in oil exports.
The term “Dutch disease” was coined in the 1960s when the Netherlands had a major increase in revenue following the discovery of natural gas deposits. The country's currency appreciated, which made the export of non-gas products less competitive. Dutch disease serves as a necessary reminder that a country must not depend solely on its commodities sector.
Canada's economic development centres on the extraction of raw materials. That is a paradigm that has existed since the beginning of the Canadian experience, when the Canadian colony specialized in bulk commodities, agricultural products and extractible materials for export. These products do not require a lot of processing and their market is mainly centred around international trade.
Canada's history has been shaped by the search for products that already have a market, by the state, and by capital to extract those products. Basically, it was the easy way to pay Canadian workers and import the goods consumers needed. Canada's economic growth was therefore closely linked to demand in the industrialized countries with which it did business.
Political life in Canada has been heavily influenced by our reliance on exports because political power and wealth are concentrated in the hands of the elite who, historically, combined the two. Geographical realities also explain all this, of course. The state has had to supply capital that the business world did not have the means to provide.
However, focusing on exporting raw materials has a significant influence on public policy. To keep the country competitive, politicians have had to provide infrastructure and adjust their environmental and health regulations.
Exploiting these resources did not require particularly sophisticated technological expertise if they were not being processed in any significant way, though. Essentially, Canada was just an outpost used to supply raw materials for use in processing industries in ways that supported the economic development of the industrialized nations and Canadian companies involved.
The expectation was that the supply of resources dedicated to supporting these exports would continue expanding forever. It was an infinite growth model. The railway, which is what led to the creation of Canada in the first place, had to be paid for by transporting resources, and that helped stall the exploration of new technological opportunities. Ultimately, the system ended up reinforcing our reliance on unprocessed materials. It was a vicious cycle. Increased reliance on raw material exports created a need for greater investment in transportation infrastructure, and that meant less money available for other economic sectors.
This system underpinned colonial history, but the Canadian economy has diversified and become more complex since then. It cannot be summed up as Quebec's forests, Saskatchewan's farms, Ontario's mines or Alberta's oil, of course. Markets have changed, new opportunities have been found, and people have flocked to the cities. However, it is clear that Canada is staying true to that spirit by consistently opting to specialize in natural resources in order to compete worldwide.
Western Canada has focused all its efforts on oil extraction, neglecting the necessary diversification of its economy. To get back to Dutch disease, the consequences could be even greater if the oil sector also goes through some difficulties, like the depletion of its reserves or fluctuations in the price per barrel.
The impact on Canada's economic future is considerable. We are paying for it today with the COVID-19 crisis, as well as the oil crisis, the price of the unwavering support that Ottawa, the banks and the pension funds provide to the oil sector. Pension funds like the Caisse de dépôt et placement du Québec have increased their investments in the sector. Canadians' and Quebeckers' pensions have therefore been jeopardized by being dependent on oil fluctuations. However, oil investments by foreign companies have declined steadily over the last four years, meaning there are very few royalties to be had.
Shale oil, for example, is a very bad development opportunity, and yet Canada cannot seem to escape it. One of Canada's biggest disappointments is that in the global marketplace, in the midst of this great geopolitical struggle, Canada is ultimately a minor player with basically no influence. It is easy to see the problems that could arise from stubbornly putting all the eggs in one basket, especially when that basket refers to a deregulated and fluctuating energy sector.
It is really tough to get out of oil, though. When the price is high, investments pour in. The renewable energy sector is looking to grow, but the money is just not going there because investments continue to pour in for oil. Conversely, when the price is low, investments will be minimal, almost non-existent, but consumers, whether individuals or companies, will rush to the pump, so there is no money left for renewable energy. I could say it is a lose-lose situation for anyone thinking about a real transition. This is where political will is needed. It is imperative and urgent that we make the transition. Crises come with serious repercussions, but they can also bring great opportunity.
The energy transition that many have been calling for and talking about for quite some time needs to begin with decisive action. We must put an end to Canada's oil dependency. In the meantime, demanding a safe supply of oil can no longer be a luxury. In other words, Line 5 is the lesser evil compared to other modes of transportation that are more dangerous. However, we must not depend on it. We also need to look very closely at the real environmental considerations that can be linked to safety and that are entirely legitimate. They must not be dismissed out of hand, as Canada's federal politicians seem to be doing.